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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Lun 17 Oct 2011 - 9:08
Marko a écrit:
J'aime beaucoup ses séquences synthétiques aériennes et le climat mystérieux, hypnotique, mélancolique et un peu futuriste qui s'en dégage. Il évoque le projet voulu par Refn d' une sorte de conte de fée sur Los Angeles avec des personnages volontairement presque naïfs et les références à Tangerine Dream pour la musique.
Merci de ces précisions Marko, j'aime aussi énormément ces atmosphères planantes, synthétisées au max, dans la mouvance des eighties (Darkanny devrait en faire ses choux gras) Et l'interview de Cliff Martinez est très intéressante. Y'a quelques passages vers la fin que je n'ai pas saisis entièrement, ça ferait un bon exo pour notre cours du mardi, tiens...Reflexion sur Drive après visionnage du film!
(Je pense y retrourner avec une amie dont le mari s'est endormi dès la première demi heure, et qui a dû partir...Je ne sais pas comment il a pu faire d'ailleurs )
Pour le plaisir
Une de mes préférées est- A Real Hero - College feat Electric Youth- séquence finale...
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Lun 17 Oct 2011 - 22:19
Je découvre avec étonnement que Refn et Jodorowski s'admirent mutuellement (Drive lui est dédié) et que télérama les a fait dialoguer ensemble pour la première fois: Refn/Jodorowski
Extrait:
Citation :
Alejandro Jodorowsky : Vous êtes l'un des rares cinéastes encore intègres, un véritable artiste. J'ai très peur que Hollywood ne vous pervertisse... Nicolas Winding Refn : J'aime être là où l'on ne m'attend pas. Après avoir réalisé Le Guerrier silencieux, la chose la plus étrange que je pouvais faire consistait à tourner un film américain. Dans quelques mois, je vous dirai si j'avais raison ou pas.
A.J. : Quand j'ai découvert Bronson, j'étais en extase. Je croyais voir un film de baston et j'ai été surpris. Les scènes d'action sont filmées comme des scènes de danse. Je me suis retrouvé dans votre conception d'un film non littéral, sans dialogues, sans concessions à ces affreuses personnes que sont les stars. N.W.R. : Je considère Bronson comme un opéra.
A.J. : C'est également le cas du Guerrier silencieux, un magnifique film initiatique dans lequel vous ne donnez pas toutes les clés au spectateur. A lui de se frayer un chemin dans vos visions morbides.
N.W.R. : Pour ma part, la première fois que j'ai vu El Topo, c'est la première fois que je voyais un film qui faisait l'effet d'une drogue. Il est inutile de prendre de la drogue pour voir le film, car le film EST la drogue. C'est exactement ce que je recherchais pour Le Guerrier silencieux. A.J. : Vous y êtes parvenu.
N.W.R. : Grâce à vous ! J'ai hâte de vous rencontrer à Paris. Le vieux Jodorowsky face au jeune Jodorowsky ! A.J. : Ne vous méprenez pas, je suis vieux mais bien vivant !
« Je crois que Nicolas Winding Refn est l'unique cinéaste actuel qui ne se nourrit pas des miettes de la télévision ni de la matérialiste et cynique industrie filmique nord-américaine. Il ne construit pas des oeuvres basées sur des dialogues, filmées avec des mouvements vides de caméra aussi rapides que les éjaculations précoces de leurs réalisateurs. Il s'exprime avec des images et de profonds sentiments qui vont au-delà des paroles ou des stupides combats à coups de pied et coups de poing. C'est un grand artiste, en pleine quête, dans ce royaume de la quantité, de ce qu'est la qualité humaine. Celui qui a des yeux pour voir, qu'il s'immerge, avec Refn, dans la recherche d'un monde nouveau, qui ne se trouve que dans la profondeur de notre âme. » Jodorowski
ça me fait penser que je ne connais pas assez Jodorowski et qu'il me faudra y revenir. Je crois qu'Animal l'aime tout particulièrement...
