LC Science Fiction

Steven a écrit:

Le Haut-Lieu

Première nouvelle du recueil de Serge Lehman... Un grand appartement sur l'île Saint-Louis, oublié. Anne Murat, de l'agence immobilière doit le faire visiter à David Lance. La visite va se transformer en huis-clos, dans cet appartement du sixième étage qui, peu à peu, fait disparaître les portes et les pièces les transformant en trompe l'oeil remarquablement exécuté. La nouvelle est courte, terriblement efficace... On sent bien monter l'angoisse des deux personnages qui sont confrontés à leurs peurs les plus intimes, se retranchent en eux devant la crainte grandissante de se retrouver emprisonnés dans un trompe l'oeil.... Calcifié, comme ils nomment très vite ce phénomène étrange. Les personnages semblent perdre peu à peu leur humanité alors que l'appartement semble habité par une terrible humanité.

Les ressorts sont plus ceux du drames que ceux du fantastique, mais la cause est bien fantastique, elle. Très, très efficace.

Ça donne envie cette nouvelle !

Le recueil est composé de six nouvelles de longueur et de qualité variables. Mais, je ne sais pas si on retrouve ça dans la SF en général, il y a un point commun à toutes : à la fin, le lecteur est libre de s'imaginer ce qui s'est réellement passé ou ce qui se passera à la suite. Rien n'est donné... J'aime bien cette liberté d'imagination offerte au lecteur, comme une marque de respect.

Les jeux de l'esprit

Y a du lourd dans ce livre...
Le gouvernement scientifique, après s'être rendu compte que la population dépérissait à vue d'oeil à cause du manque de distractions débiles et débilitantes, décide de leur octroyer de grands jeux mondiaux. Nous voilà revenus aux temps des combats de catch ! De belles jeunes filles y participent, l'occasion pour Pierre Boulle de laisser se déchaîner son verbe kitschissime à souhait. Attention les clichés, c'est parti :

Citation :

Infatigable, Miss Lovely se déchaînait. Une puissante détente de tous ses muscles et son admirable corps nu, rougi du sang de ses précédentes victimes, tendu comme un arc, volait littéralement à travers les airs. Puis, ayant atteint la cible, elle se recevait avec souplesse sur les mains, faisait une pirouette sur le sable et, sans même reprendre son souffle, était projetée dans un nouvel essor. C'était un défi aux lois de la pesanteur, une démonstration presque surnaturelle de force et de beauté. La foule, les trois arbitres, les deux catcheurs survivants suivaient chacun de ses gestes comme dans un rêve, en retenant leur respiration avec une ferveur religieuse. Tous l'adoraient en cet instant pour ce don gratuit qu'elle offrait en prime à ses admirateurs. Tous réfrénaient leurs bravos; on n'entendait dans l'immense stade que l'haleine de plus en plus oppressée de la victime et le bruissement léger du corps arien effleurant le sable qui voletait autour d'elle.

En règle général, tout est beaucoup trop suggéré dans ce livre. Ca donne l'impression d'être pris pour un lecteur un peu lent du mou (n'est pas physicien nucléaire qui veut). Et puis bon, les suggestions frôlent souvent le mauvais goût. Les séquences de catch sont assez ennuyeuses. Ca hésite entre péplum, érotique et récit mystique. Ca peut avoir l'air alléchant dit comme ça mais parce que Pierre Boulle n'ose pas vraiment se laisser aller à ses inclinations, ça devient vite fadasse.

A poursuivre...

après ma lecture de F.A.U.S.T de Lehman qui ne m'avait pas particulièrement bouleversée je n'avais pas retenté la lecture de cet auteur, mais le commentaire de Steven me donne envie d'y revenir... d'autant plus que j'ai lu sa dernière BD, Masqué qui n'est pas mal non plus, sans casser des briques l'histoire se met en place en reprenant certains thèmes déjà abordés dans La Brigade Chimérique, dont celui du militaire qui après une mystérieuse attaque possède certains pouvoirs très recherchés... mais surtout il y a à la toute fin de la BD deux pages d'un récit (sans dessins) qui éclaire bien le reste et donne furieusement envie de lire la suite...

