Chroniques de la vie quotidienne

J' ai siffloté, c' est vrai !

Cliniou a écrit:

Comme me l'a siffloté l'initiateur de ce sujet, je copie ici l'histoire du brasato al barolo...

tu as même commencé un fil avec tes anecdotes - ici - où cette histoire aurait aussi trouvé sa place

mais n'importe le fil - j'aime bien ton histoire

C'est que le forum est un dédale, et c'est à celui qui sifflera le premier pour guider les pauvres hères.

Cliniou a écrit:

C'est que le forum est un dédale, et c'est à celui qui sifflera le premier pour guider les pauvres hères.

tes anecdotes sont toujours savoureuses Cliniou !

La neige est tombée en abondance.
Les oiseaux laissent des traces dans la neige, des signes sensibles...
C' est beau à voir, intrigant. Amusant parfois.
On lit : progression, arret, demi tour, sautillement sur place, hésitation,
envol...
Une sorte de langage !
C' est ce que croyait aussi Mattis, cet ado un peu paumé dans sa tete de
reveur.
Et c' est ce qu' écrit Tarjei Vesaas, son créateur, dans ce beau livre qu' est Les Oiseaux.

Dans le fossé boueux, il y avait des empreintes légères de pattes d' oiseau,
et puis quantité de petits picotis ronds et profonds dans la terre marécageuse.
C' était la bécasse qui était passée par là. Les trous profonds avaient été
faits par le bec de l' oiseau et parfois, c' était seulement de petits picotis
: c' était son écriture.
Mattis se pencha et lut. Regarda les empreintes dansantes.
L' oiseau est si léger, si beau, pensa-t-il.

Tu es toi, voilà ce qui était écrit.

Tarjei Vesaas - Les Oiseaux

je me souviens très bien de ce livre proposé par Coline !

et des passages des oiseaux !

HAITI

Hier au soir, sur le plateau de Ce soir ou jamais, les invités présents ont
rappelé que Haiti était bien autre chose qu' un pays dévasté pat les séismes et désigné comme le plus pauvre du monde.
Qu' il n' y avait pas de fatalité sinon historique.

Et surtout que Haiti était un pan de notre histoire occulté parce que très peu glorieux pour la France.
Ils ont parlé de Toussaint Louverture, cette figure emblématique des Antilles et de toute l' Amérique Noire. Auquel ont rendu hommage aussi bien Bolivar que Césaire.

Cet ancien esclave est né à Saoint Domingue. C' était alors le nom de
l' ile entière.
Révolté, il fait partie du mouvemùent de libération en 1791.
Il lutte contre les Anglais et les Espagnols et Napoléon lui-meme, et en tant que chef reconnu, il abolit l' esclavage.
Finalement vaincu, il est fait prisonnier et meurt en exil.
Et Napoléon rétablit l' esclavage.
C' est un des lieutenants de Toussaint Louverture, Dessaline, qui prend la relève et l' emporte victorieusement.
Il proclame l' indépendance de l' ile sous le nom d' Haiti.

La suite de l' histoire est amère. La France ne supporta jamais cette défaite et craignait la contagion pour ses colonies.
Meme attitude de la part des Américains, des Anglais et des Espagnols.
Bref l' ile fut frappé d'ostracisme, de boycott, et ce fut le début de la grande misère.
Mais pas la fin de la culture francophone.
C' est ce dont ont parlé les écrivains présents.

J' ai lu un livre sur Toussaint Louverture dans le temps, et je pense qu' on peut trouver pas mal de livres sur le sujet et sur Haiti.

A noter aussi un bon article de télérama, montrant comment "la télé se repait de drames pour faire de l' audience. Un culte de l' émotion qui
enferme les victimes dans la douleur et risque de déstabiliser notre justice."

Merci Bix de rappeler l'histoire de cette Population et de l'Ile et par là l'attitude de la France.

Livres, films ont raconté certaines pages marquantes de l'histoire.

