Alejandro Gonzalez Inarritu

Bah.
Je sais pas.
Perso, je n'ai eu, à aucun moment, la sensation de ne pas comprendre le film.
Soit ils sont particulièrement stupides, soit je suis passée à côté d'un truc...

J'avoue que j'ai une nette préférence pour la première solution...


C'est vrai que c'est le genre de film où tu as toujours des doutes entre ce qui se passe "dans la tête" du héros, et ce qui se passe "dans la réalité", ce qui est vrai, ce qui est fantasmé, les 2 se mêlant par moment, laissant le spectateur libre de son interprétation.
Et il y a une manière de filmer certaine scènes comme en "fondant" deux actions entre elles aussi...
Dans les deux cas, j'ai trouvé ça bien réussi et compréhensible, et c'est ce qui fait le sel de ce genre de films, justement.
Car ce n'est pas le premier film qui use de ce genre de procédés, je me dis que ces critiques ciné n'ont donc pas du voir Black Swan, et autre Donnie Darko par exemple... ils auraient été largués, les pauvres...

eXPie a écrit:

Dans les inrocks, ils écrivent : 'Dès la deuxième ou troisième séquence, on perd le fil du récit et du film' ; du côté du 'contre' dans Télérama (les avis sont partagés), c'est 'un truc spécieux, fumeux et terriblement ennuyeux'. Ils disent aussi qu'il est incompréhensible.

Bah c'est très compréhensible !
Rien de fumeux là dedans pour moi ....mais hormis le talent du cinéaste pour filmer l'histoire est terriblement ennuyeuse ! Heureusement encore qu'il a su jouer dans le registre loufoque , ce qui m'a valu pas mal de gloussements , ce qui n' est  pas si mal ! C'est pas désagréable à regarder bien sûr mais bon c'est faussement profond cette histoire .... Oui "spécieux" en ce sens je rejoins les inrocks .
Déception donc pour ma part .

Oui, je te rejoins sur le côté "faussement profond", un peu artificiel...
J'ai eu la sensation d'un film fait sur le "milieu" pour les gens du "milieu", par moment...

Après, certaines situations ou répliques m'ont quand-même bien fait rire, et du point de vue de la "technique visuelle", il est pour ainsi dire parfait. C'est sûrement tout ça qui explique son succès aux Oscars...

Chymère a écrit:

Oui, je te rejoins sur le côté "faussement profond", un peu artificiel...
J'ai eu la sensation d'un film fait sur le "milieu" pour les gens du "milieu", par moment...

Après, certaines situations ou répliques m'ont quand-même bien fait rire, et du point de vue de la "technique visuelle", il est pour ainsi dire parfait. C'est sûrement tout ça qui explique son succès aux Oscars...

Entièrement d'accord sur tout ça !

Pas du tout aimé. C'est hystérique tout le temps. On voit constamment les artifices et les acteurs sur jouent. A l'image de cette musique à la batterie qui lorgne du côté de Paul Thomas Anderson en alternant avec du Mahler, du Tchaikovski, du Ravel et du Rachmaninov.  C'est faussement vertigineux et profond. Je me suis beaucoup ennuyé avec un vague petit regain d'intérêt dans le dernier quart... Et encore. Quand Paolo Sorrentino fait des films operatiques c'est splendide mais ici c'est exténuant. Et je suis pourtant de ceux qui aiment plutôt le brio de ce metteur en scène qui cherche souvent à atteindre une certaine intensité parfois jouissive.

-Birdman-



Malgré les Oscars, j'avais une forte réticence. Quelques commentaires peu emballés, la bande annonce un peu clinquante. Bref, j'imaginais un truc carrément loufoque et creux. Eh bien, ce fut une très bonne surprise.

L'histoire de ce type, ancien héros de blockbusters, qui tente sur le tard de se racheter une aura d'acteur en montant une pièce de Carver à Broadway est délicieusement jouissive, bien que déroutante les dix premières minutes. J'ai aimé les dialogues, la façon de filmer (collée au personnage, cette musique lancinante en fond qui augmente le stress) l'interférence des scènes jouées et vécues, la brillance de la mise en scène (même si parfois on peut la trouver extrême) le sujet en lui-même. Ce rapport complexe de l'acteur avec son moi, et ses répercussions sur sa famille, sa carrière, sa vie d'une façon générale.

Je n'ai pas compris, ou ressenti du moins, ce qu'on lui reprochait: le côté fumeux, incompréhensible, tout ça...Et même si ce n'est pas d'une profondeur extrême, j'ai aimé ce jeu entre le vécu et le fantasmé, les clins d'oeils et les mises en abyme qu'il procure. Un cinéma totalement jouissif pour moi, qui forcément ne peut toucher autant que ses films plus intimistes (21 grammes ou Amours chiennes) mais qui m'a vraiment donné du plaisir!

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Pour ma part, la seule chose que je lui "reprochais", c'est juste d'avoir manqué d'émotions et d'être resté sur la satisfaction purement intellectuelle, même si c'est très bien fait.
Après oui, je comprends toujours pas comment on peut ne pas comprendre non plus...

Birdman

Je fais aussi partie des déçus et Birdman ne m'a pas réconcilié avec le cinéma de Gonzalez Inarritu, malgré quelques fulgurances. J'ai aussi trouvé pénible une tonalité hystérique, écrasant chaque dialogue et les tentatives d'une introspection à travers une virtuosité artificielle. Le film hésite également dans ses thématiques entre le portrait d'une crise existentielle et une interrogation sur le statut d'artiste, avec des personnages secondaires qui n'ont guère la place de s'exprimer (à l'image de la journaliste critique théâtrale).