sinon, je suis toujours dans Hypérion, dont je me délecte, j'ai choisi de me mettre en mode très lent pour cette lecture de longue haleine, qui, comme le soulignait sentinelle est assez inégale mais délectable dans ces bons moments... Après le récit qui monte en puissance du prêtre pour s'achever dans une sorte d'apocalypse rédemptrice, le récit du satyre poète, le bien nommé Matin Silénus est d'un genre tout à fait différent, moins habité par la grâce il est plus centré sur la recherche de la Muse, celle qui apporte l'inspiration. A la fois critique acerbe de la littérature 'populaire', le récit de Silénus nous permet de découvrir la planète Hypérion juste au moment où le gritche commence ses exactions. Puis la narration revient aux sept pélerins qui embarquent dans un bateau sur roue pour traverser la mer des Hautes Herbes, j'avoue qu'en commençant ma lecture je me suis peu arrêtée sur les paysages (essentiellement les cieux) décrit par Simmons mais que plus le récit avance et plus je m'y plais, cherchant à imaginer ou plutôt imager ce territoire étrange, un peu maléfique et surtout désert...
Je viens de finir l'histoire de Sol Weintraub, sorte d'Abraham dont l'enfant est atteint de la maladie de Merlin, au lieu de vieillir Rachel rajeunit au point de redevenir un nourrisson. Je me suis un peu ennuyée au milieu de la narration très répétitive mais le destin de ce père et de cette enfant par son caractère biblique et d'inversion temporelle est assez vertigineux. Le livre est intéressant, il a le mérite d'être bien écrit, de reprendre des thèmes en leur apportant une part d'inventivité mais je trouve que parfois Simmons manque de sens romanesque, passe à côté du suspens en renonçant à couper certains passages redondants...

J'ai commencé hier Blade Runner de Philip K Dick.

shanidar a écrit:

après ma lecture de F.A.U.S.T de Lehman qui ne m'avait pas particulièrement bouleversée

Pareil pour moi, j'avais particulièrement aime "Aucune étoile aussi lointaine" mais à la suite de F.A.U.S.T. je n'ai pas retenté cet auteur sans toutefois avoir tiré un trait sur sa production.
Ensuite on se disperse...

shanidar a écrit:

Je viens de finir l'histoire de Sol Weintraub, sorte d'Abraham dont l'enfant est atteint de la maladie de Merlin, au lieu de vieillir Rachel rajeunit au point de redevenir un nourrisson. Je me suis un peu ennuyée au milieu de la narration très répétitive mais le destin de ce père et de cette enfant par son caractère biblique et d'inversion temporelle est assez vertigineux.

A mon avis le plus beau passage (récit) de ce livre.
La grande force d'Hypérion réside pour moi dans l'histoire de chacun des pèlerins ensuite j'ai décroché et je n'ai plus compris grand chose au gritche...

shanidar a écrit:

sinon, je suis toujours dans Hypérion, dont je me délecte, j'ai choisi de me mettre en mode très lent pour cette lecture de longue haleine, qui, comme le soulignait sentinelle est assez inégale mais délectable dans ces bons moments... Après le récit qui monte en puissance du prêtre pour s'achever dans une sorte d'apocalypse rédemptrice, le récit du satyre poète, le bien nommé Matin Silénus est d'un genre tout à fait différent, moins habité par la grâce il est plus centré sur la recherche de la Muse, celle qui apporte l'inspiration. A la fois critique acerbe de la littérature 'populaire', le récit de Silénus nous permet de découvrir la planète Hypérion juste au moment où le gritche commence ses exactions. Puis la narration revient aux sept pélerins qui embarquent dans un bateau sur roue pour traverser la mer des Hautes Herbes, j'avoue qu'en commençant ma lecture je me suis peu arrêtée sur les paysages (essentiellement les cieux) décrit par Simmons mais que plus le récit avance et plus je m'y plais, cherchant à imaginer ou plutôt imager ce territoire étrange, un peu maléfique et surtout désert...
Je viens de finir l'histoire de Sol Weintraub, sorte d'Abraham dont l'enfant est atteint de la maladie de Merlin, au lieu de vieillir Rachel rajeunit au point de redevenir un nourrisson. Je me suis un peu ennuyée au milieu de la narration très répétitive mais le destin de ce père et de cette enfant par son caractère biblique et d'inversion temporelle est assez vertigineux. Le livre est intéressant, il a le mérite d'être bien écrit, de reprendre des thèmes en leur apportant une part d'inventivité mais je trouve que parfois Simmons manque de sens romanesque, passe à côté du suspens en renonçant à couper certains passages redondants...

J'avais beaucoup aimé le récit de Sol Weintraub, j'ai eu plus de mal avec celui de Silénus tant le personnage était antipathique, personnage pourtant capital.
Et si tu te délectes avec Hypérion, tu te délecteras encore plus avec La chute d'Hypérion, que j'ai beaucoup aimé (et même préféré au premier, contrairement à Igor visiblement). Le récit est déjà plus facile à lire (constance du style). Et tu seras bluffée par la virtuosité du grand maître, même s'il vaut parfois mieux se laisser porter par son grand délire que d'essayer de tout comprendre tant son univers est complexe et parfois inaccessible dans ses détails. Bonne continuation Shanidar ! Quant à moi, je compte poursuivre prochainement avec Endymion.

