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Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mar 19 Oct 2010 - 23:59
T'avais déjà vu et apprécié le jeu d'actrice d'Isild Le Besco ?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: au fond des bois Mer 20 Oct 2010 - 0:03
Queenie a écrit:
T'avais déjà vu et apprécié le jeu d'actrice d'Isild Le Besco ?
Très franchement je ne l'aimais pas beaucoup non plus sans la connaître plus que ça et puis là... Au début je la trouvais déplaisante et presque un sosie d'Adjani en blonde (franchement il y a un truc) mais je dois avouer qu'elle arrive à faire des choses étonnantes (sans parler uniquement des scènes de transe). Bon il y a quelques plans où elle en rajoute un peu mais dans l'ensemble je la trouve excellente. Je suis très surpris et bluffé par le film. Il divise beaucoup la critique apparemment.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mer 20 Oct 2010 - 0:24
Je crois que, justement, Le Besco a un jeu très particulier. J'avais vraiment envie de la claquer dans Je te mangerais.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mer 20 Oct 2010 - 10:34
Queenie a écrit:
Je crois que, justement, Le Besco a un jeu très particulier. J'avais vraiment envie de la claquer dans Je te mangerais.
Tu la trouveras peut-être un peu comme ça dans "Au fond des bois" mais ça colle bien au personnage qui est sensé être au départ en apparence celui de la jeune fille pure et virginale (toute vêtue de blanc) tentée par le démon mais qui révèle peu à peu sa propre sauvagerie alors que lui devient comme un enfant perdu. Jacquot les filme tous les deux comme hypnotisés réciproquement dans une transe amoureuse (sexuelle en tout cas). C'est très beau.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mer 20 Oct 2010 - 14:27
C'est un peu le même genre de personnage qu'elle interprète dans Je te mangerais : genre pur et gentil en surface, mais diabolique, cruel et manipulateur en profondeur.
Mais elle a vraiment une façon de parler, de garder la bouche ouverte, et d'avoir cet air un peu bovin passif et malsain constamment qui, même s'il colle au personnage, me donne l'impression qu'elle ne fait aucun effort pour être "originale" ou juste.
Y'a des acteurs, comme ça, on a du mal à surpasser leur façon d'être. Tant pis, je pense que ce film pourrait me plaire sinon. Si y'a un remake américain ça se fera peut être (mouahahahah).
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mer 20 Oct 2010 - 14:56
Queenie a écrit:
Mais elle a vraiment une façon de parler, de garder la bouche ouverte, et d'avoir cet air un peu bovin passif et malsain constamment qui, même s'il colle au personnage, me donne l'impression qu'elle ne fait aucun effort pour être "originale" ou juste.
J'ai le même problème avec Emmanuelle Devos qui est pourtant (aussi) une bonne actrice. Plus sympathique par contre. Dommage que tu ne tentes pas "Au fond des bois"... J'aurais bien aimé avoir ton ressenti. En DVD dans quelques mois?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mer 20 Oct 2010 - 17:33
Un extrait où on entend bien la musique de Bruno Coulais qui induit ce sentiment d'étrangeté et de rêve éveillé. J'aime beaucoup cette atmosphère de conte de fée où les motivations de chacun restent plus ou moins opaques.
Au départ, dans cet extrait, on se demande si elle fait une crise de somnambulisme ou si elle tente de l'attirer, de l'envoûter lui-aussi tout en faisant semblant de ne pas sentir sa présence. Plus tard quand il est interrogé il dit qu'il s'est approché d'elle parce qu'il pensait avoir perçu sa solitude et sa souffrance. Cette scène pouvant être alors envisagée a posteriori comme un désir de suicide. Mais on ne pourra jamais trancher entre les différentes possibilités qui co-existent. On peut y voir une absence de point de vue de Benoît Jacquot mais au contraire c'est justement ce mystère qui fait la beauté du film à mon avis. Et c'est le propre de l'étrangeté du comportement hystérique aussi qui est entre suggestion, manipulation, influence, conscience et inconscience. On ne peut pas résoudre l'énigme qui est aussi celle du désir amoureux au-delà de toute rationalité.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mer 20 Oct 2010 - 18:18
Et une interview de Benoit Jacquot et Bruno Coulais sur la place de ce concerto pour violon dans la structure même du film (et ses influences de Berg à Bartok):
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mer 21 Mar 2012 - 23:28
Les adieux à la reine
Malgré une critique globalement très élogieuse je me sens un peu partagé sur ce film même si le sentiment global est très favorable.
