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| Sophocle [Grèce] | |
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+7GrandGousierGuerin Sullien eXPie Constance Arabella coline colimasson 11 participants | |
Auteur | Message |
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colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Sophocle [Grèce] Mar 30 Avr 2013 - 15:24 | |
| Sophocle (495 av. J-C - 406 av. J-C) Biographie - Citation :
- Sophocle, sans doute le plus grand tragédien athénien, obtient un succès à l'image de la grandeur de la cité. A 30 ans, il remporte un concours dramatique face à Eschyle et, dès lors, enchaîne les concours avec une régularité et un éclat jamais démentis. Avec cent vingt-trois tragédies dont seulement sept nous sont parvenues, tel 'Antigone' et 'Oedipe roi', Sophocle a donné sa forme définitive au genre tragique. Il poursuit l'oeuvre d'Eschyle en faisant passer le nombre de comédiens de deux à trois et a développé la trilogie libre où chaque épisode est indépendant des autres. Si la vie de Sophocle est placée sous le signe de la lumière, il n'en va pas de même pour ses personnages, écrasés par leur destin et sombrant toujours plus dans l'obscurité, à l'instar d'Oedipe, roi condamné par les dieux à la cécité.
Bibliographie- Ajax - Antigone - Les Trachiniennes - Œdipe roi - Électre - Philoctète - Œdipe à Colone - Les Limiers - les pièces perdues... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Mar 30 Avr 2013 - 15:26 | |
| Ajax (445 av. J-C) Pour apprécier Ajax, il est certainement nécessaire d’avoir une bonne connaissance du monde de l’Antiquité grecque. Il faut aussi accepter de se projeter deux millénaires et quelques siècles en arrière pour saluer la maturité précoce d’un théâtre qui n’a rien à envier à la plupart des pièces d’aujourd’hui et pour reconnaître l’importance des valeurs et des croyances de cette société. Pour ma part, je me suis aventurée à la rencontre de cet Ajax comme je l’aurais fait pour n’importe quel autre livre : sans chercher particulièrement à me glisser dans la peau d’un contemporain de l’œuvre pour en apprécier plus de subtilités que je n’aurais naturellement pu en dénombrer. Ajax est un personnage furieux. En proie à la colère après que son ami défunt, Achille, a confié ses armes à Ulysse alors qu’il pensait pouvoir les recevoir de bon droit, il décide de massacrer Ulysse et ses compagnons. Berné par la déesse Athéna, il s’illusionne et massacre en réalité des troupeaux de bêtes. Lorsqu’il prend conscience de son erreur, la honte l’accable. Pour épargner à sa famille et à sa lignée l’humiliation due à ses actes, il décide de se suicider. Cris, pleurs et tragédie de sa compagne Tecmesse qui tente de l’en dissuader. Rien n’y fait. Ajax s’échappe en douce et se retire au loin pour se donner la mort. Cette mort sera d’autant plus inutile que Teucros, le frère d’Ajax, accoure bientôt pour lui faire part que les dieux se sont exprimés à travers l’oracle et lui auraient pardonné aisément sa fureur s’il était resté cloîtré chez lui le temps de la pénitence. Mais trop tard, le mal est fait… Teucros veut honorer son frère dignement et lui accorder une sépulture, ce que le roi Agamemnon refuse. Surgit à ce moment-là Ulysse –le grand, le fort, le majestueux ! Eliminant d’un revers de main toutes les querelles qui nous ont rasées jusqu’alors, il ordonne qu’on donne une sépulture au vilain petit Ajax. Et tout le monde de rester béat d’admiration devant ce personnage sans rancune, que la colère d’Ajax aurait pourtant dû tuer. Moralité de l’histoire ? Avant l’avènement de Jésus-Christ, Sophocle préfigure l’adage : « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche » -sachant que la gifle sur la joue droite a été évitée de peu, et qu’Ulysse ne risque rien à tendre sa joue gauche puisque Ajax est mort. Ceci ayant été compris, la pièce d’ Ajax n’a rien de superbe. Pleine d’emphase, elle fait trembler chacun de ses personnages devant ces grandes figures éthérées que sont les Vertus. Courage, humilité, modération, amitié et amour… on retourne avec Sophocle aux temps où l’individu n’était encore qu’une partie d’un tout. C’est pourquoi la mort, même si elle reste tragique aux yeux des survivants, reste un moyen d’expression naturel parmi tant d’autres. Pour l’immersion dans la civilisation grecque : bravo Ajax ! on sera certes dépaysé. Pour autant, difficile de dire qu’on se passionne pour ces aventures qui mêlent guerre, dieux et combats. Bien que les ressorts de cette tragédie se déroulent à un niveau symbolique qui rend possible leur transposition à de nombreux autres égards, la leçon d’humilité qui en découle –plus violente que le Sermon sur la Montagne- est si grandiloquente et finalement si contradictoire avec le fond de la morale qu’elle ruine la crédibilité des personnages. Mais peut-être est-il si difficile de comprendre toute cette agitation parce que les personnages, mus par leur envie d’égaler les dieux qui les entourent, cherchent sans cesse à contredire Athéna lorsqu’elle demandait, sur le ton de la provocation : « De quoi as-tu peur ? Il n’a jamais été qu’un homme » ? Qu’à cela ne tienne, Athéna. Les hommes jouent de leurs vertus pour se faire une place dans les cieux et dans la mémoire de leurs semblables… Difficilement compréhensible aujourd’hui, Ajax laisse dubitatif.
