[2010] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Lost Persons Area

Citation :

Bettina et Marcus vivent un amour passionné et charnel dans une baraque de chantier au milieu d'une plaine traversée d'immenses pylônes haute tension. Tandis que Bettina aspire à une vie plus conventionnelle, loin des fourneaux de la cantine des ouvriers, leur fillette de 9 ans, Tessa, solitaire, s'occupe en ramassant des objets inattendus, petits bouts de rien qu'elle collecte à l'école buissonnière. Un jour, afin de compléter son équipe de techniciens, Marcus engage un ingénieur hongrois, Szabolcs. Contre toute attente, sa venue providentielle amène un nouvel équilibre à leur existence. Mais un tragique accident vient bouleverser les rêves de bonheur de cette famille en quête d'idéal.

Merci au cinéma Le Mélies de Villeneuve d'Ascq de programmer des films rares et plus ou moins passés inaperçus. Ce premier long métrage de la réalisatrice belge flamande Caroline Strubbe, pésenté à Cannes en 2009 à la semaine de la critique, impressionne par la force de son univers et l'originalité avec laquelle elle aborde une histoire en elle-même a priori plus ou moins convenue. Convenue parce qu'on pourrait être quelque part entre Breaking The Waves de Lars Von Trier et les films d'Andrea Arnold avec un canevas scénaristique qui semble emprunter des terrains balisés et plus ou moins prévisibles mais dont le final nous prend pourtant à revers, étonne et dérange en même temps.



L'atmosphère est très réussie. Dans un superbe cinémascope, caméra à l'épaule et avec une certaine fébrilité qui se suspend par moment dans des séquences plus contemplatives et silencieuses, la réalisatrice filme un no man's land de pylônes électriques en plein désert. Des gens dans la galère, des hongrois pour la plupart, viennent chercher un boulot et un peu d'argent à gagner. C'est dans ce cadre aride que se joue ce drame pudique entre un couple fou d'amour et de désir, un jeune ingénieur hongrois réservé et attentif, et une petite fille à la voix rauque qu'elle dissimule, fascinante et touchante, qui observe et ressent chaque tension entre les adultes, qui fait l'école buissonnière et collectionne toutes sortes d'objets (crayons, boutons, savons, ossements, plumes, vêtements...) qu'elle assemble de façon énigmatique comme une future Annette Messager ou une Anu Tuominen (qui est créditée au générique comme influence de ces "installations"). Assemblages qui sont autant de mises en scène de ses angoisses, de tentatives de compréhension des rituels des adultes, de cadeaux à offrir (bouleversante séquence avec l'arbre en boites d'allumettes), de mausolées abstraits surtout.



Caroline Strubbe évite les conventions du mélodrame par une certaine distance avec les moments les plus durs, une justesse émotionnelle entre les trois adultes, et surtout en créant une étrangeté poétique à travers la présence organique de ces objets accumulés par la petite fille qui semblent réorganiser le monde et le sortir du chaos. La musique d'Albert Markos est belle, discrète et très travaillée, offrant notamment des adaptations d'une sonate de Debussy ou un air de Telemann. Peut-être y a-t-il quelques longueurs et le film gagnerait à être légèrement resserré mais en l'état il est superbe et laisse augurer un nouveau talent à suivre.



Oeuvres de la finlandaise Anu Tuominen:





Interview de la réalisatrice:

Queenie a écrit:

Je déteste Isild le Besco, et la BA de Au fond des bois m'a fait marrer de ridicule, alors mon choix est fait.

Pareil , gros plans , visages barbouillés de terre pour nous faire comprendre que c'est à la campagne , la belle qui tombe dans les bras de la bête (de sexe) , ça m'a paru d'un niais !

darkanny a écrit:

Queenie a écrit:

Je déteste Isild le Besco, et la BA de Au fond des bois m'a fait marrer de ridicule, alors mon choix est fait.

Pareil , gros plans , visages barbouillés de terre pour nous faire comprendre que c'est à la campagne , la belle qui tombe dans les bras de la bête (de sexe) , ça m'a paru d'un niais !

Je réserve mon avis après avoir vu le film. Benoît Jacquot est un cinéaste très intéressant qui ne se contente certainement pas des gros clichés que vous redoutez.

et celui-ci, il ne tente personne ?



c'est juste que j'en ai beaucoup entendu parler à la radio aujourd'hui (et à chaque fois en bien, voir très bien, un film 'd'auteur' apparemment...) et souvent mis en parallèle avec le Jacquot...

L'histoire de 5 filles colocataires qui parlent de *** , boivent de la bière, fument des joints et se mettent minette jusqu'à pisser entre deux voitures, vous vous rendez compte #?/!@ ? Moi, ça me donne envie...

shanidar a écrit:

et celui-ci, il ne tente personne ?

C'est programmé !

Tu l'avais vu, Traversay, "Lost Persons Area"?

Marko a écrit:

Tu l'avais vu, Traversay, "Lost Persons Area"?

