Abandonnez-vous des lectures ?

Queenie a écrit:

Certes, parfois, c'est parce que je fais confiance à un avis, donc c'est une forme de sélection pointue - et c'est peut-être là que se joue la nuance pour vous.

En effet, j'aime beaucoup croiser des avis, relier des auteurs à d'autres qui me sont chers. Et je suis très attaché à varier mes lectures (comme pour le cinéma ou la musique), à travers les lieux ou les époques.

Arabella a écrit:

Et contrairement à d'autres qui se sont exprimés, ce n'est pas parce que je choisis et ne me trompe pas. Ce ne serait pas trop difficile de ne cibler que des livres qui auraient de très bonnes chances de me plaire, mais j'aurais trop peur de tourner en rond, et de plus être surprise et déstabilisée par quelque chose d'inconnu et de nouveau.

Je crois qu'on dit la même chose... Choisir ne veut pas dire éviter le risque, n'aller que vers ce qu'on aime. Je prends souvent des livres qui sont dans des registres éloignés de mes goûts habituels parce qu'ils ont bonne presse, ou que l'un de vous en dit du bien ou parce qu'il a une sorte d'aura attirante. Je disais la même chose des films. je ne vais pas tout voir, je fais un tri et il reste toujours de la place pour des surprises et des expériences nouvelles. Mais ce tri de départ est nécessaire parce que je ne pourrais pas et ne voudrais pas tout voir. Et puis pour les livres il reste toujours l'achat impulsif de dernière minute à la caisse

Queenie a écrit:

Par contre pour Marko et Coline (et Avadoro ?), je ne comprends pas trop ceci :

Vous êtes très sélectifs et en même temps vous acceptez d'aller là où vous n'iriez pas ? C'est possible ?

La réponse est la même que pour Arabella. Je lis et vois des films sur des critères parfois indépendants des miens mais j'ai repéré les choses avant. Magazine, émission de radio, lecture du forum, bouche à oreille... En musique aussi... énormément. Notamment pour la musique contemporaine où je suis entré en lisant une chose qui renvoyait à une autre... Et au début je peux résister puis j'avance. ça n'empêche pas d'y aller à l'intuition régulièrement aussi.

Par principe, je finis tous les livres que je commence, je dis souvent que c’est par respect pour l'auteur mais je crois que je n'aime pas l'idée de ne pas aller jusqu'au bout.

Comme je lis toujours plusieurs livres de front, certains peuvent rester très longtemps dans les lectures en cours...

Une amie m'a dit "à quoi bon se forcer, perdre du temps que tu pourrais donner à des livres meilleurs?"

Je sais, mais malgré tout, je les finis toujours même si c'est parfois très difficile....(non pas que la lecture soit ardue mais parce que je n'apprécie pas ce que je lis...)

Je sélectionne aussi beaucoup, donc la marge d'abandons tend à se réduire.
Mais ça n'exclut pas le rejet d'oeuvres dans lesquelles je ne rentre pas.
(Comme Boris Vian, rien à faire !)

Aucun scrupule à tout interrompre.

Récemment, j'ai abandonné au moins 3 /4 polars. C'est d'ailleurs un genre que je ne supporte presque plus. Idem avec la fantasy, la SF. Seules les exceptions comme Alain Damasio retiennent mon attention et ma vive admiration.

Je renonce aux livres qui ne m'apportent rien comme connaissances : histoire, littérature, réflexions de qualité, etc.

Il y a beaucoup de bavardages.

L'idée de manquer des joyaux à cause d'eux m'est inadmissible.

Cassiopée a écrit:

Par principe, je finis tous les livres que je commence, je dis souvent que c’est par respect pour l'auteur mais je crois que je n'aime pas l'idée de ne pas aller jusqu'au bout.

Comme je lis toujours plusieurs livres de front, certains peuvent rester très longtemps dans les lectures en cours...

Une amie m'a dit "à quoi bon se forcer, perdre du temps que tu pourrais donner à des livres meilleurs?"

Je sais, mais malgré tout, je les finis toujours même si c'est parfois très difficile....(non pas que la lecture soit ardue mais parce que je n'apprécie pas ce que je lis...)

j'agis exactement de la même manière et pour les mêmes raisons... je peux compter sur les doigts d'une seule main les livres que je n'ai pas finis, ce qui n'est pas un exploit mais une sorte de règle presque 'morale'. Je sais que c'est idiot mais je ne peux pas faire autrement et éprouverais une grande frustration si je ne finissais pas un livre même terriblement ennuyeux ou pas adapter à mon état d'esprit.

j'aime beaucoup l'idée d'insécurité soulevée par mimi, ce moment fébrile où l'on entre dans un livre, où l'on découvre un chapitre, une fin, cet instant d'affolement, de dérive vers des terres ou des îles inconnus ; l'instant magique de la perte de repères et l'effrayant plaisir de se laisser prendre par l'inconnu... sensation à la fois délicieuse et déroutante.

