Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Benoît Jacquot

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Marko
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyJeu 2 Oct 2014 - 11:58

Aeriale a écrit:
le topo de départ serait intéressant, mais traité bizarrement avec trop d'invraisemblances.

Benoît Jacquot est un grand metteur en scène qui a une oeuvre importante derrière lui avec un univers très personnel, nourri d'influences lacaniennes notamment, et je pense qu'il faut être prudent en regardant ce film au premier degré sous un angle psychologique. La bizarrerie et les invraisemblances que tu soulignes nous disent peut-être quelque chose sous les apparences du thriller psychologique traditionnel. Je pars souvent du principe que les grands metteurs en scène ont plus à nous faire découvrir que la limite de notre propre regard et que cette attention et cette réflexion peuvent être très enrichissantes. Comment un cinéaste aussi érudit, subtil et complexe pourrait-il se contenter d'un argument improbable et caricatural? Ce qu'il nous raconte est donc plus complexe qu'il n'y paraît. Et l'étrangeté, l'improbabilité ou les incohérences ne sont pas là par hasard. Jusqu'à la bande son qui détourne la musique à suspens par sa recherche rythmique répétitive et les sonorités utilisées (mélange de cithare et d'instruments tibétains qui évoquent des rituels funéraires).

Il y a un point de cassure dans le film qui est le malaise de Poelvoorde, juste avant de rejoindre Charlotte Gainsbourg, et qui empêche la rencontre. Puis il y a cette fin où son coeur s'arrête de battre. Le thème du coeur qui donne son titre au film irrigue toute l'intrigue, lui donne sa pulsation rythmique, ses ruptures de ton... Un coeur qui bat au diapason des émotions et des fantasmes. Pour moi le film est une vision fantasmatique, quasi onirique, de ce qui anime cet homme et ses peurs. On est potentiellement dans un cauchemar avec cette étrangeté qui fait intrusion. Comme cette ascension de l'escalier qui devrait aboutir à la révélation mais s'interrompt mystérieusement comme entravée par une force magnétique. Cette scène incroyable où Charlotte Gainsbourg devine le visage de Poelvoorde dans la pénombre à travers skype (quelle expression effrayante dans son regard!!). Ce dédoublement de la femme désirée en deux entités distinctes et complémentaires. Cette vision répétitive d'une bourgeoisie attablée et passant son temps à manger. Ce personnage méphistophélique de maire qui anticipe la mort de Poelvoorde...

Donc pour moi le film est une rupture fantasmatique dans le réel qui peut s'interpréter de plein de façons différentes. On peut par exemple imaginer que Poelvoorde va mourir de cet infarctus qui empêche la rencontre et que ce qui suit est une vision qui accompagne le basculement dans la mort. La toute dernière séquence (après que le coeur s'arrête de battre) étant une rencontre finalement aboutie mais dans la sphère d'un au-delà qui figure autant une destinée alternative que la réalisation du fantasme dans la mort.

A l'arrivée je le perçois dans cet entre deux de la réalité et du rêve. C'est un fantasme qui peut faire écho aux thrillers Hitchcockien (Vertigo and co) où les emballement du coeur remplaceraient l'agoraphobie et le vertige. Un jeu avec le genre. Un très beau film fantastique qui est magnifiquement interprété.


Dernière édition par Marko le Jeu 2 Oct 2014 - 18:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyJeu 2 Oct 2014 - 12:37

Ah oui Marko...vu comme ça, le film prend plus de sens, c'est tout à fait exact. Et il expliquerait bien des incohérences qui me sont passées totalement à côté. Poelvoorde qui se retrouve une fraction de seconde à voir le visage d'une infirmière juste après sa sortie du parking, avant le rendez vous loupé, par exemple. Puis retour à la sortie du parking. Il justifierait davantage la rencontre finale. Et surtout le hasard qui le met comme par enchantement face à la soeur de la femme désirée.

Il n'empêche, Benoit Jacquot aurait dû mieux suggérer cette vision onirique car là, pas mal de gens en sont ressortis déçus, et si c'est en effet son propos, il a loupé une étape. Sans compter que je lui ai trouvé des longueurs insupportables, sur la fin (lorsqu'il s'évade avec Charlotte, en auto, par exemple)

NB: Par contre, le personnage du maire en Méphistophélès, c'est vrai que c'est pas mal trouvé

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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyJeu 2 Oct 2014 - 13:44

Aeriale a écrit:

Il n'empêche, Benoit Jacquot aurait dû mieux suggérer cette vision onirique car là, pas mal de gens en sont ressortis déçus, et si c'est en effet son propos, il a loupé une étape.
Le propos est de laisser l'imaginaire de chacun investir cette fiction. Le flottement entre réalité et fantasme est volontaire et ne gagnerait pas à être plus explicite. On a le droit de croire à cette histoire aussi. C'est ce qui en fait un objet vivant et pas clairement défini.
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyJeu 2 Oct 2014 - 17:07

Je fais partie des gens, qui au cinéma voient ce qu'ils voient (c'est pareil pour le Zviaguintsev) Je n'ai aucune culture cinématographique et pas beaucoup de culture psychologico-psychiatrique. Je ne vois pas un film en pensant aux films précédents de l'auteur. Je suis en prise directe.
Cela explique sans doute nos différences de vue et je ne suis pas capable, comme Aériale, de dire
Citation :

le film prend plus de sens, c'est tout à fait exact.

Pour moi, je n'ai pas vu ce sens-là.
Et c'est un film considéré comme grand public, vu sa programmation.
Je ne pense donc pas être la seule.
Mais que tu puisses en tirer autant de choses, c'est très bien.
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyJeu 2 Oct 2014 - 18:17

Je pense qu'on apporte tous notre expérience ou un bagage culturel qu'il soit cinématographique, littéraire ou autre, lorsqu'on est devant une oeuvre. Je ne pense pas que notre vision soit vierge ou neutre. Mais parfois certaines choses nous échappent ou nous résistent et je préfère creuser davantage plutôt que de rejeter ce que je ne comprends pas ou mal. Tout ne peut pas nous être donné comme une évidence. Il y a beaucoup de belles oeuvres qui nécessitent d'aller un peu plus loin. Sinon nous n'aimerions que ce qui nous ressemble. C'est bon d'être déstabilisé et surpris. Un film comme 3 Coeurs me semble mériter plus d'attention que d'autres comédies dramatiques ordinaires parce que Benoît Jacquot est un artiste complexe et au parcours très riche (ne serait-ce que d'un point de vue littéraire). Et ce qui se passe dans ce film comporte beaucoup de zones d'ombres et de mystères qui vont au-delà d'un simple mélodrame improbable et psychologiquement simpliste. Et ce que j'en dis n'a rien à voir avec mon expérience professionnelle. C'est intuitif et aussi par analogies avec ce que je connais de ce metteur en scène. Je me trompe peut-être d'ailleurs et ça ne reste que ma vision du film.
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyJeu 2 Oct 2014 - 18:34

Marko a écrit:
Je me trompe peut-être d'ailleurs et ça ne reste que ma vision du film.

Merci.

Je t'entends bien. J'ai quand même l'impression d'essayer d'aller au devant de choses "qui ne me ressemblent pas". Et d'accepter d'être "déstabilisée ou surprise". Mais je me trompe peut-être. Ici, ça n'a pas marché.

Et je ne pense pas qu'on puisse entrer dans une salle de cinéma en laissant son expérience professionnelle au vestiaire...

Et j'ai trouvé aussi , puisque vous êtes plusieurs à en avoir parlé , le personnage du maire totalement démagogique. Un contribuable lambda aurait tout aussi bien pu introduire les éléments de culpabilité chez Marc, sans forcément surfer sur la vague des politiques salopards qui n'ont rien à voir ici (Décidément on n'est pas d'accord sur les maires qu'il soient de Valence ou de Russie!!!)
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyJeu 2 Oct 2014 - 18:50

topocl a écrit:
Je t'entends bien. J'ai quand même l'impression d'essayer d'aller au devant de choses  "qui ne me ressemblent pas". Et d'accepter d'être "déstabilisée ou surprise". Mais je me trompe peut-être. Ici, ça n'a pas marché.

Je ne sous-entendais pas que tu n'avais pas cette curiosité. C'était une réflexion plus globale et une invitation dans ce cas précis à ne pas trop réduire le film à ce qu'il n'est peut-être pas.

topocl a écrit:
Et  je ne pense pas qu'on puisse entrer dans une salle de cinéma en laissant son expérience professionnelle au vestiaire...

Bien sûr. Mais avec 3 Coeurs ce n'est pas ce qui a guidé ma perception (qui a d'ailleurs évolué en y repensant régulièrement). Pour Kasischke par contre ça m'a d'autant plus interpelé que son projet était éminemment psychologique (mais pas seulement).
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyVen 3 Oct 2014 - 9:44

topocl a écrit:
Je fais partie des gens, qui au cinéma voient ce qu'ils voient (c'est pareil pour le  Zviaguintsev) Je n'ai aucune culture cinématographique et pas beaucoup de culture psychologico-psychiatrique. Je ne vois pas un film en pensant aux films précédents de l'auteur. Je suis en prise directe.
Cela explique sans doute nos différences de vue et je ne suis pas capable, comme Aériale, de dire
Citation :

le film prend plus de sens, c'est tout à fait exact.