Mais pour le moment je lis Le Dieu venu du centaure de Philip K. Dick. J'essayerai d'en parler plus longuement ce we.

J'avance dans Le monde inverti, tranquillement. Peut-être trop. Je ne crois pas que ce soit un livre qui se déguste : ça se lit simplement. Pas de description à couper le souffle, pas d'action-aventure qui tient en suspens, pas de personnage consistant (Helward, décidément est le dernier du monde à se poser des questions sur ce qu'il découvre. Il parle à sa future femme, elle lui pose plein de question, se demande pourquoi on leur cache des choses... etc... et du coup, brave Helward se dit : ah mais pourquoi je ne suis pas aussi surpris et curieux... voilà, sa seule "remise en question". Alors on continue d'avancer tranquillement).

Et moi je progresse également de façon pépère dans L'oeuf du dragon, qui est un exemple parfait de Hard Science, à savoir de la SF qui se base sur des connaissances scientifiques
contemporaines, ici l'astrophysique. Ce qui fait que le roman comporte son lot de descriptions scientifiques techniques très pointues et plutôt obscures, mais réussit le prodige de nous captiver! Pas étonnant puisqu'à côté de son activité de romancier, R.L Forward était physicien tout en publiant des articles de vulgarisation scientifique.

Le Dieu venu du centaure de Philip K. Dick, roman paru en 1965.


L’augmentation constante des températures et de l’humidité suite à la fonte des glaces et à l’évaporation progressive des océans rendent la vie sur terre pénible et difficile. Les rues se vident dès 8h30 du matin et une loi oblige d’emprunter les transports en commun en se fixant sur le dos un bloc réfrigérant jusqu’à la tombée de la nuit.

Ce réchauffement de la Terre conduit à la nécessite de coloniser d’autres planètes du système solaire. Le service sélectif de l’ONU engage de force les colons qui seront condamnés à une existence monotone sur les planètes colonisées. Ces colons logés dans des clapiers ne survivent qu’en jouant avec Poupée Pat et les éléments de son univers miniature (les combinés P .P.) conçus spécialement pour reproduire artificiellement les conditions de vie sur terre lorsqu’ils sont associés à la drogue D-Liss. Il va sans dire que cette drogue D-Liss illégalement consommée par les colons est cultivée, traitée et distribuée par une filiale clandestine des Combinés P.P.

Citation :

Pendant toute la durée de la translation, tout était permis : l’inceste, le meurtre, n’importe quoi, en restant du point de vue juridique une simple illusion, un désir sans conséquence.
C’est cette particularité extrêmement intéressante du D-Liss qui avait séduit Sam dès le début. A part cela, la vie sur Mars présentait pour lui peu d’attraits.

Au lieu de croupir à New York par une température de 80 degrés centigrades, les plus nantis passent le plus clair de leur temps sur les plages de l’Antarctique ou dans les cliniques d’évolthérapie en Allemagne, thérapie permettant d’accélérer l’évolution du cerveau (ou de régresser en cas d’échec).

Citation :

« De nombreux concepts nouveaux et passionnants vous viendront à l’esprit, en particulier de nature religieuse. »

Parmi ces nantis au lobe frontal élargi, nous retrouvons Leo Bulero, président du conseil d’administration des Combinés P.P. qui emploie des conseillés prévog capables de prédire l’éventuel succès marchant des accessoires associés à Poupée Pat, les fameux Combinés P.P.

Citation :

« Le D-Liss, c’est la religion des colons (Il rit tout bas. Une bonne prise, un quart d’heure d’incubation, en ensuite... (Il balaya l’air de la main.) Plus de clapier. Plus de méthane solidifié. Ca vous donne une nouvelle raison de vivre. Est-ce que le risque et la dépense ne sont pas largement justifiés ?
[…]
En mettant au point les Combinés Poupée Pat et en exploitant le lichen qui servait à la fabrication du D-Liss en tablettes, il avait rendu la vie supportable à plus d’un million d’expatriés involontaires de la Terre. »

Employé par les Combinés P.P., Barney est le meilleur de sa corporation prévog. Mais sa société lui impose une ambitieuse assistante, Miss Fugate, peu de temps après qu’il ait reçu une lettre de recrutement de l’ONU afin qu’il subisse un test d’aptitude mental en vue de l’envoyer prochainement aux colonies. Il semblerait que la société des Combinés P.P n’ait pas perdu leur temps en préparant déjà activement son remplacement par cette jeune femme au talent certain mais manquant d’expérience.

