Le cinéma de traversay

Mitraillette Kelly (Machine Gun Kelly, Roger Corman, 1958)
Tourné en 8 jours, Mitraillette Kelly passe pour être l'une des réussites majeures du pape de la Série B. Tout ça parce qu'on y voit un gangster couard et superstitieux, dominé par une maîtresse femme ? Et que Bronson, pas encore star, est capable de ne pas être monolithique ? Pas mal, d'accord, mais pas de quoi en faire une sorte de film culte. Trop poussif et uni-directionnel pour cela.

Café Odeon (Kurt Früh, 1959)
Kurt Früh, vous connaissez ? Moi, non plus, jusqu'à la lecture d'un article précisant qu'il était le cinéaste suisse le plus important des années 50/60, avec Leopold Lindtberg, avant l'arrivée de la Nouvelle vague incarnée par Goretta, Tanner, Soutter ... Café Odeon est narré par un serveur qui raconte la vie d'un café comme tant d'autres à travers ses clients, de jour (intellectuels et artistes), et de nuit (prostituées), au coeur de Zürich. Et puis soudain débarque Leni, femme perdue, en pleine dépression. Le film est un mélodrame néo-réaliste, assez désuet, plutôt bien fait, un peu trop sentimental, qui rappelle l'amertume d'un petit noir avalé trop vite au comptoir. Curieux, suffisamment en tous cas pour avoir envie d'en connaître davantage de ce mystérieux Kurt Früh.

dvd germanophone uniquement ?

Non, on m'a passé une copie avec des sous-titres anglais. J'essaierai de voir où me procurer des DVD (sites suisses ?). On est loin de Melville quand même, ça se rapprocherait presque des tous premiers Bergman (Crise, Musique dans les ténèbres).

je chercherai à l'occasion, je suis de plus en plus curieux des choses de ce petit pays (pour les adaptations de Ramuz ce n'est pas simple en tout cas).

En fonction de tes goûts, je pense que les films de Soutter et Tanner, si tu ne connais pas, devraient te plaire. On les trouve relativement facilement en France.

vais tâcher d'y penser, merci !

La cité sous la mer (City beneath the sea, Budd Boetticher, 1953)
Recettes pour un film d'aventures : choisir un lieu exotique comme la Jamaïque, réquisitionner de vrais mâles, avec un certain sens de l'humour, genre Robert Ryan et Anthony Quinn, agrémenter de quelques beautés locales, point trop farouches, introduire une chasse au trésor, d'autant plus singulière qu'elle sera sous-marine, ne pas oublier le quota obligatoire de méchants à l'oeil torve. Une pincée de vaudou et un tremblement de terre seront appréciés. Laissez mijoter 1h30. Voilà, vous pouvez déguster votre plat : c'est banal, guère épicé, mais pas trop indigeste.

mais les acteurs ? Quinn, Ryan ...................

Bédoulène a écrit:

mais les acteurs ? Quinn, Ryan ...................

Eh bien, ils cassent une bonne centaine de chaises sur des méchants dans un bar (méchants, parce qu'un des gars voulait sortir avec la nana que convoite Quinn), ils prennent des coups à assommer un hippopotame, mais ils ne bronchent pas plus que ça (et les musiciens jouent, comment dire, pour illustrer la bagarre, ça c'est rigolo); et puis, ils explorent lentement les fonds marins à la recherche d'or. Une forte amitié virile les lie, et finalement ils vont convoler ensemble, enfin, je veux dire en même temps, chacun avec sa donzelle.
Bref, des rôles qui n'ont pas dû les empêcher de dormir.

Mais ça reste regardable, il y a un petit scénario finalement relativement habile, à base de personnages pas très subtils. Le début, par contre, n'est pas bon, plein de clichés, les acteurs sont excessifs et le film fait carton-pâte.

Ah, la voilà, la nana qui fait craquer Quinn:

eXPie a écrit:

Mais ça reste regardable, il y a un petit scénario finalement relativement habile, à base de personnages pas très subtils. Le début, par contre, n'est pas bon, plein de clichés, les acteurs sont excessifs et le film fait carton-pâte.

Tout juste regardable. Boetticher est meilleur dans le western, sans atteindre des sommets non plus (Tavernier l'aime beaucoup).

traversay a écrit:

eXPie a écrit:

Mais ça reste regardable, il y a un petit scénario finalement relativement habile, à base de personnages pas très subtils. Le début, par contre, n'est pas bon, plein de clichés, les acteurs sont excessifs et le film fait carton-pâte.

Tout juste regardable. Boetticher est meilleur dans le western, sans atteindre des sommets non plus (Tavernier l'aime beaucoup).

Il y a un petit côté nanar-clichetonneux, le Vaudou vu par Hollywood (je me trémousse en pagne), ça m'amuse, oui, et puis le tremblement de terre sous-marin carton-pâte, la cloche sous-marine qu'on entend rudement bien, c'est rigolo - et puis, ça m'a fait repenser que ça faisait longtemps que je n'avais pas écouté La Cathédrale engloutie, de Debussy, à écouter ici . Et, finalement, ça se voit jusqu'au bout. Alors que, il y a quelques jours, j'ai craqué face à l'ennui colossal qu'a généré chez moi "Les derniers jours du monde", des Frères Larrieu (mais toute leur oeuvre me soporifise prodigieusement).
Sinon, oui, ses westerns... mais Boetticher reste effectivement un réalisateur mineur.

sur que carton-pâte c'est pas facile à avaler

merci Expie et Traversay

L'île au trésor (Treasure Island, Victor Fleming, 1934)
La meilleure adaptation de Stevenson, sans conteste. Fleming, contrairement à Long John Silver, n'est pas un cul de jatte dans le film d'aventures (Capitaines courageux est son chef d'oeuvre) et sait alterner péripéties et dialogues savoureux. Mise en scène fluide, comme d'habitude chez le réalisateur, et noir et blanc superbe. Cette version doit beaucoup à Wallace Beery, truculent dans un personnage plus roublard que réellement méchant. La dernière scène, ironique, est un beau pied de nez à la morale.

il me semble que c'est l'adaptation la plus connue, non ? (je reconnais bien la frimousse malicieuse du petit mousse)