Petites mésaventures de voyage

euh, oui Xavier j'ai bien ri, j'imagine te voir essayer de l'occire à coup de tong

Novembre 1999. Antilles néerlandaises. Je ne sais pas ce qui m'a pris de choisir une destination pareille. L'envie d'explorer de nouveau la mer des Caraïbes après un voyage mémorable à Cuba ? Evidemment, j'aurais pu opter pour la Guadeloupe ou la Martinique, mais non, trop françaises sans doute, alors cap sur Curaçao (le nom a dû me plaire, on se demande pourquoi) et Aruba, pour une petite semaine. Curaçao, c'était pas si mal, belles plages de sable blanc, architecture néerlandaise assez surprenante sous ces tropiques. Le vol en avion à hélices vers Aruba durait moins de trente minutes. Nous étions quatre à bord. Installé à ma pension de famille, loin du centre-ville d'Oranjestad, la capitale, et mal desservie par les bus, j'allais vite m'en apercevoir, j'étais prêt à aller à la découverte de cette île, que j'imaginais luxuriante et sauvage. Première désillusion : Oranjestad, une ville horrible, était envahie par les américains (appartements en time-share), une sorte de compromis entre Disneyland et Las Vegas, kitchissime, avec ses hôtels de luxe et ses casinos. Bon, tant pis, il y aurait bien des trucs à voir dans le reste de l'île. C'était sans compter sur la pluie, diluvienne, qui est tombée quasi continuellement pendant tout mon séjour (la queue d'un cyclone, semble t-il), m'interdisant toute sortie, sauf pendant de rares moments d'accalmie. J'ai dû faire une sorte de circuit organisé d'une journée, malgré tout, qui m'a permis de m'apercevoir qu'il n'y avait vraiment rien à voir à Aruba. Bloqué dans ma chambre, la plupart du temps, je me suis promené un peu sur la plage, l'âme en peine. J'ai été heureux de rentrer après ces vacances de m.... Et je ne suis plus revenu dans cette partie du monde. Quatre mois plus tard, je suis allé en Ukraine. Pas de plage, mais un froid sec et de longues promenades dans les rues de Kiev et d'Odessa. Un vrai bonheur !


Oranjestad.

ce voyage râté a multiplié le plaisir du suivant ! mais je comprends la déception.

Bons et mauvais souvenirs se mélangent finalement, Bédoulène

Par exemple, au Sénégal, en 1998. Un voyage exécrable (vol de passeport, menaces physiques etc.). Je retiens notre escapade sur l'île de Gorée, un des endroits les plus émouvants que je connaisse, chargé de la mémoire de la traite des esclaves vers l'Amérique. Nous attendions tranquillement le bateau pour le retour à Dakar quand, soudain, des hommes en armes sont apparus et une certaine tension s'est installée. Visiblement, une délégation officielle arrive. Je m'approche et d'un coup me voilà entouré de caméras avec un type costard/cravate qui vient me serrer la main et me glisser un mot (stupéfait, j'ai oublié ce qu'il m'a dit). Etant le seul blanc à proximité, il a dû me prendre pour quelqu'un d'important (?). Bref, le soir, je me suis vu aux informations et j'ai ainsi appris que c'était le ministre de la communication du Sénégal qui m'avait serré la main.

Merci de ces souvenirs souvent croustillants, en tout cas instructifs Traversay! Parfois on peut se louper mais au final c'est assez rare si je t'en crois...

Citation :

Etant le seul blanc à proximité, il a dû me prendre pour quelqu'un d'important (?). Bref, le soir, je me suis vu aux informations et j'ai ainsi appris que c'était le ministre de la communication du Sénégal qui m'avait serré la main.

C'est très drôle ce que tu racontes! Cela me rappelle une aventure (qui est arrivée à ma nièce) où elle a vu apparaître sur l'écran de télé alors qu'elle faisait un WVT (un working visa travel ) en Australie, une de mes amies (française et en vacances là-bas) passer aux infos de 20h, celle-ci s'étant trouvée témoin d'une disparition lors d'une sortie en bateau...un truc de fou!

