Lecture en commun - Edmund White : Hôtel de Dream

Nezumi a écrit:

J'étais sûre que cette lecture allait se révéler riche.

aucun doute, mais j'espère que cela va maintenant s'arrêter pendant quelques pages.. sinon je vais me retrouver avec 50 livres à lire après

mais ce que j'adore surtout: d'avoir accès à l'internet pour retrouver toutes ces références.. ainsi on peut vraiment aller plus loin dans une lecture.. et j'adore ces connexions entre différents auteurs.. livres..

mais voilà.. faudrait revenir à cette lecture
on reparlera de ce 3e chapitre quand tu l'as lu

je vais parler demain matin de la suite de ma lecture

De même. J'ai relu les chapitres 3 et 4, et c'est très étonnant comme cette lecture me plombe moins que la dernière fois (en fait pas du tout, même). C'est passionnant.

Nezumi a écrit:

c'est très étonnant comme cette lecture me plombe moins que la dernière fois (en fait pas du tout, même). C'est passionnant.

contente de le lire

Chapitre 3
En alternant les voix par chapitre, on revient chez Cora qui parle de soucis d'argent et surtout du temps ou elle a cru qu'elle allait perdre Stephen. Il se cachait à La Havanne pendant presque quatre mois.. et je dois dire que je n'ai pas réussi à lire entre les lignes pouquoi?!

Chapitre 4
Stephen continue de raconter sa rencontre avec Elliot - intéressant ici qu'il référe au titre de son (dernier) livre à paraître: Wounds in the Rain (1900) qui "pourrait servir comme le nom du portrait d'Elliot en mots, quelque chose de fluide, vague et douloureux"
that could serve as the name of Elliot's portrait in words, something fluid and vague and painful

mais il y a aussi des moments de sa vie avec ses amis qu'il appelle "les indiens".

Entre eux il nomme seulement un - le peintre Corwin Knapp Linson


Rue à Pont Aven

Ils doivent avoir eu une amitié à part, Corwin Knapp Linson a même écrit un livre sur lui: My Stephen Crane



à noter encore pour le prof d'anglais qui m'accompagne dans cette lecture

il utilise le mot particklar - jamais vu, internet me rassure que ce n'est pas une faute de frappe.. mais nulle part si c'est un mot ancien, plus utilisé.. ou si c'est seulement moi

De même j'ai aimé l'utilisation de insouciance, connu.. mais que je ne rencontre pas si souvent.. et j'adore, mais je me demande comment cela sonne en anglais

Je te retrouve lundi pour les commentaires, car j'ai oublié mon exemplaire au lycée (je voulais le lire à la pause de midi), et comme j'aurais voulu faire des citations...

kenavo a écrit:

il utilise le mot particklar - jamais vu, internet me rassure que ce n'est pas une faute de frappe.. mais nulle part si c'est un mot ancien, plus utilisé.. ou si c'est seulement moi

De même j'ai aimé l'utilisation de insouciance, connu.. mais que je ne rencontre pas si souvent.. et j'adore, mais je me demande comment cela sonne en anglais

Merci de penser à moi pour le vocabulaire. Le particklar doit être une forme parlée.
Pour "insouciance", clique ici pour la prononciation.

Nezumi a écrit:

Pour "insouciance", clique ici pour la prononciation.

merci..
j'utilise un dictionnaire en ligne qui fait de même, mais ne marche pas sur cet ordi.. celui-là marche.. hm.. je l'aime mieux en écrit

à lundi alors.. pour les commentaires

kenavo a écrit:

Nezumi a écrit:

Pour "insouciance", clique ici pour la prononciation.

merci..
j'utilise un dictionnaire en ligne qui fait de même, mais ne marche pas sur cet ordi.. celui-là marche.. hm.. je l'aime mieux en écrit

Oui, le français sonne souvent bizarre en anglais. Le pire je crois, c'est maitre d'. On dirait mercredi.

Nezumi a écrit:

Oui, le français sonne souvent bizarre en anglais. Le pire je crois, c'est maitre d'. On dirait mercredi.

ils devraient laisser de côté

ptet un automate qui fait la lecture ?

Bon, j'ai un peu tardé...

Dans le chapitre 3, ce qui m'a frappé c'est une autre description de la décrépitude physique due à la maladie. Plus on avance dans ce roman, plus on se rend compte de son atmosphère crépusculaire et funèbre.

Cora le regarde s'assoupir. Dès que le feu s'éteint dans ses yeux, son visage devient couleur de cendre, la cendre d'un blanc soyeux qui recouvre une bûche consumée et que l'on fait s'envoler en soufflant dessus.

C'est terriblement triste, mais c'est beau, non ?

