Voyages Virtuels

Aériale, merci pour ton voyage réel - qui fait un beau complément aux voyages virtuels


Merci aussi à Coline pour cet ajout concernant le Négresco

Jolie tournure Kenavo!

Et puisqu'on est dans les mercis, Coline mérite le sien car, comme je le dis plus haut, revoir des lieux incontournables de ma ville me met toujours de bonne humeur

Je suis en train de lire un livre qui prend place à Belgrade.. et donc mon envie de faire un petit voyage par là


Hôtel Moskva, Belgrade

Citation :

Juin 1965. Arthur Miller vient d’accepter la présidence du PEN Club, sans trop savoir pourquoi, peut-être pour « le réveil de la solidarité entre les hommes au moment même où un credo d’individualisme sans entraves et l’hégémonie du succès personnel entreprenaient de balayer le paysage politique américain ». Il se rend à Belgrade, dans l’ »empire du Mal », dont parlera quelques années plus tard un président des Etats-Unis. On l’installe à l’hôtel Moskva, dont les deux clochons servent de point de repères dans la ville. C’est l’un des rares bâtiments à avoir résisté aux bombardements de deux guerres. Sa chambre est « l’énorme suite que l’on attribuait à Tito quand il venait en ville, cinq ou six chambres et salles de bains puant le pouvoir et l’ennui, une vraie cuisine et un salon-salle de conférence avec trois canapés et une gigantesque table de salle à manger rutilante sur laquelle on avait posé un vase de cristal taillé et trois roses de bienvenue ». Du balcon où Tito avait probablement fait quelques discours », il regarde les terrasses que l’hôtel déploie en été sur la place de Terazije, puis il referme la fenêtre d’angle.

Et voilà le livre en cause:


Vladimir Pistalo, Millénaire à Belgrade

Citation :

Présentation de l'éditeur
Cette ville, c'est Belgrade. Ce rêve, c'est celui de toute une génération : celle, désenchantée, de Boris, Ballé, Irina, Zora et Milane. Un groupe d'amis qui, à peine sorti de l'adolescence au début des années quatre-vingt, au moment de la mort de Tito, envisage, plein d'espoir, un avenir affranchi de la "pensée unique" jusque-là en vigueur. Tous s'accrochent avec une énergie farouche, et souvent délirante, au moindre soubresaut d'une ville qui voit les guerres successives l'engloutir. Une ville-héroïne dont l'ambiance rappelle la folie carnavalesque des films d'Emir Kusturica, et qui depuis toujours insuffle à ses habitants sa force et sa magie

.