Pour moi, je n'ai pas vu ce sens-là.
Et c'est un film considéré comme grand public, vu sa programmation.  
Je ne pense  donc pas être la seule.
Mais que tu puisses en tirer autant de choses, c'est très bien.

Topocl, je re-précise, le film prend plus de sens si on le revoit sous l'angle du fantasme ou de l'état indéfini entre rêve et réalité qui devrait correspondre ici à une sorte de coma chez Poelvoorde. Là en effet, il s'explique très bien.

Mais, et je le dis juste après, ici ça n'a pas fonctionné sur le coup et c'est un défaut (pour moi) vu qu' effectivement ce film n' est pas à priori réservé à des cinéphiles. Il devrait être perçu ainsi à la première vision, et nous procurer un plaisir immédiat, ce qui n'a pas été le cas, de mon côté.

Tu parles de Kasischke, Marko. Là, les ficelles étaient trop grosses pour toi, mais pour le lecteur lambda dont je fais partie, elles étaient assez subtiles pour que je tombe dans le panneau. Je n'étais pas la seule ( ça me rassure, sinon je me croirais neuneu pour de bon) et le plaisir par contre était bien là.

Donc entre les deux, puisque tu y fais référence, l'un n'est pas abouti, l'autre oui.

(Bon, j'attends les pierres, mais n'en jette pas de trop d'un coup, hein)
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyVen 3 Oct 2014 - 9:51

Aeriale a écrit:


Topocl, je re-précise, le film prend plus de sens si on le revoit sous l'angle du fantasme ou de l'état indéfini entre rêve et réalité qui devrait correspondre ici à une sorte de coma chez Poelvoorde. Là en effet, il s'explique très bien.


Je suis incapable, même explications à l'appui, de le voir sous cet angle-là , donc de pardonner ses maladresses jypeurien . Et plus j'en parle, plus celles-ci estompent les côtés plaisants.
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyVen 3 Oct 2014 - 16:45

Je vous conseille l'écoute de l'émission de Michel Ciment "Projection privée" sur France Culture qui est consacrée à Benoit Jacquot et à 3 Coeurs. Le réalisateur y dit pas mal de choses intéressantes.

Projection privée: Benoit Jacquot

Il ébauche discrètement quelques pistes sans réduire sa vision à une interprétation univoque. Il parle de rêverie, de deux femmes qui pourraient n'en être qu'une, de surréalisme en citant comme référence La nuit du tournesol d'André Breton, de Marguerite Duras (avec laquelle il était très liée et qu'il a aidée dans la réalisation de ses films) pour la voix off... Il dit aussi que le plan inaugural dans le café fait apparaître Charlotte Gainsbourg par un jeu de miroirs pour créer une dissociation entre les 2 personnages.

Il évoque aussi son prochain film d'après Le journal d'une femme de chambre avec Lea Seydoux et Vincent Lindon. J'ai hâte.

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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyVen 3 Oct 2014 - 17:54

Citation :
André Breton

« La nuit du tournesol » qui fut publié en juin 1935 dans le numéro 7 de Minotaure exalte le triomphe de l’éros, par l’évocation de la rencontre essentielle d’une jeune femme, le 29 mai 1934, jeune femme dont la beauté, la fierté, l’indépendance atteignent André Breton au point qu’il en est tout de suite épris et qu’il épouse le 14 août suivant. Ensemble, donc, dans cette nuit du 29 mai, ils accomplissent une longue marche nocturne qui les conduit de Montmartre au quartier Latin. L’évènement, si grand soit le bouleversement qu’il apporte, ne sortirait pas des chemins habituels de la vie, si Breton n’était persuadé qu’il a été préfiguré presque dans tous ses détails par un poème, écrit onze ans plus tôt, en 1923, recueilli dans Clair de terre sous le titre « Tournesol » et oublié depuis par son auteur.

