Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Apichatpong Weerasethakul

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Marko
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Marko


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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptySam 11 Sep 2010 - 11:30

animal a écrit:

ralalalala, je doute je doute...
`

Au pire tu dormiras pendant 1h50! tu ne prends pas un risque démesuré rire
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darkanny
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptySam 11 Sep 2010 - 11:54

Je ne sais pas si Animal va dormir , mais il y a quand même une chose qui m'a terriblement manquée durant ce film , c'est l'émotion que j'aurais dû ressentir s'agissant de vie antérieures , de personnages aimés disparus , qui réapparaissent comme la femme de l'oncle dans les bras de laquelle il se réfugie (ton avatar marko) , et bien là de glace je suis restée , rien , pas l'ombre d'un frisson .
C'est beau , mais c'est froid , du moins je l'ai ressenti comme tel.
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptySam 11 Sep 2010 - 12:05

darkanny a écrit:
Je ne sais pas si Animal va dormir , mais il y a quand même une chose qui m'a terriblement manquée durant ce film , c'est l'émotion que j'aurais dû ressentir s'agissant de vie antérieures , de personnages aimés disparus , qui réapparaissent comme la femme de l'oncle dans les bras de laquelle il se réfugie (ton avatar marko) , et bien là de glace je suis restée , rien , pas l'ombre d'un frisson .
C'est beau , mais c'est froid , du moins je l'ai ressenti comme tel.

Moi c'est l'inverse. Quand le fantôme de sa femme apparait c'est très émouvant parce qu'il la regarde avec douceur et il lui demande simplement si elle va bien et si elle n'a manqué de rien dans l'au-delà. Les thaïlandais ont souvent ce rapport simple aux choses et aux sentiments. Il n'y a pas d'effusions, juste une tendresse humble, et l'acceptation de l'inconnu. Et ce qu'elle dit est à la fois un espoir et une énigme. Il lui demande ce qui se passe une fois passé de l'autre côté et elle se tait, en tournant son visage... Le fils qui est devenu un homme singe aveugle lui donne aussi quelques indices de ce qui va lui arriver. Ce sont des messagers et il est ensuite prêt à accepter la grande aventure. Je trouve ces séquences d'une incroyable poésie. Les réincarnations sont aussi des entités animales qui aspirent à la liberté et à une communion avec les éléments et la nature. Une nature généreuse et sensuelle (la séquence du poisson chat). L'émotion est davantage sensorielle que psychologique. Il n'y a même aucune psychologie. On est dans une logique onirique. C'est ce qui te maintient peut-être à distance. Je trouve au contraire qu'il nous amène vers quelque chose de bien plus vaste, une sorte de réconciliation avec le cosmos libéré de toute peur. Ces fantômes et réincarnations sont notre passé et notre avenir, nos compagnons de voyage. Lynch fait la même chose finalement dans Inland Empire mais le voyage est effrayant, cauchemardesque alors que la philiosophie bouddhiste d'Apichatpong est sereine, apaisante. Ce film m'a fait un bien incroyable.
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptySam 11 Sep 2010 - 21:00

Oncle Boonmee

Film tranquille sur la mort et la maladie. et les liens entre les êtres, et les choses.

Belle intro sur une bête à corne dans une image sombre, le manque de lumière qui masque et camoufle, mélange les choses. ça pourrait se gâter à coups de singe-fantôme à yeux rouges (si si si...) genre kerberos truc muche de l'espace technologique et flashy mais en fait, bon c'est weird et ça n'apparait pas complètement utile voire indispensable mais... oui pourquoi pas, regardons le reste. et oublions quelques autres trucs qui semblent aussi inutiles (sur l'ensemble après coup peut-être pas tous) et des dialogues assez appuyés. pas trop grave, même pas gênant, vaguement troublant. pourquoi donc...

le film passe, comme le temps, tranquillement et sans temps morts d'une façon bizarrement linéaire, les ruptures "passent" et reviennent comme illustration du titre et illustrations plus larges ? (le trip avec la princesse). Il y a de la forêt, un fantôme, cette langue thaï très douce, le temps qui passe, une image peu contrastée, naturelle, des bruits d'air qui bouge, quelques esquisses réalistico-écolos... des bruits de végétation qui se plie... une forme de silence habité de la nature. qui tranche avec la fin, et son humour qui intrigue, interpelle un peu (aussi farfelu que réussi le diaporama) et recolle des morceaux...

pas convaincu qu'il y ait tant de choses à comprendre là-dedans, au sens d'une réflexion immédiate. le contraste de sensations doit suffire. c'est smooth et cette image naturelle peu contrastée, qui n'est pas agressive est un bol d'air pour les yeux. et j'avais peur d'une image trop bidouillée et chargée. totalement rassuré.

