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| Festival d'Avignon | |
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Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Mer 28 Juil 2010 - 15:21 | |
| - Marko a écrit:
- coline a écrit:
- ON NE SAIT PAS
Avec Aymeric Pol et Céline Barbarin
Cette belle histoire peut induire un malentendu et donner l'illusion que la pensée autistique peut se libérer par l'imagination. Je n'y crois pas trop mais je trouve l'expérience intéressante et utile en complément des autres approches. C'est une expérience, elle n'est pas représentative d'une généralité , mais d'une réalité isolée qui fut l'expérience menée par Bauchau et un de ses patients, Orion...aujourd'hui artiste peintre... - Marko a écrit:
- Bauchau est vraiment un auteur à découvrir et à suivre. C'est un poète et un humaniste. Cette pièce lui rend un bel hommage qui mérite de toucher le plus grand nombre.
Le dira-t-on jamais assez? Merci de ton commentaire Marko! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| | | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Mer 28 Juil 2010 - 15:26 | |
| - coline a écrit:
- Marko a écrit:
- coline a écrit:
- ON NE SAIT PAS
Avec Aymeric Pol et Céline Barbarin
Cette belle histoire peut induire un malentendu et donner l'illusion que la pensée autistique peut se libérer par l'imagination. Je n'y crois pas trop mais je trouve l'expérience intéressante et utile en complément des autres approches. C'est une expérience, elle n'est pas représentative d'une généralité , mais d'une réalité isolée qui fut l'expérience menée par Bauchau et un de ses patients, Orion...aujourd'hui artiste peintre... J'ai le souvenir d'un jeune artiste peintre schizophrène incroyablement doué qui exposait et parlait génialement de son travail mais qui s'est un jour défenestré en se prenant pour un oiseau. L'art ne les libère pas de leur pathologie mais ceux d'entre eux qui ont du talent, comme n'importe qui d'autre qui aurait cette aptitude, l'expriment d'une façon tellement troublante. Je pense à Artaud, Janet Frame et tant d'autres. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Mer 28 Juil 2010 - 15:33 | |
| - Marko a écrit:
- J'ai le souvenir d'un jeune artiste peintre schizophrène incroyablement doué qui exposait et parlait génialement de son travail mais qui s'est un jour défenestré en se prenant pour un oiseau. L'art ne les libère pas de leur pathologie mais ceux d'entre eux qui ont du talent, comme n'importe qui d'autre qui aurait cette aptitude, l'expriment d'une façon tellement troublante. Je pense à Artaud, Janet Frame et tant d'autres.
J'entends bien que la pathologie hélas demeure, et que la pratique de l'Art ne les guérit pas... Mais quel média pour communiquer! Marko, on retrouve un personnage un peu semblable dans le dernier roman de Henry Bauchau: Déluge. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Mer 28 Juil 2010 - 15:53 | |
| - coline a écrit:
Marko, on retrouve un personnage un peu semblable dans le dernier roman de Henry Bauchau: Déluge. Il faut que je le lise... Bientôt! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Jeu 29 Juil 2010 - 19:31 | |
| JEUDI 22 JUILLET à 11h50 Théâtre La condition des SoiesONYSOS LE FURIEUX (texte de Laurent Gaudé)Une belle salle de forme arrondie aux murs de pierres. Lorsqu’on y pénètre, un comédien est déjà en posture, sur un banc, dans un décor de papiers sales au sol et d’affiches superposées, déchirées. Le décor figure le métro de New York et l’homme, un sans-abri en haillons, semble vieux. Il a le visage recouvert de poussière. Le spectacle commence. L'homme interpelle un passant. Ce dernier devra l’écouter conter sa longue histoire, vieille de plus de trois mille ans. L’homme du banc, c’est Onysos (reprise du mythe de Dyonisos). Le passant, c’est nous, spectateurs. Son