[2012] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

colimasson a écrit:

Tiens, c'est le film "art et essai" de mon cinéma pour la semaine qui vient (à partir de demain, quoi)
J'ai jamais apprécié les road-movies... et là, ça a pas l'air follement emballant.

C'est un road movie statique hein, donc c'est un peu différent. Mais je ne le sens pas trop pour toi Coli, non ...

Marko a écrit:

Aeriale: Mobile Home est à mon programme

Ah! Je vais guetter ton avis. Ce que j'ai aimé en fait c'est qu'il n'est pas surjoué (sauf peut-être la gaucherie de Julien/Gouix dans ses approches avec la maman du petit. Touchant mais un peu systématique à la longue ) ni appuyé. Ce sont tous leurs faux pas qui m'ont plu, tous leurs non dits dans leur face à face avec leurs parents, surtout ceux de Julien et de son père. Cet acteur a une incroyable intensité contenue dans son regard.

Sinon vos commentaires sur Cherchez Hortense m'ont convaincue: On ira le voir samedi c'est décidé

La dette de Rafael Lewandowski

Citation :

À son retour d'un voyage en France, Pawel constate avec stupéfaction que la photo de son père fait la Une d'un journal polonais. Considéré jusqu'alors comme l'un des héros du syndicat Solidarnosc, le père de Pawel est aujourd'hui soupçonné d'avoir été une taupe au service du régime.

30 ans après les événements, une figure de Solidarnosc est accusée d'avoir été une taupe à la solde des communistes. De héros à salaud, la marge est étroite et l'opinion publique, changeante. Fort bien écrit, La dette s'attache avant tout à décrire les réactions de la nouvelle génération polonaise, celle dont les parents étaient en première ligne, au début des années 80. Réalisé comme un thriller, à la fois politique et intime, sur fond de mensonges et de trahisons, Le film de Rafael Lewandowski est une oeuvre solide, carrée et maîtrisée qui tient le cap jusqu'aux révélations finales. Excellent !

Boy de Taka Waititi

Citation :

Boy, onze ans, habite dans un village maori avec sa grand-mère, son petit frère Rocky, et une tribu de cousins. Il vit dans un monde imaginaire, est fan de Michael Jackson et de son nouveau tube "Thriller". L’autre héros de Boy est Alamein, père absent que le jeune garçon imagine tantôt en samouraï maori, tantôt en star du rugby ou encore en intime du roi de la Pop. Après sept ans d’absence, lorsque Alamein rentre à la maison, Boy va devoir confronter ses rêves à la réalité...

Une enfance maorie dans les années 80. Cool. En rêvant d'ET et de Michael Jackson. Boy a 11 ans, un père en prison et plus de mère. Le film de Teka Waititi, fortement autobiographique, derrière un humour ravageur, traite de la perte de l'innocence et de la découverte qu'un père n'est pas nécessairement un héros. Joliment filmé, rempli de fantaisie, Boy est une réussite presque totale, drôle et élégiaque. Une petite perle néo-zélandaise.

Keep The Lights On


Une histoire d'amour entre garçons avec le crack au milieu...



Je suis plutôt déçu par ce film qui avait une partie de la presse très élogieuse pour lui... et l'autre nettement moins!

Pour les aspects positifs il y a d'abord la sensibilité de l'acteur principal, Thure Lindhardt, loin des stéréotypes esthétiques habituels, qui donne une vérité touchante à son personnage. L'intimité sexuelle et amoureuse des deux garçons est également juste et directe. Les choix musicaux et l'ambiance urbaine plutôt réussis. L'incommunicabilité du couple montrée comme un mur infranchissable et quasi incompréhensible alors que les sentiments sont là jusqu'au bout. Le (petit) côté "Happy Together" de Wong Kar Wai qui recontrerait les films de Paul Morrisey avec Joe Dallesandro (auquel Zachary Booth fait un peu penser)... On sent que le film est un hommage et une mise en abîme de toutes ces fictions et créations plastiques qui ont depuis longtemps montré les corps masculins et le désir homosexuel.

