Coen (Joel ou Ethan)

eXPie a écrit:

Enfin, attendons leur prochain film, situé dans les années 60, avec Justin Timberlake (tout de suite, ça fait envie).

Je vais courir voir ce film.

Burn after reading m'avait semblé marrant. Mais finalement, je ne me souviens de plus grand-chose de ce film, excepté Brad Pitt en prof de fitness crétin.
Mais je suis d'accord sur le constat que No country for old men est largement surestimé. Le pire, c'est de l'expliquer à ceux qui disent : "Aaaaah, No country for old men... Quel film... !"

odrey a écrit:

Tiens, c'est marrant. J'ai beaucoup aimé a serious man, bien Burn after reading et pas vraiment True Grit (me suis ennuyée). Mais bon, j'ai pas vraiment de culture cinématographique (et des goûts de toilettes turcs).

C'est intéressant, odrey. En fait "A serious man" m'a bien sûr ennuyé, mais surtout désarçonné. Peux-tu étayer ton avis sur ce film ? J'aimerais avoir l'avis d'une personne sui a aimé.

colimasson a écrit:

Burn after reading m'avait semblé marrant. Mais finalement, je ne me souviens de plus grand-chose de ce film, excepté Brad Pitt en prof de fitness crétin.

Je l'ai regardé hier soir.
Je me suis marré d'un bout à l'autre. Un grand film sur... rien, du vent. Vraiment très bien construit !

Exini a écrit:

odrey a écrit:

Tiens, c'est marrant. J'ai beaucoup aimé a serious man, bien Burn after reading et pas vraiment True Grit (me suis ennuyée). Mais bon, j'ai pas vraiment de culture cinématographique (et des goûts de toilettes turcs).

C'est intéressant, odrey. En fait "A serious man" m'a bien sûr ennuyé, mais surtout désarçonné. Peux-tu étayer ton avis sur ce film ? J'aimerais avoir l'avis d'une personne sui a aimé.

C'est simple Exini, ce film m'a fait marrer. L'histoire de ce pauvre type qui vit sa vie la plus normalement possible et qui voit tout se déinglinguer, qui tente le tout pour revenir à sa petite vie planplan et dont la situation ne cesse d'empirer, je trouve ça drôle. J'avais lu un article disant qu'il fallait bien connaître l'humour juif pour comprendre ce film. Il doit y avoir de la judaïté en moi. je ne saurais t'en dire plus, il faudrait que je le revois.

Il y a quelques petits trucs sur A serious man, dans les pages précédentes, Exini. J'aime beaucooooooup ce film !

odrey a écrit:

Queenie a écrit:

Ben... on va dire qu'ils ont eu besoin de deux films très bof (Burn after reading et A serious man) pour en faire un qui tient mieux la route (True Grit) : ils continuent comme ça, c'est la descente aux enfers du Néant de L'Ennui.

Tiens, c'est marrant. J'ai beaucoup aimé a serious man, bien Burn after reading et pas vraiment True Grit (me suis ennuyée). Mais bon, j'ai pas vraiment de culture cinématographique (et des goûts de toilettes turcs).

Peut-être que les Coen utilisent les modes codes (de toilettes).
Moi je suis plutôt goût de toilettes japonais. Avec petite musique d'ambiance, jet rafraîchissant et cuvette chauffée.

T'es snob en fait. Les toilettes à la truc c'est limite le retour aux sources, quand tu fais tes besoins dans la nature, en équilibre précaire. Ça c'est du vrai toilette, madame!

La nature, je l'aime à travers une fenêtre !

Il peut y avoir une fenêtre dans des toilettes turcs, faut pas croire.

Finalement, personne n'a encore parlé de The Barber.



Années 50.
Ed Crane est coiffeur. Un boulot comme un autre. Tombé dessus par hasard. Le hasard du mariage avec Doris (épousée après 15 jours ensemble... parce que ? Pourquoi pas.). Il coupe les cheveux, parle peu, laisse sa vie couler tranquillement sans heurt. Même lorsqu'il devine que sa femme le trompe avec son patron et "ami", Big Dave. Il s'en fout.
Il se dit idiot, et c'est peut-être ça au fond ?
Un jour une opportunité vient s'installer dans son fauteuil pour un rafraîchissement de coupe : un gars cherche quelqu'un pour lui donner des fonds, pour monter une boite révolutionnaire : le lavage à sec.

