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| Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille | |
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+13monilet swallow Shay Chatperlipopette Babelle Li Maryvonne Aeriale domreader Epi coline Camille19 kenavo 17 participants | |
Auteur | Message |
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Shay Envolée postale
Messages : 238 Inscription le : 27/07/2009 Age : 43 Localisation : Texas !!! Yiiiiiihaaaaa
| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille Sam 12 Déc 2009 - 14:08 | |
| Ca y est j'ai enfin fini ce livre. Et je reste marquée profondément marquée par le personnage de Sadie. l'histoire d'Erra et bien évidemment terrible, mais je ne peux comprendre pourquoi, coupée de ses racines et de sa famille, une fois qu'elle a sa fille, elle ne s'en occupe pas d'avantage. Pourquoi ne reconstitue-t-elle pas un vrai foyer ? Son égoïsme est pour moi très marqué. Les quelques pas qu'elle fait en direction de sa fille, ne sont évidemment pas suffisant. Et d'ailleurs le cocon familial auquel Sadie se dit si contente d'appartenir est-il vraiment composé d'Erra ? Peter prend soin d'elle et l'éduque, j'ai l'impression que Erra continue de vivre dans sa bulle. Et c'est pour moi surtout ça qui va forger les destinées de Randall et de Sol et des personnages "annexes" (le père de Sol par exemple, ou Tessa si "traumatisée" par Erra). Evidemment les évènements politiques de ce siècle sont un facteur important dans l'histoire mais au final, est-ce que ce sont vraiment les évènements qui forgent les gens ? Le caractère de chacun influe sur leur avenir. Erra aurait pu devenir plus aimante avec sa fille et lui apporter les racines qu'elle n'a jamais eu ou Sadie aurait pu vouloir complètement se couper de sa mère et fuir tout l'univers dans lequel elle a vécu plutôt que de culpabiliser sur ces origines, Sol aurait pu devenir un petit garçon traumatisé et timide, au contact de ces images...
Bref magnifique roman. Mais je reste un peu sur ma faim et comme Kenavo j'ai un peu refermé le livre sans émotions fortes.
Merci encore pour cette lecture en commun !! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille Sam 12 Déc 2009 - 14:56 | |
| - Nezumi a écrit:
- Sinon je voulais vous dire que je suis super contente d'avoir fait cette lecture avec vous les filles!
de même.. et on se revoit à partir de mardi sur la prochaine | |
| | | monilet Sage de la littérature
Messages : 2658 Inscription le : 11/02/2007 Age : 75 Localisation : Essonne- France
| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille Sam 12 Déc 2009 - 15:36 | |
| - Shay a écrit:
- Ca y est j'ai enfin fini ce livre.
Et je reste marquée profondément marquée par le personnage de Sadie. l'histoire d'Erra et bien évidemment terrible, mais je ne peux comprendre pourquoi, coupée de ses racines et de sa famille, une fois qu'elle a sa fille, elle ne s'en occupe pas d'avantage. Pourquoi ne reconstitue-t-elle pas un vrai foyer ? Son égoïsme est pour moi très marqué. ...i... mais au final, est-ce que ce sont vraiment les évènements qui forgent les gens ? Le caractère de chacun influe sur leur avenir.