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Lun 17 Oct 2011 - 22:49
ouaip, j'aime bien Jodorowsky. On peut dire que c'est spécial en plus d'être ésotérique. ça ne m'empêche pas d'avoir du mal à partager l'avis optimiste sur Refn. Que je vois toujours comme un bon technicien auquel je colle le fardeau d'un autre mal contemporain : celui du vide derrière l'image. qui pourrait se discuter jusqu'à un certain point avec Jodorowsky si ce dernier n'était pas aussi touffu et obstiné avec un maillage monstrueux de beaucoup d'influences et un surréalisme visuellement présent.
je n'ai pas rebondi l'autre jour sur le thème du héros. ils le présentent comme ça, un conte, une histoire, la mise en image y colle mais c'est comme hors de propos. Il y a très peu de films qui réussissent vraiment à avoir un recul sur la et leur mise en image, et le traitement Drive est trop basique. Et perd (ou se plante dans l'interprétation, question de point de vue) son propos (la mise en image du héros on va dire) par rapport au cinéma même. Pour que ça marche vraiment avec l'excitation d'une identification le portrait est important mais ne fait pas tout, surtout par rapport au sujet ou décor choisi. Trop de rétroviseur et pas assez de bitume. Trop de système hi-fi dans la bagnole vintage. C'est du détail sans l'être. Mad-max sans la route qui défile méchamment il ne reste pas grand chose. Beaucoup d'autres c'est ce que regarde (peut-être) le personnage qui compte autant que lui, c'est de là que nait vraiment l'icône.
Et le traitement de la violence est ambigüe. Je tenterai ptet de repartir sur un autre fil avec un autre exemple.
Peut-être que s'il se contentait de faire un simple film, comme James Gray par exemple, il arriverait à quelque chose en plus. Il aurait malgré tout droit à ce genre de comparaison mais... un film qui serait d'abord la mise en image d'un propos mouvant (une histoire ou un développement ou une sensation).
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Lun 17 Oct 2011 - 23:25
animal a écrit:
Peut-être que s'il se contentait de faire un simple film, comme James Gray par exemple, il arriverait à quelque chose en plus. Il aurait malgré tout droit à ce genre de comparaison mais... un film qui serait d'abord la mise en image d'un propos mouvant (une histoire ou un développement ou une sensation).
Peut-être même si j'aime justement sa volonté de déréaliser tout ce qu'il aborde. Je rêve d'ailleurs d'un film qui ne serait que pure contemplation sans enjeu narratif, juste la transe d'associations d'idées purement sensorielles. Ils sont pas mal à tenter ça comme Bruno Dumont dans Hors Satan d'ailleurs. Mais ils ne peuvent pas se débarrasser complètement d'un fil conducteur. Alors Refn entraîne progressivement les films de genre vers quelque chose qui tient de l'hypnose, de la transe. C'est un début vers cette abstraction du langage cinématographique. Et je trouve qu'il s'en sort pas mal.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Lun 24 Oct 2011 - 21:25
Je jette un œil distrait au film Fast and Furious 3 sur nrj12 et je trouve ça complètement nul. C'est la qu'on se rend compte pleinement de la beauté d'un film comme Drive en terme de mise en scène et de sublimation du genre.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Lun 24 Oct 2011 - 21:32
Marko a écrit:
Je jette un œil distrait au film Fast and Furious 3 sur nrj12 et je trouve ça complètement nul. C'est la qu'on se rend compte pleinement de la beauté d'un film comme Drive en terme de mise en scène et de sublimation du genre.
Ben oui, mais il n'y a même pas Vin Diesel dedans (il est juste crédité, je crois). Sans Vin, c'est un peu vain !
Je suis sûr que Fast and Furious 6, prévu pour 2013, avec Vin Diesel, peut-être Jason Statham et Michelle Rodriguez, ça va déchirer grave.
Pour revenir à Drive, je l'ai vu, finalement, et c'est vrai que c'est pas mal du tout. Angelo Badalamenti est vraiment fort pour ce genre de musiques datées, à la Twin Peaks...
Je suis plus réservé sur la fin, par contre.