finalement loin d'être ennuyeux et loin d'être inintéressant. je doute de certains dialogues ou "trucs" mais les thématiques même si elles peuvent aussi avoir l'air simple ont le mérite d'être plusieurs et mêlées. c'est beau et ça se paye le luxe d'une apparente simplicité.


j'ai des réserves et des doutes mais j'aime bien le film, c'est doux et cette fin qui tranche souligne à mon sens l'intérêt vif et attentif que l'on peut porter à cette douceur.

cette fois j'ai bien fait de me laisser tenter panda
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptyDim 12 Sep 2010 - 10:00

J'ai tout bien relu vos avis. Et ça ne m'apporte rien de plus au mien.
Je tiens juste à répondre à une phrase de Marko
Citation :
L'émotion est davantage sensorielle que psychologique. Il n'y a même aucune psychologie. On est dans une logique onirique. C'est ce qui te maintient peut-être à distance.
Je ne crois pas que ce soit ça qui me tienne à distance.
D'abord, parce que je pense que c'est faux de dire qu'il n'y a aucune psychologie. Il parle tout de même de la mort, de la peur de la mort, du passé qui ressurgit, en bien en mal. C'est plein de psychologie. En tout cas, je l'ai vu comme ça.

Et ce n'est pas la logique onirique qui a pu me tenir à distance, je crois avoir déjà vu et apprécié pas mal de films "oniriques" pour sentir que ça ne vient pas de ça.

Boonmee, c'est vraiment autre chose.
Difficile de mettre le doigt dessus, cela dit.
Animal souligne plus le côté du film qui a pu me déranger :
Citation :
cette image naturelle peu contrastée, qui n'est pas agressive est un bol d'air pour les yeux. et j'avais peur d'une image trop bidouillée et chargée. totalement rassuré
Une image peu contrastée, naturelle, sombre, un peu : je pose ma caméra, la nature fera le reste. Ça m'a déplu.

Le côté monocorde, qu'animal et Marko trouvent doux, agréable, m'a fait définitivement sombrer. Ça manquait de rythme.
Cette sorte d'englobage majoritaire dans une même torpeur tout le long, de toutes les scènes, c'était définitivement trop ... plat pour moi. Tous les morceaux d'histoires semblent avoir la même ambiance, alors qu'ils ne "devraient pas".
Du coup, je me mets à penser à autre chose. Ce qui ne m'arrive pratiquement jamais au cinéma. V'là que mes pensées sont complètement ailleurs.

Étrangement, vers la fin, à partir de la grotte, je me suis moins ennuyée. Après, à savoir si c'est parce que je finissais par m'habituer, me résigner, si c'est parce que je sentais la fin et la libération proche, ou si c'est parce que réellement la scène de la grotte a un truc particulier... je ne saurais le dire.

En tout cas, je n'ai pas envie de faire l'effort de "racheter" ce film. Je ne le reverrais jamais, et ne tenterais rien d'autre dans la filmo du réalisateur. C'est définitif, ça c'est vraiment un cinéma qui n'est pas pour tout le monde. Et qui n'est pas pour moi.
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptyDim 12 Sep 2010 - 11:04

j'ai relu aussi les avis et je dissocie de Tim Burton ou Lynch (qui m'intéresse moins, remarquez j'en ai vus plus). Je pense également qu'il ne réinvente pas tout Apichatpong, entre son apparente douceur et ses trips qui n'en sont pas tout à fait, pas au sens "gros trip", plus des morceaux de réalité parallèle, complémentaire, avec la même texture. ça répond à des choses sensibles dans les "trucs de par là", une impression quoi. (de même pour le mélange rustique/tradition et moderne avec sacs en plastique... bien qu'il montre volontiers un début de frontière dans ce film, et plus si affinités).

Citation :
Le côté monocorde, qu'animal et Marko trouvent doux, agréable, m'a fait définitivement sombrer. Ça manquait de rythme.
Cette sorte d'englobage majoritaire dans une même torpeur tout le long, de toutes les scènes, c'était définitivement trop ... plat pour moi. Tous les morceaux d'histoires semblent avoir la même ambiance, alors qu'ils ne "devraient pas".
Du coup, je me mets à penser à autre chose. Ce qui ne m'arrive pratiquement jamais au cinéma. V'là que mes pensées sont complètement ailleurs.
Ce qui m'a surpris c'est que dans les thèmes qu'on peut voir passer il y a le rapport "moderne" aux étrangers, et à une histoire récente voire actuelle du pays. ça passe a peu près l'air de rien, avec beaucoup de naturel (à travers le personnage de la tante notamment et les photos à la fin) tout en étant présent, et justement sur le même rythme. c'est un truc qui m'a plu, ça peut provoquer une vague alerte (du spectateur) dans la torpeur ambiante.