Même analyse, les mecs, sauf que je pense que faits et caractères jouent à égalité ou peu s'en faut. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille Sam 12 Déc 2009 - 15:59 | |
| - monilet a écrit:
Même analyse, les mecs, sauf que je pense que faits et caractères jouent à égalité ou peu s'en faut. Oh, j'avais oublié Moniletto. Désolée. |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille Lun 2 Aoû 2010 - 0:50 | |
| Relecture de Lignes de faille. Mais à "contre-rebours" cette fois, c'est-à-dire au commencement. Vous m’aviez donné envie l’an dernier de me replonger dans ce texte mais je n’en avais jamais eu le temps, privilégiant des titres plus récents, évitant des lectures à priori trop dramatiques, hésitant à revenir en arrière. Mais il y a des périodes de lecture qui sont propices à rétablir un temps à soi et, ayant épuisé non ma PAL mais les titres me faisant vraiment envie, il m’a semblé hier soir en retombant sur cet Endroit où aller d’Actes sud, que le moment était venu. Parce que Lignes de faille se prête à ce genre de chose : la relecture. Tant de ruisseaux semblaient être venus s’y croiser en 2006 -lorsque j’accordai toute mon attention au personnage de Sol qui restait gravé comme le plus intéressant car contemporain (enfant de Google avec sous les yeux nos barbaries modernes en direct)… Tant de ruisseaux-pluriel semblaient prendre source au cœur du désordre le plus véritable du 20ème siècle, source qu’une lignée allait appréhendée jusqu’au 21ème dans un décor collant à chaque génération par son historicité, ses engagements, en vue du rassemblement de tous les protagonistes enférrés dans les non dits de leur histoire -de l’histoire…
Plongée directe dans la genèse de ce canevas sublime où l’histoire va se croiser dans la multiplicité des drames de chacun et chacune d’un continent à l’autre, d’une génération à l’autre. Et c’est dans l’amour et l’insouciance que je refais la connaissance de la petite Kristina à l’âge de 6 ans, sur son chemin de vie. Évoquer ces joies quotidiennes d’une enfance entre les bras d’une mère aimante, d’un grand-père admiratif, d’un grand frère affectueux… ce pourrait être contradictoire (et même incorrecte) car la seconde guerre n’épargne pas la petite ville allemande où la famille cohabite avec en parallèle l’absence d’un père mobilisé sur le front par le troisième Reich, le départ d’un frère aîné qui part le rejoindre à son tour sous l’uniforme nazi à l’âge de 16 ans (non sans avoir d’abord dénoncé sa voisine aux autorités (cette dernière refusait de répondre au salut nazi). La première insouciance se lit à travers les tours de manèges, les petits moulins à vent qu’elle fait tourner en courant, les réponses belles et féériques qu’un grand-père offre à ses premières questions sur la vie, la mort, le corps, le bien et le mal, le vrai et le faux, la musique, le texte de ses chansons. Jusqu’à la déchirure. Un soir, à son chevet, dans la chambre qu’elles partagent, la grande sœur jalouse pour se venger de tant d’amour porté à Kristina, lui chuchote à l’oreille quelques phrases qui déchirent définitivement la membrane fragile dont chaque être s’entoure sans le savoir pour se protéger. Le cœur cogne, l’angoisse traverse les ruisseaux physiologiques de tout l’organisme, les rêves émergent renvoyant ce que l’on croit savoir de nos six années à ce qu’elles furent aux trois premières. Des vannes explosent de souvenirs enfouis. Des jalons se forment comme autant de détails venant faire surface : un dortoir, des couches sales, des bébés hurlant, d’autres mourants abandonnés à leur faiblesse, des femmes en blouses blanches… Alors plus rien n’est comme avant. Dès lors que cette frontière est franchie.plus rien n’est comme avant ou plutôt c’est cet avant d’avant si longtemps refoulé qui ne nous quittera plus. Cette description est magnifique, on la vit dans sa chair, comme tout enfant s’éveillant peu à peu ou brusquement de la légèreté qui a parsemé son premier chemin. On ne respire plus au même rythme, aux fenêtres on n’aperçoit plus le même encadrement ni le même paysage, les mots des adultes restent incomplets et faux. On marchait sur du sable, au petit matin la plate de nos pieds repose sur du granit. Ce pourrait être un cauchemar, une illusion. Mais la guerre finissant amène un jour sur le pas de la porte des adultes venant demander des comptes. Les valises sont faites. L’enfant monte dans la voiture. Un nouveau dortoir, en instance. Kristina –Klarisa, a bien été volée à sa mère depuis l’Ukraine transitant dans un Lebensborn avant d’être confiée à une famille allemande. Une mère ukrainienne dont les alliés possèdent l’identité, l’adresse et sans doute encore d’autres détails puisqu’elle a écrit. Le choix de ne pas remettre Klarisa à sa vraie mère reste confondant : l’Ukraine appartient désormais aux russes (aux rouges) et demanderait à être éclairci car a-t-on le droit de modifier la nature des choses… On ne peut qu’emprunter en imagination une énième piste : celle de l’Ukraine ; qui aurait été Klarisa si elle avait retrouvé sa famille ?
