Lecture en commun - Madame de Lafayette : La Princesse de Clèves

Arabella a écrit:

là ces deux épisodes sont plutôt relativement brefs, et donnent à chaque fois une image de l'amour négative, cause de troubles, de souffrances et surtout d'agitations bien inutiles.

C'est un chemin d'initiation pour Madame de Clèves...Ce chemin l'amènera-t-il à la raison?

coline a écrit:

Mais que sait-il au fait Monsieur de Clèves?
Est-ce innocemment ou a dessein qu’il lui conte la mésaventure de son ami Sancerre, trahi par sa maîtresse, Madame de Tournon ? Tromperie, dissimulation…L'horreur...
Il lui délivre ainsi un message presque subliminal avant que de conclure :
« Je crois que si ma maîtresse, et même ma femme, m’avouait que quelqu’un lui plût, j’en serais affligé sans en être aigri. Je quitterais le personnage d’amant ou de mari, pour la conseiller et pour la plaindre. »
Quelle classe !...Merveilleux Monsieur de Clèves!.

Je voulais citer ce passage,mais j'ai oublié. Heureusement que tu es là Coline.

La lettre, je ne sais pas trop quoi en dire, elle m'ennuie un peu cette lettre.

Et je vais m'arrêter de toute façon à la fin de deuxième partie pour permettre à tout le monde de nous rejoindre.

Arabella a écrit:

La lettre, je ne sais pas trop quoi en dire, elle m'ennuie un peu cette lettre.

Moi aussi!...

coline a écrit:

(J'avoue que j'ai un peu de mal à lire et commenter, en plus, au jour le jour ma lecture...Cela prend un temps fou...Et j'ai l'impression d'être à l'école! )

bon.. mais en quelque sorte ce n'est pas demandé lors d'une lecture en commun de recopier autant..
mais autant que les commentaires changent, autant les méthodes de commenter


et puisque vous vous débrouillez à merveille je vous laisse continuer de commenter, en fait ce n'était pas le livre de Dostoïevski, je n'ai pour l'instant aucun envie de lecture en commun..
je vous quitte et vais attendre de reprendre goût à cette forme de lecture

coline a écrit:

Arabella a écrit:

là ces deux épisodes sont plutôt relativement brefs, et donnent à chaque fois une image de l'amour négative, cause de troubles, de souffrances et surtout d'agitations bien inutiles.

C'est un chemin d'initiation pour Madame de Clèves...Ce chemin l'amènera-t-il à la raison?

Le truc bizarre avec la Princesse de Clèves, c'est qu'elle est déjà amener par tous les chemins à suivre sa raison, tous les exemples, et toute sa vie, l'ont construite pour résister à la passion.
Aucun exemple d'amour heureux autour d'elle.
C'est certainement ce qui lui permet de ne pas flancher. Mais c'est étrange aussi, si elle finit par se laisser aller, je me demande ce qui va être le déclencheur, si déclencheur il y a.

Arabella a écrit:

Juste faire remarquer au passage les histoires intercalées : pour le moment j'en ai lu deux, celle de la duchesse de Valentinois, et celui de Mme de Tournon. C'était apparemment un pêché mignon dans les interminables romans précieux, là ces deux épisodes sont plutôt relativement brefs, et donnent à chaque fois une image de l'amour négative, cause de troubles, de souffrances et surtout d'agitations bien inutiles. Je crois vraiment que cela a une réelle importance dans la conception du monde développée dans le roman.

J’en ai déjà lu trois et elles me paraissent essentielles dans la mesure où elles semblent constituer des sortes d’échos ou de résonances particulières qui ne sont là que pour donner une certaine couleur à ce qui arrivera sans nul doute à nos héros principaux. Car que disent-elles, ces histoires ? Que l’amour passion ne dure jamais, que l’amour est fait de dissimulations et de tromperies, que l’amour ne subsiste pour autant qu’il nous échappe. C’est bien pour cela d’ailleurs que Monsieur de Clèves aime sa femme non comme un époux mais comme un amant dans la mesure où ses sentiments ne sont pas partagés par son épouse, qui se dérobe sans cesse et demeure inaccessible et par là même toujours désirable et objet de sa passion.
Que nous dit la lettre concernant la troisième histoire intercalée ? Que l’homme s’attache d’autant plus à sa galante qu’elle s’en éloigne pour s’en prémunir. Il n’y a pas d’amour heureux : soit nous sommes comblés et l’amour fout le camp, soit il n’est pas satisfait pour de nombreuses raisons et donc subsiste tant qu’il y a frustrations. L’amour ne peut donc se conjuguer qu’avec souffrance et affliction. En fait, ce roman confond l’amour et la passion…

