Lecture en commun - Stendhal : Le rouge et le noir

Shay a écrit:

Faudra-t-il que j'attaque à nouveau ce livre qui m'a laissé un si amer souvenir ?

Traîtresse!
Je suis toute seule du côté obscur alors? Prends garde à ce que je ne t'étrangle à distance, Dark-Vador style.

Bédoulène a écrit:

d'ailleurs je suis sure que Nezumi regrette de ne pas s'être jointe à nous

Heu, pas vraiment, j'ai essayé de le relire récemment et je n'étais toujours pas convaincue. Mais ça fait toujours plaisir de voir des gens s'enthousiasmer pour un roman. Bonne lecture de la suite!

Je viens de m'inscrire sur ce forum et j'ai bien envie de vous rejoindre dans cette lecture en commun...
Allez, je me lance, j'ai le livre depuis des lustres dans ma bibliothèque, en attente....c'est l'occasion ou jamais

Charlie a écrit:

Je viens de m'inscrire sur ce forum et j'ai bien envie de vous rejoindre dans cette lecture en commun...
Allez, je me lance, j'ai le livre depuis des lustres dans ma bibliothèque, en attente....c'est l'occasion ou jamais

Bienvenue à bord !

eXPie a écrit:

Bienvenue à bord !

Merci d'avoir fait escale
Dès ce soir, je vais aller m'installer dans une cabine, bien au chaud

Je n'ai pas d'autre lecture en cours pour l'instant...

J'avance tout doucement.
J'en suis aux atermoiements de Mme de Rênal qui n'en peut plus d'amour pour ce Julien Sorel qui m'apparaît comme un arriviste haineux envers les riches. Comme il souffre dans sa chair et dans son ego: rien n'est assez bien pour lui. Va-t-il se laisser charmer par les attraits de Mathilde sans penser à ce que cela pourrait lui rapporter? Va-t-il ôter cette gangue de détestation du pouvoir afin de laisser s'exprimer son "romantisme exalté" qui lentement couve en lui?
Comme j'ai aimé les craintes fondées du vieux curé de Verrières qui lit à livre ouvert dans le coeur en bataille de Julien: l'habit de prêtre ne lui ira pas, son envie de réussite est trop grande, trop forte pour l'humilité de la prêtrise! Comme il a su deviner le feu de l'âme de Julien, son attrait pour l'empire du pouvoir de séduction et de l'héroïsme!
Quant à Mathilde, elle me serre le coeur: elle est loin d'être idiote seulement la chappe de plomb de l'éducation des filles "bien nées" n'est qu'un tombeau pour elles! L'éveil aux sensations amoureuses est doux et amer à la fois, un éclat de tonnerre dans un ciel d'été. Elle aime comme une jouvencelle alors qu'elle est mère de 3 garçons....mais elle ne connaît rien de la vie, elle ne sait encore rien de l'amour et de ses turbulences intimes. Comme son époux est grossier, rustre et ô combien condescendant vis à vis de la gente féminine, "machine très compliquée" (j'ai aimé la comparaison: très flatteuse, n'est-ce pas ). A mes yeux, il mérite d'être trompé tant il est peu gracieux et bien lourdaud!
Je lis avec délectation la description des personnages, de leurs attentes si différentes et si humaines! Un vrai bonheur....une relecture qui m'enchante.

Citation :

Peut-être l'as-tu lu dans le cadre de l'école, de tes études ?

Exactement : forcée par un prof de Français en 2nde qui nous a dit "Je n'ai pas apprécié ce livre avant l'age de 21 ans, vous en avez 16, vous allez le lire"

Citation :

tu es bienvenue Shay !

refais un essai

C'est gentil Bédoulène, mais si je trahis Nézumi jusqu'au bout je risque de faire des cauchemards pendant le nuit.
Mais je continue de lire attentivement vos commentaires !!

Chatperlipopette a écrit:

J'avance tout doucement.
J'en suis aux atermoiements de Mme de Rênal qui n'en peut plus d'amour pour ce Julien Sorel qui m'apparaît comme un arriviste haineux envers les riches. Comme il souffre dans sa chair et dans son ego: rien n'est assez bien pour lui. Va-t-il se laisser charmer par les attraits de Mathilde sans penser à ce que cela pourrait lui rapporter? Va-t-il ôter cette gangue de détestation du pouvoir afin de laisser s'exprimer son "romantisme exalté" qui lentement couve en lui?
Comme j'ai aimé les craintes fondées du vieux curé de Verrières qui lit à livre ouvert dans le coeur en bataille de Julien: l'habit de prêtre ne lui ira pas, son envie de réussite est trop grande, trop forte pour l'humilité de la prêtrise! Comme il a su deviner le feu de l'âme de Julien, son attrait pour l'empire du pouvoir de séduction et de l'héroïsme!Quant à Mathilde, elle me serre le coeur: elle est loin d'être idiote seulement la chappe de plomb de l'éducation des filles "bien nées" n'est qu'un tombeau pour elles! L'éveil aux sensations amoureuses est doux et amer à la fois, un éclat de tonnerre dans un ciel d'été. Elle aime comme une jouvencelle alors qu'elle est mère de 3 garçons....mais elle ne connaît rien de la vie, elle ne sait encore rien de l'amour et de ses turbulences intimes. Comme son époux est grossier, rustre et ô combien condescendant vis à vis de la gente féminine, "machine très compliquée" (j'ai aimé la comparaison: très flatteuse, n'est-ce pas ). A mes yeux, il mérite d'être trompé tant il est peu gracieux et bien lourdaud!
Je lis avec délectation la description des personnages, de leurs attentes si différentes et si humaines! Un vrai bonheur....une relecture qui m'enchante.