« Il va sans dire, en effet, qu’en écrivant le poème " Tournesol" je n’étais soutenu par aucune représentation antérieure qui m’expliquât la direction très particulière que j’y suivais. Non seulement " la voyageuse", " la jeune femme", " la dame sans ombre" demeurait alors pour moi une créature sans visage, mais j’étais, par rapport au dévidement circonstanciel du poème, privé de toute base d’orientation. Nécessairement, l’injonction finale, très mystérieuse, n’en prenait à mes yeux que plus de poids et c’est sans doute à elle, comme un peu aussi au caractère minutieux du récit de quelque chose qui ne s’est pourtant pas passé, que le poème, par moi tenu longtemps pour très peu satisfaisant, doit de n’avoir été, comme d’autres, aussitôt détruit. »

Minutieusement, en suivant fragment par fragment son déroulement, Breton le confronte avec la réalité vécue du 29 mai pour conclure à leur coïncidence et accorder à « Tournesol » une valeur prémonitoire.

Principale source utilisée: La Pléiade, éd Gallimard, Œuvres complètes II, édition établie par Marguerite Bonnet.

C'est drôle cette histoire de prémonition parce que,  justement, ma mère me disait que pour elle si Poelvoorde ne monte pas l'escalier jusqu'à la révélation c'est parce qu'il a déjà l'intuition inconsciente que c'est Charlotte. Il a compris mais ne veut pas accéder à cette réalité trop dérangeante. Et il ne cesse de repousser toute possibilité d'inscrire cette vérité dans la réalité consciente. Il la refoule mais au bout d'un moment la réalité reprend ses droits. Pour moi cette perception du refoulement va de pair avec la dimension onirique (surréaliste donc) que j'évoquais. Une représentation onirique de ce refoulement. Mais la version réelle me va aussi même si elle est moins crédible.
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptySam 4 Oct 2014 - 7:44

Si je reprends ton idée de vision onirique, Marko, tu veux dire que le film est comme un rêve , ou un fantasme, et qu'on retombe dans la réalité avec la scène finale?

Bon, je n'y avais pas pensé. Je repars avec cette idée, qui ne me fait pas plus aimer ce film simplement un peu lourdement plaisant à mon goût, mais me fait réfléchir. Cela explique en particulier que   Benoît Poelvoorde, qui n' est quand même pas canon,  il est seul dans la vie à 47 ans, erre de femme en femme avec une certaine mélancolie si ce n'est avec désespoir,  il n'   a aucun ami, plus de famille, il n'a plus vu son frère depuis des années . Et du jour au lendemain il vous emballe les deux minettes (deux sœurs, en plus, histoire de pouvoir vous ressortir la tragédie grecque au passage, il a quand même le bon goût de nous épargner la blonde et le brune), qui sont prêtes en moins de 24 heures à larguer toute leur vie antérieure, avant même d'avoir passé une nuit avec lui....Cela permet de tout expliquer, les coïncidences, les incohérences, le rêve de justice grandiose avec le maire... Tout, ... et n'importe quoi pendant qu'on y est. Finalement, il a été sobre, alors!

Bon. Mais le big problème, c'est que ça ne passe pas pour la plupart des spectateurs, apparemment, ce message.

Et par ailleurs, n'est ce pas toi qui disais sur le fil Kasishke
Marko a écrit:
Disons que j'en ai un peu marre des histoires à la Shutter Island où tout ce qu'on nous raconte se révèle être une construction délirante et hallucinatoire (psychotique, onirique ou comme ici traumatique).
(Mais ça c'est juste pour rire, on a tous droit à nos incohérences émotionnelles  sourire )
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptySam 4 Oct 2014 - 8:45

Marko a écrit:
Il dit aussi que le plan inaugural dans le café fait apparaître Charlotte Gainsbourg par un jeu de miroirs pour créer une dissociation entre les 2 personnages.

Je ne me souviens plus de ce plan. Il faudrait que je le revoie..


Marko a écrit:
C'est drôle cette histoire de prémonition parce que,  justement, ma mère me disait que pour elle si Poelvoorde ne monte pas l'escalier jusqu'à la révélation c'est parce qu'il a déjà l'intuition inconsciente que c'est Charlotte. Il a compris mais ne veut pas accéder à cette réalité trop dérangeante. Et il ne cesse de repousser toute possibilité d'inscrire cette vérité dans la réalité consciente. Il la refoule mais au bout d'un moment la réalité reprend ses droits. Pour moi cette perception du refoulement va de pair avec la dimension onirique (surréaliste donc) que j'évoquais. Une représentation onirique de ce refoulement. Mais la version réelle me va aussi même si elle est moins crédible.

Je n'ai pas tout lu sur Breton, mais on peut très bien comprendre qu'il ne monte pas l'escalier afin d'éviter de voir réellement le visage de Charlotte, et d'être confronté à son malaise. Tout simplement. Cela peut nous arriver dans la vie, et ce que dit ta mère est ce qui vient à l'esprit d'emblée, nul besoin de dimension onirique pour expliquer cette peur qu'il refoule.