Et le prologue qui est si beau que je suis déjà amoureuse de ce livre

Une légende sur les origines de Belgrade dit qu’un homme avait offensé les centaures qui, à l’aube des temps, vivaient dans les alentours du mont Avala. Les sabots des centaures furieux ébranlèrent le sol. Leurs glapissements déchirèrent le ciel. L’homme leur échappa de peu, une seule foulée, et se jeta dans la rivière. Il entendait des flèches siffler et pleuvoir ensuite sur l’eau. Les centaures s’arrêtèrent sur la berge, ils hennissaient et piaffaient dans la vase. Au beau milieu de la Save, le fuyard sortit la tête et prit une bouffée d’air. Le temps de nager jusqu’à l’autre rive, il engloutit quantité d’eau. Exténué, il s’effondra au pied de la butte rocheuse du Kalmégdan, au confluant de la Save et du Danube, et ferma les yeux.
Il rêva d’une ville.
Il rêva de sanctuaires et de palais. Il rêva d’une esplanade bordée de théâtres où déclamaient des poètes. Il rêva de vieilles personnes vigoureuses vêtues avec goût, et de femmes se promenant dans des parcs. Il rêva d’amants s’enivrant de leurs souffles échangés. Il rêva de sculptures sur les places et sur les façades. Il rêva de mille auberges, où l’on servait les mets de mille peuples. Il rêva de caves à vins agencées comme des bibliothèques. Il rêva d’une ville dont deux rivières drainaient tous les soucis, la laissant insoucieuse.
Il rêva de librairies et de maisons de thé, dans lesquelles on aimerait vieillir. Il rêva d’une ville où c’était un plaisir de suivre l’enchaînement des saisons. Il rêva d’un lieu dont les détails le charmaient et dont l’ensemble entretenait sa passion. Il rêva d’une ville. C’était une ville à l’éternel midi, sans crépuscule ni ombre. Au long des rues se promenaient des anges et, à leurs fenêtres, des femmes secouaient sur eux des taies pleines de confettis. Du haut de terrasses, des mains blanches s’agitaient en direction du rêveur.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, au-dessus de lui se tenait un ange. Il avait des yeux tels que l’homme n’en avait jamais vu. L’ange pointa un doigt vers le rocher surplombant les eaux et dit :
-Vois !
L’homme regarda dans la direction que désignait l’index de l’ange, et tout était là ! Sur la hauteur, se trouvait une ville. Des murailles, plus blanches qu’un os de seiche, brillaient dans le soleil. Des ensembles de constructions se superposaient dans un plaisant désordre.
Cela s’est passé bien avant que je naisse à Belgrade, là où j’ai connu Irina, dont je suis tombé amoureux. Et pourtant je parle de cet événement comme un témoin. La chose est possible, car tout cela est advenu dans le Temps des Rêves, qui précède le temps, vient après lui, se mêle à lui. Cela s’est produit dans un printemps sacro-saint, dans l’éternité, dans un « temps omniprésent, de partout et de toujours ». C’est pourquoi je peux témoigner de la joie du rêveur devant ces murailles qui, enfin, allaient le protéger de la sauvagerie hurlante.
De ses yeux effarés, le rêveur buvait son rêve accompli. Il n’avait plus qu’à ouvrir la porte de la ville et à s’y installer. Soudain, il se sentit trop petit pour endosser la responsabilité de son rêve. Il voulait crier. Il voulait hurler. Il voulait se cacher la tête sous l’aile. Le rêve, une fois réalisé, pouvait bien éclater, telle une bulle de savon. Les lèvres du rêveur se tordirent. Et il se rit de lui-même, et de ce qu’il désirait le plus au monde. Sur des jambes flageolantes, il fit un premier pas en arrière. Puis il en fit un deuxième, et un troisième. À l’instant où il tournait pour toujours le dos à la ville, retentit, depuis l’enceinte de craie, un cri strident de l’ange. Sans se retourner, le rêveur abandonna le songe interrompu et il s’en revint vers la sauvagerie hurlante.
Les dieux, qui avaient exaucé le vœu de l’homme, affligèrent la ville d’une terrible malédiction :
« Que ce lieu soit une plaie. Sitôt que sur cette plaie se formera une croûte, que des ongles sales l’arrachent. Que les générations des fils ne poursuivent jamais ce qu’ont entrepris les générations des pères. Que, dans cette ville, les gens moquent toujours ce qu’ils souhaitent le plus au monde. »
Et tel fut le châtiment des dieux, pour l’homme qui avait tourné le dos à son rêve.

Plus d'un mois que je n'ai pas fait de voyages avec vous


Je prends l'opportunité de l'ouverture du fil de Virginia Woolf pour visiter Londres avec vous



Clifford's Inn (disparu), Londres


L’image que j’ai trouvé du Clifford’s Inn ne ressemble pas du tout à ce que décrit Nathalie H. de Saint Phalle – mais n’importe.. elle me plait bien pour présenter Londres

Citation :

En novembre 1913, Leonard et Virgina Woolf reviennent d’une lune de miel en Espagne où ne semblent avoir compté que les moustiques ensanglantés écrasés sur la chaux des murs. Soucis de moustiquaires et d’un climat bien trop chaud. « La chèvre » - mais qui donc lui a donné ce surnom ? – s’est rendu compte que « la copulation ne l’intéressait pas ». Cela n’a fait que renforcer son désir de devenir un grand écrivain, sa décision d’aimer les mots et de souffrir pour eux. Les posséder et en être possédée. Ils se sont installés dans un lieu poussiéreux et curieux, la plus vieille auberge de Londres. Une maison bohème qu’ils aiment parce que Shakespeare et Chaucer ont dormi bien avant eux. Tout n’a pas changé. Trois cents ans plus tôt Samuel Pepys évoquait « cette horrible fumée qui obscurcit nos églises et fait paraître vieux nos palais, gâte nos vêtements corrompt l’eau… » Et eux-mêmes ne peuvent lire un livre à une fenêtre sans en voir les pages se noircir. Ensemble dans leur chambre du Cliffords’s, ils travaillent à un roman, chacun le sien, celui que Léonard termine enfin, celui de Virginia qui n’en finit pas parce qu0elle revient jusqu’à vingt fois sur la même page. Cette vie d’étudiants leur rappelle celle de Cambridge. Ils sont heureux.

