Nicolas Winding Refn

Marko a écrit:

bix229 a écrit:

Au cas où ça interesserait quelqu' un, JB Thoret, critique ciné de Charlie est plutot sévère avec Drive. ]

Une critique tres minoritaire qui se contente d'affirmer sans vraiment argumenter. On pourrait également citer la critique du Monde ( souvent de qualité en matière de cinema ) qui en parle comme du meilleur film criminel depuis des années. J'y ajouterais quand même Animal Kingdom et Winter's bones.

Excellente critique unanime du Cercle sur Canal PLus également.

je ne voudrais faire de peine à personne mais en matières d'argumentation... ça se vaut avec l'affirmation que c'est trop luxe dans les scènes de voiture par exemple, à part de l'affirmation je ne trouve pas grand chose.

je pense que son ralenti peu être du à une absence d'autorisation pour fermer temporairement le bout de route (en fait), je ne vois pas pourquoi on me parle de sobriété avec les très classiques zig zags de caméra et autres gros plans... oui moi aussi j'en ai vus des films de genre et des différents (et avec des marches arrière).

on peut aussi dire qu'il racole avec autant qu'il "interroge" la violence, les effets gores c'est trendy, là aussi on aurait pu jouer la sobriété. (Sly le fait bien mieux même si plus d'excès dans son John Rambo). Surtout si on s'amuse avec (la tête de niais couverte de sang ?), c'est fun de montrer que c'est pas fun en faisant fun ?

(la boxe-thaï c'est aussi un pur hasard comme choix de sujet ?)

ce qui me sidère c'est que c'est la consécration de ce genre de cinéma représente aussi un mépris pour le cinéma de genre tout en faisant ses choux gras des recettes les plus simples. uniquement une question de présentation (et d'avis favorables là où il faut sans doute). c'est un cauchemar.

la comparaison avec Tarantino valait pour le côté techniciens des deux réalisateurs.

coline a écrit:

Excellente critique unanime du Cercle sur Canal PLus également.

Super! Et c'est Ici

Animal, tu parles de moi ou du cercle à propos d'argumentation? Si ça me concerne je pense avoir déjà beaucoup développé sur ce fil ce que je pensais de l'univers de ce cinéaste à travers la plupart de ses films. Et je ne suis pas critique de cinéma(on peut attendre davantage de leur part pour creuser un début de réflexion) ... J'ai juste mon avis de passionné. J'y ai pris un énorme plaisir et tu fais la fine bouche voilà tout. Je ne chercherai pas à te convaincre davantage

La grande différence animal c'est que beaucoup disent ce qu'ils aiment chez ce réalisateur et expriment leur ressenti en formulant des hypothèses et n'en font par argument de vérité... Il est dommage que tu le considères autrement.

Un mépris pour le cinéma de genre ? Au contraire, je trouve que c'est plutôt une reconnaissance, une admiration.
Je n'arrive jamais trop à comprendre pourquoi tu sembles si "contre" le film Animal, mais bon, c'est comme ça. J'aurais pensé que tu aurais apprécié ce peu d'artifice en trop (comme le dit Marko, les poursuites et cascades ne sont pas extra-ordinaires, les braquages non plus d'ailleurs). Y'a certes une ambiance et une histoire un peu "tirée par les cheveux" et incohérentes, mais je trouve que ça fait partie du mythe. Ce n'est pas une histoire réaliste qu'il nous donne à voir, mais une sorte de justicier au passé mystérieux (et probablement sombre), à la vie pas très clean, mais avec des principes indécrottables. Moi, il me fait penser à des vieux Clint Eastwood, des Charles Bronson, des Terminator.

Après, pour l'originalité... Et bien, je n'y connais pas trop trop en matières de bagnoles, de poursuites, etc... mais je trouve que ça fonctionne, et qu'aujourd'hui, par rapport à ce qu'on voit qui se fait en ce moment, c'est un regard un peu neuf, différent, qui nettoie un peu le BlingBling BoomBoom des films d'actions, et qui fait du bien.
Stun peu Machete et Statham mélangés, avec un peu de la touche de James Gray.
Certainement qu'eux aussi sont justes des ersatz de copies de trucs déjà existants, mais ils ont tout de même leur propre touche, certainement, et surtout... Franchement... aujourd'hui, il est possible de faire une œuvre 100% originale, qui n'aurait aucune influence ? Reste à voir ce qu'on en fait.
Pour moi, Drive ça fonctionne. Je ne trouve pas que c'est pédant, prétentieux, irrespectueux. Et je trouve, qu'en plus, il a de la gueule ce film.

oui, marko je faisais complètement référence à nos non discussions cinématographiques. ça ne m'empêche pas de te lire et à l'occasion de m'y retrouver ou d'apprendre des trucs (plus souvent que de m'y retrouver).

si j'ai envie de me faire mal je reviendrai sur le cinéma de genre (sur un autre fil, il y en a un je crois pour ça).