Ceci dit on n'a jamais retrouvé le corps. Porté disparu par noyade, bouffé par des requins ou simple arnaque à l'assurance... Elle n'a pas su la suite

Cool, aériale !

J'ai un très bon souvenir de ma virée dans les Balkans en août 2002. Il faudra que je reparle d'une japonaise rencontrée en Bulgarie. Je voudrais surtout dire un mot d'Orhid, cette petite ville macédonienne, qui est peut-être mon endroit préféré d'Europe. J'arrivais par bus de Skopje, la capitale, chaotique, à l'ambiance pesante avec tous les soldats dans les rues et la proximité de la frontière du Kosovo. Orhid donc, et comme souvent je n'avais pas réservé d'hébergement. J'ignorais une donnée importante, je venais de débarquer le jour de la fête nationale et tout était complet. A l'office de tourisme, après une quinzaine de coups de fil, on m'a finalement trouvé une chambre chez l'habitant, tout en haut de la ville. Mon hôte était une vieille dame adorable qui ne parlait pas anglais, on s'est débrouillé avec mes rudiments d'allemand. Parmi mes voisins locataires figurait le commentateur de foot de la TV nationale macédonienne, j'ai pu crâner avec les résultats de l'équipe de France (à l'époque, on pouvait). Et puis il y avait Violeta, qui parlait joliment le français, après avoir été jeune fille au pair pendant un an à Saint-Tropez. Elle m'a servi de guide pour découvrir Orhid et ses 200 églises (à peu près), la plupart surplombant le lac. Sublime. Violeta perfectionnait son français en regardant sur TV5, chaque semaine, l'émission d'Ardisson, Tout le monde en parle. En revenant en France, j'ai envoyé un mail à Ardisson pour qu'il passe un petit message à Violeta, fidèle téléspectatrice macédonienne. Ce qu'il fit, pour mon plus grand bonheur. Je ne sais si elle a vu l'émission, je n'ai pas eu de nouvelles depuis. Un jour, je retournerai à Orhid, je retrouverai ma petite chambre qui donnait sur le jardin d'un presbytère. Qui sait si je ne reverrai pas Violeta ?

Jolie histoire Traversay. J'aime bien aussi celle de l'île de Gorée

Merci Epi.

Un petit souvenir québécois pour Bulle.
Juin 86. Montréal. Je viens de passer un mois et demi de stage à Chicoutimi et, avec deux copines, nous avons achevé un périple d'une semaine en Greyhound de nuit entre Boston, New York, Atlanta, St Louis et les chutes du Niagara. J'ai très envie de voir Le déclin de l'empire américain et j'y entraîne les filles, pas très motivées. C'est mon plus beau souvenir de cinéma en salles, le public écroulé de rire pendant tout la séance, au point qu'il est impossible d'entendre la moitié des répliques. Mes camarades sont consternées, je suis hilare. Déjà que je commençais à les détester, c'est le coup de grâce (l'une des filles, d'origine espagnole, s'appelait Almodovar, marrant, non ?). Bon, j'ai revu le film à sa sortie en France et je l'ai apprécié à sa juste valeur.

Très romantique ton séjour à Orhid Traversay ! (et la photo est superbe)

sympa aussi Ardisson !

ce fil est drôlement sympa à lire !

@ Bédoulène

Israël, septembre 91.
Nous revenons de la Mer Morte et d'un séjour dans un kibboutz déprimant. Il nous faut traverser le désert du Neguev pour rejoindre Eilat, sur les rives de la Mer Rouge. Déjà, ce n'est pas une route mais une sorte de piste, et il faut prier pour ne pas rester ensablé. Pas de chance pour nous, l'armée israélienne est en manoeuvres, au moment où nous circulons, et il n'y a rien d'autre à faire que d'attendre. Et de boire une bonne bière à la terrasse d'un café. L'ambiance est bizarre ce jour là, et le silence assourdissant, dans ce dernier village avant le désert. Quand, soudain, des hauts parleurs se mettent à crachoter Stairway to heaven, de ce bon vieux Led Zep, elle devient carrément surréaliste. D'autant que je me mets à chanter à tue tête, au grand effarement des quelques autochtones. On a repris une bière et puis la piste s'est libérée. J'ai pris le volant et je me suis éclaté dans le Neguev. Et tout ça pour découvrir Eilat, bétonnée à mort, ville balnéaire sans intérêt. Aujourd'hui, quand j'entends Stairway to heaven, mes pensées reviennent immanquablement à ce no man's land et à ces quelques heures où le temps s'est arrêté.

