Pays de la Loire

Direction L'Ile de Nantes (une île de la Loire), car le Palais de Justice fait aussi partie du parcours. Conçu par Jean Nouvel, inauguré en 2000, son design en a laissé plus d'un perplexe (je trouve qu'on pourrait y tourner des films de SF tendance dystopie)...

(photo wikipédia)

A l'intérieur, de grandes toiles pompières encadrées de doré contrastent (de manière assez facile) avec l'esthétique austère et intimidante des lieux. Les seaux bleus ne font pas partie de l'installation, ils sont là pour combattre les nombreuses fuites du toit du bâtiment (à la consternation de la préposée à l'entrée). La visite se fait donc sur fond sonore de ploc-ploc-ploc...

Citation :

Alain Séchas investit l’immense salle des pas perdus par deux ensembles d’oeuvres magistrales évoquant la justice.
D’un côté, Adam et Eve et Le Paradis perdu de Claude-Marie Dubufe (1790-1864) peints d’après le poème anglais de Milton, inspiré de la Bible. Dans Adam et Eve, Eve vient d’offrir la pomme à Adam et déjà, la noirceur pénètre l’œuvre, annonçant le cataclysme qui s’abat sur les personnages dans Le Paradis Perdu. De l’autre, les tableaux de Nicolas Brenet (1728-1792), dont les sujets sont tirés de l’histoire romaine, ont été réalisés afin de promouvoir une peinture plus morale et vertueuse face à l’engouement des amateurs pour les sujets licencieux ou scènes de genre.

La visite se poursuit sur l'Ile de Nantes, un quartier en plein essor, jusqu'à peu friche industrielle et dont la rénovation a été confiée à plusieurs architectes. L'enseigne insolite "Crêpetown" surplombant l'entrée d'une halle industrielle toute déglinguée nous intrigue...L'intérieur n'est pas moins étonnant, effectivement une vraie baraque à crêpes y ravitaille de longues tables garnies de consommateurs, sur une scène un groupe de rock se prépare, des petites mémés s'extasient devant une boutique de fripes, des enfants jouent dans une vieille bagnole américaine, il y a des ateliers artistiques pour gamins, une boutique de disques...Un petit côté foire expo alternative, dont la branchitude est compensée par une ambiance vraiment conviviale et l'étonnante mixité sociale et variété d'âge des visiteurs. Pas de photos malheureusement (Animal peut-être?).

Citation :

– “DES CRÊPES DANS UNE TOWN C’EST CRÊPETOWN !” Excellent slogan ! Ca dit exactement pourquoi on s’y rend. Ca montre bien ce qu’on va y voir. En même temps ça n’en dit pas trop non plus…
– Oui, c’est ce que nous voulions. Une sorte de Las Vegas bords de Loire mitigée cochon d’Inde. Donc les crêpes oui bien sûr !”

Ce qu’on sait, c’est que Didier Poiraud et Hervé Guilloteau vous invitent à pénétrer tout l’été dans l’ancienne halle Alstom transformée en ville à crêpes, un lieu de restauration yéyé pour boire et manger, en réalité l’univers d’un film, le décor d’une fiction en cours de tournage. Il faut donc s’attendre à tout. D’autant que le musicien éric Pifeteau (French Cowboy, Rock Roll & Remember) rejoint les deux créateurs pour plonger CRÊPETOWN dans une ambiance musicale en continu, prometteuse de moments live inclassables.

Plus loin sur l'Ile de Nantes, sur les lieux des anciens Chantiers Navals, il y a la compagnie des Machines de l'Ile et leur nouvelle attraction, Le Carrousel des Monstres Marins, qui sera inauguré le 14 juillet. Il est pour le moment en phase tests... Il y aussi la célèbre Grue Titan jaune, vestige du passé industriel de la ville devenu un symbole, surplombant la rampe de lancement des navires.

Citation :

Ce carrousel (25 m de haut, 20 m de diamètre) est une incroyable sculpture dédiée à la mer. Les auteurs, Pierre Orefice et François Delarozière, invitent le visiteur à un voyage aquatique sur 3 niveaux dans une dentelle de béton. Le manège est surmonté d’un chapiteau orné de frontons et gardé par 16 pêcheurs originaires de tous les océans du monde. Depuis les fonds marins, les abysses et jusqu’à la surface des océans, découvrez d’étonnantes créatures marines : Crabe géant, Poisson pirate, Calamar à rétropropulsion, Raie-Manta, Méduse…

Plus loin encore vers la pointe de l'Ile il y a le Quai des Antilles et le Hangar à Bananes, où restaurants, bars, clubs et galeries occupent d'anciens locaux commerciaux, comme cette cantine éphémère:


A demeure par contre, les anneaux de Buren qui longent le quai, peut-être plus frappants de nuit quand ils s'illuminent que de jour par temps détrempé, mais bon...