Malheureusement le film manque de rythme, semble long et parfois répétitif. Les seconds rôles n'ont pas beaucoup de place. Les digressions sur le tournage du documentaire n'apportent rien. La dérive toxicomaniaque de Zachary Booth semble artificielle et sans substance (on sait seulement qu'il semble ne pas trop s'assumer au départ). La relation névrotique des deux amants un peu lassante même si bien des histoires amoureuses ressemblent à ça!

Le type même de film qu'on peut adorer ou détester pour les mêmes raisons... Il m'a laissé un peu extérieur même si certaines scènes m'ont intéressé ou ému.

Pas indispensable mais pas insignifiant non plus. Curieux film.



P.S. A noter que Thure Lindhardt jouera bientôt le rôle de Wolfgang Priklopil, l'homme qui a séquestré Natascha Kampusch, dans une adaptation de 3096 jours.

Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau

Citation :

A Montréal, Bachir Lazhar, un immigré algérien, est embauché au pied levé pour remplacer une enseignante de primaire disparue subitement. Il apprend peu à peu à connaître et à s’attacher à ses élèves malgré le fossé culturel qui se manifeste dès la première leçon. Pendant que la classe amorce un lent processus de guérison, personne à l’école ne soupçonne le passé douloureux de Bachir, qui risque l’expulsion du pays à tout moment.

Le sujet principal de Monsieur Lazhar est le deuil. Doublement. Celui d'une classe traumatisée par le suicide d'une enseignante. Celui du remplaçant de celle-ci, algérien d'origine, qui ne s'est pas remis de la mort de ses proches, au pays. C'est lourd, très lourd, pour un seul film, et Philippe Falardeau aurait pu allèger son scénario et le concentrer sur un seul thème. D'autant plus que le film, dans ce contexte on ne peut plus grave, choisit une extrême pudeur, qu'on pourrait estimer excessive, à peine troublée d'une poignée de scènes davantage dans l'émotion, avec modération. Fellag, excellent, compose son personnage dans une grande sobriété, à la limite de la rigidité. Beaucoup de retenue dans Monsieur Lazhar, ce qui est logique dans une enceinte scolaire où se déroule la majeure partie de l'action. Reste qu'on aurait aimé sortir davantage de ce cadre, en savoir plus sur la vie de cet immigré algérien. La fin du film, ouverte, participe de cette grande frustration.

Après la bataille de Yousry Nasrallah

Citation :

Mahmoud est l’un des "cavaliers de la place Tahrir" qui, le 2 février 2011, manipulés par les services du régime de Moubarak, chargent les jeunes révolutionnaires.
Tabassé, humilié, sans travail, ostracisé dans son quartier qui jouxte les Pyramides, Mahmoud et sa famille perdent pied…
C’est à ce moment qu’il fait la connaissance de Reem, une jeune Egyptienne divorcée, moderne, laïque, qui travaille dans la publicité. Reem est militante révolutionnaire et vit dans les beaux quartiers.

Le Caire, "collection' printemps/automne révolutionnaire 2011. Véritable "Work in Progress", Après la bataille a vu son scénario évoluer et s'enrichir au fil des événements. L'aspect documentaire politique est éminemment passionnant. La fiction que le réalisateur Yousry Nasrallah (Femmes du Caire) lui a greffé est elle beaucoup moins convaincante surtout quand elle tente de mêler le sentimental feuilletonesque à l'histoire en marche, avec ses déclinaisons sociales. Le quotidien des petites gens comme des bourgeoises cairotes (pro et anti Moubarak) est prétexte à un dialogue/affrontement/attraction qui ne manque pas de pertinence, même si trop peu développé. Le film est globalement bancal, trop long, sinueux et cahoteux. Il est à prendre comme un témoignage, pris quasiment sur le vif, tourné dans l'urgence, des tenants et aboutissants du printemps égyptien, avec ces qualités là et des défauts de construction assez évidents.

Tu es plutôt indulgent, Marko, sur le coup. Mais tu as raison, cela ne fait pas de mal de se faire du bien et comme je l'écrivais plus haut, il vaut mieux avoir mangé avant de voir le film. Tous les plats sont sacrément alléchants.