There's a Lady who's sure all that glitters is gold.
And she's buying a stairway to heaven.
And when she gets there she knows if the stores are all closed,
With a word she can get what she came for.

Stairway To Heaven

Pour revivre un petit peu de ce moment

traversay a écrit:

Un petit souvenir québécois pour Bulle.
Juin 86. Montréal. Je viens de passer un mois et demi de stage à Chicoutimi et, avec deux copines, nous avons achevé un périple d'une semaine en Greyhound de nuit entre Boston, New York, Atlanta, St Louis et les chutes du Niagara. J'ai très envie de voir Le déclin de l'empire américain et j'y entraîne les filles, pas très motivées. C'est mon plus beau souvenir de cinéma en salles, le public écroulé de rire pendant tout la séance, au point qu'il est impossible d'entendre la moitié des répliques. Mes camarades sont consternées, je suis hilare. Déjà que je commençais à les détester, c'est le coup de grâce (l'une des filles, d'origine espagnole, s'appelait Almodovar, marrant, non ?). Bon, j'ai revu le film à sa sortie en France et je l'ai apprécié à sa juste valeur

.

Traversay dit: Juin 86. Montréal. Je viens de passer un mois et demi de stage à Chicoutimi
Bulle dit : Ah oui, au pays des bleuets ; à cause ;Fais don pas simple .
Tu auras reconnu là des expressions du lac, entendu lors de ton passage dans cette région.

Le déclin est un film fétiche à présent.

donc c'est une chanson "madeleine"

sympa de pouvoir chanter à tue tête dans ce no man's land ! je t'imagine !

merci pour ce fil et tous tes partages..

traversay a écrit:

Aujourd'hui, quand j'entends Stairway to heaven, mes pensées reviennent immanquablement à ce no man's land et à ces quelques heures où le temps s'est arrêté.

There's a Lady who's sure all that glitters is gold.
And she's buying a stairway to heaven.
And when she gets there she knows if the stores are all closed,
With a word she can get what she came for.

c'est plus d'un souvenir de vacances qui sont chez moi en relation avec une chanson.. mais concernant le titre du fil 'mésaventure', il m'en reste un souvenir:

j'étais en Bretagne, pour la 2e année.. j'avais emporté mon appareil photo tout neuf et je voulais faire 10 jours "photo-safari" au long de la côte bretonne
3e jour, l'appareil ne fonctionne plus.. rien... j'y vais dans un magasin et le monsieur me confirme - c'est "exitus", lui il ne peut pas le fixer, faut voir avec mon magasin à la maison..
je suis à bout, j'ai la grande flemme parce que je me dis - qu'est-ce que je vais faire ici (oui, je sais, il y a plus à faire en Bretagne que de prendre des photos, mais j'étais là pour ça, je m'avais seulement concentré sur ça).. donc, réaction Kenavo dans le chaud, je prends la route du retour..
Je part de Lannion et sur la route vers Guimgamp, il y a U2 "One" et la ligne:
who do you want to blame
qui est-ce que tu veux faire responsable
et je réalise que je veux seulement satisfaire une idée masochiste et aller pleurer 5 jours à la maison??? NON!
Je sors à Guingamp, achète dans la zone piétonne un nouveau appareil, plus petit, mais performant et repart vers la côte et continue mon voyage..
j'en fais une des photos les plus jolies que j'ai remporté de toutes mes années en Bretagne avec cet appareil
Merci Bono

kenavo a écrit:

Merci Bono

Kenavo tu exagères là

Mais j'aime bien ton histoire