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| | | Camille19 Main aguerrie
Messages : 484 Inscription le : 24/06/2009 Age : 34
| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille Ven 6 Aoû 2010 - 20:45 | |
| Très beau commentaire Babelle, qui rend hommage à ce magnifique roman ! Une lecture qui m'avait vraiment marquée. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille Sam 7 Aoû 2010 - 1:14 | |
| - Babelle a écrit:
- Relecture de Lignes de faille.
Mais à "contre-rebours" cette fois, c'est-à-dire au commencement. Vous m’aviez donné envie l’an dernier de me replonger dans ce texte mais je n’en avais jamais eu le temps, privilégiant des titres plus récents, évitant des lectures à priori trop dramatiques, hésitant à revenir en arrière. Mais il y a des périodes de lecture qui sont propices à rétablir un temps à soi et, ayant épuisé non ma PAL mais les titres me faisant vraiment envie, il m’a semblé hier soir en retombant sur cet Endroit où aller d’Actes sud, que le moment était venu. Parce que Lignes de faille se prête à ce genre de chose : la relecture. Tant de ruisseaux semblaient être venus s’y croiser en 2006 -lorsque j’accordai toute mon attention au personnage de Sol qui restait gravé comme le plus intéressant car contemporain (enfant de Google avec sous les yeux nos barbaries modernes en direct)… Tant de ruisseaux-pluriel semblaient prendre source au cœur du désordre le plus véritable du 20ème siècle, source qu’une lignée allait appréhendée jusqu’au 21ème dans un décor collant à chaque génération par son historicité, ses engagements, en vue du rassemblement de tous les protagonistes enférrés dans les non dits de leur histoire -de l’histoire…
Plongée directe dans la genèse de ce canevas sublime où l’histoire va se croiser dans la multiplicité des drames de chacun et chacune d’un continent à l’autre, d’une génération à l’autre. Et c’est dans l’amour et l’insouciance que je refais la connaissance de la petite Kristina à l’âge de 6 ans, sur son chemin de vie. Évoquer ces joies quotidiennes d’une enfance entre les bras d’une mère aimante, d’un grand-père admiratif, d’un grand frère affectueux… ce pourrait être contradictoire (et même incorrecte) car la seconde guerre n’épargne pas la petite ville allemande où la famille cohabite avec en parallèle l’absence d’un père mobilisé sur le front par le troisième Reich, le départ d’un frère aîné qui part le rejoindre à son tour sous l’uniforme nazi à l’âge de 16 ans (non sans avoir d’abord dénoncé sa voisine aux autorités (cette dernière refusait de répondre au salut nazi). La première insouciance se lit à travers les tours de manèges, les petits moulins à vent qu’elle fait tourner en courant, les réponses belles et féériques qu’un grand-père offre à ses premières questions sur la vie, la mort, le corps, le bien et le mal, le vrai et le faux, la musique, le texte de ses chansons. Jusqu’à la déchirure. Un soir, à son chevet, dans la chambre qu’elles partagent, la grande sœur jalouse pour se venger de tant d’amour porté à Kristina, lui chuchote à l’oreille quelques phrases qui déchirent définitivement la membrane fragile dont chaque être s’entoure sans le savoir pour se protéger. Le cœur cogne, l’angoisse traverse les ruisseaux physiologiques de tout l’organisme, les rêves émergent renvoyant ce que l’on croit savoir de nos six années à ce qu’elles furent aux trois premières. Des vannes explosent de souvenirs enfouis. Des jalons se forment comme autant de détails venant faire surface : un dortoir, des couches sales, des bébés hurlant, d’autres mourants abandonnés à leur faiblesse, des femmes en blouses blanches… Alors plus rien n’est comme avant. Dès lors que cette frontière est franchie.plus rien n’est comme avant ou plutôt c’est cet avant d’avant si longtemps refoulé qui ne nous quittera plus. Cette description est magnifique, on la vit dans sa chair, comme tout enfant s’éveillant peu à peu ou brusquement de la légèreté qui a parsemé son premier chemin. On ne respire plus au même rythme, aux fenêtres on n’aperçoit plus le même encadrement ni le même paysage, les mots des adultes restent incomplets et faux. On marchait sur du sable, au petit matin la plate de nos pieds repose sur du granit. Ce pourrait être un cauchemar, une illusion. Mais la guerre finissant amène un jour sur le pas de la porte des adultes venant demander des comptes. Les valises sont faites. L’enfant monte dans la voiture. Un nouveau dortoir, en instance. Kristina –Klarisa, a bien été volée à sa mère depuis l’Ukraine transitant dans un Lebensborn avant d’être confiée à une famille allemande. Une mère ukrainienne dont les alliés possèdent l’identité, l’adresse et sans doute encore d’autres détails puisqu’elle a écrit. Le choix de ne pas remettre Klarisa à sa vraie mère reste confondant : l’Ukraine appartient désormais aux russes (aux rouges) et demanderait à être éclairci car a-t-on le droit de modifier la nature des choses… On ne peut qu’emprunter en imagination une énième piste : celle de l’Ukraine ; qui aurait été Klarisa si elle avait retrouvé sa famille ?