Et on ne peut pas parler de Virginia Woolf sans parler du quartier Bloomsbury à Londres




Et dans ce quartier on retrouve le fameux British Museum – qui nous ramène à mon premier message de ce fil que j’ai ouvert avec une photo du Reading Room de ce même Musée
(à part la collection – la visite de ce musée vaut le détour à cause de cette coupole en verre)

C'est superbe Kenavo, j'adore Londres. J'y ai vécu 6-7 ans à peu près et je n'oublierai jamais. Quand je veux rentrer "chez moi", je vais là-bas

Epi a écrit:

C'est superbe Kenavo, j'adore Londres. J'y ai vécu 6-7 ans à peu près et je n'oublierai jamais. Quand je veux rentrer "chez moi", je vais là-bas

j'adore cette ville.. mais y vivre?? Tu nous raconteras un de ces jours

kenavo a écrit:

Epi a écrit:

C'est superbe Kenavo, j'adore Londres. J'y ai vécu 6-7 ans à peu près et je n'oublierai jamais. Quand je veux rentrer "chez moi", je vais là-bas

j'adore cette ville.. mais y vivre?? Tu nous raconteras un de ces jours

Y vivre était tout simplement formidable ! Bon, c'était dans les années 80 et beaucoup de choses ont changé depuis mais ces années sont sans aucun doute les meilleures de ma vie (pour l'instant, il y en aura peut-être d'autres ). C'est pour ça que j'ai une affection vraiment particulière pour les anglais, tout simplement, je les adore mais j'ai vécu grâce à eux des moments vraiment super, je ne suis donc pas objective

Kuala Lumpur



Un nouveau fil auteur qui me donne envie de faire un voyage avec vous

Chez Nathalie de Saint Phalle il y a Ernst Jünger et le passage de la comète de Halley en 1910 :

Citation :

Jünger, âgé de quinze ans, l’a regardée passer dans le ciel étoilé depuis le jardin de Rehburg où ses parents ont fait descendre dans la nuit leurs enfants. Son père s’est adressé à eux : « Entre vous tous, peut-être Wolfgang verra-t-il la comète encore une fois ». Wolfgang était le plus jeune, mais il fut aussi le premier à mourir, et c’est Ernst, l’aîné, qui en avril 1986, à quatre-vingt-onze ans, s’est envolé pour Kuala Lumpur, en Malaisie, l’un des points de la terre d’où la comète serait visible s’il n’y avait pas de nuages.
Le ciel restera couvert la veille et toute la nuit. Le rendez-vous cosmique semblait manqué, lorsque soudain, peu avant que le jour ne se lève, le 15 avril, il la vit !... « J’avais mes jumelles à la main. Effectivement – la comète de Halley apparaissait dans le ciel aussi clairement qu’autrefois à Rehburg, il y a soixante-seize ans, lorsque je l’avais vue avec mes frères et sœurs….."

Son fil est ICI

VENISE

J'avais déjà fait un voyage avec vous à Venise - ICI - à ce moment c'était pour boire un verre.. aujourd'hui c'est pour l'art qu'on y retourne



Claude Monet et sa femme Alice, place Saint-Marc, octobre 1908



Philippe Piguet, Monet et Venise

Citation :

Présentation de l'éditeur
Le voyage de Monet à Venise en 1908 est unique à plus d'un titre. En premier lieu, parce qu'il occupe dans le temps une période bien définie - du 30 septembre au 13 décembre 1908 - et que ce séjour, sorte d'intermède au milieu du cycle des Nymphéas, est le seul qu'il y fit. En deuxième lieu, parce que le peintre en rapporte un ensemble d'une trentaine de toiles, toutes travaillées sur le motif, dans la plus pure tradition impressionniste. Enfin, parce que cet ensemble ne fut présenté au public que quatre ans plus tard - du 28 mai au 15 juin 1912 - par les frères Bernheim-Jeune en leur galerie de la rue Richepance. Une histoire unique encore, parce qu'elle nous est contée, jour après jour, grâce à la correspondance d'Alice, l'épouse du peintre, à sa fille Germaine Salerou ; lettres qui nous permettent de saisir l'activité quotidienne de Monet avec son lot d'enthousiasmes et de doutes.

Sur une invitation de Mary Young Hunter, amie de John Singer Sargent (son fil est ICI – tiens, comme le monde est petit ), Claude Monet et sa femme se décident de visiter Venise en 1908.


Le Grand Canal, 1908

Alice Monet est l’arrière-grand-mère de Philippe Piguet à qui on doit ce livre.
Il a rassemblé des documents en relation avec ce voyage – lettres d’Alice Monet à sa fille Germaine, des cartes postales, des télégrammes.


Le Palais Ducal, 1908

On peut lire cette correspondance et voir quelques facsimiles de lettres, télégrammes et cartes postales. Une introduction concernant ce voyage et un suivi après la correspondance pour informer le lecteur ce qui s’est passé après. Le livre montre aussi les reproductions de 24 tableaux de 37 que Monet a fait à Venise.


