Que lisez vous en septembre?

Hello les liseurs.

Pour ma part et quant au septième mois de l'année véritable (ah ah), je suis un peu en retard sur mon programme personnel. J'ai lu Le Roi des Aulnes, de Michel Tournier. Ou je vous accable définitivement avec ce livre, ou je le gratifie sobrement et majestueusement du titre rare depuis mon estime de très bon livre, voire de Maître-Livre. J'en ai même écris un torchon rapide et nerveux de mon écriture de grand écolier à l'intéressé, à savoir l'auteur. Ce qui lui fera une belle jambe. C'est un livre précis et fidèle à ce que je connaissais du bonhomme via Les Météores, que j'ai lu deux ans plus tôt, à six mois près. La même ambiance indicible et malsaine au profit d'une esthétique du splendide, du gracieux, de l'improbable aveu qui devient fluide d'une élégance étrangère. Comme s'il avait le talent de nous transmettre de la délicatesse d'un autre langage humain, entre le français et... autre chose. Bref, très bon - pardon pour l'emballage.

J'avais lu avant cela Le Repos de Penthésilée, de Natacha Michel - totalement inconnue au bataillon avant que je ne trouve ce titre et ne parie dessus en totale insouciance au regard de son prix (un euro cinquante en édition Gallimard, les grandes beiges, là, c'est cool hein, boulinier?). Je n'aime pas prendre des risques et tomber sur des choses accablantes de nullité alors je ne fais que rarement de telle sortie vers le parfait anonymat. Il semble finalement que j'ai eu de la chance et du bon sens intuitif. Le second parce qu'elle n'est pas inconnue tout à fait, la première parce qu'il paraît, au dire d'un estimé par moi, qu'elle n'a rien écrit de bon qu'il ait lu, or il n'a pas lu le livre sus cité. Qui m'a paru très bon, également. Arrivé au deuxième tiers, je me suis renseigné sur la bonne femme, ce qui m'a totalement gâché le plaisir de la fin : c'était une féministe, communiste et donc le livre s'est soudainement coloré de rouge et de rose, de niais et de cette virilité caricaturale, fatigante, ennuyante. Cela n'est cependant pas parvenu à me gâcher tout à fait le plaisir. Le livre termine en extase affaissée (je peux concevoir l'expression absurde, mille pardons mais je ne sais comment mieux le décrire), comme un édifice de lumières qui s'éboulerait sur lui-même et ne laisserait que des choses magnifiques dans l'âme, à rouler, à rouler sur la pente de la méditation (ah ah), simplement. Bref, un bon livre - pardon pour l'emballage, je me résorberai au prochain, promis!

J'ai donc suivi le Roi des Aulnes d'un livre de Jacques Bens, qui a commencé de façon amusante puisqu'il est dédié à Boris Vian : La Plume et l'Ange. Un livre assez court, fantastique (et au sens de Tzedan Tororov et au sens de la vulgate), farfelu, ingénieux, ingénu, vif, un peu cruel, tellement humain, élégance de dandies, les charmes d'une pause, d'une vacation, d'une échappée. Je l'ai trouvé très esthétique et très simple et l'ai moins vécu comme un roman que comme une poésie, une comptine, quelque chose de frais et de vivifiant. C'est un livre intellectuel et très abordable, sans prétention mais sans médiocrité. Un livre rare et très bon, encore. Eh, vous voyez, j'ai mis moins de fioritures, cette fois-ci!

Puis je suis passé sur La Place de Annie Ernaux. Je ne sais pas, je pense que je dois me faire une meilleure idée de cet auteur en lisant d'autres de ses ouvrages. J'ai trouvé une simplicité bénéfique, comme du Anna Gavalda en plus élaboré. Ce sont ces tranches de vie qui ont tendance à me divertir comme une série télé divertit, je l'imagine, le cinéphile. Sans grand intérêt mais pas non plus dérangeant. Assez fâde, sympathique, populaire, basique. Aucune esthétique. Un peu triste. Enfin...

S'en est suivie une petite pause puis j'ai lu, accidentellement, L'Encorcelée, de Barbey d'Aurevilly, Jules de son prénom, moche de son état. Mais alors quel poète! C'est amusant parce que j'ai lu juste avant l'été et tout à fait par hasard sans le savoir, son collègue et confrère, qu'ils s'aimèrent ou non, Léon Bloy, dans ce livre suffoquant et assommant bien que passionnant et très savoureux (indigeste également tant la haine est dense) qu'est Le Désespéré - livre polémiste donc difficile à suivre parfois, car même si l'on possède la culture littéraire suffisante, il s'agit d'y additionner la culture ecclésiastique et dans les textes et dans les institutions et dans les personnages de l'époque, ce qui commence à malmener l'ambition du lecteur contemporain au moyen d'arguments sérieux... Bon, j'ai lu ce très bon livre, donc, bien qu'il ne s'y passât pas grand chose, et que l'édition que j'en possède, préfacée, annotée d'un certain Hubert Juin qui est un fieffé connard d'une minable pédanterie (exemple : le mot carapousse, annoté au numéro 106, je me reporte à la fin du bouquin, cherche le numéro 106 et découvre, stupéfait, voire amusé : "le sens de ce mot, qu'on ne trouve pas dans le dictionnaire, est clair". Je me suis permis d'ajouter en noir "Mais quel connard...", juste à la suite.) étaye souvent le texte de remarques dérangeantes lorsqu'elles ne sont pas insolentes, est d'une poésie admirable. Je n'ai que peu de nom d'auteur en tête lorsque je pense à ceux qui savent ou on su écrire des romans hors littérature, c'est-à-dire en langage poétique. Lui s'élève incontestablement parmi les meilleurs. C'est d'une finesse, d'une légèreté, d'une simplicité et pourtant d'un lyrisme tels qu'il mérite un des titres les plus haut. Ce qui, lui aussi, lui fait une belle jambe. C'est donc encore une fois un excellent livre.

J'ai terminé tout à l'heure Le Sagouin, de François Maurriac. Bof. Rigolos, sinistre, un peu dépassé, j'ai eu le sentiment de lire en sépia. C'est drôle, quoi. Sans plus. A lire, bien-sûr, parce qu'il est tout petit, tout simple et ne mobilise rien. Je suis sûr qu'on peut œuvrer à faire jouir une femelle tout en lisant ce bouquin - c'est dire. A la rigueur, cela détendrait presque une atmosphère trop sérieuse, trop crispée sur des performances. Bon, à lire mais pas incontournable, du moins est-ce là mon avis - ah ah.

Ayéééé, et là je vais lire Coeur de chien, de Boulgakov. Je vous dirai. En fait j'ai beaucoup lu en juillet et août mais les fils sont fermés, donc tant pis =° En même temps, avec c'que j'viens d'vous mettre... Je comprends que vous en ayez un peu marre (x

Allez, zou.