Ecouté Claude Hagège...
Oui le linguiste..
Quand il s' agit de lui, je peux dire que j' écoute, et meme attentivement.
Cet homme-là est supéfiant : il connait et manie une cinquantaine de
langues. Et son intelligence est pour ainsi dire tangible.
On pourrait dire de lui qu' il parle comme un livre. Un très bon livre.
Et meme qu' il le lit sur un prompteur invisible.

Très impressionnant... et en plus comme il est très vif, on a l' impression
qu' il est péremptoire.
On se tasse sur sa chaise et on l' écoute en espérant qu' il ne vous verra pas.

Mémoire des villes

Les villes ont une mémoire qui se moque de la vérité historique, préférant, légendes et mythes, rumeurs et racontars.
Le travestissement plutot que la réalité.
Et c' est ainsi que la mémoire se transmet de génération en génération.

A Nimes, - la Rome française selon la pub touristique - les gens sont fiers de leurs monuments romains : les Arènes, la Maison Carré, la Tour Magne ou le Temple de Diane, mais comme ils les voient pratiquement tous les jours, ils les oublient.
Par contre, si vous leur parlez du Jardin de la Fontaine, ils vous
parleront du dieu celte local Nemausus, qui aurait donné son nom
à la ville, et de la source qui enchante leur imagination.
Personne, disent ils avec orgueil, n' est jamais parvenu à connaitre
la profondeur de la source, ni meme sa destination...
Meme en la colorant ou en l' asséchant !
Et puis, tout le monde sait bien que les habitants de l' époque (quelle époque ?) jetaient des pièces d' or en offrande au dieu Nemausus !

A Nimes et dans la région, les guerres de religion entre protestants
et catholiques durèrent trente ans au 17e siècle.
L' Edit de Nantes limitait la liberté de culte des protestants.
Ulcérés, ils se révoltèrent en 17OO, et livrèrent une guerrilla sans merci aux troupes royales dans les Cévennes.
Finalement, après 15 ans de révolte, en 1715, ils furent vaincus
faute d 'aide extérieure.
L' imaginaire collectif autant que la mémoire perdurèrent dans les esprits, notamment parmi les résistants lors de la Deuxième
Guerre Mondiale.
Et meme dans la mémoire des écoliers qui, dans mon enfance,
traitaient les petits protestants de paiens ou de parpayots !

Sur la Deuxième Guerre Mondiale, c' est l' amnésie générale.
Certains vieux Nimois se souviennent mais se taisent.
Culpabilité, compromissions, misère, marché noir.
Seuls les bombardements sur la ville laissèrent une rancune tenace contre les Américains.
Ils firent en effet pas mal de victimes civiles dans de nombreuses
villes de France où ils étaient censés détruire des sites allemands
ou des poches de résistance.

En 1952, le théatre de Nimes brula. Bati en 1800 en face de la
Maison Carrée, c' était un monument... de mauvais gout.
Mais les habitants y étaient attachés, ils aimaient l' opéra,
que voulez vous ?
Qu 'arriva -t-il ? Une cantatrice amoureuse, mit le feu au théatre
pour venger son jeune beau fils et amant qu' on n' avait pas engagé.
C' était le retour de la tragédie grecque dans la ville...
Parlez d 'une aubaine !
Et les Nimois ne se privèrent pas de brocarder les femmes torrides !

En 1977 enfin, le Cadereau, un torrrent à sec, déborda de son lit
après un orage cataclysmique.
Les rues de la ville furent balayée par des flots impétueux.
On vit meme des cercueils flotter, venus d' un cimetière dévasté.
Par miracle, il n' y eut pas de victimes. Du moins officiellement.
Mais les vieux Nimois vous diront qu' il y avait des morts dans les
voitures qui flottaient dans le canal de la Fontaine Pradier...
Et que les autorités le cachaient.
Mais eux, ils savaient !
Rumeur, rumeurs...
Au fond, il y avait comme une aura sur l' évenement. On y était.
C' était terrible, mais on a survécu.