Et on retrouvera l'actrice Carey Mulligan chez Baz Lurhman dans Gatsby le Magnifique, avec Di Caprio.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Lun 24 Oct 2011 - 21:38
sur la fin, dans le garage j'ai par contre bien apprécié les images en... vert et jaune/brun/or à base de belles zones très définies par les angles de la voiture contre laquelle est appuyée le bonhomme. effet réussi et moins convenu qu'un plan de nuit standard avec ou sans parking.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Jeu 27 Oct 2011 - 11:18
J'ai trouvé la scène de la plage d'une intensité fantastique et pleine de dangers vraiment très bien foutu. J'avais l'impression de voir un hommage aux films de Carpenter (de la brume de bord de mer qui rappelle Fog non ?) et aux films de slashers (avec ce type qui regarde sa future victime se débattre dans sa mélasse pour venir le tuer tranquillement, froidement).
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Jeu 27 Oct 2011 - 18:45
Queenie a écrit:
J'ai trouvé la scène de la plage d'une intensité fantastique et pleine de dangers vraiment très bien foutu. J'avais l'impression de voir un hommage aux films de Carpenter (de la brume de bord de mer qui rappelle Fog non ?) et aux films de slashers (avec ce type qui regarde sa future victime se débattre dans sa mélasse pour venir le tuer tranquillement, froidement).
Extra! avec cet effet stroboscopique de la lumière en arrière plan. Super séquence
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Lun 28 Nov 2011 - 10:26
Drive
quelle déception ! quel dommage ! on sent qu'il y a un tel potentiel, une telle envie chez le réalisateur et tout ça pour ça ! il filme avec tellement de coeur cette sublime histoire d'amour à travers les silences, les regards, les sourires ébauchés, les yeux qui s'illuminent et juste une main qui se pose sur une autre pour dire absolument tout du désir, mordant, intense, incroyable que dégage le film sans aucun artifice, au plus près des corps, palpables, intenses, on voit à l'intérieur, c'est merveilleux (et ce baiser : mazette !! vous en avez déjà vu des plus beaux au cinéma ?!? wouah !) et cette magnifique perle noire se trouve dans une coquille toute vide, toute molle, toute bancale. Le rythme lent ne me gêne pas mais bon, pourquoi ne pas filmer les scènes de violence au début du film et le faire ensuite avec autant de rage (ah mais oui le personnage est passé de l'autre côté du miroir mais ta ta ta, j'aimais mieux le sous-entendu que ces scènes affligeantes, qui détruisent toute l'originalité de la mise en scène lente, sourde, efficace).
Et puis c'est quoi cette histoire de hold up, d'arroseur arrosé à laquelle je n'ai rien compris (heureusement nous étions deux dont l'une un peu plus avertie en matière de gangsters pour m'expliquer le noeud gordien dans lequel le héros étouffe)(le pire c'est que comme c'est lent on a vraiment le temps de réfléchir à ce qu'on ne comprend pas...).
Et pourquoi mettre un masque pour tuer un type ? rappel de film d'horreur ? ah mais oui mais non, pas besoin de ces clins d'oeil qui rendent le film grotesque (enfin pas cohérent, trop flou, pas assez reserré sur son propos). Alors évidemment on pense à Tarantino, mais Tarantino en fait des tonnes là où Refn brille par son ascétisme, par sa mesure, par sa distance. Du coup je n'ai pas compris, pas aimé, le mélange des genres.
Et puis c'est quoi cette musique de clip vidéo avec la voiture qui roule (si, si), l'enfant qui rêve, la femme qui sourit, l'homme qui conduit : on dirait une pub pour Levi's ou Colgate ! affligeant ! La B.O. est impressionnante tellement elle est inécoutable et même si en rentrant mon amie m'a fait voir la fin du film Halloween pour me montrer les équivalences, une nouvelle fois je trouve que la correspondance tombe à l'eau, nous ne sommes pas dans un film d'horreur à la Carpenter ! pitié ! cela aurait été tellement génial que Refn cherche quelque chose du côté de Varèse ou John Cage mais là ! non !
ah comme je suis triste que Refn soit tombé dans de tels travers, il avait tout pour faire quelque chose d'unique, de différent, avec un personnage extraordinairement intéressant, intriguant, avec cette volonté de faire lent là où l'on attend du rapide, avec cette prise de position d'en montrer le moins possible et puis tout à coup le labyrinthe s'écroule et on voit trop, on entend trop, on perd trop...
bon je vais lire vos commentaires et peut-être revenir...