Shelter de Dragomir Sholev

Citation :

Occupés à zapper face à leur télévision, à préparer des conserves ou à discuter politique, les parents de Rado, jeune ado de douze ans, n’ont pas vu leur fils grandir. Le père, entraîneur de water-polo, pense qu'il a été et est toujours un bon père. Aussi, il ne comprend pas que son fils se mette à traîner avec les punks du quartier…

Le cinéma bulgare a longtemps été le plus secret derrière le rideau de fer. Aujourd'hui, une nouvelle vague déferle avec des réalisateurs sans complexe bien décidés à rendre compte de la réalité post-communiste et néo-capitaliste, de Sofia aux rives de la Mer Noire. Après, Eastern Plays, Avé, Zift (sans doute le plus impressionnant de la liste mais malheureusement toujours inédit en France), au tour de Shelter, premier film de Dragomir Sholev, d'apparaître sur nos écrans (plus précisément sur un seul pour l'ensemble du territoire français. Soupir !) après avoir fait un tour du monde des festivals. Son thème est dans l'air du temps bulgare : le conflit des générations traité sur le mode de la comédie noire et grinçante. Entre des adultes vieux jeu et des adolescents destroy, c'est un euphémisme de constater que le courant ne passe pas. Tourné avec des moyens limités, Shelter est une radiographie convaincante et réaliste de la Bulgarie avec un ton décapant qui décoiffe. A l'iroquoise.

Jason Bourne : l'héritage de Tony Gilroy

Citation :

On croyait tout connaître de l'histoire de Jason Bourne et de son passé d’agent tueur malgré lui. Mais l’essentiel restait à découvrir. Le programme Treadstone dont Jason était le cobaye n’était que la partie émergée d’une conspiration plus ténébreuse, ourdie par d’autres branches du gouvernement et mettant en jeu d’autres agences de renseignement, d’autres programmes militaires, d’autres laboratoires secrets…
De Treadstone est né "Outcome", dont Aaron Cross est un des six agents. Sa finalité n’est plus de fabriquer des tueurs, mais des hommes capables d’assurer isolément des missions à haut risque. En dévoilant une partie de cette organisation, Jason laissait derrière lui un "héritage" explosif : compromis, les agents "Outcome" sont désormais promis à une liquidation brutale. Effacés à jamais pour que le "père" du programme, le Colonel Byer puisse poursuivre ses sinistres activités.
Une gigantesque chasse à l’homme commence, et Cross, devenue sa première cible, n’a d’autre recours que de retrouver et gagner la confiance de la biochimiste d’"Outcome", Marta Shearing, elle-même menacée de mort…

Ce nouveau film autour de Jason Bourne a bien du mal à trouver sa justification après la trilogie. Bien loin du chaos spatio-temporel des mise en scènes de Paul Greengrass, Tony Gilroy privilégie simplicité et lisibilité puisqu'un MacGuffin soutient la majeure partie du récit. Jeremy Renner puis Rachel Weisz sont embarqués dans une fuite en avant et une course-poursuite alors que les rares moments de bravoure ne font pas oublier les multiples longueurs. L'ensemble se suit tranquillement mais l'on est face à un film d'action semblable à bien d'autres. Vu et vite oublié.

deux films vus dans le cadre du festival de cinéma de Dieppe (si,si). Deux films que j'ai trouvé vraiment exceptionnels avec une mention très spéciale pour The End d'Hicham Lasri (film marocain):



Un film sur l'hyper-violence filmé comme un conte de fées.
Un film en noir et blanc avec seulement quelques secondes en couleurs, des couleurs à la Nan Goldin, qui se voient à peine et flirtent avec la couleur d'une peau.
Un film sur le Maroc à la fin du règne d'Hassan II.
D'abord une juxtaposition de scènes qui vont lentement trouver leur sens. Au début je suis un peu perdue, ça grince de partout, ça couine, ça hurle, ça fait mal et ce n'est que le début...
Lourd, violent, avec une esthétique hallucinante de beauté et de précisions, d'inventivité et d'audace. La caméra commence par faire des looping dans tous les sens sans donner mal au cœur, la photographie est d'une beauté sidérante, le son est travaillé avec une originalité époustoufflante (un des personnages, qui est un tortionnaire utilise un appareil auditif et de temps en temps il coupe le son et le spectateur se retrouve également sans audition)(la plupart des personnages sont quasiment muets, pas de musique mais des sons, beaucoup de sons, qui dérangent et ne sont pas là pour meubler mais racontent une histoire, la ville, sa violence).
Des tentatives visuelles hyper réussies comme : faire danser l'ombre d'un personnage contre un mur sur lequel se déroule un petit film amateur sur lequel une femme danse. Au même moment, cette femme, en fauteuil roulant, regarde la scène. Suspension et magie.
Techniquement le film est une merveille.

