Voyages Virtuels

Les livres rencontreront encore longtemps leurs lecteurs. Voilà qui nous rassure !

marc et cie a écrit:

Les livres rencontreront encore longtemps leurs lecteurs. Voilà qui nous rassure !

La tête de l'hydre de Carlos Fuentes



A huit heures précises du matin, Felix Maldonado arriva au Sanborns de l'avenue Madero. Ça faisait des années qu'il n'avait pas mis les pieds dans le fameux Palais des Azulejos. Il s'était démodé, comme tout le vieux centre de Mexico, tracé de la propre main de Hernan Cortés sur les ruines de la capitale aztèque. Félix pensait à ça en poussant les battants de bois et de verre de la porte d'entrée. (...)

Ce matin-là, Félix n'avait pas résisté à la tentation de perdre deux ou trois minutes. Il s'arrêta sur le trottoir d'en face et admira un bon moment la splendeur de la façade bleue et blanche du vieux palais colonial, les balcons de bois et les ornements churrigueresques de la terrasse. Il traversa la rue et entre rapidement dans le Sanborns. Il franchit le hall commercial et poussa la porte à carreaux biseautés qui conduit au patio, couvert de vitres opaques, qu'on avait aménagé en restaurant. L'une des tables était occupée par le professeur Bernstein.

dépaysant

On continue la visite de Mexico ??

Il y avait des années qu'il n'avait pas descendu l'avenue Madero jusqu'à la place de la Constitution.

Place de la Constitution

Il se disait que, comme le pays tout entier Mexico avait des parties développées et des parties sous-développées. Franchement il n'aimait pas ces dernières. Le vieux centre était un cas particulier. Si on maintenait son regard dirigé vers le haut, on évitait le pullulement désagréable des petites gens, on pouvait sélectionner les beautés de certaines façades et couronnements. C'était très beau, le temple de la Profesa, le couvent de San Francisco et le palais d'Iturbide, pierres rouges volcaniques, portails baroques d'ivoire pâle.

Temple de la Profesa

Couvent de San Francisco

Palais d'Iturbide

Félix se dit que c'était une ville dessinée pour des maîtres et des esclaves, aztèques ou espagnols. Ça ne lui allait pas, ce méli-mélo de gens ayant quitté depuis peu le vêtement blanc du paysan ou la salopette bleue de l'ouvrier et s'habillant mal, en imitant l'élégance des classes moyennes, mais ne le faisant vraiment qu'à moitié. Les Indiens, si beaux sur leurs lieux d'origine, minces, propres, secrets, devenaient à la ville laids, sales et gonflés de limonade.

 

VOYAGES IMAGINAIRE : Alberto MANGUEL. - R. Laffont/Bouquins


"À l'heure de Google et d'Internet, Alberto Manguel nous rappelle dans ce livre que le rêve et l'imaginaire restent à travers la littérature un des meilleurs moyens de voyager.
L'écrivain Alberto Manguel montre dans ce recueil de récits de voyages la part essentielle que l'imagination a toujours occupée dans la découverte du monde. Depuis l'origine, les hommes ont éprouvé le besoin de s'inventer des royaumes et des terres lointaines qui n'existent pas encore dans la réalité. L'Iliade et l'Odyssée, avant Robinson Crusoe, en sont de merveilleux exemples. « Beaucoup des premiers voyages sont des quêtes de l'impossible », souligne-t-il. Tout périple est une quête à la fois magique et spirituelle. Dans sa préface, Manguel restitue au voyage sa dimension d'utopie en évoquant Thomas More et en citant Stevenson : « Mieux vaut voyager avec espoir qu'arriver à destination. »
Contrairement à la géographie des encyclopédies et des atlas, la géographie imaginaire n'a pas de frontières. Ses lieux existent dans un espace illimité et occupent un paysage dont l'abondance est infinie – les rives d'Utopies, le pays des Merveilles, l'Eldorado, le pays d'Oz, l'île de Peter Pan, les enfers et le paradis de Dante, l'Odyssée d'Ulysse, les voyages de Gulliver, l'île de Robinson, le château de Kafka...
Alberto Manguel a choisi parmi d'innombrables textes six oeuvres originales et méconnues, dont celles d'auteurs canadien, américain et hongrois. L'une d'elle, Herland de Charlotte Perkins Gilman, est ici traduite pour la première fois en français.
Ce volume contient :
Denis Vairasse, Histoire des Sévarambes, 1675-1679
Abbé Pierre François Guyot Desfontaines, Le Nouveau Gulliver, 1730
Étienne Cabet, Voyage en Icarie : roman philosophique et social, 1839
James De Mille, L'Étrange Manuscrit trouvé dans un cylindre de cuivre, 1888 (traduit de l'anglais par Lauric Guillaud)
Charlotte Perkins Gilman, Herland, 1915 (traduit de l'américain par Bernard Hoepffner)
Fryges Karinthy, Capillaria, 1921 (traduit du hongrois par Judith et Pierre Karinthy)"

Laffont