Effectivement, il avait bien vu, le vieux curé.
Très bon résumé Chappy

Chatperlipopette a écrit:

J'en suis aux atermoiements de Mme de Rênal qui n'en peut plus d'amour pour ce Julien Sorel qui m'apparaît comme un arriviste haineux envers les riches.

Oui, enfin il répète sans arrêt un truc sur les riches, parfois comme un mantra. Est-ce vraiment une conviction, ou plutôt une rébellion de jeune ?
D'un autre côté, M. de Rênal n'est pas à proprement parler digne d'estime, près de ses sous comme il l'est, un peu goujat, et pas très fin, à part pour ce qui touche au commerce, semble-t-il.
De ce point de vue, on ne peut pas en vouloir à Julien de ne pas l'apprécier.
Même si Julien en fait un peu trop à prendre tout le monde de haut. Il se dit qu'il vaut bien ces riches, qu'il n'y a pas de raison qu'il soit moins bien considéré.

Le coup du portrait dans le matelas, c'était marrant.

A un moment, Julien entre pour la première fois dans une librairie, il voit plein de livres, c'est un choc, on parle de revues, il me semble, de prendre un abonnement pour des livres... et puis (pour le moment ?) on n'en reparle plus, Julien est toujours scotché à ses bouquins sur Napoléon, sans qu'on sache d'ailleurs s'il s'agit d'une relecture, ou bien d'une lecture.

A propos de la construction du livre, l'effet de flou dont parlait Arabella plus haut est amplifié par le fait qu'on ne sait jamais qui parle, je veux dire : qui raconte. Parfois, le narrateur, parfois omniscient, parfois pas (mais alors, pourquoi ne l'est-il pas complètement ?), utilise la première personne du singulier, pour parler notamment de ce qu'il en est dans son présent à lui. Peut-être tout ceci va-t-il s'éclairer par la suite (ou à la fin), ou peut-être tout ceci était-il expliqué dans la préface que je n'ai pas encore lue.

tu as raison pour le mantra de Julien!!! Est-ce une manière de verbaliser sa crise d'adolescence???? Toujours est-il que son admiration sans borne pour Napoléon Bonaparte est un plaisir à lire d'autant que le côté sulfureux de l'admiration permet de mettre en danger la groupie qu'est Julien....le coup du portrait sous la paillasse!!!! Un bon moment de quiproquo.
Quant au narrateur...oui, c'est flou: un coup le regard est celui d'un anthomologiste, une autre fois, on a l'impression qu'il vit de l'intérieur les évènements. Je trouve que c'est ce qui fait le charme de l'écriture.

Je suis d'accord Chappy, le charme et la spécificité de Stendhal viennent de ce flou permanent, on ne peut pas se laisser porter par le livre, on doit se demander en permanence qui parle, qu'est ce qui est vraiment dit, ni le lecteur ni l'auteur ne sont omniscients.

oui point d'estime pour M. de Rénal : "Tout ce qui n'est pas gentilhomme, qui vit chez nous et reçoit un salaire, est votre domestique"
pour ce qui concerne les lectures de Julien :

[i]"Il puisait cette répugnance dans les confessions de Rousseau. C'était le seul livre à l'aide duquel sonimagination se figurat le monde. Le recueil des bulletins de la Grande armée et le Mémorial de Sainte-Hélène complétaient son coran. Il se serait fait tuer pour ces trois ouvrages"

il y a certainement des relectures non ?


Je fais une pause dans mes commentaires, les votres me sont agréables.
Emportée par Julien je me retrouve au livre II.

Livre I, chapitre XIII :
"Comme madame de Rênal n'avait jamais lu de romans, toutes les nuances de son bonheur étaient neuves pour elles" (page 139, folio).
N'est-ce pas un peu too much, quand même ?
Et à propos d'anglais, je suis assez étonné de toutes ces citations en anglais (Byron, notamment, ce n'est quand même pas très facile). Le lectorat de Stendhal était-il supposé le comprendre, ou bien est-ce chic, comme le lectorat de Umberto Eco ne connaît pas forcément le Sumérien et autres langues exotiques ?

A part ça, c'est amusant les nuits de Julien, (il pionce à poings fermés) en comparaison de celles de Madame de Rênal (elle dort peu ou pas du tout, perturbée qu'elle est des charmes de M. Julien).
Julien qui devient vraiment un petit crétin (j'avais tout d'abord écrit un autre mot commençant par la même lettre), après sa nuit chez Mme de Rênal : "Julien trouva de sa dignité de rentrer exprès au grand jour et avec imprudence" (Livre I, chapitre XVI).
C'est plus que de l'égoïsme. L'honneur, il ne semble pas connaître. C'est étonnant, car cela devrait aller avec l'héroïsme, d'une certaine façon.
Peut-être le Mémorial de Sainte-Hélène ne parle-t-il jamais d'honneur ?

eXPie...j'adooooore tes commentaires

Pour ma part, je reprend la lecture demain.

je vous admire, les Happy Few, Le Rouge et le Noir ne m'a jamais incitée à aller voir plus loin dans Stendhal..