Chroniques de la vie quotidienne

Bix disait: "

Citation :

J'ai connu une femme qui faisait de la traduction simultanée aux Nations Unies et qui me disait que parfois, elle avait l'impression de ne plus savoir très bien qui elle était, d'etre à la limite de la schizophrénie

Je t´admire Kenavo, moi je souffre souvent à cause du bilinguisme. Il y a chez moi comme une rivalité entre les 2 langues ( français, espagnol), comme si l´une voulait constamment empieter sur l´autre. Ce qui m´oblige à être sur le qui-vive à chaque instant, c´est fatigant.
Avez-vous écouté ce que dit Florence DELAY sur la video du Bateau Livre à ce sujet?
C´est interessant:http://www.france5.fr/bateau-livre/index-fr.php?page=portrait&semaine=51

Tu sais quoi Kenavo, c'est fabuleux la mémoire. Et l'oubli aussi...

Après avoir écrit cette histoire, je n'arrétais pas de me répéter : quel dommage quand meme que je n'ai pas une photo de cette boutique
invraisemblable pour la montrer à Kenavo.
Et puis, tout d'un coup, le flash... Mais oui, il y a une photo et en plus
elle est liée à Adalberto. Et à une histoire marrante que j'avais oubliée...

Ce sera pour une autrefois. Je suis épuisé en ce moment. Et le mauvais
temps qui n'en finit pas. Jamais vu une période de vent aussi longue de ma vie...!

Bonsoir !

je profite de ton souvenir Bix. tu décris cette boutique avec force détails et j'imagine très bien ce lieu.

merci

swallow a écrit:

Je t´admire Kenavo, moi je souffre souvent à cause du bilinguisme

pas d'admiration - chez nous c'est une normalité - et je dis toujours notre langue est comme la pâte de pizza - pas de problème de mettre des ingrédients dessus - c'est facile
Parce que je connais des gens autour de moi qui se donnent p.ex. tellement de problèmes pour apprendre d'autres langues - mais c'est souvent surtout à cause de la force de leur propre langue maternelle
J'ai p.ex. des amis d'origine portugais qui sont nés ici, qui ont fait leurs études ici, qui parlent luxembourgeois depuis tout petit - et quand même ils font encore des petites fautes point de vue grammaire - parce que leur langue maternelle est si forte qu'ils n'arrivent pas à la couper totalement

bix229 a écrit:

... Mais oui, il y a une photo et en plus
elle est liée à Adalberto. Et à une histoire marrante que j'avais oubliée...

si tu l'oublie.. j'y serais pour te rappeler

Bédoulène a écrit:

je profite de ton souvenir Bix. tu décris cette boutique avec force détails et j'imagine très bien ce lieu.

oui.. je trouvais aussi trop bien décrit.. on pouvait VOIR ce lieu..

Chroniques de la vie quotidienne... de quel quotidien?

La mienne. Celle des autres. Dont je me souviens. Que je réinvente
peut etre.
Que je trouve ici ou ailleurs. Dans un livre. Dans l'imaginaire.
Pas de limites ni de limitations.

Si c'était à refaire, je changerais sans doute le mot "quotidienne"...

Confrontée aux parfums de l'enfance - j'avais passé l'hiver et le printemps 1960 dans cette vallée -, je compris que j'étais arrivée à un point, à un âge, où les années vécues ont plus de poids que les années à vivre, que ce sont les souvenirs qui donnent un sens à notre existence, quelle que soit notre identité.
Carme Riera - La moitié de l'âme

On retourne donc aux souvenirs
Et pour ceci il faut remonter jusqu’à l’année 1982 – je venais d’avoir 18 ans et je suis allée avec une copine dans le film Gandhi avec Ben Kingsley.
Je ne pourrais jamais plus décrire les émotions avec lesquels je suis sortie de ce film, mais en tout cas, j’avais décidé 3 choses : pacifique jusqu’à la mort, végétarienne si possible, et un piercing dans le nez comme les femmes en Inde
Aujourd’hui on ne remarque même plus les piercings aux endroits différents dans les visages des autres – mais je vous parle de 1982, je vous situe au Luxembourg – plus pampa que la vraie en Argentine !!
Je crois que j’étais la première au Luxembourg à aller s’offrir un petit ‘diamant’ au nez !
En revenant à la maison, ma mère était choquée – et après avoir demandé si j’avais l’intention de vivre ‘avec cela’ dans sa maison et entendant ma réponse ‘OUI’, elle ne m’a plus adressé la parole pendant UNE SEMAINE !!!
C’était pôle nord chez nous – d’autant plus grave qu’il y avait des vacances et qu’on se voyait beaucoup plus pendant la journée si j’aurais été à l’école.