kierkegaard : je n'ai ptet pas l'air dans ma pause de midi mais je tente (même si je recycle des arguments déjà utilisés ailleurs) d'argumenter. possible que je le fasse mal. possible aussi que de trop nombreuses bonnes heures devant des films à la con me motivent encore assez pour réagir avec un peu de vie. il y a des trucs que j'ai apprécié dans le film, je ne vois donc pas pourquoi je ne tenterai pas au moins de contrebalancer un avis positif qui me semble basé sur des affirmations surprenantes. et surtout ce n'est pas parce qu'on ne s'apprécie pas que mes hypothèses n'en sont pas. avis minoritaire ou non d'ailleurs.
c'est dommage que les seules discussions que nous ayons n'aient rien à voir avec des sujets intéressants et plus encore rien à voir avec les sujets sur lesquels elles ont lieu. je ne suis pas non plus un fanatique du pourrissage d'ambiance... faut voir comment on discute, hein.

sentinelle a écrit:

eXPie a écrit:

Si ça se trouve, ses films sont vraiment faits pour être vus au cinéma, et pas à la télé, où la puissance des images et de l'enrobage sonore est nettement moindre.

J'ai visionné sous hypnose le Guerrier silencieux à la télé, alors je pense qu'il n'est tout simplement pas pour toi

Oui, c'est bien possible !

Un même film, des mêmes séquences vues par deux personnes différentes seront perçues comme un cliché total vain, ou comme une scène novatrice et intéressante... Le "pire", si je puis dire, c'est quand un film s'inscrit dans un genre très balisé. La frontière entre “l'hommage-qui-fait-avancer-le-schmilblick" et le film sans intérêt qui roule dans le sillage de ses prédécesseurs est parfois mince et très subjective... sans compter que ça peut dépender du moment et de l'humeur !

eXPie a écrit:

sentinelle a écrit:

eXPie a écrit:

Si ça se trouve, ses films sont vraiment faits pour être vus au cinéma, et pas à la télé, où la puissance des images et de l'enrobage sonore est nettement moindre.

J'ai visionné sous hypnose le Guerrier silencieux à la télé, alors je pense qu'il n'est tout simplement pas pour toi

Oui, c'est bien possible !

Un même film, des mêmes séquences vues par deux personnes différentes seront perçues comme un cliché total vain, ou comme une scène novatrice et intéressante... Le "pire", si je puis dire, c'est quand un film s'inscrit dans un genre très balisé. La frontière entre “l'hommage-qui-fait-avancer-le-schmilblick" et le film sans intérêt qui roule dans le sillage de ses prédécesseurs est parfois mince et très subjective... sans compter que ça peut dépender du moment et de l'humeur !

Exactement ! Je me le répète chaque jour !

eXPie a écrit:

sentinelle a écrit:

eXPie a écrit:

Si ça se trouve, ses films sont vraiment faits pour être vus au cinéma, et pas à la télé, où la puissance des images et de l'enrobage sonore est nettement moindre.

J'ai visionné sous hypnose le Guerrier silencieux à la télé, alors je pense qu'il n'est tout simplement pas pour toi

Oui, c'est bien possible !

Un même film, des mêmes séquences vues par deux personnes différentes seront perçues comme un cliché total vain, ou comme une scène novatrice et intéressante... ! Le "pire", si je puis dire, c'est quand un film s'inscrit dans un genre très balisé. La frontière entre “l'hommage-qui-fait-avancer-le-schmilblick" et le film sans intérêt qui roule dans le sillage de ses prédécesseurs est parfois mince et très subjective... sans compter que ça peut dépender du moment et de l'humeur

J'avoue que je n'ai pas analysé du tout les raisons qui ont fait que j'ai aimé ce film lors de sa vision, je l'ai regardé sans avoir lu quoi que ce soit sur ce film ou le réalisateur, que je ne connaissais pas. Je ne me suis renseignée que par après, je l'ai donc vu totalement indépendamment des débats qu'il a pu susciter (c'est surtout l'acteur principal que j'adore, Mads Mikkelsen, qui m'y a fait venir).
Alors le fait qu'il soit novateur ou non, je m'en fiche complètement mais j'ai pris mon pied en le visionnant, c'est tout ce qui compte finalement.

Drive

Un film obsédant et viscéral dans sa démarche esthétique. Les protagonistes, Ryan Gosling en tête, sont autant d'ombres et de silhouettes, comme s'il cherchaient à s'oublier eux-mêmes. Il nait de ces attitudes presque figées une poésie troublante, étrangement émouvante, qui irrigue les plus beaux moments de Drive.
Par contre, je suis plus sceptique vis à vis de l'ensemble : Nicolas Winding Refn saisit des instants, mais je n'ai pas été touché dans la durée par une continuité. Dès que l'engrenage de l'intrigue prend le pas sur une ambiance, la magie s'évapore ainsi qu'une forme de tension (avec une utilisation maladroite des ralentis et des baisses de rythme).
La figure impassible de Ryan Gosling, magnétique, reste tout de même en mémoire. Tout comme la présence de Carey Mulligan.