La description d'un milieu artistique et l'explosion des dialogues font penser à du Cassavetes appauvri, sans ligne directrice. Emma Stone et Edward Norton jouent leur partition avec conviction mais Michael Keaton est réduit à l'état d'icône, contraint sans cesse d'exagérer les outrances de son rôle.

Eh mais c'est bien de venir voir ce que vous pensez de Birdman, je vois que je ne suis pas la seule à en être sortie moyennement emballée.

Bravo à une technique de réalisation bien tenue, et bien foutue.
Par contre... je suis passée complètement à côté des petites chouineries des acteurs. Je trouve que la réalisation d'Inarritu ne leur permet pas vraiment de trouver leur place. Ils ressemblent à des marionnettes qui jouent quand on leur dit, sans vraiment savoir où ni comment. Z'ont l'air balourds. Et empêtrés dans des rôles caricaturaux.

Peut-être qu'Inarritu est un réalisateur de plus que je dois laisser tomber.

J'avoue également ne pas avoir été très emballée par BIRDMAN, j'ai trouvé ça un peu mou par moment. L'acteur est bon mais sinon sans plus

Regardé Birdman à mon tour... un style vif, dynamique et des plans très esthétiques (qui m'ont parfois fait penser à Enter the void de Gaspar Noé). Les crises existentielles des personnages ne m'ont pas passionnées car elles manquent d'authenticité. Les personnages sont présentés et abandonnés... dans la dernière partie du film, on n'entend plus parler des autres rôles de la pièce et le personnage outrageux de Mike se laisse domestiquer par Sam beaucoup trop vite, alors qu'il procurait un souffle vivifiant au film. Non seulement on n'entend plus parler de ces personnages, mais en plus ils sont remplacés par le double faustien du personnage principal (cette espèce de corbeau en plastique) censé justifier l'étalage d'effets spéciaux à portée métaphysique (qui retombent aussitôt à plat puisqu'il n'y a rien à dire là-dessus : les effets ostentatoires semblent seulement vouloir dissimuler l'insuffisance du propos). La conclusion est du même acabit.

Conclusion : assez minable dans le fond, plutôt joli dans la forme.

J'ai beaucoup aimé Birdman, qui m'a paru être le meilleur film d'Inaritu depuis Amours chiennes.

Les plan-séquences sont vraiment bluffants. Quel incroyable boulot !

Alors, on me dira que ce n'est que de la forme. Certes, mais faire un film sur le théâtre avec des plans-séquences, c'est allier le fond et la forme, non ? On ne me dira pas que c'est un hasard ?

Le film peut être taxé de narcissique, mais c'est sans doute toujours le cas quand un film met en scène des acteurs. Mais faire un film sur un acteur qui veut échapper au cinéma, j'aime bien l'idée, aussi.

Michael Keaton cherche à échapper au cinéma de super-héros en mettant en scène au théâtre une nouvelle de Carver, c'est-à-dire sur le quotidien banal de gens banals. La vraie vie, en somme : Carver n'a pas été choisi par hasard. Il y a quelque chose, là. Le théâtre, c'est forcément artificiel, avec des conventions. Quand l'illusion marche, toutes ces conventions permettent de recréer du réel.

Dans le film, il y a sans cesse une interrogation sur l'illusion, ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Je suis d'accord, Inarritu semble parfois appuyer lourdement : par exemple, la caméra tourne autour d'un personnage... mais on ne voit pas le caméraman dans le miroir : c'est ostentatoire, mais l'effet est original... et, forcément, le spectateur est obligé de se dire : "ça n'est pas normal, je regarde un film, j'aurais donc dû voir le caméraman". Finalement, donc, ça n'est pas gratuit, et l'effet est le suivant : Inarritu ramène le spectateur au fait que tout ce qu'il voit est artificiel, et ce d'autant plus que ça a l'air réel (vu qu'il n'a pas montré le caméraman).

En plus du monde réel, il y a au moins deux autres mondes imaginaires dans le film : celui représenté sur scène au théâtre, et celui dans lequel vit Michael Keaton. Le monde du théâtre est maîtrisé (plus ou moins), mais le monde imaginaire de Keaton ne l'est pas. Il passe d'un monde à l'autre comme un acteur endosse un rôle (et on sent que, même dans la "vraie vie", il continue à jouer des rôles : rôle du père, etc.), au risque de se perdre. C'est peut-être ce qui est arrivé à Edward Norton (mais lui en est conscient), qui ne parvient à faire certaines choses que sur scène, sur laquelle il se sent vivre de façon plus vraie que dans le monde réel...

Sur la même thématique de l'illusion, on a aussi le caractère éphémère et inattendu du succès : Michael Keaton, dans le film, accède au succès à deux reprises. La première fois de façon involontaire (scène très amusante), et l'autre en mettant trop de réel dans la pièce de théâtre.

Là où j'ai trouvé la caricature un peu trop caricaturale, c'était la scène de la critique de théâtre. Mais si ça se trouve, c'est vrai...


Bref, il y a plein de choses dans ce film. En plus du fait que les plan-séquences sont incroyables.


Euh, Coli, quand tu parles d'"étalage d'effets spéciaux", je ne comprends pas bien... tu parles des petites 5 minutes sur les deux heures que fait le film ? De plus, les effets spéciaux sont volontairement assez pourris, c'est d'ailleurs ce qui rend la scène d'autant plus amusante.

Oui eXPIe, j'ai eu l'impression que c'est comme la scène d'amour obligatoire dans quasi chaque film hollywoodien... ça jure complètement avec le reste du film... peut-être ironique oui... mais pas assez à mon goût, alors...

En tout cas, ton enthousiasme fait plaisir à voir