lyrisme, sa voix rauque ou douce, son regard, nous happent dès les premiers mots et ne nous lâcheront plus. Onysos, est le fils d'Ino et de Jupiter. A sa naissance, à Tepe Sarab, il a été coupé en morceaux par un groupe d’hommes qui l’ont dévoré. Mais son cœur est resté intact alors Onysos renaît, il va se venger. Et venger aussi les pauvres, les sans voix. A Babylone il détruit tout. Il se rend ensuite aux enfers pour y chercher sa mère (j’ai pensé au roman de Gaudé paru il y a deux ans, La porte des Enfers) Ouis au bord du Nil, il tue Penthée. A Akko il découvre l’amour. A Troie il crée le théâtre. Et pour finir, aujourd’hui, il vit dans les couloirs du métro de New York. Le comédien, Giovanni Vitello, magnifique, est complètement habité par la fureur d’Onysos. C’est la lumière qui nous fait voyager à travers les lieux évoqués et les époques. Peu à peu, Onysos rajeunit, la crasse s’efface de son visage tandis qu’il raconte. Il se redresse. Le texte est violent et beau. Un grand moment de théâtre comme j'aime! | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Ven 30 Juil 2010 - 8:00 | |
| - Citation :
- ONYSOS LE FURIEUX
(texte de Laurent Gaudé)
Celui-ci aussi j'aimerais bien le voir! Merci encore pour votre reportage et vos commentaires précieux Marko et Coline, c'est un plaisir de vous lire, j'ai l'impression d'avoir été un peu en Avignon avec vous... Vous seriez des anges de reposter vos commentaires de Motobécane sur le fil du même nom ici, le mien se sentira moins seul, merci! (Je n'ai pas voulu les séparer de ce fil vu qu'ils forment un tout avec le festival) | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Ven 30 Juil 2010 - 14:31 | |
| - aériale a écrit:
-
- Citation :
- ONYSOS LE FURIEUX
(texte de Laurent Gaudé)
Celui-ci aussi j'aimerais bien le voir!
Merci encore pour votre reportage et vos commentaires précieux Marko et Coline, c'est un plaisir de vous lire, j'ai l'impression d'avoir été un peu en Avignon avec vous...
Vous seriez des anges de reposter vos commentaires de Motobécane sur le fil du même nom ici, le mien se sentira moins seul, merci! (Je n'ai pas voulu les séparer de ce fil vu qu'ils forment un tout avec le festival) Oui, tu as raison Aériale, je vais le faire... Je poste aussi en doublon sur les fils de Gaudé et Bauchau, Siméon etc... Queenie...Merci d'avoir mis le Festival d'Avignon au portail! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Ven 30 Juil 2010 - 16:33 | |
| Je passe rapidement sur deux spectacles... - L'un ne m'a pas enthousiasmée: " On ne badine pas avec l'amour" de Musset. J'avais envie de programmer un peu de classique et de ré-entendre de texte . Le résultat était très moyen. Trop irrégulier... - L'autre était carrément minable: L'amour de Phèdre. Nous étions six amis à vouloir voir une pièce de Sarah Kane. Il n'y en avait qu'une sur le festival... L'univers de Sarah Kane est déjà fort dérangeant...La Compagnie de L'Astre n'était vraiment pas à la hauteur. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Ven 30 Juil 2010 - 16:49 | |
| VENDREDI 23 JUILLET à 11h00 Théâtre du Chien qui fumeERENDIRADe Gabriel Garcia MarquezMise en scène de Sarkis TcheumlekdjianUn enchantement que ce spectacle plein de poésie !... « “L’incroyable et triste histoire de la candide Erendira et de sa grand-mère diabolique », c’est la nouvelle de Gabriel Garcia Marquez sur laquelle est construite le spectacle Erendira. Orpheline, Erendira, 11 ans, est élevée par sa grand-mère qui la fait travailler durement et à laquelle elle obéit sagement. Un jour, épuisée, la gamine s’endort en oubliant d’éteindre sa chandelle. Elle met le feu à la maison. La grand-mère va vendre la virginité de la fillette, avant de la prostituer. Pour qu’elle règle sa dette. Vidéo: regardez je vous en prie!... Erendira« Si les choses continuent de cette