...

(Topocl, tu résumes exactement ce que j'ai posté plus haut. Chacun ses propres incohérences, le tout c'est que la trame fonctionne pour nous)
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptySam 4 Oct 2014 - 10:08

Oui je suis d'accord. Mais je crois que vous ne comprenez pas bien ce que je veux dire. C'est pas grave. Chacun vivra le film comme il le souhaite. L'aimera ou pas. Pour moi c'est un conte fantastique avec beaucoup d'étrangeté. Je ne tranche pas entre réalisme et onirisme. Les deux s'interpénètrent.
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MessageSujet: Re: Benoît Jacquot   Benoît Jacquot - Page 5 EmptyDim 5 Oct 2014 - 18:30

3 cœurs

Ni emballement ni rejet en ce qui me concerne.
Seulement le sentiment d’avoir vu plutôt un « bon film » soigné, d’avoir passé un agréable moment de cinéma, sans ennui aucun, mais avec quelques agacements tout de même.
J’étais dans une humeur à me laisser embarquer et j’aurais regretté de ne pas l’être. Mais cela n’est pas arrivé.
Pourtant je me sens bien tiède en regard de vos réactions passionnées, que j’ai un peu suivies au début, puis abandonnées pour ne pas me laisser trop influencer avant de voir moi-même le film.

Je n’irai pas maintenant jusqu’à chercher à comprendre ce qui m’est sans doute passé au-dessus de la tête car cela n’a pas nui au « film que je me suis fait », presque au premier degré, et qui me convient.

En ce qui concerne les agacements, le principal pour moi est le choix de Poelvoorde pour incarner son personnage…
Non…ce n’est pas possible ! Comment ces deux sœurs merveilleuses pouvaient–elles craquer ainsi sur un homme comme lui? (Bon…il est vrai qu’elles n’avaient pas été très difficiles sur les choix de leurs compagnons précédents!). Où est son charme ? Avec quel argument les séduit-il ? Je ne trouve pas…Je ne comprends pas. Il est excessif, pas beau, et ne dit rien d’intéressant. Ces deux rencontres foudroyantes me semblent invraisemblables.
De plus l’acteur en fait des tonnes, il m’agace, ce qui me fait barrage pour ressentir de l’empathie pour son personnage. Et d’ailleurs pourquoi aussi avoir demandé autant d’agitation, de sport, de stress au coeur malade du personnage qu’il incarne, un être volontaire, brouillon et survolté?

Après, j’ai beau aimer les belles maisons et les beaux objets, les bonnes tables aussi... content je dois reconnaître que la récurrence tout au long du film des séquences repas m’ont lassée …La débauche était dans le décor, dans les assiettes…mais quelle indigence dans les échanges !

Et puis les malversations du maire ?...Etaient-elles bien nécessaires au scénario ? Ou alors il fallait aller jusqu’au bout§...Que Marc (Poelvoorde ), contrôleur des impôts, soit très engagé, que le maire soit mis en examen et que Marc du coup en tire un peu de prestige personnel pour lui donner un peu plus de grâce à nos yeux (car il est bien terne tout de même.)!

Enfin le voyage de quelques jours en avion pour les amants cachés ? Image départ de l’avion + image retour de l’avion+ voix off…c’est un peu cheap tout de même!


Alors pourquoi ai-je pris du plaisir à ce film ?
Eh bien d’abord parce que j’ai bien voulu accepter de croire à cette histoire et je me suis sentie en réelle empathie avec les deux sœurs. La grâce des deux actrices, Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroiani, me touche, leur jeu est sensible et juste.
J’ai apprécié aussi qu’il n’y ait pas dans ces trois cœurs un cœur coupable mais au contraire beaucoup d’amour, de tendresse, d’attention entre les amants, et entre les sœurs, pour relier leurs trois êtres en souffrance ; beaucoup de retenue, d’abnégation presque, pour ne pas détruire l’autre.
On sent pourtant que l’équilibre est fragile et que l’issue sera fatale (et je ne parle pas ici du cœur défaillant de Marc).
J’ai aimé aussi tout le côté mélancolique de l’histoire, et des images, de la lumière…Avec la mélancolie je m’accorde toujours.

Les dernières images ?...
Pour moi, dans l’entre-deux de la vie à la mort, j’y ai vu une paix retrouvée à l’évocation de ce qui aurait pu être, si simplement…Mais cela n’aurait pas fait le film !

Tiens…je n’ai pas parlé de Catherine Deneuve…c’est sans doute que je n’ai rien à en dire de spécial…ni du personnage…ni du jeu de l’actrice… jypeurien

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