Sergueï Paradjanov

Arabella a écrit:

Sayat Nova va ressortir en version restaurée dans des salles. Enfin dans certaines.

La bande annonce donne plus qu'envie....

ne le manque pour rien au monde. C'est un choc!

Je compte bien le voir ! On réalise à quel point ce type de films perd à être vu sur le petit écran. Mais c'est souvent le seul moyen d'y avoir accès.

Superbe nouvelle. Je garde un souvenir émerveillé de Sayat Nova sur un plan visuel.

j'aurais pu voir les Chevaux de feu sur grand écran.

animal a écrit:

j'aurais pu voir les Chevaux de feu sur grand écran.

Idem je l'ai loupé.

Et bien il y a au moins celui-ci qui va être visible. Je crois que Marko l'a déjà vu.

Arabella a écrit:

Et bien il y a au moins celui-ci qui va être visible. Je crois que Marko l'a déjà vu.

Je crois que le fil contient déjà quelques commentaires

Marko a déjà tout dit (ou presque sur Sayat Nova), ce qui est bien pratique. C'est complètement ensorcelant, l'image, le son, la progression de l'ensemble. Une beauté absolue. En fait pour parler d'un poète, Paradjanov fait un poème en images. Ce qui est sans doute le plus adapté, à condition d'avoir le talent pour réussir le challenge.

Petite question à Marko : puisque tu as acheté le livre, ils sont comment les poèmes ?

Arabella a écrit:

Petite question à Marko : puisque tu as acheté le livre, ils sont comment les poèmes ?

Ils sont très beaux dans un registre de lyrisme oriental. On se rend compte en les lisant de tout ce que Paradjanov a emprunté visuellement à ces poèmes. Le film est en fait une immersion très inspirée dans ces textes qu'il parvient à rendre vivants et vibrants.  J'aime particulièrement son ode la plus célèbre Le Qamantcha où on retrouve certains symboles récurrents. Le Qamantcha (ou Kamantcha, Kamânche...) était d'ailleurs cet instrument qu'affectionnait Sayat Nova et qui accompagnait ses odes et ses chants. Il devient dans le poème l'équivalent de la figure aimée. Sa description est très sensuelle.



Ce qui est également émouvant c'est cette célébration d'un amour impossible qui est aussi un des fils conducteurs du film. Donc cette lecture me semble indispensable pour mieux comprendre le travail de Paradjanov.


Le Qamantcha (1759)



Parmi toutes ces lyres magnifiées,
Tu es l'excellence, Qamantcha!
Et tu n'es pas pour le perfide,
Inaccessible, Qamantcha!
Courage! En avant! Pour des jours
Encore bien meilleurs, Qamantcha!
Qui peut donc nous séparer: toi -
L'oeuvre du troubadour, Qamantcha!

Ton oreille est ornée d'argent
Et ta volute couverte de perles,
Ton manche est tout pur ivoire,
Ton ventre est irisé de nacre,
Tes cordes tendues sont en or,
Ton appui orné de cercles,
Personne ne connaît ta valeur,
Rubis et diamants, Qamantcha!

Ton archet doit être paré d'or
Au bel aspect, multicolore,
Ces crins de cheval légendaire,
Rendent la parole douce, harmonieuse,
Ton chant rend certains insomniaques,
Pendant que d'autres dorment d'ivresse,
Pour moi, tu es le calice d'or,
Plein de sublime vin, Qamantcha!

Ton maître est très exalté;
Ici - du thé, là - du café,
Honorable dans les salons,
Au repos, tu aimes le silence,
Quand au festin, tu entres en jeu,
Tu n'exiges que l'allégresse,
Toi seul, entouré de belles dames,
Tu animes la fête, Qamantcha!

Tu rends heureux un coeur triste,
Tu hôtes la fièvre d'un souffrant,
Quand tu lances ta divine voix,
Le danseur s'ouvre avec toi,
Prie les gens pour qu'ils s'exclament:
"Bravo à ton maître-musicien!"
Autant vivra Sayat-Nova,
Tant de choses tu verras, Qamantcha!

Le poème est beau, et c'est vrai que cela explique des éléments du film.

Merci Marko. Je vais le commander.