Citation :

Les Anneaux est une œuvre qui s’inscrit dans un environnement chargé d’histoire, passée et future : c’est ici que la grande aventure navale de la ville s’est déroulée, c’est ici que se développe aujourd’hui l’un des plus grands projets architecturaux et urbains d’Europe.
(...)Daniel Buren a voulu mettre au jour la double perspective qu’offre la pointe de l’Île de Nantes : celle, architecturale, dessinée par le quai et ses entrepôts et celle, naturelle, de la Loire qui s’ouvre largement sur l’estuaire. Une série de 18 anneaux se tourne vers le fleuve, offrant autant de découpages sur le paysage fluvial. Cette perception est encore différente la nuit quand les anneaux s’auréolent de rouge, de vert et de bleu, trois couleurs base d’une infinie variété d’autres.

Au Hangar à Bananes, nous visitons un autre lieu du parcours, la HAB Galerie, qui héberge l'expo Mon Voyage à Nantes, de Roman Signer. Je ne vous la recommande pas, à moins d'être friand d'art contemporain caricatural et creux à base de voiture vintage écrasant des rangées de parapluies qui ne lui ont rien fait, d'explosions de pots de peinture dans un tunnel et autres bottes en caoutchouc montées sur tuyaux.

Citation :

Le courant des torrents de montagne, la fluidité du sable, la lumière à travers les futaies, la légèreté de l’hélium, la résistance de la glace, l’attraction terrestre sont autant de terrains d’expérimentation pour Roman Signer (1938, Appenzell). Il soumet à ces manifestations de la nature des objets simples ainsi que des artifices et explosifs qu’il intègre à de petits protocoles et nous documente ensuite au travers de photos ou de films. Ses actions, performances publiques où il se met lui-même en scène, laissent tout à la fois voir le processus de l’oeuvre et l’oeuvre elle-même.

Plus sympa, cet exemple de street art près du pont Anne de Bretagne (qui ne fait pas partie du Parcours):


Et à la fin du parcours, devant l'Opéra, ce qui ressemble à une jolie colline de salades occupe le centre de la place Graslin.

En fait ce sont des courges en libre-accès.

Citation :

Des cultures agricoles, potagers, vergers proposent de redécouvrir les plantes qui nous nourrissent. Ces stations gourmandes associant cuisine et jardin incitent à s’installer et à profiter d’espaces de repos et de pique-nique au milieu des fruits et légumes.

Tramway/BusWay Duchesse-Anne : un verger de pêchers, pruniers, cerisiers, abricotiers, figuiers s’installe sur le côteau, et des vignes envahissent le mobilier urbain.
Château des ducs de Bretagne : grands pommiers et tables de pique-nique installées au centre de la cour vous attendent.
Passage Sainte-Croix : dans cet espace évoquant les jardins de cloître, découvrez une recette de confiture et ses ingrédients : figues, cerises, rhubarbe, fraises…
Place Graslin : un tas de compost géant trône fièrement en son centre. Feuilles, tiges volubiles, fleurs et bientôt grosses courges envahissent le monticule.
Square Daviais : cultures potagères, champs de maïs et tournesols, arbres fruitiers et compost végétalisé s’étendent sur la pelouse de l’île Feydeau.

CES PLANTATIONS FRAGILES SONT EN ACCÈS LIBRE ET LES RÉCOLTES À DISPOSITION DU PUBLIC, DANS LE RESPECT DU TRAVAIL ENGAGÉ.

Voilà, c'était une chouette balade et une partie de ce que l'on peut voir dans le parcours "En ville". Car il y a d'autres lieux "hors centre" à visiter, et bien sûr les oeuvres égrenées le long de la Loire jusqu'à Saint-Nazaire dans le cadre de la manifestation d'art contemporain "Estuaire 2012". But that's another story....

animal a écrit:

je kiffe

j'essaierai de voir ce qu'il reste des trois tentatives de photos et de résumer les impressions souvenirs de très très bonne balade dans cette ville farfelutesque !

et elles sont bien réussies ces nezumiesques photos.

Merci! J'attends les tiennes et tes impressions donc!

darkanny a écrit:

Vachement sympa votre parcours, vous êtes pas allés débaucher maryvonne ? ça l'aurait changée de sa ZI

Ben oui, mais je ne savais pas!

je ne sais pas par où commencer. Nantes ça fait maintenant quelques fois que j'y mets les pieds et que j'anticipe avec plaisir ses espaces et son air tonique et changeant et le mélange des époques et celui plus drôle de l'activité, de la modernité et d'une certaine tranquillité comme aux abords du canal. ou dans le quartier à côté du centre des expositions, c'est presque un grand vide moderne mais jamais complètement réalisé. Un angle, une étrangeté, un contraste, un "reste"... les sens sont en éveil. C'est ce que j'aime bien quand je vais à Nantes.

Cette fois dès la sortie de la gare (sud) un oeil depuis le bord du canal vers le Lieu Unique et le centre plus loin, avec un zeste de verdure une vision inédite (et prometteuse) de la ville composite. Et ce parcours du Voyage à Nantes avec ses dehors d'attraction au rabais, un peu surfaite dans sa modernité ultra-tendance, son site web pas top... donne à voir quelques surprises par ses multiples points d'intérêts et d'attractions et emmène l'air de rien à la découverte de cette diversité à la fois travaillée et comme rattrapée quand c'est celle du passé. Une espèce de bruxellisation de Loire ?