Et là, pourquoi, Ed Crane ça lui trotte dans la tête.
Sauf qu'il n'a pas l'argent.
Mais, il a une idée plutôt tordue pour récupérer les 10 000$.


Construction du film comme un polar alambiqué des années 50-60. Ambiance thriller et suspens, à la Hitchcock ou Fritz Lang. L'intensité haletante et angoissante en moins, le côté psychologie et spirale de la destinée en plus.

C'est parfaitement rythmé, dans cette langueur monocorde où vit Ed Crane. Un petit décorticage de la vie pépère et des rêves perdus dans une famille de banlieue américaine. Bercé par la voix off qui est Ed Crane racontant sa propre histoire, on ne le lâche pas d'une semelle, et on voit tout à travers ses yeux.
Mais on ne sent pas tout à fait l'étouffement du personnage, plus sa catatonie, son inertie. C'est un gars qui laisse couler. Et la seule fois où il agit, c'est catastrophique, mais il ne fait pas grand chose pour remettre de l'ordre.
Symbole de l'impuissance de l'homme face à sa destinée ?

Les acteurs sont tous très bons, avec des gueules filmées bien près parfois. Le noir et blanc qui fait ressortir les rides d'expression et les regards qui parlent plus que les mots.
Un casting avec Billy Bob Thornton, Frances McDormand, James Gandolfini, Scarlett Johansson... ça "parle" : que des acteurs que l'on connaît, que l'on voit partout, mais dont on a parfois du mal à nommer (sauf Scarlett aujourd'hui). Des seconds rôles, comme dans une volonté de donner un côté familier aux personnages. Des gens que l'on croiserait tous les jours.



Donc, un film bien foutu, bien joué, bien rythmé. Aucun reproche, si ce n'est le côté peut-être trop distant (mais c'est totalement justifié par le point de vue choisit qui est celui d'Ed Crane).

Inside Llewyn Davis

Citation :

nside Llewyn Davis raconte une semaine de la vie d'un jeune chanteur de folk dans l'univers musical de Greenwich Village en 1961. Llewyn Davis est à la croisée des chemins. Alors qu'un hiver rigoureux sévit sur New York, le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien et affronte des obstacles qui semblent insurmontables, à commencer par ceux qu'il se crée lui-même.

Le dernier film des frères Coen recueille une presse quasi unanime dans les louanges. Inside Llewyn Davis,portrait d'un musicien folk aussi peu chanceux dans son métier que malheureux dans ses relations sentimentales, constituerait donc une sorte d'apogée dans la riche carrière des réalisateurs de O Brother ? Voire ! La patte des cinéastes se fait plus discrète dans cette minutieuse description des galères d'un chanteur et guitariste d'un talent moyen, disons, et le propos, modeste, n'incite pourtant guère aux dithyrambes. Ce n'est pas un mauvais film mais à l'aune du niveau habituel des oeuvres des frères Coen, on a du mal à s'enthousiasmer. D'une part, il est musical pour une bonne moitié et si on est allergique au folk, autant ne pas s'y plonger ; d'autre part, il est relativement répétitif dans les pérégrinations de ce loser sans charisme aucun. A ce propos, il faut tout de même saluer le jeu dépouillé d'Oscar Isaac, tout à fait remarquable. L'humilité du scénario, et la tendresse des Coen pour leur anti-héros est indéniable. On retient certains dialogues savoureux et une ambiance douce/amère. De là à en faire une merveille impérissable !

Je souscris à 100% au commentaire de Traversay. Ce n'est pas enthousiasmant. Cela se laisser voir, il y a des moments qui passent très bien, mais au final, j'ai la sensation qu'il ne m'en restera bientôt rien, et que rien d'essentiel ne m'aurait manqué si je ne l'avais pas vu....
Et le folk, ce n'est définitivement pas mon truc. Surtout interprété par des artistes moyens (et pour certains c'est être gentil que de le dire comme ça).
Pas envie d'en dire plus....