Et l'histoire est… écrasante, monstrueuse, onirique, désincarnée, lunaire, fascinante.

Un jeune homme dégingandé tombe amoureux d'une jeune femme enchaînée. Elle ressemble à un personnage échappé d'un manga (avec ses chaînes qui glissent derrière elle et ses bottes en lapin !) ; il ressemble à un prince charmant de pacotille, tellement minable avec son gilet de travaux public et ses bottes en plastique. Il s'agit bien d'un conte, la belle enchaînée par ses frères doit être délivrée par le gentil prince. Mais comme dans tous les contes, la violence, la perversion, la brutalité rôdent et vont jouer de bien mauvais tours à chacun… Les frères sont des bandits. Les flics des pourris au coeur tendre. On est à la charnière entre Tarantino, Kubrick, Kounen mais au Maroc...

les frères et le prince...

le flic...

Allégorie d'un pays d'avant le printemps arabe, ce film est une énorme claque.


deuxième film La Parade de Srdjan Dragojevic (film serbe)



Un ancien mercenaire est engagé pour faire la sécurité lors de la première gay pride de Belgrade alors que tous les néo-nazis ont promis de venir y 'casser du pédés'. Le mercenaire va aller chercher ses vieux amis, tous fêlés, tous caricaturaux et déglingués pour reprendre du service.

un film complètement fou, sauvage, endiablé, barbare et tendre.

Un film burlesque à la mode des premiers Kusturica. Déjanté, tendre, violent, survolté, incandescent, Parada est extraordinairement vivifiant et drôle, sarcastique et bouleversant. Un film qui parle de sujets sensibles, tourné avec humour, un peu de dérision et une tonne d'humanité. Des acteurs avec des gueules incroyables, des situations rocambolesques, une farce tournée à 220 à l'heure qui fait rire et pleurer et qui a le charme slave, barbare, espiègle et tourmenté des films à message.

Sauna on Moon / Zou Peng




Chroniques du quotidien d'un bordel de second ordre à Macao, retourné depuis dix ans dans le giron de la Chine. Le plus intéressant dans le film est une sorte d'instantané de la vie d'un monde en pleine mutation, d'un quasi documentaire sur le quotidien des petites gens qui vivotent si bien que mal, dans une ville en pleine transformation. Certaines séquences sont vraiment réussies, comme celles de ces ouvrières dans un fabrique de textile. Les images sont très soignées, et apportent un gros plus au film. Malheureusement, la structure est plus que foutraque, pas de véritable récit, d'une progression, juste des séquences juxtaposées, certaines plus réussies que d'autres. Ce qui fait qu'on ne s'intéresse pas vraiment aux personnages, et qu'à un moment donné on commence à décrocher du film, qui semble vers la fin trop long. Dommage, parce qu'il y avait du potentiel pour faire quelque chose de pas mal du tout.

J'hésite entre plusieurs films... Pouvez-vous m'aider à trancher entre :
- Les saveurs du palais, dont vous avez déjà très bien parlé ?
- Reality de Garrone
- Vous n'avez encore rien vu de Resnais
- 360 de Meirelles

Merci...

Désolée. Je n'ai vu aucun des films que tu cites.

colimasson a écrit:

J'hésite entre plusieurs films... Pouvez-vous m'aider à trancher entre :
- Les saveurs du palais, dont vous avez déjà très bien parlé ?
- Reality de Garrone
- Vous n'avez encore rien vu de Resnais
- 360 de Meirelles

Merci...

Des registres très différents... Je serais curieux d'avoir ton avis sur le Resnais mais il faut rentrer dedans! Reality doit être intéressant, divertissant et ce sera mon prochain avec Despues de Lucia, Compliance et la reprise de Portier de nuit.

Je compte voir le Resnais la semaine prochaine. J'attends ton avis sur Despues de Lucia.

Arabella a écrit:

Je compte voir le Resnais la semaine prochaine. J'attends ton avis sur Despues de Lucia.

Tu peux y compter