Queenie a écrit:

coline a écrit:

Arabella a écrit:

là ces deux épisodes sont plutôt relativement brefs, et donnent à chaque fois une image de l'amour négative, cause de troubles, de souffrances et surtout d'agitations bien inutiles.

C'est un chemin d'initiation pour Madame de Clèves...Ce chemin l'amènera-t-il à la raison?

Le truc bizarre avec la Princesse de Clèves, c'est qu'elle est déjà amener par tous les chemins à suivre sa raison, tous les exemples, et toute sa vie, l'ont construite pour résister à la passion.
Aucun exemple d'amour heureux autour d'elle.
C'est certainement ce qui lui permet de ne pas flancher. Mais c'est étrange aussi, si elle finit par se laisser aller, je me demande ce qui va être le déclencheur, si déclencheur il y a.

Mais oui...mais tu sais bien...nous le savons tous...comment résister à la passion amoureuse quand elle fond sur nous , malgré tout ce que l'on en sait?...
Et la petite de Clèves comme les autres...même si elle a été bien briffée par Maman et qu'elle est très lucide sur les galanteries dans son environnement......

sentinelle a écrit:

que disent-elles, ces histoires ? Que l’amour passion ne dure jamais, que l’amour est fait de dissimulations et de tromperies, que l’amour ne subsiste pour autant qu’il nous échappe. [...]Que nous dit la lettre concernant la troisième histoire intercalée ? Que l’homme s’attache d’autant plus à sa galante qu’elle s’en éloigne pour s’en prémunir. Il n’y a pas d’amour heureux : soit nous sommes comblés et l’amour fout le camp, soit il n’est pas satisfait pour de nombreuses raisons et donc subsiste tant qu’il y a frustrations. L’amour ne peut donc se conjuguer qu’avec souffrance et affliction. En fait, ce roman confond l’amour et la passion…

Voilà...Tout est dit par Sentinelle!...
Est-ce parce qu'au temps de Madame de Clèves et en celui de Madame de Lafayette, les mariages étaient la plupart du temps d'intérêt et de raison? Du coup les dames rêvaient et n'imaginaient d'amour que passionné...
Aujourd'hui nous sommes bien plus lucides n'est-ce pas?...Humm....

kenavo a écrit:

coline a écrit:

(J'avoue que j'ai un peu de mal à lire et commenter, en plus, au jour le jour ma lecture...Cela prend un temps fou...Et j'ai l'impression d'être à l'école! )

bon.. mais en quelque sorte ce n'est pas demandé lors d'une lecture en commun de recopier autant..
mais autant que les commentaires changent, autant les méthodes de commenter

Ben oui, on ne se refait pas...

kenavo a écrit:

et puisque vous vous débrouillez à merveille je vous laisse continuer de commenter, en fait ce n'était pas le livre de Dostoïevski, je n'ai pour l'instant aucun envie de lecture en commun..
je vous quitte et vais attendre de reprendre goût à cette forme de lecture

Dommage!

Orientale a écrit:

Je suis super confuse de le dire, mais depuis hier je peine sur "La princesse..." et je m'y perds tout le temps malgre que j'ai une bonne idee sur le roman - Mme de Lafayette faisait partie d'un de mes examens en litterature francaise a l'Universite. A l'epqoue, le roman n'etait pas traduit en bulgare et on ne faisat que le mentionner.
Je ne voudrais pas non plus lire le livre en bulgare, ce n'est pas pareil.
Le livre demande une grande concentration...dont je manque en ce moment...et puis, ce n'est pas ma langue maternelle, ni l'histoire d mon propre pays...dur-dur
Quoi faire? Attendre d'etre en retraite pour reattaquer la princesse...je suis vraiment tres embarrassee