Après une fête familiale où tout le monde a accepté ou rigolé de mon nouveau ‘bijou’ elle a réalisé que le monde allait quand même continuer à tourner et elle m’a reparlé.

Quelques années plus tard j’ai trouvé pour moi le moment de mettre de côté cette petite boucle et une ‘phase’ de ma vie se terminait….

(les deux autres résolutions sont restées )

Chronique d'ici et maintenant.

Il y a un type par chez moi. Une quarantaine d'années environ.
Une maison, des terres, un pick up, des femmes, des chiens et des chevaux.
Ses femmes, la dernière en tout cas, il la montre de temps en temps,
juchée sur un cheval.
Ils passent tous les deux sur la route qui traverse le village. Difficile de
ne pas les voir. Au cas où... il parle haut et fort et repasse plusieurs fois.
Il montre, se montre. Démontre.
Il a des chiens aussi, des épagneuls, parcequ'il chasse...
Je l'ai vu courir il y a peu, après un chiot en vociférant.
Parfois, les chevaux s'échappent et s'en vont sur la route.
C'était le cas cet après midi, pas moins de trois.... Il leur courait après avec son pick up, animé d'une juste fureur. Et je l'entendais hurler à l'un
d'eux : attends que je t'attrape, salaud, tu vas voir ta gueule !

Chez ces gens-là, monsieur, on a des biens, des possessions.
Chez ces gens-là, on n'aime pas, on compte...
Il faut de tout pour faire un monde ?... Ben, je suis pas sur. S'il n'y avait
que des comme celui-là, il n'y aurait plus de monde.
...Seulement des cons !

Bon, allez, il faut que je me calme. Sinon, je vais débaptiser cette rubrique
et l'apeler : Chroniques de la haine ordinaire ou de la Bétise universelle.
Et ce n'est pas mon but !

Ciel, Mordicus ! Très honoré !

Une soupe aux orties, avec des salades sauvages et des pissenlits,
ça irait ? Très sain, très dépuratif. En plus, bon pour le teint !

Il m'est arrivé d'emmener des amis à Nimes, ma ville natale.
Nimes n'est pas loin de la Camargue et de Saint Gilles (mon église romane préférée), d'Arles (trop habillée à l'Antique), d'Uzès, d'Avignon, de Saint Rémy de Provence, la ville de Nostradamus et celle auusi choisie par
Van Gogh.

A Nimes, il y a évidemment, les Arènes, la Maison, Carrrée. Il y a surtout
les Jardins de la Fontaine, avec ses vestiges romains : les Bains, le théatre antique, le Temple de Diane.

Et puis les Jardins à la française du 18e siècle, avec ses massifs de fleurs, ses statues et ses balustrades de pierre qui me font penser à Marienbad -je parle du film de Resnais-

Et sutout les chemins sinueux qui serpentent au pied du mont Cavalier, au milieu des pins, des micocouliers, des arbres de Judée, des lauriers tins
et des iris, et qui vous emmènent jusqu' à la Tour Magne, cette tour
de guet romaine.
Pour peu qu'il y ait du soleil, il y a une odeur de pierre surchauffée et
d'herbes sauvages, propre à la guarrigue.

Enfin, la souce. La fameuse source Nemausa qui s'enfonce au coeur de la terre, et dont on a jamais percé le secret.
Si on l'a fait, je préfère ne pas le savoir.
Jadis on jetait des offrandes à Nemausus, génie des eaux et dieu tutélaire
de la cité. Et avant lui sans doute, à d'autres dieux paiens, celtes ou autres.
C'est un endroit magique et propre à l'amitié, au reve et au souvenir.

Le 3 octobre 1988, il y eut un orage terrifiant. Des milions de litres d'eau, dévalèrent des collines qui entourent la ville et balyèrent les rues transformées en torrents, réveillant
au passage un vrai torrent à sec, le Cadereau.
Il y eut des dégats matériels importants, des caves inondées et surtout
une frayeur mortelle. Mais apparemment pas de victimes humaines.
Pourtant les habitants, 2O ans après, restent persuadés qu'il y avait des morts dans les voitures précipitées à l'eau dans le canal de la Fontaine.
Les rumeurs ont la vie dure. Et puis on a parfois besoin de se rassurer
après une telle catastrophe,avec des contes morbides et démesurés.