Gondole à Venise, 1908
Tableau qui se trouve au Musée des Beaux-Arts à Nantes

Ma toile préférée de ses images de Venise – inachevé lors de son séjour il a voulu le laisser ainsi…

Un voyage

kenavo a écrit:

VENISE

J'avais déjà fait un voyage avec vous à Venise - ICI - à ce moment c'était pour boire un verre.. aujourd'hui c'est pour l'art qu'on y retourne



[size=9]Claude Monet et sa femme Alice, place Saint-Marc, octobre 1908

Superbe photo qui nous transporte dans un autre temps, merci Kena!
Ce livre me tente terriblement...

Je vais en parler à mon PN

aériale a écrit:

Superbe photo qui nous transporte dans un autre temps, merci Kena!
Ce livre me tente terriblement...

Je vais en parler à mon PN

Cette photo se trouve en premier dans le livre.. et j'étais contente qu'elle était sur Internet
et bonne chance pour les négociations avec ton PN

Merci Kéna

Et parce que Majeanne sur le fil d'Agatha Christie m'y a fait penser...


Une vue de la terrasse de l'Hotel Cataract à Assouan -Egypte- d'où Agatha Christie devait chercher l'inspiration en contemplant les félouques pour Mort sur le Nil (1933)





Une vue actuelle de l'hotel (réaménagé en 2002)

Un souvenir fabuleux pour nous que ces images!


Les photos numériques n'existaient malheureusement pas en 1981 lorsque nous y sommes allés et je n'ai pu poster les miennes.
Mais rarement je n'ai ressenti autant de quiétude et de magie que dans ces lieux ...On se serait cru oubliés du monde.

Merci pour ce voyage..

ROME

Après avoir constaté qu'il n'y a pas eu d'image du Caravage sur le fil une image en passant, j'ai eu envie de faire un petit voyage à Rome.

Et il y a plusieurs endroits pour voir le Caravage à Rome - mais l'endroit qui était pour moi 'décisif' était la Galerie Borghèse avec


St. Jerome 1605

Pour y arriver à cette image - on doit passer par ceci


Bernin, Apoll&Daphne


Et puis il y a l'église San Luigi dei Francesi qu'il ne faut pas rater pour voir 3 Caravage - mais le plus marquant pour moi est celui-ci


La vocation de saint Matthieu 1600

et pour terminer la journée - prendre un verre sur la Piazza Navona avec encore du Bernin devant les yeux




Et voilà que je dois lire que William Burroughs restait de glace:
Plus je découvre Rome, moins je suis emballé. Infiniment plus chère que New York, froide au point qu'on n'a jamais chaud, vu qu'il n'y a pour ainsi dire pas de chauffage. Cette ville n'a aucun intérêt
lettre du 2 janvier 1954 à Allen Ginsberg

La Valette, Malte


Evelyn Waugh, momentanément ruiné par ses dépenses « somptuaires » à l’hôtel Mena House du Caire, a l’idée d’un ingénieux stratagème : il écrit aux directeurs de deux principaux hôtels de La Valette…. « À chacun je racontais que j’avais l’intention de faire publier un journal de voyage à mon retour en Angleterre. J’avais entendu dire que son hôtel était le meilleur de l’île : serait-il disposé à me loger gratuitement pendant mon séjour à Malte en échange d’une mention aimable pour son établissement dans mon livre ? »… À l’arrivée, il voit venir à lui deux commissionnaires : « L’un avait ‘Hôtel Osborne’ en lettres dorées sur sa casquettes, l’autre ‘Hôtel de Grande-Bretagne’. Chacun tenait à la main une copie de la missive pour laquelle je sollicitais une chambre. Chacun prit possession d’une partie de mes bagages… »
[…]
Ne voulant pas « être en reste pour ce qui est de la gratitude », Evelyn Waugh fera la louange due dans les pages de Bagages enregistrés… « Si ma reconnaissance s’exprime de façon plus tempérée, elle n’en est pas moins sincère. Je vais donc répéter : le Grande-Bretagne est peut-être moins favorablement situé pour les golfeurs que le Gleneagles, la baignade est peut-être plus facile depuis la Normandie, il est plus pratique de faire ses achats au Grillon, le Russie se trouve sur une jolie place, on rencontre une société plus amusante au Cavendish, on dans mieux au Berkeley, on dort mieux au Mena, on mange mieux au Ritz, mais l’hôtel de Grande-Bretagne, La Valette, Malte, est le meilleur de l’île. Toute autre comparaison équivaudrait à brouiller les cartes. »

du livre: Hôtels Littéraires de Nathalie De Saint Phalle


Le livre en cause:



et le fil d'Evelyn Waugh se trouve ICI