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| Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| | | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Mer 23 Déc 2009 - 20:43 | |
| Tu es bien bonne Sentinelle | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Mer 23 Déc 2009 - 20:55 | |
| N'est-ce pas Ah que j'aime ces petites phrases ! Florilèges en cours de lecture : - Citation :
- C’étaient toutes les deux ce qu’on appelle de ces langues bien pendues qui lapent avidement toutes les nouvelles et tous les propos d’une contrée et les rejettent tellement mêlés à leurs inventions de bavardes que le Diable, avec toute sa chimie, ne saurait comment s’y prendre pour les filtrer.
- Citation :
- On jurerait qu’il porte un meurtre à califourchon sur la jointure de ses sourcils.
- Citation :
[...]il y vivait solitaire comme le plus sauvage hibou qui ait jamais habité un tronc d’arbre creux. - Citation :
- Il avait été fort célèbre dans le Cotentin, pays de grands mangeurs et de buveurs intrépides, et il était devenu, sur la fin de sa vie, d’un embonpoint si considérable qu’il avait été obligé de faire une entaille circulaire à sa table pour y loger la rotonde capacité de son ventre.
- Citation :
- Mais, Dieu de Dieu ! où donc a-t-il pris ces effroyables blessures qui lui ont retourné le visage comme le soc de la charrue retourne un champ ?
- Citation :
- Ce chêne humain, dévasté par les balles à la cime, avait toujours la forte beauté de son tronc.
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| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Mer 23 Déc 2009 - 22:06 | |
| Terminé , j'en dirai un peu plus dans les jours qui suivent . | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Mer 23 Déc 2009 - 22:11 | |
| m'y remets ce soir, passé par trois pages de Bernanos hier.... ça devrait aller mieux ce weekend pour lire correctement. fâcheuse tendance à manquer d'endurance côté lecture ces jours ci.
c'est du gros gâteau à la crème qui reste intéressant passé la première impression dans l'immédiat de la lecture, un peu comme un vin ou une bière dont le goût change et s'affirme dans un deuxième temps.
je suis un peu déçu de ne pas pouvoir en profiter mieux mais ça me plait bien de continuer mon chemin de lecture commune du côté de ces classiques qui sont une forme d'exotisme dans mon panorama habituel... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Mer 23 Déc 2009 - 22:48 | |
| - animal a écrit:
c'est du gros gâteau à la crème qui reste intéressant passé la première impression dans l'immédiat de la lecture, un peu comme un vin ou une bière dont le goût change et s'affirme dans un deuxième temps.
C'est au fond ce que je dis dans le commentaire que Sentinelle m'interdit de poster avant vendredi | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Jeu 24 Déc 2009 - 9:32 | |
| J'aime bien cette atmosphère générale. Mais il maintient son suspens le saligot! On sdemande quand il va se décider à démarrer.
Je crois que c'est Arabella qui souligne le côté cinématographique : c'est clair qu'il parvient à être concis dans les descriptions tout en donnant l'impression de faire un plan vue d'ensemble, qui fait des travellings puis des gros plan (jpense à toute cette partie dans l'église, avec la procession, la capuce, les yeux de Jeanne Feuardent (jpréfère l'appeler comme ça!), le chant)
Ah, et les scènes sanglantes sont terriblement dégueulasses !
Je continue! | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Jeu 24 Déc 2009 - 10:12 | |
| le chapitre V est un sacré moment, grandiloquent et un peu barbare sans quitter l'atmosphère du bouquin. sanglant aussi ! huhu.
sacré spécimen la mère de Jeanne. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Jeu 24 Déc 2009 - 10:19 | |
| Oui, j'avais parlé de l'aspect cinématographique, et c'est de plus en plus frappant au fur et à mesure que l'on avance dans le roman. En particulier dans les deux scènes d'église, qui sont des scènes clé dans le récit. On voit vraiment l'action, on voit comme avec l'objectif de la caméra, un visage, un regard, une silhouette, très juste Queenie, il y a comme une succession de travelling et de gros plans. Et si c'était un film, ce serait un fin de compte un truc sobre et dépouillé, parce qu'en réalité il ne se passe pas grand chose, tout est dans le suggéré, le supposé, un geste, un regard. Et il arrive à ce résultat par une prose hyperbolique, qui déborde de partout en apparence. Il arrive avec du presque trop à nous offrir du presque rien. (j'anticipe encore sur mon commentaire à venir). C'est trop fort.