Comme si on avait suvécu à une bataille et qu'on en tire une fierté de
suvivants...

Je vous ai déjà parlé de Moise, un paysan à la retraite...

S'il est une chose que j'apprécie chez lui, c'est son honneteté, son intégrité morale, sa rigueur.
Comme beaucoup d'hommes de sa génération, il est parti en Algérie à 20 ans pour accomplir ce qu'on appelait des "opérations de maintien de l'ordre".

Tout le monde à présent sait ce que fut la guerre d'Algérie : une de ces guerres "honteuses et qui n'osent pas dire leur nom".
Moise raconte :
Deux mois de classes. Cheveux coupés à ras. Meme tenue pour tous.
Marcher au pas. Exercices de tir. Alertes. L'uniformisation des corps et des
esprits.
On lui a appris à ne pas penser ou alors comme le chef. Rendre compte. Exécuter les ordres.Obéir. Ne jamais poser de questions. Se taire. Et encore se taire.
Sinon menace du tribunal militaire. L'envoi dans un régiment disciplinaire,
au Sahara ou à la frontière tunisienne.
Endoctrinement. lavage de cerveau. l'Algérie c'est la France. Rétablir l'ordre. Mater la rebellion. Obéir et se taire.
But de l'opération : faire des hommes des etres obéissants et disciplinés.

Envoyé dans les Aurès, un point chaud, pendant 28 mois. Opérations,
ratissages, regroupements de populations...
Le train train dans l'angoisse, le sentiment d'étrangeté, le danger, la nostalgie poignante du pays, des proches...
Moise me dira qu'il savait pour la torture, et que ça l'avait indigné de savoir. Qu'il avait toujours refusé de la pratiquer. Et qu'il avait dit ce qu'il
pensait à ceux qui se vantaient de le faire.
Car il y a eu pas mal de volontaires et de complices.
Moise parle peu, mais j'ai cru comprendre qu'il pensait que la mise en condition et l'endoctrinement transformaient les hommes. En mal.
Les meurtrissaient. Dans le pire des cas en faisaient des meurtriers légaux.
Il a entendu un commandant de SAS (Section administrative spécialisée)
déclarer un jour d'ivresse que les responsables de cette guerre devraient
etre jugés comme les allemands à Nuremberg.

Moise est revenu avec son expérience douloureuse et ses souvenirs
cauchemardesques.
Il s'est tu. J'ai appris qu'il n'en parlais à personne pratiquement...
Il n'a jamais très bien compris cette histoire qui n'était pas la sienne
et où on l'a embarqué de force.
Cette guerre qui n'en était pas une au point qu'on a réussi à l'écarter
de l'Histoire officielle et la mémoire collective d'un pays...

Les guerres ne sont jamais propres mais certains se comportent plus salement que d’autres.
Quand on les laisse faire, sous prétexte d’efficacité, on arme l’escalade de la violence et le plus souvent cela va à l’encontre du but final mais cela donne à ceux qui « agissent », ou laisse agir, l’illusion qu’ils oeuvrent pour le « bien », parce que les résultats à court terme sont souvent positifs…et puis, après tout, les autres sont des monstres et il est juste qu’ils paient…ce que se disent, bien entendu, leurs alter ego de l’autre camp.

Ce fût une guerre sale et, dans ce cas, ceux qui gagnent sont, à coup sûr, les plus extrémistes parmi les vainqueurs.
L’histoire finit par juger même si cela arrive bien tardivement parfois…ou que cela ne semble pas, suffisamment en tout cas, marquer les consciences ou les intelligences…

Mon souvenir sur la guerre d'Algérie : l'accompagnement sur les quais de Marseille des soldats du Continent (dont l'un de mes cousins) et le chant "ce n'est qu'un aurevoir"

Depuis évidemment j'ai complété ma connaissance avec les reportages, notamment ceux sur la 5 ou ARTE.

Des guerres "propres" celà n'existe pas.

Bon, c'est le 1er mai, fête des travailleurs. Et repos pour ces mêmes travailleurs, du moins dans le code du travail français qui s'applique ici.
Depuis 5h30 ce matin, comme tous les matins, mais nous sommes rappelons le, le 1 er mai, les ouvriers du chantier de la maison de Mr W.richissime chinois , s'activent . Peut être auront ils le droit à un petit 1/4 d'heure vers midi pour un sandwich? S'ils ont bien travaillé... Et ils ne s'arrêteront que vers 18 heures. Sont ils déclarés, je ne le crois même pas...
Bonjour la Chine !!
Ca m'énerve!!!