Les livres que j'ai abandonnés doivent se compter sur les doigts d'une main.
Tout simplement parce que j'aime aller au bout pour être sur que je n'aime pas, des fois la fin suffit à me dire que finalement cela valait le coup.
Ensuite parce qu'il arrive souvent que je ne sais pas pour quelle raison je n'aime pas avant d'avoir fini.
Enfin car même un livre que je n'aime semble valoir le coup d'être lu quand même ne serait ce que pour pouvoir dire que je l'ai lu et que je suis donc sur de ne pas aimer ce livre de bout en bout.

Queenie a écrit:

Par contre pour Marko et Coline (et Avadoro ?), je ne comprends pas trop ceci :

Vous êtes très sélectifs et en même temps vous acceptez d'aller là où vous n'iriez pas ? C'est possible ?

Moi quand je suis très sélective, c'est que je vais vers du sûr. Par rapport à ce que je sais de l'auteur, de l'écriture, de l'histoire, voir d'avis de gens en qui j'ai confiance.
Quand je vais vers des œuvres a priori plus risquées, c'est que je sors de cette sélectivité, je sors de mon petit bonhomme de chemin et je prends des risques. Certes, parfois, c'est parce que je fais confiance à un avis, donc c'est une forme de sélection pointue - et c'est peut-être là que se joue la nuance pour vous.

Tu parles du "petit bonhomme de chemin" et c'est vraiment ce que j'ai l'impression de faire avec mes lectures...
Très souvent c'est une lecture qui m'envoie vers une autre que je n'avais pas prévue...Dont je ne connaissais peut-être même pas l'existence. Je sais même rarement quel sera pour moi "le prochain livre ".

Suivre un chemin ne veut pas dire qu'on ne soit jamais surpris! C'est comme dans la nature!...
J'ai le sentiment très libre de me laisser porter d'un livre à l'autre...Et si un auteur (comme un paysage à partir d'un chemin) me semble valoir que je m'y arrête, je le fais...Même un peu longtemps, ou en y revenant...Pour mieux le connaître...Mais ce n'est jamais enfermant, cela laisse l'ouverture...Il y a tant d'ouvertures possibles sur le chemin de la littérature!
Mon chemin n'est pas une route déjà connue et mille fois parcourue dont je ne sortirai pas...
Des "échos" parfois aussi retiennent mon attention ...dans un magazine, une émission, sur Parfum de Livres ou dans les propos d'amis ...Je reste à l'écoute...
Et j'essaie de suivre le chemin tant qu'il m'est agréable...
J'ai de plus en plus le sentiment de pressentir quelles directions et étapes pourraient me rendre heureuse.
C'est pourquoi, devant l'ampleur de ce qui est proposé, je vais plutôt du côté où me portent des genres que je n'ai pas fini d'explorer et de savourer...Ainsi je reconnais l'importance pour moi du style (sans qu'il me suffise pour autant). Ainsi je reconnais que je vais très rarement vers du polar ou de la SF par exemple...Plus tard, peut-être, si j'en ai le temps...

Ma tendance à ne pas interrompre une lecture dès que je ressens une faiblesse m'a (encore une fois) été bénéfique. Malgré un style que je trouvais insupportable sur les 50 premières pages, Si j'étais vous de Julien Green s'est avéré beaucoup plus intéressant et profond que prévu...

Bon, l'exemple n'est pas très pertinent... Après tout, je parle de Julien Green, l'envie de connaître l'auteur ne pouvait pas me conduire à abandonner ma lecture. Mais s'il avait été un parfait inconnu, je n'aurais peut-être pas insisté autant...

J'abandonne peu de livres parce que, comme d'autres ici, je sélectionne un peu mes lectures, mais aussi parce que je n'aime pas; j'ai toujours peur de rater quelque chose de bien mais qui soit long à démarrer
Cependant, j'avoue abandonner des livres avec de moins en moins de remords et d'hésitation

Le premier que j'ai abandonné, c'est Belle du seigneur, vers la page 350. Rien à faire, je ne suis jamais entrée dans l'histoire.
Sinon, c'est assez rare, j'essaie généralement d'aller au bout de ma lecture. Le fait d'accrocher ou non dépend de plusieurs facteurs. Quand je suis fatiguée, j'ai du mal à m'intéresser à ce que je lis. Et puis, quand je viens de lire un livre qui m'a touchée, le suivant me parait souvent terne. C'est le cas actuellement, je rame un peu avec les Petites infamies de Carmen Posadas, après Joseph Boyden que j'ai adoré. Je sais que je le terminerai même si rien ne me captive. J'ai l'espoir que le suivant me plaira plus.

colimasson a écrit:

Ma tendance à ne pas interrompre une lecture dès que je ressens une faiblesse m'a (encore une fois) été bénéfique. Malgré un style que je trouvais insupportable sur les 50 premières pages, Si j'étais vous de Julien Green s'est avéré beaucoup plus intéressant et profond que prévu...