Magnifique commentaire! J'aimerais bien le voir figurer en doublon sur le fil Nancy Huston... | |
| | | violette Envolée postale
Messages : 157 Inscription le : 23/03/2010 Age : 89 Localisation : Tournai,Belgique
| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille Sam 7 Aoû 2010 - 22:57 | |
| - Camille19 a écrit:
- Très beau commentaire Babelle, qui rend hommage à ce magnifique roman ! Une lecture qui m'avait vraiment marquée.
"Lignes de faille" de Nancy Huston! Babelle Je me joins à Camille pour t'assurer que ton commentaire est parfait. J'ai lu ce livre il y a un bon moment déjà,et s'il n'y avait pas tant d'auteurs encore à découvrir,je l'aurais bien relu! MAIS! je suis âgée de 75ans alors... Je pense que beaucoup de lecteurs parmi nous seront aussi de notre avis Babelle !!!
Dernière édition par violette le Dim 8 Aoû 2010 - 16:03, édité 1 fois (Raison : Amélioration pour la compréhension de l'idée.) | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille Dim 8 Aoû 2010 - 9:18 | |
| - Nezumi a écrit:
- C'est bizarre qu'un moment crucial comme la mort de Janek soit absent du récit, on y fait juste allusion, une évocation en creux...
Sur le chemin de vie de Sadie j'éprouve le même sentiment. Le Janek restera absent, on apprendra quarante ans plus tard son suicide. C''est Luc qui retrouve Erra. Mais sous l'œil de Sadie pour qui la rupture démarre : alors qu'elle commençait à se libérer de la pression que lui infligeait ses grand-parents en vivant enfin auprès de sa mère, la scène à laquelle elle assiste à l'âge de 6 ans la renvoie au néant. Chaque enfant devant la même scène vit-il la même déchirure? Y a-t-il une fragilité chez Sadie? Sadie qui se cognait déjà la tête contre la porte du placard au Canada, Sadie dont la main droite sur le clavier frappait la main gauche et dont le corps semblait se jeter sur les obstacles, griffant ses genoux, la blessant. Aucune maladie n'est nommée mais on la retrouvera, adulte, mère à son tour, se recoiffant devant le miroir de l'entrée avant de sortir, dans une curieuse posture, souffrant de TOC (?). Peut-être qu'Erra aurait pu nous en apprendre davantage sur Janek ou sur Luc et qu'en refermant le chapitre l'auteure ne donne à voir que ce que l'enfant d'après a pu apprendre. Le lecteur souffre donc aussi de ces non-dits... Ce qui est curieux, à propos de l'amour maternel, c'est que Kristina semble en avoir reçu davantage que les autres, durant la description de ses 6 ans. Après son enlèvement, avant sa rupture. Même si ce laps de temps est bref. | |
| | | Moushe Posteur en quête
Messages : 53 Inscription le : 21/10/2011 Age : 60 Localisation : Bruxelles
| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille Dim 23 Oct 2011 - 19:24 | |
| C'est bizarre, je me suis laissée porter, sans me poser autant de questions sur les personnages.
Il y a déjà plus d'un an que je l'ai lu !!
Je me suis souvenue, en refermant le livre qu'il me semblait qu'elle m'avait parlé du racisme en mille points symboliques !!
Et que la fin n'avait pas d'autre but que de faire réfléchir au travers de ce thème.
Vous jugez beaucoup les personnages, à mon goût alors que des sentiments les motivent, plus que leur éducation !!
Qui n'a pas renier une petite soeur trop pesante, devant son premier amour d'adolescent ?
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| Sujet: Re: Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille | |
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| | | | Lecture en commun - Nancy Huston : Lignes de faille | |
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