TECMESSE. – Ce que je souffre, tu peux bien t’en faire une idée ; mais je suis seule à le savoir. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Mar 30 Avr 2013 - 15:42 | |
| Oh...Colimasson...Merci d'ouvrir ce fil! (de révision pour moi, je n'ai pas le temps de tout relire!) | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Mar 30 Avr 2013 - 18:25 | |
| C'est sûr que c'est un monde très loin du notre. Et qu'Ajax n'est- pas le pièce la plus marquante de Sophocle, certains considèrent qu'elle doit dater de ses débuts. Elle est très difficile à appréhender pour nous, car au centre se trouve la notion de l'honneur, essentielle à un un héros, bien plus importante que la vie. C'est parce qu'il l'a perdu, à cause de la vengeance d'Athéna, qu'Ajax se donne la mort. On est aussi devant une autre notion qui nous est étrangère, la toute puissance divine qui se manifeste, et qui transforme, les hommes, quels qu'il soient, puissants, héroïques, sages, vertueux en jouets des Dieux. Et l'importance de la sépulture, que l'on retrouve dans Antigone. Par forcément facile de s'identifier pour un lecteur contemporain. C'est un vrai voyage. Mais si on gratte un peu, on retrouve bien des universels, le permanent dans les rapports humains. Le besoin de mieux faire que les autres, d'être le premier. Ne pas supporter le ridicule. Les luttes pour le pouvoir. Et les attachements, leurs poids et leurs contradictions.
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| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Mar 30 Avr 2013 - 19:36 | |
| Pas de révision pour moi, puisque je n'ai jamais lu Sophocle. Ne connaissant que l' Electre de Giraudoux et l' Antigone de Anouilh, après avoir découvert la tragédie de Philoctète sur le fil de Jean-Pierre Simon, je découvre à présent Ajax. Merci à Colimasson et à Coline de me permettre de m'enrichir de cette culture antique qui me fait défaut. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Jeu 2 Mai 2013 - 21:39 | |
| - Arabella a écrit:
- C'est sûr que c'est un monde très loin du notre. Et qu'Ajax n'est- pas le pièce la plus marquante de Sophocle, certains considèrent qu'elle doit dater de ses débuts.
Elle est très difficile à appréhender pour nous, car au centre se trouve la notion de l'honneur, essentielle à un un héros, bien plus importante que la vie. C'est parce qu'il l'a perdu, à cause de la vengeance d'Athéna, qu'Ajax se donne la mort. On est aussi devant une autre notion qui nous est étrangère, la toute puissance divine qui se manifeste, et qui transforme, les hommes, quels qu'il soient, puissants, héroïques, sages, vertueux en jouets des Dieux. Et l'importance de la sépulture, que l'on retrouve dans Antigone. Par forcément facile de s'identifier pour un lecteur contemporain. C'est un vrai voyage. Mais si on gratte un peu, on retrouve bien des universels, le permanent dans les rapports humains. Le besoin de mieux faire que les autres, d'être le premier. Ne pas supporter le ridicule. Les luttes pour le pouvoir. Et les attachements, leurs poids et leurs contradictions.
Tu décris à perfection cette pièce ! En effet, au centre d' Ajax se trouvent les notions de vertu, d'honneur, et les dieux jouent un rôle immense. Ils surplombent les destinées humaines -pour ne pas dire qu'ils les contrôlent. Tout les enjeux de cette pièce sont universels et nous donnent presque l'impression d'être confrontés à des allégories. Mais j'ai beau me rendre compte de tout ça et en apprécier la qualité, je ne suis pas transportée pour autant. C'est une belle leçon de vertu, mais un peu creuse et peut-être trop idéaliste. Sans doute est-ce dû à la place accordée à l'homme par rapport aux dieux à cette époque ? Quoiqu'il en soit, c'est dépaysant... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Jeu 2 Mai 2013 - 21:53 | |
| - colimasson a écrit:
- Mais j'ai beau me rendre compte de tout ça et en apprécier la qualité, je ne suis pas transportée pour autant. C'est une belle leçon de vertu, mais un peu creuse et peut-être trop idéaliste. Sans doute est-ce dû à la place accordée à l'homme par rapport aux dieux à cette époque ?