Benoît Jacquot poursuit son exploration du désir féminin et le roman de Chantal Thomas lui offre une variation saphique sur fond historique. Bruno Coulais est encore de la partie pour la musique et le travail plastique du film est souvent somptueux. L'idée du drame intime pour évoquer la révolution française vue du côté de Versailles est intéressante mais au risque de rester dans l'anecdote. De fait l'enjeu dramatique est très ténu. Tout se joue entre ces 3 femmes (fabuleusement belles et bien dirigées) dont la plus candide, et narratrice de l'histoire dans le roman, est instrumentalisée.
J'ai aimé cette fascination réciproque entre Léa Seydoux (animale et fragile en même temps) et Diane Kruger (formidable actrice). La première aveuglée par son admiration et son désir, la seconde vampirisant la jeunesse rayonnante de Léa de façon très ambiguë. Les personnages secondaires ont tous une existence (le plaisir de revoir Michel Robin notamment) et les mouvements de foule sont très réussis (la fameuse séquence dans le couloir).
J'ai malgré tout eu le sentiment de rester un peu à distance de tout ça avec une attention flottante. C'est incarné mais peut-être un peu trop théorique. Du mal à croire également à cette transparence affichée du désir entre ces femmes sous les yeux de tous. Mes connaissances historiques sont trop pauvres pour en juger.
Je retiens surtout une atmosphère mortifère assez belle. Que ce soit dans cette désorganisation du groupe au moment de fuir, la séduction prédatrice du beau (et faux) gondolier René/Paolo qui semble sorti de Mort à Venise, la cruauté des agissements de la reine contre Léa à travers laquelle elle ne voit que la possibilité de retenir ou de protéger celle qu'elle aime, la même cruauté de Virgine Ledoyen elle-même manipulatrice. La beauté y apparaît presque comme une force maléfique.
Je me rends compte en faisant ce commentaire de tout ce qui me reste et que j'ai aimé en voyant ce film. Et je retiens ce plan fabuleux de Virginie Ledoyen et Diane Kruger sur un sofa en train de se dire adieu. Les costumes, les couleurs, la beauté fulgurante de ces 2 femmes créent à ce moment là une émotion très forte.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Benoît Jacquot Ven 23 Mar 2012 - 0:25
Marko a écrit:
Les adieux à la reine
Malgré une critique globalement très élogieuse je me sens un peu partagé sur ce film même si le sentiment global est très favorable.
Benoît Jacquot poursuit son exploration du désir féminin et le roman de Chantal Thomas lui offre une variation saphique sur fond historique. Bruno Coulais est encore de la partie pour la musique et le travail plastique du film est souvent somptueux. L'idée du drame intime pour évoquer la révolution française vue du côté de Versailles est intéressante mais au risque de rester dans l'anecdote. De fait l'enjeu dramatique est très ténu. Tout se joue entre ces 3 femmes (fabuleusement belles et bien dirigées) dont la plus candide, et narratrice de l'histoire dans le roman, est instrumentalisée.
J'ai aimé cette fascination réciproque entre Léa Seydoux (animale et fragile en même temps) et Diane Kruger (formidable actrice). La première aveuglée par son admiration et son désir, la seconde vampirisant la jeunesse rayonnante de Léa de façon très ambiguë. Les personnages secondaires ont tous une existence (le plaisir de revoir Michel Robin notamment) et les mouvements de foule sont très réussis (la fameuse séquence dans le couloir).
J'ai malgré tout eu le sentiment de rester un peu à distance de tout ça avec une attention flottante. C'est incarné mais peut-être un peu trop théorique. Du mal à croire également à cette transparence affichée du désir entre ces femmes sous les yeux de tous. Mes connaissances historiques sont trop pauvres pour en juger.