Non, hélas, pas programmé par ici. Pas plus que le kazakh Chouga, par exemple. Notés pour une vision future (VOD ?).

traversay a écrit:

Marko a écrit:

Tu l'avais vu, Traversay, "Lost Persons Area"?

Non, hélas, pas programmé par ici. Pas plus que le kazakh Chouga, par exemple. Notés pour une vision future (VOD ?).

Il sortira peut-être en DVD côté belge. Je vais guetter...

Illégal d'Olivier Masset-Depasse

Citation :

Tania et Ivan, son fils de 14 ans, sont russes et vivent clandestinement en Belgique depuis huit ans. Sans cesse sur le qui-vive, Tania redoute les contrôles de police jusqu’au jour où elle est arrêtée. La mère et le fils sont séparés. Tania est placée dans un centre de rétention.

Au début d'Illégal, Tania, clandestine russe, utilise un fer à repasser pour effacer ses empreintes digitales et empêcher une identification. Scène violente, prélude d'un film sans concession, aux limites du documentaire, avec un traitement proche des frères Dardenne. Bienvenue en Belgique.

La majeure partie du film d'Olivier Masset-Depasse se déroule dans un centre de rétention, endroit sinistre, no-man's land aux allures de Tour de Babel, pour des individus considérés comme des numéros et susceptibles d'être expulsés d'un moment à l'autre. Pire que la prison.

Le cinéaste belge, militant des droits de l'homme, évite adroitement les pièges du film à thèse. En concentrant son scénario sur Tania, femme indomptable et pas immédiatement sympathique, il se sert de la fiction pour imposer une oeuvre de résistance. Un véritable thriller psychologique, Tania se bat essentiellement pour son fils, qui tient à distance tout pathos, mais pas l'émotion. L'actrice Anne Coesens, pratiquement de toutes les scènes, est tout bonnement prodigieuse dans un rôle physiquement et mentalement éprouvant.

Pourquoi le titre est-il "Illégal", au masculin ? Le cinéaste répond qu'il considère que c'est justement le système qui est illégal avec ces inhumains centres de rétention administrative. Tania n'est pas une criminelle, juste une femme qui travaille sur le sol belge et se bat pour élever son enfant. Sans papiers et avec dignité.

-On verra demain-



Premier long métrage de fiction du cinéaste espagnol Francisco Avizanda 55 ans, ancien documentaliste.

Synopsis

Citation :

Madrid 1953. Gilda Novás- Carolina Bona- une jeune orpheline qui travaille comme dactylo dans une radio, appartient à une Confrérie ultra catholique, et est indicateur de la police. Alors qu’elle essaye de sortir de la précarité, elle fait la connaissance d’un jeune psychiatre critique du régime, mais elle plaît à Cisco, son chef à la radio, militant du parti communiste clandestin.

Une reconstitution surement fidèle de ces années franquistes mais souvent confuse, et terriblement austère qui colle bien au sujet mais n'aide pas le spectateur lambda (du moins celui qui n'a pas vécu cette période) à décoller et ressentir la moindre émotion.
Pourtant un beau sujet où la manipulation, le double- jeux et la soif de s'en sortir offraient de belles possibilités mais très franchement quel ennui! Nous étions deux (Domreader et moi) à lutter contre la torpeur, perdant beaucoup trop de temps à recoller les morceaux de ce scénario alambiqué et beaucoup trop poussif.

Bon, il y a quand même un côté positif, on apprend des choses, principalement la vie au quotidien de ces hommes et femmes traqués dans leurs moindres faits et gestes par une milice très zélée, mais j'ai trouvé que cela manquait cruellement d'inventivité, de vie, et même de structure. On touche de près à la violence quotidienne mais tout est froid, empesé, cette femme ne m'a absolument pas émue, ni elle ni personne dans ce film. Et pourtant ce n'est pas faute de moyens, mais tout cela m'a paru bien lourd.

Et surtout on n'est pas obligé de filmer les personnages comme des animaux de laboratoire pour parler d'un régime totalitaire, à voir le merveilleux La vie des autres qui lui transpirait la grâce...

Et si possible à éviter après un repas antillais

traversay a écrit:

aeriale a écrit:

-On verra demain-
...
Et si possible à éviter après un repas antillais

Ou comment passer du boudin au navet ?

Très fort!

Ceci dit je ne sais plus quoi aller voir après vos com' peu engageants...Je pensais peut-être à Au fond des bois et puis à vous lire...

aeriale a écrit:

Ceci dit je ne sais plus quoi aller voir après vos com' peu engageants...Je pensais peut-être à Au fond des bois et puis à vous lire...

David Fincher...

P'être bien oui ...

(Mais si c'est pas bien tu me paieras une mort subite à BXL hein!)

aeriale a écrit:

P'être bien oui ...

(Mais si c'est pas bien tu me paieras une mort subite à BXL hein!)

Même si c'est bien!