Lecture en commun - Yukio Mishima : Après le banquet

on avait dit "début novembre".. on attend que tout le monde soit rentré de la rencontre?

Pas de problèmes en ce qui me concerne, on peut commencer quand vous voulez.

Nezumi a écrit:

Pas de problèmes en ce qui me concerne, on peut commencer quand vous voulez.

rencontre se termine lundi, tout le monde retourne.. donc, je dirais mardi/mercredi.. en tout cas je vais le commencer à ce moment là.. (le 15 la prochaine nous attend )

kenavo a écrit:

(le 15 la prochaine nous attend )

ah oui, je l'attends celle-là en plus!

Nezumi a écrit:

ah oui, je l'attends celle-là en plus!

oui.. je n'ai même pas encore regardé de quoi ce livre parle.. je veux me laisser surprendre par tout le jour de la lecture

Je sais que Kenavo doit donner le signe du départ, mais il se peut que je m'endorme avant, alors autant y aller.

J'ai d'abord commencé par le petit texte placé au début de mon édition de poche en pensant que c'était un prologue, or c'est un résumé qui dévoile bêtement l'intégralité de l'histoire j'ai l'impression. Je me suis arrêtée à temps.

Dans le 1er chapitre nous découvrons tout d'abord Kazu, la propriétaire du restaurant "l'Ermitage pour contempler la neige tombée" (ça c'est du nom!), une femme d'une 50aine d'années, indépendante, forte, déterminée, qui semble être "arrivée" socialement. Elle a décidé de ne plus s'embarrasser d'une vie sentimentale.
Mais nous découvrons aussi son superbe restaurant traditionnel, situé au milieu d'un parc, qui évoque irrésistiblement les estampes de Kawase Hasui (je suis obsédée je sais), qui est pour elle comme le petit monde sur lequel elle règne.
Cette entrée en matière avec un personnage qui a réussi et est installé dans un cadre riche et confortable laisse à penser qu'il va y avoir bouleversement de ce petit monde et des sentiments de Kazu.

Dans le 2e chapitre, c'est la soirée de l'ambassadeur, ou plutôt d'une association d'ambassadeurs à la retraite, dont un, Noguchi, trouble Kazu, car contrairement à ses confrères, il n'est pas tourné vers le passé et ne ressasse pas des souvenirs de gloire. Une très jolie description du parc sous la lune...
Dans le 3e chapitre, des relations commencent à s'établir entre Kazu et Noguchi, après qu'un ambassadeur a eu un accident dans le restaurant et est tombé dans le coma. Noguchi se comporte avec assurance et traite Kazu sans ménagement (il la traite de crampon, sympa...), mais pourtant cette dernière est de plus en plus sous le charme.

Nezumi a écrit:

Noguchi se comporte avec assurance et traite Kazu sans ménagement (il la traite de crampon, sympa...), mais pourtant cette dernière est de plus en plus sous le charme.

Oui et elle est bien incompréhensible de s'accrocher ainsi. Quel muffle ce Nogushi...Passer des heures près du téléphone pour s'entendre dire qu'il n'avait tout simplement pas envie de l'appeler. Un vrai gentleman le monsieur.
Sans parler de cette histoire de coma, ils se bagarrent pour savoir quoi faire de l'ambassadeur...

Toute cette histoire est bien étrange, bien tortueuse, et assez loin du psychisme d'un européen en tout cas. Pour l'instant à part cette Kazu, petite femme déterminée et assez surprenante, les autres (principalement des hommes enfait) sont tous plus ou moins imbus, empêtrés dans leurs prérogatives et bien trop tournés sur leur petite personne pour faire cas de cette malheureuse Kazu partie en voyage "associationniste" avec eux...

Mais peut-être j'en dis trop, vous n'y êtes pas encore. Je laisse Nezumi vous narrer l'intrigue, et je trouve qu'elle s'en sort presque mieux que Mishima d'ailleurs

Nezumi a écrit:

Je sais que Kenavo doit donner le signe du départ

ah mais non.. pas du tout.. tu as bien fait

Nezumi a écrit:

J'ai d'abord commencé par le petit texte placé au début de mon édition de poche en pensant que c'était un prologue, or c'est un résumé qui dévoile bêtement l'intégralité de l'histoire j'ai l'impression. Je me suis arrêtée à temps.

alors c'est bien que j'ai vraiment arrêté de lire tout ce qui semble être avant-propos, résumé etc. bref, tout ce qui se trouve AVANT la première page du livre.. trop souvent ma lecture a été troublée par ces trucs..