Avadoro a écrit:

Un film obsédant et viscéral dans sa démarche esthétique. Les protagonistes, Ryan Gosling en tête, sont autant d'ombres et de silhouettes, comme s'il cherchaient à s'oublier eux-mêmes.

Yal Sadat parle tres bien dans Chronicart de la fonction archétypale des personnages dans le film qui est finalement une sorte de conte de fée ou de relecture mythologique du genre comme il l'avait fait avec les guerriers vikings dans Valhalla Rising.

L'article de Yal Sadat: Ici

Marko a écrit:

Avadoro a écrit:

Un film obsédant et viscéral dans sa démarche esthétique. Les protagonistes, Ryan Gosling en tête, sont autant d'ombres et de silhouettes, comme s'il cherchaient à s'oublier eux-mêmes.

Yal Sadat parle tres bien dans Chronicart de la fonction archétypale des personnages dans le film qui est finalement une sorte de conte de fée ou de relecture mythologique du genre comme il l'avait fait avec les guerriers vikings dans Valhalla Rising.

L'article de Yal Sadat: Ici

Et tu en penses quoi de ce qu'il dit dans cette critique ? Car je ne vois pas le lien entre les deux films.

Je trouve que dans les 2 cas il tire le film de genre vers une forme d'abstraction onirique (sortes de trips un peu hypnotiques) ou les personnages principaux apparaissent comme des équivalents d' entités mythologiques: Odin dans Valhalla Rising au titre explicite et dans Drive plutôt une sorte de héros moyen-ageux (avec cheval et blason sur son blouson/armure qu'il met toujours au combat), de prince charmant presque immortel, de demi-dieu charge de protéger la belle et son enfant. C'est l'influence de Kubrick dans sa volonté de dégager ce caractère archetypal d'un cinema de genre d'habitude plus terre a terre devenu expérience sensorielle et abstraite.

Marko a écrit:

il a de la gueule ce film

Ca oui! Je dois avouer que j'ai été scotchée d'emblée, avec cette première scène où le héros cherche à semer la police et se retrouve...vous verrez où. Pas de dialogue ou si peu, bande son électro qui nous pose d'entrée dans une atmosphère tendue, électrique, les sens en éveil et les yeux rivés sur l'écran. Winding Refn a réussi l'ouverture, on est paré pour la suite, et on se dit que ce type a quelque chose de plus. L'inventivité, la classe, le style en un mot...

J'ai aimé ce côté spectaculaire vraiment jouissif, le jeu de Ryan Gosling dont le regard fait passer plein de choses en un rien de temps, tout intérieur mais fortement expressif. J'ai bien aimé me faire surprendre, ces braquages où l'on attend dans la voiture avec lui sans rien voir et qui arrivent malgré tout à nous faire méchamment sursauter, transi d'angoisse. J'ai bien aimé aussi cette petite romance inachevée qui peut être perçue comme trop mièvre, mais qui justifie la chute (et cette sorte de rédemption à la fin) d'autant plus lumineuse qu'elle est incarnée avec la grâce de Carey Mulligan. Enfin, j'ai 'kiffé' les ruptures de ton, ce mélange de gore et de doux, de scabreux et de romanesque, même s'ils n'étaient pas loin du comique (tout ce déballage de sang c'est sûr, finit par faire rire, mais m'a rappelé les films des frères Coen)

Bien sûr ce n'est pas le film de l'année, mais le plaisir était bien là, un plaisir visuel, sensoriel (je n'ai qu'une envie, me retrouver la bande son) et en lisant les appréciations de Marko plus haut sur ce justicier et l'excellente critique que vous citez ici (de chronicart) je me dis qu'en plus il n'est pas dénué de consistance, si on y regarde de plus près...

(Traversay tu es aussi bon qu'en météo pour les pronostics)

Aeriale a écrit:

Bien sûr ce n'est pas le film de l'année, mais le plaisir était bien là, un plaisir visuel, sensoriel (je n'ai qu'une envie, me retrouver la bande son)

J'en profite pour mettre une interview de Cliff Martinez qui a composé la musique du film (en dehors des 4 chansons). Je suis un grand fan de ses bandes originales depuis ses toutes premières collaborations avec Steven Soderbergh (avec notamment King of The Hill, Kafka, et plus tard Solaris). Il joue pas mal d'électronique, du gamelan balinais ... J'aime beaucoup ses séquences synthétiques aériennes et le climat mystérieux, hypnotique, mélancolique et un peu futuriste qui s'en dégage. Il évoque le projet voulu par Refn d' une sorte de conte de fée sur Los Angeles avec des personnages volontairement presque naïfs et les références à Tangerine Dream pour la musique.



Et la chanson de Kavinsky (mouvance Daft Punk qui collabore apparemment):


P.S.: "Il a de la gueule ce film" était une remarque de Queenie et non de moi mais ça me va quand même