Bon, l'exemple n'est pas très pertinent... Après tout, je parle de Julien Green, l'envie de connaître l'auteur ne pouvait pas me conduire à abandonner ma lecture. Mais s'il avait été un parfait inconnu, je n'aurais peut-être pas insisté autant...

En fait j'aurais peut-être pas dû trop persister, parce que la fin est aussi médiocre que le début...
Bon, faudra que j'aille sur le fil de Julien Green pour en parler (mais je devais tout de même le préciser)

colimasson a écrit:

colimasson a écrit:

Ma tendance à ne pas interrompre une lecture dès que je ressens une faiblesse m'a (encore une fois) été bénéfique. Malgré un style que je trouvais insupportable sur les 50 premières pages, Si j'étais vous de Julien Green s'est avéré beaucoup plus intéressant et profond que prévu...

Bon, l'exemple n'est pas très pertinent... Après tout, je parle de Julien Green, l'envie de connaître l'auteur ne pouvait pas me conduire à abandonner ma lecture. Mais s'il avait été un parfait inconnu, je n'aurais peut-être pas insisté autant...

En fait j'aurais peut-être pas dû trop persister, parce que la fin est aussi médiocre que le début...
Bon, faudra que j'aille sur le fil de Julien Green pour en parler (mais je devais tout de même le préciser)

Comme quoi !



Je suis bien contente de parvenir à lâcher des livres quand ils me saoulent : je perds moins de temps, et ne me fatigue pas.

Bien sûr, ceux qui parlent de moment, d'humeur ou d'état d'esprit qui fait que parfois on n'aime pas un livre à un moment mais on peut l'apprécier à un autre, ont raison. Mais justement, rien ne sert d'insister maintenant.
J'abandonne mais condamne rarement définitivement. Evidemment une deuxième chance (avec le même livre ou avec un autre du même auteur) se fera avec méfiance et probablement très longtemps après, mais ça pourra se faire.
Sur le moment, désormais, je refuse de me gâcher mes petits moments de plaisir avec un livre qui m'ennuie ou m'agace.


Et finalement : vous n'avez pas peur de perdre votre temps avec un livre parce que vous avez une sorte de mauvaise conscience à l'abandonner avant la fin ?
Ce temps précieux qui vous fera peut-être passer, à la longue, à côté de vrais bons livres faits pour vous ?

Queenie a écrit:

Je suis bien contente de parvenir à lâcher des livres quand ils me saoulent : je perds moins de temps, et ne me fatigue pas.

Bien sûr, ceux qui parlent de moment, d'humeur ou d'état d'esprit qui fait que parfois on n'aime pas un livre à un moment mais on peut l'apprécier à un autre, ont raison. Mais justement, rien ne sert d'insister maintenant.
J'abandonne mais condamne rarement définitivement. Evidemment une deuxième chance (avec le même livre ou avec un autre du même auteur) se fera avec méfiance et probablement très longtemps après, mais ça pourra se faire.
Sur le moment, désormais, je refuse de me gâcher mes petits moments de plaisir avec un livre qui m'ennuie ou m'agace.


Et finalement : vous n'avez pas peur de perdre votre temps avec un livre parce que vous avez une sorte de mauvaise conscience à l'abandonner avant la fin ?
Ce temps précieux qui vous fera peut-être passer, à la longue, à côté de vrais bons livres faits pour vous ?

Voilà, ne pas perdre son temps avec ce qui n'est pas bon pour soi, et le réserver à ce qui va nous faire du bien. On se fait assez suer pour ce qui est de l'ordre de l'obligatoire, pour ne pas remettre ça dans la sphère libre!!!

Quand à la mauvaise conscience, je garde cela pour ce qui en vaut la peine.

Ceci dit, j'aimerais tendre à parvenir à ne choisir que des livres faits pour moi, et à ne plus me tromper aussi souvent, et aussi lourdement....

Il y a certains auteurs où je persiste comme J.C Oates, Nick Hormby ou encore John Irving mais si au bout d'une centaine de pages , je n'accroche pas, j'insiste pas ; il m'arrive de lire en travers pour voir comment l'histoire avance. Mais quand je décide de fermer un livre dans lequel je m'ennuie ou je me perds, je n'ai aucun remord; la lecture doit être un plaisir.
Il m'est arrivé de reouvrir un livre abandonné, pour retenter l'expérience, mais à chaque fois, c'est un echec, donc quand j'aime pas, j'aime pas!

je n'ai sans doute pas exactement la même perception du temps que ceux qui travaillent, élèvent des enfants, étudient et autres activités. Du coup j'ai rarement l'impression de perdre mon temps (sauf en mauvaise compagnie) même en lisant un livre qui m'ennuie, je coupe ma lecture avec d'autres ou j'essaie de le lire le plus vite possible (comme les Souvenirs de Foenkinos) mais j'apprends aussi beaucoup en lisant des livres qui ne me plaisent pas (comme avec Limonov de Carrère). Parfois c'est aussi enrichissant de lire un livre qui n'est pas pour soi que celui qui convient parfaitement à l'air du temps...