Lecture en commun - Les Chouans (Balzac)

ah, mais c'est tout court, tu le liras en une soirée à peine!

bon, on va 'karambolager' sur ce fil.. je te dirais en luxembourgeois: eng Schëpp nogeheien = lancer encore une pelle dans le sens de "trouver encore des arguments pour convaincre la pauvre victime"

"lancer une pelle", mais c'est super risqué ça.
vous aimez vivre dangereusement vous au Luxembourg...

disons, dans la phrase employée on comprend (en luxembourgeois) que c'est plutôt le "contenu" qui est jeté, pas la pelle.. mais n'importe, tu as raison, on fait bien de porter des casques par ici

kenavo a écrit:

disons, dans la phrase employée on comprend (en luxembourgeois) que c'est plutôt le "contenu" qui est jeté, pas la pelle.. mais n'importe, tu as raison, on fait bien de porter des casques par ici

En français ça serait lancer une pelletée alors.

Nezumi a écrit:

En français ça serait lancer une pelletée alors.

ah merci..
j'adore les langues qui ont des petites finesses comme celle-là.. chez nous il n'y a pas de mot pour désigner cela.. et pas trop en allemand.. voilà les situations impossibles pour moi de trouver devant mon traducteur, heureusement il y a les parfumés qui agrandissent mon vocabulaire

Je t'en prie.

Je ne sais pas, mais il me semble sentir que tu n'es pas trop convaincue par Balzac ...Serait-ce du à la description des Bretons qui tue ?

non, non.. ce n'est certainement pas Balzac.. vraiment pas.. j'aime bien son écriture, vraiment.. même si ses descriptions des Bretons ne sont pas gentils.. je peux vivre avec (on ne peut pas avoir tous du bon goût ) mais c'est vraiment moi.. j'ai tellement du mal à me concentrer pour l'instant sur un livre.. mais je vais continuer, je veux vraiment

je ne dois pas avoir le discours de Hulot dans mon livre "abrégé" si Nezumi tu dis que c'est en attendant l'embuscade, soit avant les premiers tirs ?

Melle de Verneuil rejoint la ville de Fougères après le piège de la vivetière et l'auteur nous fait là aussi, pour la compréhension des évènements qui vont s'y dérouler, une description minutieuse de la ville et des contreforts y incluant les changements d'atmosphère par rapport aux éléments naturels - jour, nuit, soleil...-

Bédoulène a écrit:

je ne dois pas avoir le discours de Hulot dans mon livre "abrégé" si Nezumi tu dis que c'est en attendant l'embuscade, soit avant les premiers tirs ?

C'est en attendant l'embuscade, quand il surveille marche-à-terre du coin de l'oeil. Quand j'ai lu ce roman c'était aussi une édition abrégée car je me rappelle d'un récit plus dynamique et sans ces digressions bizarres.

bizarre de faire une édition abrégée, le livre n'est pas si long...

J'ai fait des recherches aussi sur Corentin, il me semblait bien l'avoir déjà croisé dans d'autres romans de Balzac, on le retrouve dans "Une étrange affaire" puis dans "Illusions perdues". C'est un personnage énigmatique, peu sympathique mais déterminé à atteindre son but coûte que coûte... un de ces personnages secondaires de Balzac que j'affectionne particulièrement.

Ah, mais c'était une édition très spéciale, une collection pour la jeunesse des années 50, la collection "rouge et or". ca ressemblait à ça et il y avait des illustrations à l'intérieur. C'était à mon père en fait.

Le début se lit comme un western ; d'ailleurs, ça se passe dans l'Ouest. On a des phrases bien de Balzac : "Les Chouans sont restés comme un mémorable exemple du danger de remuer les masses peu civilisées d'un pays. [...]Les haies si fleuries de ces belles vallées cachaient alors d'invisibles agresseurs. Chaque champ était alors une forteresse, chaque arbre méditait un piège, chaque vieux tronc de saule creux gardait un stratagème. Le lieu du combat était partout". (pages 41-42). Un peu avant (page 40), il parlait de "l'esprit d'une population ignorante, livrée à des préjugés dont les dangers seront accusés par les détails de cette histoire, et qui ne veut pas de notre moderne agriculture".
Western, donc, avec embuscade (titre du premier chapitre, d'ailleurs) et attaque de diligence.
On fait connaissance avec Hulot, chef de demi-brigade, et que l'on retrouvera, beaucoup moins vaillant, dans un des derniers romans de Balzac, La Cousine Bette (où il est maréchal, et frère du Baron Hulot d'Ervy, ce dernier ayant un des premiers rôles dans La Cousine Bette) .
Hulot a des soldats tout dévoués à la Révolution.

Citation :

"Ils montraient de ces figures héroïquement martiales dont l'insouciante résignation annonçait que, depuis la lutte commencée entre la France et l'Europe, leurs idées, n'avaient pas dépassé leur giberne en arrière et leur baïonnette en avant. Les lèvres ramassées comme une bourse dont on serre les cordons, ils regardaient leur commandant d'un air attentif et curieux." (page 51)

Balzac fait montre de sa connaissance des termes locaux, et des termes militaires.

On fait aussi connaissance de la partie adverse ; il y a une jolie femme, bien sûr, qui monte à cheval (qui évoque un petit peu Laurence, dans Une Ténébreuse Affaire : femme intrépide, même si la comparaison ne semble pas pouvoir aller très loin... l'avenir du livre le dira).

Pendant ce temps-là, au loin, cela bouge : Bonaparte est de retour à Paris, bien bronzé du soleil égyptien d'Aboukir.

Vient le deuxième chapitre.
Ah, deux femmes de plus, dans une voiture que Hulot et ses hommes escortent. Une belle inconnue - "belle" même si ses traits sont cachés, mais c'est une évidence que si son visage est dissimulé, c'est qu'elle est remarquablement belle - et sa compagne, ainsi décrite : "Le regard de ses yeux bleus n'annonçait pas d'esprit, mais une certaine fermeté mêlée de tendresse." (page 109).
Qui sont-elles exactement, et surtout que vont-elles faire ?
On est dans un roman, il faut maintenir le suspens, alors Balzac nous dit juste qu'il y a quelque chose oh la la la la, mais ne nous dit pas quoi, bien sûr...
La compagne demande :

Citation :

"[...] Oh ! Ne me direz-vous pas...
- Rien, dit la jeune demoiselle d'une voix ferme. Seulement sache-le bien ! je hais cette entreprise encore plus que celui dont la langue dorée me l'a expliquée. Je veux être franche, je t'avouerai que je ne me serais pas rendue à leurs désirs, si je n'avais entrevu dans cette ignoble farce un mélange de terreur et d'amour qui m'a tentée. Puis, je n'ai pas voulu m'en aller de ce bas monde sans avoir essayé d'y cueillir les fleurs que j'en espère dussé-je périr !" (page 113)

Tout ceci est fort mystérieux !