Saute des pages...et ne te prends pas la tête à vouloir tout connaître de l'histoire de France et tout comprendre de cette langue un peu désuette...

coline a écrit:

kenavo a écrit:

et puisque vous vous débrouillez à merveille je vous laisse continuer de commenter, en fait ce n'était pas le livre de Dostoïevski, je n'ai pour l'instant aucun envie de lecture en commun..
je vous quitte et vais attendre de reprendre goût à cette forme de lecture

Dommage!

je vais lire le livre.. et certainement suivre vos commentaires.. mais je ne sais pas.. pour l'instant j'ai tellement envie d'autres livres.. d'un rythme de lecture qui me convient..
et puisque vous êtes plusieurs à participer...

coline a écrit:

Mais oui...mais tu sais bien...nous le savons tous...comment résister à la passion amoureuse quand elle fond sur nous , malgré tout ce que l'on en sait?...
Et la petite de Clèves comme les autres...même si elle a été bien briffée par Maman et qu'elle est très lucide sur les galanteries dans son environnement......

Il y a toujours un grand écart entre la théorie et la pratique, ce que dit la raison et les sentiments. Ce qu'elle découvre, et la question est de savoir quelle voie elle va choisir.

sentinelle a écrit:

que disent-elles, ces histoires ? Que l’amour passion ne dure jamais, que l’amour est fait de dissimulations et de tromperies, que l’amour ne subsiste pour autant qu’il nous échappe. [...]Que nous dit la lettre concernant la troisième histoire intercalée ? Que l’homme s’attache d’autant plus à sa galante qu’elle s’en éloigne pour s’en prémunir. Il n’y a pas d’amour heureux : soit nous sommes comblés et l’amour fout le camp, soit il n’est pas satisfait pour de nombreuses raisons et donc subsiste tant qu’il y a frustrations. L’amour ne peut donc se conjuguer qu’avec souffrance et affliction. En fait, ce roman confond l’amour et la passion…

L'amour passion (si on reprend la terminologie précédente) c'est celui qui repose uniquement sur l'inclination. Pour qu'il soit autre chose que passion, il faudrait qu'il y ait aussi estime et reconnaissance. Et suite à tout ce qui a été dit précédemment sur M. de Nemours, il n'est pas sûr qu'il soit la bonne personne.

Arabella:

Citation :

Et suite à tout ce qui a été dit précédemment sur M. de Nemours, il n'est pas sûr qu'il soit la bonne personne.

Nemours est un volage, mais je crois que la Princesse est trop jeune pour le deviner. ( 16 ans?).

Arabella a écrit:

L'amour passion (si on reprend la terminologie précédente) c'est celui qui repose uniquement sur l'inclination. Pour qu'il soit autre chose que passion, il faudrait qu'il y ait aussi estime et reconnaissance. Et suite à tout ce qui a été dit précédemment sur M. de Nemours, il n'est pas sûr qu'il soit la bonne personne.

Il n'est jamais question d'amour dans ce roman, tout n'est que passion, idéalisation, exacerbation et dissimulation. Cela ne concerne pas seulement M. de Nemours mais bien tous les personnages de Madame de La Fayette, même Monsieur de Clèves n'échappe pas à ce principe.
Bon maintenant, cette conception est excellemment romanesque, mais on ne peut s'empêcher de penser que Madame de La Fayette ne semblait pas vraiment y croire, à l'amour... elle semble nous dire que l'amour n'existe que tant qu'il nous échappe, un brin désolant comme théorie

Sentinelle:

Citation :

elle semble nous dire que l'amour n'existe que tant qu'il nous échappe, un brin désolant comme théorie

Oui, Madame de La Fayette est un drôle de méfiante. L´amour est toujours en peril avec elle.
La Cour est un milieu étouffant, on y est constamment épié.
Coincée entre les craintes et pessimisme de l´auteur ainsi que le contexte de l´époque, la Princesse va paniquer devant la passsion qu´elle ressent. Elle va maîtriser ses actes, mais pas ses sentiments.
Contente que tu prononces le mot " passion" pour ce roman, Sentinelle. Passion à l´état pur.