La vue du haut de la tour est géniale, et avec ce temps on profite du plaisir de voir la pluie en hauteur, le voile qui passe sur la vue et les gouttes qui remontent au ralenti de temps en temps avec les mouvements d'air. Et on sent le modernité d'avant avec autour ou à côté de vieux bâtiments des étages de métal et de verre, et les artères de la ville, et la verdure, et les limites... et l'eau, l'Erdre et la Loire. On pourrait fouiller du regard et encore être surpris. Autre raison pour laquelle les photos de nezumi me bottent, on y voit les orientations des rues, tout émerveillé d'en haut je ne les voyais pas assez !

(une parenthèse pour dire que la Bouffay ambrée en pression passe bien, assez légère pour une ambrée mais qui garde du goût).

Venons en aux parties inconnues avec notamment l'île de Nantes avec le tribunal à la Robocop et le quartier derrière entre Crêpetown et les machines de l'île et plus loin les anneaux et d'autres vues sur la ville en face. Le tribunal et l'utilisation de son architecture et du lieu comme expo temporaire met un peu le doute (il y a forcément une gêne vis à vis du lieu), le même doute qui plane sur le reste de cette urbanisation qui transforme une aire en Ikea géant, flatteur, libre avec des gros graffitis tout propres mais très maitrisé voir contrôler, variante de urban renewal, de reconquête des territoires pour le meilleur et le pire mais qui arrivent à faire cohabiter l'impersonnel et un certain plaisir de la présence, no man's land, découvertes... et si on monte sur les restes du port, encore plus d'espace, de la rouille, de l'air, des herbes folles (et un chien qui a envie de se baigner dans la vase). Et une vue sur les friches qui renforcent l'impression de contrastes incertains, la face obscure de la ville dans des contours flous.

Gros bonheur aussi que les alentours du Palais Dobrée (avec des ours sur le toit, à la finlandaise !). Changement de couleurs et de formes, dans un sens encore différent.

Une de mes plus belles balades de ville, et une balade qui "ouvre" énormément... pas si facile de dire exactement le comment.

Trois images de la ville qui reflètent pas si mal peut-être la façade de ses tentations du moment :

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merci pour ce sublime reportage-images..

Ah oui j'ai beaucoup aimé
Le Carroussel des monstres marins, je prendrais un ticket !

Cool, je suis contente que ça vous aie plu, mais auriez-vous accepté de marcher presque non-stop la journée dans la pluie et le vent ?

Animal semble avoir apprécié en tout cas, c'est chouette, merci pour ton récit et les photos!

Ça a l'air terriblement chouette comme balade !
Et j'adore le Palais de Justice.
Et je veux aussi faire du Carroussel avec darkanny.

Puis se gaver de crêpes, et s'extasier sur le gris de pluie de la ville.

Alors je vous attends!

Très chouette! C'est quand qu'on se refait une balade à Nantes?

Extra ce reportage, c'est que ça donne envie de refaire un petit tour à Nantes.

Aeriale a écrit:

Très chouette! C'est quand qu'on se refait une balade à Nantes?

Epi a écrit:

Extra ce reportage, c'est que ça donne envie de refaire un petit tour à Nantes.

Merci! C'est quand vous voulez pour la balade.

animal a écrit:

Gros bonheur aussi que les alentours du Palais Dobrée (avec des ours sur le toit, à la finlandaise !). Changement de couleurs et de formes, dans un sens encore différent.

Voici des photos du Palais Dobrée datant de l'an dernier. Cette bâtisse étonnante est en effet gardée par une belle troupe d'ours et autres gargouilles (même une chouette).

Citation :

C’est en 1864 que Thomas Dobrée, descendant d’une famille d’armateurs nantais et grand passionné d’art, décide d’édifier sa “maison romane” destinée à abriter ses collections. Il redessine la façade dans le style roman et, marque très personnelle, ajoute une tour carrée de 30 m de haut. Un serpent ailé qui s’agrippe à un coeur orne la face sud de la tour avec dessous une inscription en breton : ANN DIANAF A ROG AC’HANOUN, “l’incertitude me dévore” !
Alors que le musée départemental Dobrée est en rénovation par l’architecte Dominique Perrault jusqu’en 2015, une signalétique raconte l’histoire du site dans les jardins.

une chouette balade, merci Nezumi et Animal !

donc dans quelque temps le terre-plein sera orange ?

moi aussi j'aime ce carrousel et ne mangez pas toutes les crêpes !

Merci Bédoulène! Oui, les potirons devraient décorer sous peu la Place Graslin...

Jolie promenade ...Merci pour les photos...

nezumi a écrit:

Cool, je suis contente que ça vous aie plu, mais auriez-vous accepté de marcher presque non-stop la journée dans la pluie et le vent ?

Euh....moi non...

ça doit pouvoir s'envisager en déambulation tranquille dans un grand air qui appelle celui de la côte.

(je vais définitivement devoir me fournir avec un collier étrangleur pour les prochaines rencontres parfumées... )