manière, tu m’auras payé ta dette dans huit ans, sept mois et onze jours, à raison de soixante-dix hommes par jour ».Les comédiennes qui jouent Erendira et la grand-mère portent des masques. Ce sont deux autres femmes, genre bohémiennes, admirablement vêtues de cravates, qui racontent et donnent voix aux personnages. Elles parlent en français et en espagnol. La mise en scène est très fidèle à l’univers à la fois fantastique, magique, merveilleux de Gabriel Garcia Marquez. On croit rêver…On est ébloui devant tant de grâce, de beauté, envoûté par l’histoire et par les superbes tableaux… Jeu d’acteur, voix, musique, danse et expression corporelle, lumière, effets, décors, costumes, tout est parfait, imaginatif et somptueux. Mais l’ambiance sonore et visuelle soulignent le drame. Bravo aux comédiennes :Magali Albespy incarne Erendira . Aude Pellizzoni est la grand-mère. Déborah Lamy et Catherine Vial sont les extraordinaires conteuses. Et vive le théâtre ! "La vie n'est pas ce que l'on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on se souvient." Gabriel Garcia Marquez | |
| | | coline Parfum livresque
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| Sujet: Re: Festival d'Avignon Sam 31 Juil 2010 - 15:02 | |
| VENDREDI 23 JUILLET Théâtre du Chêne noir à 15h30AGATHA de Marguerite Duras. Mise en scène de Daniel Mesguich. Avec William et Sarah Mesguich, ainsi que Charlotte Popon Sur la scène, un décor baroque mais sobre. Juste ce qu’il faut pour la mise en scène : des fauteuils, un miroir, un piano, une machine à écrire posée par terre à l’avant-scène. Ce sont les effets qui feront évoluer ce décor en cours de spectacle. On est dans une demeure familiale, remplie de souvenirs imperceptibles, nommée Agatha, où la sœur a donné un dernier rendez-vous à son frère avant de « partir pour toujours ». Le frère et la sœur s’aiment d’un grand amour de caractère incestueux, interdit, dont on ne sait pas vraiment s’il fut aussi charnel… Rien ne se passe…Ils parlent… C’est de cela qu’ils parlent, des souvenirs et de la permanence de cet amour… Ils se frôlent, s’évitent…apparaissent, disparaissent…L’effet (produit par de multiples, de trop nombreux effets) est onirique…Sont-ils réellement là en présence l’un de l’autre ?... Pour que le frère, en souffrance, brûlé par le désir, puisse approcher de plus près sa sœur qui se dérobe, Daniel Mesquich a inventé un double pour la jeune femme…C’est troublant…Et très Durassien ces trois personnages. Je suis allée voir ce spectacle avec des pieds de plombs. J’avais pris ma place dès dimanche. Or, depuis, je n’entendais que de mauvais échos…Oooooh…que c’est pompeux et chiant !...Oooooooh la famille Mesguich au grand complet !... Tout de même…Je voulais me rendre compte par moi-même…Et comme je m’attendais à être très déçue, je ne l’ai pas été du tout… Il faut dire : - que j’aime l’univers de Marguerite Duras, sa lenteur, son ressassement, sans action… - que Sarah Mesguich est une excellente comédienne (belle voix, belle présence, c’est fou ce qu’elle ressemble à son père !) - que la mise en scène et la scénographie étaient plus que soignées, même si trop sophistiquées… - que mon voisin de gauche était…mais oui !... Daniel Mesguich himself, lunettes sur le nez pour regarder le spectacle, lunettes relevées sur le front pour prendre des notes dans son petit carnet…(on a beau dire, ça a joué peut-être dans mon ressenti) Vidéo : Mesguich parle d'Agatha PS: Agatha est un texte de Marguerite Duras, inspiré de la lecture de Robert Musil: L'homme sans qualités (le tome II évoque (parait-il, je ne l’ai pas encore lu) un amour passionné entre Ulrich et sa soeur, Agathe. Cette Agathe, c'est un peu Duras elle-même qui était très « liée » à son plus jeune frère. « Il s’agit d’un amour qui ne se terminera jamais, qui ne connaîtra aucune résolution, qui