Nezumi a écrit:

Elle a décidé de ne plus s'embarrasser d'une vie sentimentale.

oui.. mais si on le dit AUSSI souvent, cela devient louche en tout cas il y a au moins 3 fois la mention qu'elle est vraiment "invulnérable à tous les dangers de l'amour" etc. ... on peut presque sentir la mèche

Nezumi a écrit:

les estampes de Kawase Hasui (je suis obsédée je sais)

non, non... pas obsédée.. c'est une idée qui est assez proche

le 2e et 3e chapitre m'ont surtout donné cette impression combien les Japonais sont concentrés sur leur apparence.. et leurs réactions envers les autres est guidées par tellement de 'règles'.. ils doivent étouffer!

Mais jusqu'à présent lecture agréable..

aeriale a écrit:

Passer des heures près du téléphone pour s'entendre dire qu'il n'avait tout simplement pas envie de l'appeler. Un vrai gentleman le monsieur.

Ca arrive! Mais pour elle, qui est présentée comme la femme revenue de tout, qui donne des conseils aux autres sur leurs histoires de coeur etc, c'est surprenant!

Comme je le dis au bar, je trouve le style plutôt plaisant à lire comparé à d'habitude (le Pavillon d'or est bien plus lourd), mais leurs relations m'échappent un peu, cette conversation/jeu de séduction autour de quoi faire de l'ambassadeur est assez incompréhensible tu as raison. Alors je ne sais pas si ce sont des références culturelles japonaises qui nous échappent ou simplement des rapports bizarres...

kenavo a écrit:

le 2e et 3e chapitre m'ont surtout donné cette impression combien les Japonais sont concentrés sur leur apparence.. et leurs réactions envers les autres est guidées par tellement de 'règles'.. ils doivent étouffer!

Oui, ou c'est dû à qqch comme ça...

Nezumi a écrit:

Dans le 1er chapitre nous découvrons tout d'abord Kazu, la propriétaire du restaurant "l'Ermitage pour contempler la neige tombée" (ça c'est du nom!), une femme d'une 50aine d'années, indépendante, forte, déterminée, qui semble être "arrivée" socialement. Elle a décidé de ne plus s'embarrasser d'une vie sentimentale.
Mais nous découvrons aussi son superbe restaurant traditionnel, situé au milieu d'un parc, qui évoque irrésistiblement les estampes de Kawase Hasui (je suis obsédée je sais), qui est pour elle comme le petit monde sur lequel elle règne.
Cette entrée en matière avec un personnage qui a réussi et est installé dans un cadre riche et confortable laisse à penser qu'il va y avoir bouleversement de ce petit monde et des sentiments de Kazu.

J'ai commencé hier soir avec ce premier chapitre et comme toi je suis transporté dans une superbe estampe dont la poésie serait néanmoins menacée par la "modernité" apparente de cette femme indépendante qui évolue bien dans un monde plus contemporain. Une femme qui veut croire qu'elle peut s'épanouir dans ce renoncement aux troubles de l'amour et du désir mais chez qui on ressent en réalité une sourde mélancolie et une solitude qui ne demande qu'à être comblée... C'est très agréable à lire dans une prose qui établit vraiment un pont entre tradition et présent. A suivre...

Tout en fumant, les détails exquis du parc recouvraient dans l'esprit de Kazu toutes sortes de souvenirs. Elle regardait ce parc comme elle regarderait le monde, mais de plus, elle l'avait à elle.
Une femme qui fume face à une estampe japonnaise, face à son passé. Le parc et ce restaurant somptueux semblent un peu comme une sorte de prison dorée.

Le pavillon, je l'imagine un peu comme ça:

Marko a écrit:

C'est très agréable à lire dans une prose qui établit vraiment un pont entre tradition et présent. A suivre...

oui, j'adore aussi ce que j'ai lu jusqu'à présent

Nezumi a écrit:

Le pavillon, je l'imagine un peu comme ça:

ah oui.. Nezumi va nous fournir les images pour illustrer le tout

et bien je suis ravie de lire que vous êtes sensible à l'atmosphère que distille le texte de Mishima. Il me semble que l'histoire d'amour est un prétexte à l'étude des sentiments d'une femme mûre, 'arrivée', solide et qui voudrait tendre encore vers un avenir.

vos commentaires me permettent d'affiner cette lecture qui reste comme une empreinte (une estampe ?) dans ma mémoire. Et les propositions imagées de Nezumi apportent des dimensions visuelles qui manquent totalement à ma culture.

Nezumi a écrit:

Le pavillon, je l'imagine un peu comme ça:

Oui avec une variété de végétation encore plus grande. Mais le premier plan donne bien ce sentiment d'enfermement relatif et d'observation à distance.

shanidar a écrit:

vos commentaires me permettent d'affiner cette lecture qui reste comme une empreinte (une estampe ?) dans ma mémoire. Et les propositions imagées de Nezumi apportent des dimensions visuelles qui manquent totalement à ma culture.

hé hé, un petit détour par LA s'impose alors .
Maintenant, grâce à lui, à chaque fois que je lis quelque chose sur le Japon d'autrefois, je peux encore mieux me le représenter...