Quoiqu'il en soit, c'est dépaysant... On doit tellement en perdre, à travers la traduction, le contexte, tout... Déjà, on verrait représenté le texte dans les conditions de l'époque, avec musique et tout... Mais de tout l'aspect poétique de la langue, que nous en reste-t-il ? | |
| | | Sullien Sage de la littérature
Messages : 1591 Inscription le : 23/10/2012
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Jeu 2 Mai 2013 - 23:16 | |
| @ eXPie (je n'ai pas le temps de lire les autres messages maintenant ) : pour ce qui est des conditions de la représentation dramatique, je suis personnellement sensible aux analyses mises en oeuvre par F. Dupont dans ce qu'elle a pu appeler "ethno-poétique" ( La voix actée), et qui l'a amenée à comparer, dans une perspective purement théorique (mais, hélas, pour tout ce qui touche l'Antiquité, nous sommes condamnés au monde des hypothèses), ce que pouvait être le théâtre en Grèce antique et même à Rome avec certaines performances musicales nouées dans le sacré, dont elle a pu être le témoin dans des tribus africaines et asiatiques... W. Marx se réfère de son côté au no japonais, mais c'est seulement pour mieux établir l'irréductible distance qui nous sépare du théâtre grecque, non pour nous en rapprocher... Un dossier très lourd, que je maîtrise mal bien sûr, mais qui mérite qu'on s'y intéresse. Quant à l'aspect poétique de la langue grecque, je vois mal le sens de ta question, eXPie... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Jeu 2 Mai 2013 - 23:34 | |
| Oui, tu fais bien de souligner, Sullien, ce que nous reste des tragédies grecques est très partiel, le rôle de la musique par exemple qui était essentiel dans les représentations et dont il ne nous reste rien. Et comment étaient dit ces textes, ou psalmodiés. Les costumes, la façon de bouger des acteurs. Y rechercher un réalisme psychologique est illusoire. Le lien avec le sacré est questionnant, même si on voit une nette évolution, rien qu'en comparant Eschyle, Sophocle et Euripide dans le rapport au divin. Comme sans doute le rapport au divin de toute la société de l'époque a évolué.
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| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Ven 3 Mai 2013 - 8:22 | |
| - Sullien a écrit:
- Quant à l'aspect poétique de la langue grecque, je vois mal le sens de ta question, eXPie...
Ce que je voulais dire, c'est qu'on (= les non hellénophones) porte un jugement (enfin, une modeste appréciation) sur le texte traduit de la pièce, pas vraiment sur la pièce originale. Et quand on met en regard les traductions différentes, on a parfois l'impression que ce n'est pas la même pièce : traduction en prose ou en vers... ça change tout ! mais il est tellement difficile de rendre les vers... Imagine une pièce de Racine (Andromaque, par exemple) traduite en prose... Ce problème est bien sûr celui de toutes traductions, mais les vers perdent encore plus à la traduction que la prose, non ? J'ai l'impression que dans le cas des tragédies grecques, on cumule les difficultés de restitution, que la barrière, et donc la distorsion, est immense. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Ven 3 Mai 2013 - 8:52 | |
| En même temps c'est peut être aussi ce côté mythique, on ne saura jamais à quoi cela ressemblait vraiment qui créé une partie de la fascination et de la magie, on peut imaginer, projeter dans ce qui reste. Un peu ce que l'on veut. C'est ainsi que l'opéra est naît à la charnière du XVIe et XVIIe siècle à Florence...
Mais malgré tout je pense qu'il reste quelque chose de très puissants de ces textes même en traduction. Cela m'avait fait un effet fou quand je l'avais découvert. Enfin sauf Sophocle, mais je crois que cela vient de ma réticence au classicisme. Mais Eschyle et Euripide. Le plus fort et étrange, les morceaux de choeur, d'une poésie étrange et envoûtante. Mais la traduction compte évidemment, il y a en une que je trouve illisible, "Les tragiques grecs" dans la collection Bouquin. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Ven 3 Mai 2013 - 9:14 | |
| - Arabella a écrit:
- Mais malgré tout je pense qu'il reste quelque chose de très puissants de ces textes même en traduction. Cela m'avait fait un effet fou quand je l'avais découvert. Enfin sauf Sophocle, mais je crois que cela vient de ma réticence au classicisme. Mais Eschyle et Euripide. Le plus fort et étrange, les morceaux de choeur, d'une poésie étrange et envoûtante. Mais la traduction compte évidemment, il y a en une que je trouve illisible, "Les tragiques grecs" dans la collection Bouquin.