n’est pas vécu, qui est invivable, qui est maudit, et qui se tient dans la sécurisation de la malédiction.» «Vous étiez très beau sans jamais vouloir le paraître, jamais, et cela donnait à votre beauté la grâce insaisissable de l’enfance » « Si je n’avais pas vécu l’histoire avec mon frère, je n’aurais pas écrit Agatha. C’est la conjugaison de deux faits : la lecture de Musil et mon adolescence avec ce jeune frère qui était un petit garçon très silencieux, pas apprivoisé, très beau en même temps, un peu scolairement retardé, adorable. Sûrement si je n’avais pas vécu tout ça, cette immensité de l’amour de ce petit frère, je ne l’aurais pas écrit ce livre. » [b][u] | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Dim 1 Aoû 2010 - 19:37 | |
| Me voici arrivée à la fin des commentaires que je voulais faire sur cette semaine au Festival d'Avignon. J'ai terminé sur une pièce qui m'a donné une grande claque...au point de m'ôter l'envie d'aller voir celle que j'avais programmée pour après... SAMEDI 24 JUILLET La Manufacture à 14h20UNE MINUTE ENCOREA partir de l'oeuvre " Auschwitz et après" de Charlotte Delbo (Editions de minuit) Mise en scène et interprétation : Thomas Germaine Sur le plateau, un tapis roulant d’entraînement et un homme qui va courir pendant 55 minutes en disant d’une voix remarquable, maîtrisée, sans aucun pathos, un long monologue construit sur des extraits du texte autobiographique de Charlotte Delbo, « Auschwitz et après ». Il n’y a que le texte et l’humilité d’un comédien extrêmement talentueux qui s’efface pour le délivrer presque dans la pénombre. Sa course, comme une urgence à le transmettre, comme un élan. L’effort qu’il fait (par respect, par devoir, par nécessité ?) pour lui donner tout son souffle, toute sa force. Remarquable ! Prenez le temps de regarder cette vidéo: Une minute encoreEt ne ratez pas ce spectacle s'il vient à passer près de chez vous... | |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Mar 3 Aoû 2010 - 9:30 | |
| Domreader a écrit: - Citation :
- Voilà tout ce que j'en sait : Adaptation de Nicolas Massadau, Production : Théâtre Les Gémeaux, Sceaux, Scène Nationale. - Lien du site, ici - Les deux déclencheurs ont été Céline et Jean-François Balmer !
Merci beaucoup pour ces infos. Cela me tente énormément. Encore merci Coline et Marko pour ce compte-rendu. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Festival d'Avignon Mar 3 Aoû 2010 - 11:53 | |
| - On se retrouve à minuit au plus tard au Palais des Papes alors. Tu as entendu minuit au plus tard au Palais des Papes. - Oui, oui... Et me voilà dans les rues d'Avignon un plan à la main, le manuel du festival dans l'autre et l'oeil fixer sur ma montre, outil indispensable pr m'organiser. On est arrivé tard, il presque une heure. Je commence à déambuler tranquillement afin de prendre mes marques, au détour d'une rue je tombe sur l'espace Alya. Je lis en lettres majuscules sur un affiche: On ne sait pas à 13H30Ne serait-ce pas cette pièce dont coline m'a parlé. Allons y alors! Un tout petit théâtre, trente fauteuils tout au plus. Une salle d'école. Des vagues bleues sur un mur blanc. Un escalier qui mène sur l'extérieur. Un labyrinthe au loin. Orion ouvre maladroitement la porte de la classe. Il est grand, un peu courbé, comme si son corps avait du mal à contenir son esprit dérangé. Avec lui entre dans la salle dans un ouragan de violence trois cent chevaux blancs, ils galopent, soulèvent un nuage de poussière, bondissent, animaux sauvages affolés par l'étroitesse du monde civilisé. Ils ne sortent que la nuit murmure Orion secoué de tremblement, que la nuit au milieu des rues de Paris. Les voyez vous, les voyez voyez vous Madame! Ils sont forts, ils sont beaux et terrifiants. Ils chassent le démon!Ils le chassent loin de moi! Orion parle à une femme brune assise