C'est vraiment un auteur qui souffre plusieurs lecture, parce qu'il a des tas d'angles d'approches, de niveaux d'analyse, d'interprétations possibles. C'est pour ça que j'adore cette lecture commune, parce que chacun d'entre vous me donne encore des idées pour entrer dans cet oeuvre, que je n'aurais peut être pas eu. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Jeu 24 Déc 2009 - 10:20 | |
| - Citation :
- Et si c'était un film, ce serait un fin de compte un truc sobre et dépouillé,
absolument d'accord. avec de monstrueuses images de lande crépusculaire. il a été adapté en cinéma cet auteur d'ailleurs ? | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Jeu 24 Déc 2009 - 10:25 | |
| Des spécialistes du cinéma pourraient mieux te répondre que moi, il y a eu assez récemment l'adaptation de Une vieille maîtresse, et à la télé très très récemment une nouvelle des Diaboliques, Le bonheur dans le crime (le texte est absoument génial, peut être le meilleur de Barbey), Télérama avait beaucoup aimé, je n'ai vu ni l'un ni l'autre. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Jeu 24 Déc 2009 - 10:31 | |
| Des liens pour les deux films cités :
Une vieille maîtresse
Le bonheur dans le crime | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Jeu 24 Déc 2009 - 11:20 | |
| Comme Sentinelle , je retiens de cette lecture entre autres les petites phrases , les expressions comme "dès potron -Jacquet" (on dit potron minet nous non ?) ou aors " dès réveil minet" , c'est ce florilège de patois , de tournures , de formules toutes faites "on n'y vit rien , ni stringo ni stringuette" qui à chaque fois me font sourire .
Je ne trouve pas comme Expie qu'il soit trop emphatique , le récit est "épique" , le style l'est également mais je ne vois pas comment on serait aussi intéressé par ce récit où le fantastique l'emporte , si l'auteur s'était contenté d'un style trop classique.
En tous cas moi ça me change de ces auteurs contemporains à l'écriture quelquefois minimaliste ,en plus pour dire qu'ils vont acheter le pain au coin de la rue. au moins ici , il y a de la matière , des personnages typés , peu communs , comme La Clotte , L'Abbé (la goule fracassée , quel nom !), Nonon Cocouan , les bergers sans feu ni lieu....
L'analyse des caractères , des moeurs , des traditions , tout y est , ici encore un extrait sur les commérages :
La jaserie , ce mouvement éternel de la langue humaine , ne s'arrête ni sur une tombe fermée, ni en suivant un cercueil , et rien ne glace , pas même la religion et la mort, l'implacable curiosité qu'Eve a légué à sa descendance | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Jeu 24 Déc 2009 - 11:32 | |
| Et comme toujours avec Barbey, le commérage va plus loin que le commérage, une petite activité humaine que l'on pourrait voir somme toute que relativement inoffensive. C'est une manifestation de malveillance, on détruit une réputation, on observe, rien n'échappe à la vigilance des commères, tout le monde finit par être au courant, et une personne peut être mis au banc de la société, lynchée symboliquement ou pour de vrai. Cela commence comme un petit échange drolatique entre deux bonne femmes qui semblent plutôt sympathiques, et peut finir dans le sang. La cruauté n'est jamais très loin chez Barbey. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Lecture en commun - Jules Barbey d'Aurevilly L'ensorcelée Jeu 24 Déc 2009 - 16:36 | |
| Ahhh le fameux abbé de la Goule-Fracassée brrrrr Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’auteur sait y faire pour mettre en place une ambiance crépusculaire ! Enfin, je suis arrivée au bout de cette histoire et je sais déjà que je n’en ai pas terminé avec Barbey d’Aurevilly, que je compte bien continuer à lire prochainement (pourquoi pas « Les diaboliques » ?). J’ai vu l’adaptation du « Bonheur est dans le crime » (très très bien) et je m’étais promis de lire absolument cet auteur puis j’ai oublié… mais heureusement qu’Arabella m’ait rappelé à l’ordre sans le savoir ! J’ai beaucoup aimé cette ambiance sombre et fantastique habitée par les superstitions du peuple normand et j’attends demain avec impatience pour lire le billet d’Arabella et son interprétation des faits ;-) En attendant, quelques autres extraits succulents : - Citation :
- « Le lavoir n’était pas tout à fait sur la route qu’avait à suivre Simone Mahé pour regagner le bas du bourg, mais la flânerie qui est aux vieilles femmes ce qu’est dans le nez du buffle l’anneau de fer par lequel on le mène, fit suivre à la Mahé le chemin du lavoir avec l’autre commère. »
- Citation :
- « Ni l’une ni l’autre n’aimait ces bergers suspects à toute la contrée, mais la misère unit ses enfants et de ses bras décharnés les rapproche dans la vie, comme sa fille, la mort, étreint les siens dans le tombeau. Les bergers errants causaient moins d’effroi à des porte-haillons comme ces deux femmes qu’à ces riches qui avaient des troupeaux de vaches dont ils pouvaient tourner le lait par leurs maléfices, et des champs dont ils versaient parfois le blé dans une nuit. »
- Citation :
- « Elle ressemblait à une vieille pelote couverte d’aiguilles, et dans laquelle on en pique toujours une de plus. »
- Citation :
- « L’imagination populaire couvrait déjà du manteau de pourpre du cardinalat cette arrogante épaule qui brisait enfin la cagoule noire de la pénitence, comme le mouvement puissant d’un lion crève les toiles insultantes de fragilité dans lesquelles on le croyait pris. »
Et enfin, quelques mots sur l’abbé de la Goule-Fracassée - Citation :
Quand j’ai rencontré M. le curé, – fit le fermier en s’asseyant à sa table, étincelante de pots d’étain, et en s’adressant à sa femme, – il n’était pas seul, il avait avec lui un confrère. Et si ce n’était pas un confrère, et que je ne craignisse pas de manquer de respect à M. le curé, je dirais qu’il a plutôt l’air d’un diable que d’un prêtre. Je l’ai invité aussi à notre repas, quoique, par ma foi, Jeannine, vous eussiez bien pu, toute hardie que vous êtes, en avoir peur. - Citation :
- Au demeurant, il a plus l’air d’un soldat que d’un prêtre, ce capuchon-là !