Et c' est ainsi que vogue la mémoire des villes...

merci pour cette évocation de la mémoire des Hommes sur la ville Bix

J'ai remarqué aussi des traces profondes au sujet des guerres de religion - celles consécutives à la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV, dans les Hautes Alpes mais aussi en Ardèche, dans la mémoire des Habitants.

par exemple, je ne peux pas penser à la belle fontaine du Palais Longchamp à Marseille sans la "revoir" dans son état à l'hiver 1956 entièrement "englacée" verglacée.

de même les vieux Marseillais se souviennent toujours du Pont transbordeur qui n'existe plus depuis la dernière guerre.

entre parenthèses à Marseille aussi à cette époque les avions Américains avaient dévasté certains quartiers bien plus que les Allemands et celà aussi les vieux s'en souviennent.

Mille baleines. Le Combat de Greenpeace

Documentaire d' Angela Graas sur Arte.

A bord de l' Esperanza, le navire de Greenpeace, l' équpage localise
la flotte de chasse japonaise dans l' Antarctique.
S' engage alors une poursuite des bateaux japonais en vue d' empecher ou au moins de géner le déroulement des opérations.
Mais au bout de 3 mois les bateaux japonais se sont réapprovisionnés
en carburant.
L' Esperanza, n' a pu le faire et rejoint Hobart en Autralie.
La poursuite s' achève et les participants manifestent leurs déceptions, leurs frustrations. Leur désarroi.
Ils ont retardé les opérations pendant deux semaines. Et ensuite ?
Les japonais feront sans doute le forcing pour remplir leurs quotas et
transformer les baleines en sushis... Au mépris de la réglementation.

Au delà de la réussite ou de l' échec de cette mission, j' ai retenu des images fortes : celles de l' équipage de l' Esperanza croisant au milieu
de baleines à bosse. Leur joie et leur émotion.
C' est beau une baleine à bosse.
Et je salue ces femmes et ces hommes qui sacrifient du temps de leur vie.
S' interposer entre un navire baleinier et une baleine dans un petit canot
pneumatique ne réclame pas que du courage... Mais il en faut beaucoup...
Leur entreprise peut sembler dérisoire...
Je la trouve humainement réconfortante.
Elle donne du sens et de l' espoir dans un monde qui en manque cruellement.

Comme les riches romains qui craignaient d' etre empoisonnés, on a un
"goutteur".
Je m' explique. Il y a quelqu' un avant nous qui goute nos fruits : poires,
pommes, et aussi patates, biscuits, pates...
Comme cela, on peut manger tranquilles ensuite !
Le "gouteur" en question est une souris, enfin toute une génération de souris...
En fait on ne les a pas embauchées. Elles travaillent "au noir" et le selllier
est leur paradis...
Et parfois leur mort subite !
Eh, je n' y suis pour rien !

Anachronique

Je me souviens avoir eu le mal de mer au large de la Corse.
J' étais à bord d' un vieux cargo pourri, peut etre meme renfloué...
La mer est devenue très forte, puis ce fut la tempete, et le vieux
rafiot roulait et tanguait comme un pochetron en folie...
Et ça allait tellement mal qu' on avait coupé les moteurs et qu' on était dans le noir.
J' ai vomi tout ce que j' avais mangé avant d' embarquer et ensuite,
j' ai continué à vomir.
J' ai bien cru que le navire allait couler.
Mais pire que tout était le mal de mer. J' ai pensé en mourir,
et je l' ai meme souhaité, je crois !

Je ne me souviens plus combien de temps dura la tempete.
Mais ce fut long. Très long !

J' ai aussi oublié le nom de ce foutu sabot, maudit soit-il !
Ne me demandez pas ce que je faisais dans cette galère...
Moi qui ne suis en rien un aventurier ni un voyageur
- sauf en imagination -
Meme pas une erreur de jeunesse. Juste un horrible malentendu !

La mer ? Plus jamais ça depuis !