sur une chaise derrière une table au milieu de la pièce et qui le regarde avec tristesse. Elle a du mal à les voir elle ces chevaux ivres de liberté lâchés dans les rues de la capitale, mais elle essaie, elle essaie. Elle lui fait dessiner ses démons intérieurs sur de larges feuilles blanches, le pousse à extérioriser. Tu seras peintre lui dit-elle avec force, elle soutient cet être perdu par la seule force de son regard, tu seras peintre, tu m'entends, peintre!! On ne sait pas répond faiblement et invariablement Orion... On ne sait pas... Lui, l'autiste de l'hôpital de jour, un peintre... Oui il le faut! c'est une porte de sortie c'est un espoir. Peint! peint le ce démon de Paris, emprisonne le sur le papier, empêche le d'hurler dans ta tête, apprivoise le! Mais c'est sans compter sur les rayons atomisant. Ils brûlent, ils détruisent ce semblant de calme qu'Orion tente d'atteindre. La douleur physique qui déchire le visage d'Orion vient de ces rayons là, de ces rayons de feux qui le mitraillent de toutes parts, qui le "bazardifient", le "rayonnisent". Ils sont lancés par le démon de Paris. Il est là lui, toujours là dans sa tête. Ce "on" qui l'empêche d'être "normal"... "On" a failli mettre le feu à l'autobus ce matin, cet autobus qui ressemble à un chien, "on" aurait voulu le mordre. Mais "on" ne l'a pas fait parce qu'autrement tu n'aurais pas été contente. Toi la psycho-prof-un-peu-docteur comme dit maman. Mais "on" aurait tellement voulu le mordre! et puis ces rayons qui brûlaient! et puis ces centaines de chevaux lancés au galop dans sa tête! Cela faisait mal! Mal! Orion appuie sur son crâne à le briser, son élocution est mauvaise. En lui le désordre est complet. Il attrape une chaise et l'envoie se fracasser contre la fenêtre. Il cherche à mordre, il mord. Puis il se réfugie hurlant de terreur sous la table contre laquelle il se tape la tête au rythme de ses sanglots. Orion est à la fois Thésée ,le beau Thésé, le courageux, l'élu des dieux, celui qui possède le fil d'or obtenu par amour, et puis aussi le minotaure, le terrifiant monstre, ni homme ni animal, en marge des deux mondes et qui trouve refuge dans un labyrinthe construit à sa mesure. Le "Je" doit tué le "On". Thésé doit tué le minotaure. Il faut qu'Orion soit "normal", qu'il arrête de parler fort, de gesticuler, de postillonner, qu'il fasse taire toutes voix intérieures. Le chemin est long. Que de fautes! Que de fautes! crie avec une violence inouïe Orion lorsqu'il fait une dictée. Que de fautes! résonne comme un accusation terrible venue d'une instance suprême, venue des sommets du ciel. C'est le démon de Paris toujours lui qui le bombarde des ces rayons paralysants. Que de fautes! lui rappellent avec insistance son "anormalité", son impuissance, sa culpabilité! Que de fautes! reprend en litanie le démon de Paris par la bouche de l'adolescent. Que de fautes! que de fautes! On sent la femme terriblement impuissante dans ces moments là. Comment calmer physiquement un adolescent qui la dépasse en poids et en force. Comment par la seule force de sa voix faire taire un ouragan de fureur. Un enfant fou emprisonner dans un corps d'adulte... Elle y arrive tant bien que mal. Ses efforts l'épuisent mais elle ne lâche pas. Orion y arrivera, il dira enfin "je"....Orion qui lui rappelle à la fois sa mère perdue et son enfant mort. Il faut mettre des barrières, c'est une nécessité, pas de bisous quand on est payé. Juste des lettres. Il ne faut pas se laisser envahir. Même si le temps d'un songe on embarque au bord d'un bateau en direction de la crête qui prend alors des allures d'île sauvage et mystérieuse. Orion rêve, Orion raconte il a la poésie pour lui et son pouvoir d'évocation. Venez madame créons un immense instrument de musique à la hauteur du vent! Venez, venez! Allons nous baignez dans la rivière, montons