- Citation :
- « Chouans perdus, il s’est tiré d’une arme à feu dans le visage. Dieu n’a pas permis qu’il en soit mort, mais il lui a laissé sur la face l’empreinte de son crime inaccompli, pour en épouvanter les autres et peut-être pour lui en faire horreur à lui-même. Nous en avons tous tremblé hier, à l’église de Blanchelande, quand il y a paru. »
- Citation :
– Je vous l’ai dit, ma fille, il était bien jeune alors, – dit la Clotte, – oui, jeune d’âge ; mais qui le voyait ou l’entendait ne l’aurait pas dit, car il était sombre comme un vieux. Jamais son visage ne s’éclaircissait. On disait qu’il n’était pas heureux d’être moine, mais ce n’était pas, malgré sa grande jeunesse, un homme à se plaindre et à porter la tonsure qui lui brûlait le crâne moins fièrement qu’il n’eût fait un casque d’acier. Il était haut comme le ciel, et je crois que l’orgueil était son plus grand vice. Car, je vous l’ai déjà dit, mon enfant, nous étions là, au château de Haut-Mesnil, une troupe d’affolées, et jamais, au grand jamais, je n’ai entendu dire que l’abbé de La Croix-Jugan ait oublié sa robe de prêtre avec aucune de nous. - Citation :
- Ce Jéhoël, qui, à dix-huit ans, était resté muet et indifférent à l’amour fauve et sans frein d’Adélaïde Malgy, le moine blanc et pâle, qui semblait l’archange impassible de l’orgie, tombé du ciel, mais relevé au milieu de ceux qui chancelaient autour de lui, devait être un de ces hommes mauvais à rencontrer dans la vie pour les cœurs tendres qui savent aimer. C’était une de ces âmes tout en esprit et en volonté, composées avec un éther implacable, dont la pureté tue, et qui n’étreignent, dans leurs ardeurs de feu blanc comme le feu mystique, que des choses invisibles, une cause, une idée, un pouvoir, une patrie ! Les femmes, leurs affections, leur destinée, ne pèsent rien dans les vastes mains de ces hommes, vides ou pleines des mondes qui les doivent remplir.
- Citation :
- Il chassait souvent, tout moine qu’il fût, avec les seigneurs de Haut-Mesnil, de la Haye et de Varanguebec, et c’était toujours lui qui tuait le plus de loups ou de sangliers. Que de fois je l’ai vu, à la soupée, couper la hure saignante et les pattes boueuses de la bête tuée le matin et les plonger dans le baquet d’eau-de-vie à laquelle on mettait le feu et dont on nous barbouillait les lèvres.
[...]Non, ce n’était pas un homme comme un autre que Jéhoël de La Croix-Jugan ! Quand la Révolution est venue, il a été un des premiers qui aient disparu de son cloître. On raconte qu’il a passé dans le Bocage et qu’il a tué autant de Bleus qu’il avait jadis tué de loups... - Citation :
Ah ! ma fille, Jéhoël a-t-il encore le don d’émouvoir les femmes, maintenant qu’il n’est plus le beau Jéhoël d’autrefois ? A-t-il encore cette puissance diabolique qu’on crut longtemps accordée par l’enfer à ce prêtre glacé, puisque, malgré le changement de son visage, vous pâlissez, ma fille, rien qu’à m’en entendre parler ?... - Citation :
- « Le jour, on ne l’apercevait guères qu’à l’église de Blanchelande, enroulé, comme le premier jour qu’on l’y vit, dans le capuchon de son manteau noir qu’il portait par-dessus son rochet, et dont les plis profonds, comme des cannelures, lui donnaient quelque chose de sculpté et de monument. »
- Citation :
- « Vous savez bien – ajouta-t-elle avec l’air mystérieux qu’on prend en parlant de choses redoutables – que M. l’abbé de La Croix-Jugan ne confesse pas. Il est suspens. »
Ah quel beau personnage que cet abbé... Merci encore Arabella pour cette très belle découverte |
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