Sinon, le "name-dropping" de célébrités littéraires ou autres de l'époque continue, avec chaque fois un petit commentaire souvent acerbe dessus, qui en tout cas détruit leur aura mais leur fait prendre vie.
Henry James aux "propos fuyants et pervers", HG Wells "un petit artiste susceptible et déviant" (selon James), William Randolph Hearst le célèbre magnat de la presse...
Sinon, non, on ne sait pas pourquoi Crane a fait cette fugue à La Havane, ça montre peut-être le côté imprévisible du personnage ?

Dans le chapitre 4, où Crane redevient le narrateur, il met en parallèle l'histoire d'Elliott et la sienne propre, il souligne leurs différences (le garçon ayant été victime d'inceste et de maltraitance, Crane ayant eu une enfance globalement protégée et heureuse) et leurs similitudes actuelles (pauvreté, maladie). On a l'impression qu'il cherche à s'expliquer sa sympathie immédiate envers l'adolescent. Comme s'il était une sorte de double ou de contraire de lui-même, comme si son appartenance au milieu de la prostitution (comme Cora) lui fournissait "une façon comme une autre d'échapper à une éducation méthodiste". C'est étrange comme l'intérêt humain qu'il lui porte se mêle à l'intérêt littéraire, professionnel. En faisant raconter à Elliott son histoire, préciser, éclaircir des points, on sent qu'un roman est déjà en gestation...
Sinon, j'aime bien la façon dont le New-York populaire, celui des bas-fonds, alors indissociable du milieu artistique, est décrit de façon saisissante et évocatrice.

Corwin était un artiste qui avait étudié à Paris dans l'atelier de Gérôme et dont je pensais qu'il avait une considérable expérience de la vie (il était mon aîné de sept ans). C'est lui qui a peint le portrait de profil où je ne suis que pommettes et mèches collées, des accroche-coeur à la Napoléon. La première fois qu'il m'avait rencontré, il m'avait dit que je ressemblais à Napoléon "mais en moins bien", à quoi j'avais répondu doucement: "J'espère bien". Nous l'appelions CK, peut-être parce que "Corwin Knapp Linson", c'était un nom à coucher dehors. (chap 4 )



Stephen Crane, (détail) C.K. Linson, 1896.

En fait, vu la façon dont il le décrit, je n'imaginais pas vraiment ce portrait comme cela.

Nezumi a écrit:

Plus on avance dans ce roman, plus on se rend compte de son atmosphère crépusculaire et funèbre.

Cora le regarde s'assoupir. Dès que le feu s'éteint dans ses yeux, son visage devient couleur de cendre, la cendre d'un blanc soyeux qui recouvre une bûche consumée et que l'on fait s'envoler en soufflant dessus.

C'est terriblement triste, mais c'est beau, non ?

oui.. ces passages sont sublimes.. triste.. mais sublime

Nezumi a écrit:

Sinon, non, on ne sait pas pourquoi Crane a fait cette fugue à La Havane, ça montre peut-être le côté imprévisible du personnage ?

oui.. probable..
peut être on va avoir une réponse quand Stephen va peut être revenir vers cet épisode..

Nezumi a écrit:

comme si son appartenance au milieu de la prostitution (comme Cora) lui fournissait "une façon comme une autre d'échapper à une éducation méthodiste".

ah oui, j'ai souligné cette remarque

Nezumi a écrit:

C'est étrange comme l'intérêt humain qu'il lui porte se mêle à l'intérêt littéraire, professionnel. En faisant raconter à Elliott son histoire, préciser, éclaircir des points, on sent qu'un roman est déjà en gestation....

comme quoi, l'auteur "utilise" les gens, les événements,... autour de lui pour en faire de la littérature..

Nezumi a écrit:

Sinon, j'aime bien la façon dont le New-York populaire, celui des bas-fonds, alors indissociable du milieu artistique, est décrit de façon saisissante et évocatrice.

ah oui.. déjà dans le 2e chapitre quelques belles images.. j'adore

et merci pour la citation et l'image - mais comme tu dis.. je m'avais fait une autre image de lui

kenavo a écrit:

comme quoi, l'auteur "utilise" les gens, les événements,... autour de lui pour en faire de la littérature..

Absolument!
Ce qui met si souvent leur entourage en furie d'ailleurs...

Nezumi a écrit:

Ce qui met si souvent leur entourage en furie d'ailleurs...

en lisant sa biographie (condensée sur wiki), j'étais étonnée de voir à combien de guerres il a participé en tant que journaliste..
un choix assez exceptionnel - mais peut être aussi une réaction envers sa jeunesse protégée et heureuse
ou peut être seulement le souhait de fuir cet endroit protégé.. ou de pouvoir simplement voyager..