Je retiens surtout une atmosphère mortifère assez belle. Que ce soit dans cette désorganisation du groupe au moment de fuir, la séduction prédatrice du beau (et faux) gondolier René/Paolo qui semble sorti de Mort à Venise, la cruauté des agissements de la reine contre Léa à travers laquelle elle ne voit que la possibilité de retenir ou de protéger celle qu'elle aime, la même cruauté de Virgine Ledoyen elle-même manipulatrice. La beauté y apparaît presque comme une force maléfique.
Je me rends compte en faisant ce commentaire de tout ce qui me reste et que j'ai aimé en voyant ce film. Et je retiens ce plan fabuleux de Virginie Ledoyen et Diane Kruger sur un sofa en train de se dire adieu. Les costumes, les couleurs, la beauté fulgurante de ces 2 femmes créent à ce moment là une émotion très forte.
Marie-Antoinette est de loin la reine de France qui a été la plus mise en scène au cinéma. De Norma Shearer à Kirsten Dunst, en passant par Michèle Morgan et bien d'autres. Fascinant personnage, dont la personnalité semble comme décalée dans sa propre époque et dont la fin tragique en fait une sorte de Rock star sacrifiée sur l'autel de ses propres vanités. Si elle est au centre du dernier film de Benoît Jacquot, entre splendeur et décadence, le cinéaste a eu le bon goût, en s'appuyant sur le livre de Chantal Thomas, d'élargir son propos au Versailles de juillet 1789, qui, tel le Titanic, prenait eau de toutes parts. Une petite souris, la lectrice de la reine, nous guide dans les couloirs de la cour. Pour une fois, nous ne voyons pas que les ors et les lambris, mais aussi le cloaque des antichambres et l'obscurité des couloirs où l'on devine qu'une odeur nauséabonde devait régner. Cette lectrice donc est une jeune fille candide qui ne sait plus distinguer le rêve de la réalité, en pâmoison devant Marie en toilettes, témoin des amours supposées de sa majesté et de la duchesse de Polignac. Les adieux à la reine est admirable par le foisonnement des personnages, son aspect charnel et charnu, sa mise en scène nerveuse qui lui donne des allures de thriller sentimental. Peu importe que la réalité historique soit respectée à la lettre, le film pop de Sofia Coppola en était encore plus éloignée, c'est une oeuvre passionnante et incarnée qui, d'ailleurs, aurait pu durer une bonne heure de plus. Léa Seydoux, superbe, y gagne ses galons de grande actrice ; Diane Kruger est tout simplement royale ; Virginie Ledoyen, dans un rôle minuscule, personnifie à merveille l'objet du désir. Ce trio de charme est un vrai palais des grâces.
PS :
Citation :
La famille de Polignac commença une vie errante, allant de pays en pays, en Suisse, en Italie, à Turin, à Rome et, à chaque fois, Mme de Polignac écrivait à la Reine et recevait des missives de la Reine ou du Roi montrant leur attachement. En mars 1790, la famille partit pour Venise, et Yolande maria son fils Armand. En juillet 1791, ils se réfugièrent à Vienne. Mme de Polignac était tellement éprouvée qu'elle n'avait le goût à rien et ne cessait de pleurer. Elle dépérissait. Le dernier coup lui fut porté lorsqu'elle apprit en 1793, que la Reine était morte le 16 octobre. Alors commença l'agonie de la duchesse. Dévorée de douleur et de chagrin, rongée par le cancer, elle décèdera dans la nuit du 4 au 5 décembre 1793. On l'enterra à Vienne, et on grava sur la pierre tombale son nom suivi de la mention « Morte de douleur ». Elle n'avait que 44 ans.