Le film est en effet dédié de bout en bout à un parcours musical, instantané du Greenwich Village aux tournants des années 50 et 60. Llewyn Davis incarne un héritage traditionnel, un voile du passé et son jeu creuse une intimité solitaire et austère rejoignant l'épure de la mise en scène.
Il y a de très beaux moments à commencer par cette ouverture crépusculaire, délicate et la photographie est remarquable dans son unité de ton. Je peux cependant comprendre votre frustration car les frères Coen se laissent porter par ce personnage au détriment du récit. La lassitude perceptible est émouvante mais certains développements (dont l'errance en voiture) évoquent des tics de leur cinéma sans les sublimer, avec des répétitions peu inspirées.
Pour revenir au folk, il y a autant de styles que d'époques et de lieux et les frères Coen font le choix de s'immerger complètement dans un contexte (les associations à la scène new-yorkaise sont multiples de Peter, Paul and Mary à Bob Dylan). C'est un pari risqué, bancal dans les interprétations mais qui a le mérite de la cohérence.

Inside Llewyn Davis, comme son titre l'indique, nous raconte ce qui se passe à l'intérieur de la tête de son anti-héros, sorte d' alter ego de Barton Fink qui était lui-même un ersatz mi-kafkaïen mi-lynchien. Le film nous offre une sorte de road movie fantasmé (le point de rupture est clairement montré) dont l'issue au lieu d'être libératoire ou cathartique conduit inéluctablement au point de départ. Llewyn Davis n'en tire aucune leçon et il sort à nouveau se faire cassez la gueule en looser masochiste qu'il est, sabordant systématiquement tout ce qui aurait pu le sortir de la galère.

Il y a chez les frères Cohen une jubilation à jouer avec les codes du genre en y ajoutant une ironie burlesque et un décalage ludique qui désamorcent ce que l'histoire pourrait avoir de mélodramatique. Il y a constamment un contraste entre l'atmosphère nébuleuse, la photographie brouillée et sombre ou la mélancolie du personnage et la dérision qui le cerne de toute part. Tous les personnages semblent sortis de cartoons. Ce sont des parodies de chanteur folk (Justin Timberlake), de poète maudit "on the road" (le conducteur à la James Dean) ou même de chat! (il est génial ce chat d'ailleurs à suivre l'action comme s'il était un double du personnage principal). Comme chez Lynch il y a à la fois une inquiétante étrangeté et du burlesque qui nous rappellent sans arrêt que tout cela n'est qu'illusion (comme la vie elle-même?). Pour le personnage comme pour le spectateur. Rien n'est pris au sérieux. Et pourtant quelque chose arrive à se dégager de l'ordre du spleen et du désenchantement. On retrouve cet absurde qui animait le personnage de The Barber comme bien d'autres dans la plupart de leurs films. Pantins perdus dans une foire aux miracles et jamais gagnants!

J'ai donc trouvé dans ce film une ambiance très réussie mais glaciale, un peu hypnotique (je me suis assoupi plusieurs fois). La limite de ce genre d'univers est de finir par ne plus avoir de consistance. Les personnages sont des fantoches qui se dissolvent dans le décor (ces couloirs minuscules!!). C'est d'ailleurs probablement ce que cherchent les frères Cohen. C'est leur regard sur le monde qui a sa singularité derrière les artifices. J'ai plutôt accroché à ce film sans être non plus vraiment conquis. On y rit souvent, on est ému par les chansons et on s'y endort un peu  

Ils ont atroces les Coen Bros, mais quel talent...
Ceci dit,  je me demande pourquoi il y a une telle rétrospective sur Arte. Ils ne sont pourtant pas morts, les Bros ?
Encore que, si les States ont des psychopates tarés tels qu' ils les ont épinglé dans Fargo, ça n' a rien
d'  impossble...