Ce sont des vers, ou de la prose ? Quand on colle trop au texte d'origine, c'est très difficile à comprendre sans une multitude de notes, et si on modernise trop, le texte perd beaucoup... (j'ai Eschyle et Sophocle en Garnier-Flammarion, et Euripide en Folio ; le tout choisi après pas mal d'hésitations et de comparaisons... mais les bibliothèques ne sont pas loin, pour compléter. J'avais dû regarder le texte chez Bouquins, je suppose, mais aussi au Livre de Poche ("Les tragiques grecs, théâtre complet"), mais tout ne me plaisait pas). | |
| | | Sullien Sage de la littérature
Messages : 1591 Inscription le : 23/10/2012
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Ven 3 Mai 2013 - 11:18 | |
| - Arabella a écrit:
- Oui, tu fais bien de souligner, Sullien, ce que nous reste des tragédies grecques est très partiel, le rôle de la musique par exemple qui était essentiel dans les représentations et dont il ne nous reste rien. Et comment étaient dit ces textes, ou psalmodiés. Les costumes, la façon de bouger des acteurs. Y rechercher un réalisme psychologique est illusoire. Le lien avec le sacré est questionnant, même si on voit une nette évolution, rien qu'en comparant Eschyle, Sophocle et Euripide dans le rapport au divin. Comme sans doute le rapport au divin de toute la société de l'époque a évolué.
C'est très vrai ! * Et c'est sans doute la raison pour laquelle on peine parfois à lire la tragédie grecque, avec nos yeux de modernes. Néanmoins, malgré le travail indispensable d'archéologie en amont du texte, je pense comme toi que par-delà la traduction, il persiste une certaine magie, une certaine puissance * D'ailleurs, colimasson l'a bien vu en soulignant l'aspect un peu hiératique de ses personnages (j'ai cru lire "allégorie", mais ça, c'est une autre histoire). - eXPie a écrit:
- Sullien a écrit:
- Quant à l'aspect poétique de la langue grecque, je vois mal le sens de ta question, eXPie...
Ce que je voulais dire, c'est qu'on (= les non hellénophones) porte un jugement (enfin, une modeste appréciation) sur le texte traduit de la pièce, pas vraiment sur la pièce originale. Et quand on met en regard les traductions différentes, on a parfois l'impression que ce n'est pas la même pièce : traduction en prose ou en vers... ça change tout ! mais il est tellement difficile de rendre les vers... Imagine une pièce de Racine (Andromaque, par exemple) traduite en prose... Ce problème est bien sûr celui de toutes traductions, mais les vers perdent encore plus à la traduction que la prose, non ?
J'ai l'impression que dans le cas des tragédies grecques, on cumule les difficultés de restitution, que la barrière, et donc la distorsion, est immense. L'équation comporte beaucoup d'inconnus, c'est vrai. Mais est-on si loin de la poésie russe, par exemple, dont bix disait qu'elle "passe difficilement en français" ? Le problème de la traduction n'est pas propre au vers grec, et c'est, au fond, à chaque traducteur d'expliquer sa démarche : tel emploiera l'alexandrin parce qu'il estime qu'il reproduit bien les résonances culturelles du vers grec, tel plutôt le vers libre ou la prose de manière à restituer plus fidèlement le souffle de la phrase originale, tel préférera moderniser le texte entendu qu'une traduction est transmission, tel autre qu'il faut rester au plus près du texte au titre que la traduction est avant tout restitution, etc. Je ne trouve plus la vidéo dans laquelle P. Veyne rappelle tous ces enjeux (il disait notamment, avec son humour habituel : "une bonne traduction ? C'est une bonne trahison") et explicite la voie qu'il a empruntée pour traduire l'Enéide de Virgile. Dommage, parce que c'était très intéressant... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Sam 4 Mai 2013 - 21:40 | |
| Tout ce que vous dites m'ouvre les yeux sur le gouffre qui sépare Sophocle dans son contexte et Sophocle sur papier, des dizaines de siècles plus tard. Question : est-il donc absurde de continuer à le lire aujourd'hui ? Est-ce que ça n'équivaut pas à une hérésie ? - Sullien a écrit:
* D'ailleurs, colimasson l'a bien vu en soulignant l'aspect un peu hiératique de ses personnages (j'ai cru lire "allégorie", mais ça, c'est une autre histoire).
Raconte-moi cette histoire... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Sophocle [Grèce] Sam 4 Mai 2013 - 21:46 | |
| Ce n'est pas plus absurde que de lire plein d'autres choses, ou pas plus absurde que d'exposer des statues antiques dans des musées. Et comme le dit Sullien, une émotion peut passer, quelque chose qui au-delà, des siècles et des contextes parle toujours. Mais j'avoue très franchement qu'autant j'avais ressenti un grand choc à la lecture d'Eschyle ou d'Euripide, autant Sophocle | |
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