Source : wikipédia
Dernière édition par traversay le Sam 24 Mar 2012 - 0:18, édité 1 fois
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Benoît Jacquot Ven 23 Mar 2012 - 22:57
Les adieux à la reine
Je comprends vos louanges sans avoir pu complètement les partager...tout comme Marko, j'ai ressenti une distance tout au long du film, avec l'impression de contempler un tableau fascinant mais lisse. La représentation du désir est trop calculée à mon goût pour émouvoir, tant les attitudes et les poses sont scrutées par une mise en scène absorbée par le souci du détail. Et je n'ai pas été touché par le destin des protagonistes, malgré l'implication des actrices. C'est frustrant car Benoît Jacquot a tout de même beaucoup à proposer : je retiens en effet cette ambiance de fin d'un monde, étrangement sereine et hypnotique. Alors Versailles devient un espace de fantasmes et d'illusions, vestiges de souvenirs et de rêves d'une prison dorée.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mar 27 Mar 2012 - 20:21
Les faux monnayeurs
"Je voudrais, tout le long de ma vie, au moindre choc, rendre un son pur, probe, authentique. Presque tous les gens que j’ai connus sonnent faux. Valoir exactement ce qu’on paraît ; ne pas chercher à paraître plus qu’on ne vaut… On veut donner le change, et l’on s’occupe tant de paraître, qu’on finit par ne plus savoir qui l’on est." (Les Faux Monnayeurs d'André Gide)
Ma lecture des Faux Monnayeurs remonte au Lycée et je me rends compte en voyant ce téléfilm que malgré sa complexité narrative il m'en restait l'essentiel. Benoît Jacquot s'en sort brillamment en adoptant un style morcelé qui épouse le principe de la distanciation d'un récit en train de s'écrire par le romancier lui-même et qui annonçait le nouveau roman dont on retrouve encore aujourd'hui l'influence au travers des films de Desplechin ou de Christophe Honoré. On gravite autour de différents protagonistes qui reconstituent une histoire de désirs circulaires ambigus, de filiations contrariées, d'artifices à la fois des passions et de l'identité (les faux monnayeurs sont une sorte d'association secrète par laquelle le drame survient mais aussi et surtout ces personnages qui trichent plus ou moins avec leurs sentiments envers les autres).
Ce film est très étrange parce que l'artifice du récit (dont le roman nous révèle les rouages et la fabrication) est renforcé par la fausseté apparente de toutes les situations. Les acteurs choisis pour les différents rôles semblent bien trop jeunes pour incarner les passions qu'ils investissent. Certes on est dans les années 20 et on y était probablement plus précocement mature qu'aujourd'hui mais il y a un décalage très troublant qui crée une étroite frontière entre ce qui relèverait de la représentation de relations ouvertement pédophiles et transgressives (bien que suggérées) d'une forme de normalité plus ordinaire. Il y en a tout cas une façon très habile et dérangeante de mettre en scène la distorsion de la perception du réel et des fantasmes d'un auteur manifestement fasciné par les très jeunes gens. Auteur qui finirait par leur prêter des motivations et des comportements adultes. C'est donc une sorte de film mental dont le résultat peut autant rebuter et maintenir à distance qu'il peut finir par ensorceler. Même les adultes ont des attitudes étranges ou outrancières (le regard vampirique d'Edouard/ Melvil Poupaud, l'hystérie de la jeune femme abandonnée, la complicité de la demi-soeur d'Edouard qui voit et encourage des relations troubles, le dandysme décadent de Passavent...). L'ensemble étant en même temps un récit d'apprentissage et de découverte du désir adolescent.
C'est un téléfilm mais Benoît Jacquot y apporte le même soin qu'à ses films de cinéma habituels. Il a un sens de l'espace, des cadrages, des décors, des déambulations dans les lieux intermédiaires (couloirs, escaliers...). C'est captivant et même si tous les jeunes acteurs ne sont pas au même niveau le résultat est une adaptation à la fois fidèle et décalée du roman dont il bouscule légèrement la chronologie. Une sorte de mise en abîme entre le romancier décrivant son roman en train de s'écrire et le cinéaste investissant la fiction en la réinterprétant.
Le choix musical est également très bon. Bruno Coulais a composé des morceaux qui évoquent la musique de chambre française du début du XXe siècle.
A voir!!