Pendant ce temps, un vaisseau de provenance extérieure au système solaire s’écrase sur Pluton. Il semble s’agir de l’industriel interplanétaire Palmer Eldritch. On dit qu’à bord de son vaisseau ont été trouvé des cultures de lichens servant de constituants de base à une drogue totalement révolutionnaire (le K-Priss), drogue qui signerait la mort de la société des Combinés P.P. : moins cher, capable de fournir une translation de durée et d’intensité supérieure, moins toxique, le K-Priss ne ferait qu’une bouchée du D-Liss, d’autant plus qu’elle serait vendue légalement mais pas seulement dans les colonies, sur Terre également.

Citation :

« Et plus les conditions atmosphériques s’aggraveraient, plus la Terre se transformerait en un milieu hostile, plus ils se vendraient. »

Citation :

« La gomme K-Priss, le meilleur des caprices. »

Comment être étonné dans ces conditions lorsque l’assistance prévog Miss Fugate voit comme un des futurs possibles de son employeur Leo Bulero la possibilité qu’il soit accusé de la mort de Palmer Eldritch?

Cela vous semble complexe, nébuleux, dense ? Et bien ça l’est ! L’écriture est sèche et dégagée de toutes fioritures inutiles à tel point qu’on en vient parfois à regretter le peu de liant. Mais pour peu qu’on prenne son temps, on arrive tout de même à s’y retrouver sans peine. Faut juste garder les yeux bien ouverts et ne pas mettre son cerveau en veilleuse.

On retrouve évidemment tous les thèmes dickinsiens avec grand bonheur : réalités parallèles et visions hallucinatoires, la précognition, la manipulation, la paranoïa, les complots. La société est matérialiste au possible et les relations entre individus sont avant tout basées sur la convoitise, l’ambition et la compétition.

Des psychiatres aux drôles de noms (le Docteur Sourire) prennent la forme de valise que l’on peut ouvrir et mettre en route en tournant quelques boutons. Cela vous dit quelque chose ? A moi aussi, ce n’est rien d’autre que l’ancêtre du PC portable connecté sur l’internet via une webcam en quelque sorte.
Et il ne manque pas d’humour Philip K . Dick : les psychiatres ne soignent pas mais au contraire sont sensés vont rendre malades afin de vous rendre inaptes pour le service sélectif des colons de l’ONU.

Et si Poupée Pat et ses combinés (référence aux poupées Barbie et Ken et leurs accessoires miniatures) sont utilisés par des adultes drogués au D-Liss lors de bons gros trips à plusieurs où tout est permis, la drogue K-Priss fait plus volontiers penser aux jeux virtuels « Second Life » permettant d’incarner des personnages virtuels dans un monde créé totalement par les résidents eux-mêmes.

Une dernière citation :

Citation :

« En aucune façon nous ne voulons être libres.
Une petite dose supplémentaire nous ferait même le plus grand bien. »

Bref je me régale et j’ai hâte de lire la suite.

Je ne suis pas très dispo pour la lecture en ce moment mais j'avance quand même peu à peu dans Julian. Le narrateur et son ami (le fameux Julian, qui a pris un nom d'emprunt car il est le neveu du président) sont enrôlés de force et doivent aller se battre contre les Européens. Il s'agit en l'occurrence des Hollandais. Julian se fait réprimander pour ses idées contre la religion mais par contre, il est un vrai meneur au combat.

Voilà, j'ai fini L'oeuf du dragon! Je mettrai mon commentaire sur un fil que j'ouvrirai à Robert L.Forward, car je compte bien lire la suite de cette histoire étonnante et pourquoi pas d'autres livres du même auteur!
Je vois que vous avez amplement commenté votre lecture au fur et à mesure, alors je n'ai peut-être pas respecté le principe de cette LC. Enfin, tant pis.

Autant le livre de Senti a l'air compliqué, à demander tous les neurones disponibles, autant le mien est d'une facilité sans trop de relief. Le monde inverti se délie peu à peu, pas encore dans l'ennui mais sans palpitation non plus.

Je termine le Jack Kerouac et je me mets à "Gagner la guerre"...

Je n'ai pas trop le sentiment de lire un livre de SF car il n'y a pas de nouvelles technologies, au contraire, il y a surtout des allusions à l'époque du Pétrole, puis au grand Dépotoir qu'ont laissé les habitants...