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Lun 28 Nov 2011 - 18:55
shanidar a écrit:
cela aurait été tellement génial que Refn cherche quelque chose du côté de Varèse ou John Cage mais là ! non !
Varèse ou John Cage n'auraient pas pu donner ce climat aérien et enveloppant (il s'est par contre essayé à des choses approchantes dans "Bronson" qui passe de la pop à l'opéra ou à la musique expérimentale). Je pense même que ça n'aurait pas collé du tout. Pour l'opposition entre la douceur hypnotique et la violence grotesque je trouve que tout l'intérêt du film est justement dans leur coexistence permanente (simultanément ou en alternance) qui culmine dans la scène de l'ascenseur. La force du film et son côté fable viennent de cet antagonisme constant. La seule chose que je concède à ton rejet est la séquence "colgate" même s'il joue forcément de ce côté bluette. La musique ne passe effectivement pas trop pour moi à ce moment là. Pour le reste je trouve que c'est un objet artistique parfait et loin d'être une coquille vide. C'était pas gagné sur la base d'un film de genre de série B. Il arrive finalement à donner une âme à un histoire banale d'affrontements mafieux en apportant un regard neuf et touchant. Le film dégage une profonde mélancolie tout en ayant un côté ludique assez jouissif.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Lun 28 Nov 2011 - 23:28
Comme Marko (je crois) j'ai aimé les invraisemblances, le côté référentiel légèrement Grand Guignol : ça apportait cette ambiance irréelle, flou, mystérieuse. Qui change des films ultra réalistes.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Mar 29 Nov 2011 - 5:52
Mais la vraie question reste.... et cette scène du et de parking alors ?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Mar 29 Nov 2011 - 13:34
shanidar a écrit:
Et puis c'est quoi cette histoire de hold up, d'arroseur arrosé à laquelle je n'ai rien compris (heureusement nous étions deux dont l'une un peu plus avertie en matière de gangsters pour m'expliquer le noeud gordien dans lequel le héros étouffe)
animal a écrit:
Mais la vraie question reste.... et cette scène du et de parking alors ?
Je ne sais pas si vous évoquez la même chose mais cette séquence sur le parking est clairement explicitée par le personnage interprété par Christina Hendricks dans le motel quand Ryan Gosling la force à parler. C'était un coup monté pour récupérer l'argent et se débarrasser de l'ex-taulard et père du gamin. Elle en était informée mais elle ne savait pas qu'il serait tué. C'est aussi elle qui a prévenu les truands par sms au moment de la tuerie dans le motel.
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Nicolas Winding Refn Mer 30 Nov 2011 - 10:09
Queenie a écrit:
Comme Marko (je crois) j'ai aimé les invraisemblances, le côté référentiel légèrement Grand Guignol : ça apportait cette ambiance irréelle, flou, mystérieuse. Qui change des films ultra réalistes.
ah c'est étrange, l'ambiance je la trouve vraiment, puissamment, complètement dans la relation entre le héros et sa voisine, une folie, une tragédie moderne, un florilège de retenues, de non-dits, de mots à peine murmurés qui donnent au film une profondeur, une esthétique, une signature, à l'inverse les scènes de 'genre' me sont apparues comme 'tirées par les cheveux' et desservant le propos, comme quoi... en fait, après pas mal de questionnements, je crois que Drive se rapproche beaucoup de l'esthétique, lente, valsée, émouvante, désirée et désirable de In the mood for love, qui a mon sens est lui d'un onirisme total et du coup l'aspect bandit m'a déroutée et mise à distance.