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mer 28 Mar 2012 - 16:23
Avadoro a écrit:
Les adieux à la reine
Je comprends vos louanges sans avoir pu complètement les partager...tout comme Marko, j'ai ressenti une distance tout au long du film, avec l'impression de contempler un tableau fascinant mais lisse. La représentation du désir est trop calculée à mon goût pour émouvoir, tant les attitudes et les poses sont scrutées par une mise en scène absorbée par le souci du détail. Et je n'ai pas été touché par le destin des protagonistes, malgré l'implication des actrices. C'est frustrant car Benoît Jacquot a tout de même beaucoup à proposer : je retiens en effet cette ambiance de fin d'un monde, étrangement sereine et hypnotique. Alors Versailles devient un espace de fantasmes et d'illusions, vestiges de souvenirs et de rêves d'une prison dorée.
Tout à fait d'accord avec Avadoro. Malgré la somptuosité des décors, le jeu des actrices, et l'originalité du scénario (nous montrer l'envers de Versailles, ses rats, ses amours cachés, la fulgurance de ces quelques jours où tout a basculé) je n'ai pas été emballée plus que ça. Comme vous deux, Marko et toi, je suis restée un peu entre deux, fascinée et à distance, bridée par une beauté éblouissante (des actrices, des costumes etc) et la sensation d'avoir effleuré l’essentiel. Benoit Jacquot a beau afficher la relation entre La reine et la duchesse de Polignac aux yeux de tous, elle nous parait lointaine, on en retient que les couleurs et le tableau d'ensemble. Cela reste avant tout une émotion visuelle.
Pourtant des images fortes me reviennent. L'intensité du regard de Léa Seydoux, ce côté félin et pur à la fois, tour à tour déterminée et fragile, à l'affût de la moindre marque d'intérêt de sa reine. Et aussi ce climat très étrange de fin d'époque, qui se vit entre insouciance, angoisse larvée et refus d'objectivité. Benoit Jacquot a parfaitement retranscrit cet aspect déconnecté du réel et hors temps de Versailles, c'est vrai. Mais c'est comme si le spectateur était empêché lui aussi par le faste de l'ensemble, enfermé dans une bulle et sans véritables émotions. On en garde une petite frustration, une impression d'apesanteur, même si le résultat est indéniablement une réussite.
domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
Sujet: Re: Benoît Jacquot Lun 2 Avr 2012 - 18:56
Les Adieux à la Reine Benoit Jacquot
J’ai un peu de mal à trouver quelque chose de positif à en dire, j’ai eu l’impression de voir un film d’élève d’une école de cinéma. Le propos en est un peu ténu, c’est le moins qu’on puisse dire, mais Benoit Jacquot le dit avec lenteur et longueur. L’ambiance de fin de règne est bien là, avec la confusion, les petites et les grandes trahisons, la sensation d’une fourmilière qui s’agite et qui pressent que la fin des repères connus est proche. Cette atmosphère B. Jacquot a su l’installer, la montrer sans pour autant nous y faire participer, c’est bien dommage car c’est ce qui rend le film ennuyeux et lisse. Même les adieux déchirants de Marie-Antoinette et de la Polignac nous laissent presque indifférents et pourtant on ne peut rien reprocher aux actrices et aux acteurs, ils sont parfaits. Les scènes tournées en lumière naturelle de nuit, dans les petites pièces du palais renforcent l’impression de vase clos, d’étouffement dans ce piège qui se referme peu à peu. Ceci dit, ras le bol des scènes filmées caméra à l’épaule pour suivre Léa Seydoux dans ses déambulations, cela n’apporte rien c’est juste désagréable pour le spectateur. J’ai eu l’impression que BJ avait tout misé sur la forme, la surface de choses, en oubliant un peu de nous donner du fond. Décidément, bof, bof et triple bof….Déception et ennui pour ce film encensé par la critique.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Benoît Jacquot Mar 3 Avr 2012 - 17:34
Je me suis fait ce plaisir...
Mais je devrais peut-être attendre son décès dans quelques années parce que manifestement ils le rééditent régulièrement en fonction des nouvelles sorties...