sur le mât du bateau! Allez! L'imagination d'Orion est vivante et puissante. Dans ses délires picturaux, il crée dans une explosion de vie. Son pouvoir de création gagne même la jeune femme qui retrouve à son contacte son goût pour l'écriture. Orion deviendra peintre et sculpteur. Il abandonnera progressivement ce" on", pour un "je" humanisant. Le message est beau... si seulement l'art pouvait avoir de telles vertus transcendantes... Je reste dubitative quant à de tels pouvoirs... Combien d'autistes ont une imagination et une sensibilité semblable à celle d'Orion... Combien de malades pourraient guérir par la seule force de l'art... Un cas médicalement lourd n'est pas forcément réceptif... et de telles techniques peuvent paraître bien légères... Les acteurs étaient réellement convaincants, lors des crises de fureur d'Orion je ressentais l'impuissance de la jeune femme avec force. J'avais réellement peur lorsque ces crises atteignaient leur paroxysme. Peur pour lui, peur pour elle. J'ai ressenti également le même mal aise qu'il m'arrive de ressentir lorsque je me trouve en face de personnes handicapés. Je peine à avoir un comportement normal et serein. Chose stupide sûrement mais bien réelle... Je salue le jeux du comédien qui a su sans caricaturer rendre la réalité de son personnage. Impressionnant également toute l'énergie qu'il a mis dans son rôle. Quant à la comédienne, il en faut de la présence pour maintenir son personnage face à Orion, véritable avalanche de mots et de gestes. Elle m'a touché profondément. On la sentait perdue, dépassée quelque fois au milieu de toute cette souffrance. Lutter, recommencer dans la grisaille du quotidien, la foule, le métro, son travail dans une centre pour adolescents psychotiques, Orion, Orion et ses gouffres de lumières.... Elle est fragile, faussement forte. Mais elle résiste, refuse de laisser s'échapper Orion, de le laisser glisser dans des abîmes sans fond. Elle le drape de poésie pour le protéger du monde comme on emmaillote un enfant qui vient de naître. - coline a écrit:
- J’ai eu l’occasion de discuter quelques jours plus tard avec la comédienne qui m’a parlé des difficultés qu’ils eurent à transposer le spectacle dans ce lieu-là (ah ! les scènes sont chères en Avignon !) mais aussi de l’enthousiasme qui les a poussés dans ce projet.
L'actrice nous a proposé également de l'attendre à la buvette le temps qu'elle range le matériel pour parler de la pièce. Je n'ai pas osé y aller. Je ne connais pas Bauchau, ne l'ai jamais lu et me sentais un peu perdu au milieu de tous ses adultes. Maintenant je le regrette un peu. - Marko a écrit:
- La seule réserve à mon sens ne concerne pas la pièce elle-même mais le propos. Cette idée que le vécu hallucinatoire du psychotique et le récit mythologique entretiennent des correspondances troublantes me semble très juste mais malheureusement de façon bien plus archaïque le plus souvent. Ils sont bien peu à avoir une telle richesse imaginative et même si l'art est un moyen merveilleux de sublimation de ces angoisses, il est bien impuissant à les libérer davantage de leur mal. La psychanalyse a été souvent remise en cause dans le domaine de l'autisme et de la psychose infantile au bénéfice de programmes comportementaux probablement plus pertinents car de nature à mieux stimuler les champs cognitifs encore opérationnels. Cette belle histoire peut induire un malentendu et donner l'illusion que la pensée autistique peut se libérer par l'imagination. Je n'y crois pas trop mais je trouve l'expérience intéressante et utile en complément des autres approches.
Oui, c'est exactement ce que je pense, sans connaître tous les méandres de ces disciplines.
Dernière édition par Lara le Mar 3 Aoû 2010 - 12:30, édité 3 fois (Raison : Orthographe) |
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