Un peu d'accord pour le "laisser faire la nature" dans l'image, qui reste quand même une mise en valeur sans trancher tout blanc/tout noir. idem dans le rapport des personnages à cette nature.

A moins que je ne sois trop déconnecté je trouve que le film reste accessible, il n'est pas si lent d'ailleurs ni si contemplatif avec ses forces détails (et trucs strange superflus que j'ai du mal à situer, faut que je vois d'autres films). Agréable mais piégeux.
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptyDim 12 Sep 2010 - 16:50

animal a écrit:
cette fois j'ai bien fait de me laisser tenter panda

Content de voir que tu as apprécié!

Queenie a écrit:

Je tiens juste à répondre à une phrase de Marko
Citation :
L'émotion est davantage sensorielle que psychologique. Il n'y a même aucune psychologie. On est dans une logique onirique. C'est ce qui te maintient peut-être à distance.
Je ne crois pas que ce soit ça qui me tienne à distance.
D'abord, parce que je pense que c'est faux de dire qu'il n'y a aucune psychologie. Il parle tout de même de la mort, de la peur de la mort, du passé qui ressurgit, en bien en mal. C'est plein de psychologie. En tout cas, je l'ai vu comme ça.

Je me doutais en écrivant cette phrase qu'elle n'irait pas de soi... J'avais d'ailleurs failli écrire "presque" aucune psychologie. Je voulais dire que la plupart des films reposent sur des enjeux psychologiques entre les personnages en racontant une histoire le plus souvent linéaire ou vaguement déstructurée. Ou alors comme chez Lynch par exemple, le film explore l'inconscient d'un personnage. Inconscient qui est fait de rêves, de fantasmes, d'hallucinations qui proposent une énigme à résoudre, ces pensées projetées à l'écran révélant un sens détourné appartenant à la réalité de celui qui les produit. Dans les 2 cas ce sont différents aspects de processus psychologiques mis en oeuvre pour raconter une histoire ou nous faire ressentir un conflit, une angoisse...

Dans Oncle Boonmee on est davantage dans une expérience spirituelle, métaphysique, qui est au-delà du langage et au-delà de la psychologie. Il vise à nous faire ressentir avec son personnage quelque chose de l'ordre du mystère, du sacré, à travers un parcours animiste et panthéiste vers la mort. Il n'y est pas question de peur ou de conflit psychique à résoudre, consciemment ou inconsciemment, pour le personnage principal. Il n'a pas peur d'ailleurs. Il constate et il accompagne. Il s'agit juste d'inviter au mystère du passage de la vie à la mort dans une acceptation ni douloureuse ni héroïque mais dans un abandon aux forces de la nature qui s'incarnent à travers différents possibles animaux, végétaux ou même différentes alternatives de vie qui pourraient alors co-exister dans ce moment très particulier où son être quitte son enveloppe terrestre pour fusionner avec quelque chose de plus vaste qui abolit toute notion de temps et d'espace. On est plus près de l'expérience chamanique qui est une modification du niveau de conscience s'apparentant à la transe. Et plutôt que de psychologie, il s'agit de renoncement à la psychologie justement par cet abandon qui permet l'apaisement (la méditation bouddhiste vise à ce détachement de toute nécessité psychologique, de tout besoin, de toute émotion même autre que cette béatitude amniotique que propose la grotte matricielle). Les fantômes et les réincarnations sont effectivement issus de la pensée de Boonmee mais ils n'apparaissent pas comme des processus "psychologiques" cherchant à faire sens. C'est un peu comme si dans son chemin vers la mort l'esprit libérait tout ce qu'il retenait pour se vider. Et d'ailleurs les photographies que l'on voit à la fin et qui évoquent les événements politiques font partie de ces souvenirs qui échappent comme dernier lien à la vie terrestre. Apichatpong a suggéré dans une interview que ces images issues d'une précédente installation pourraient être perçues comme sa propre intrusion mentale dans l'univers de Boonmee. Et la psychologie pourrait alors apparaitre à la limite non pas au travers du personnage de Boonmee mais plutôt à travers le réalisateur lui-même investissant sa fiction.

Bref tout ça pour dire que ce qui fait la singularité de ce film c'est sa dimension sensorielle et spirituelle non narrative au sens habituel du terme. Et les moyens visuels qu'il utilise pour y parvenir. Une sorte de 2001 à sa façon (pas mal de points communs peuvent se retrouver d'ailleurs). Car tu dis qu'il y a une sorte d'uniformité un peu ennuyeuse alors que finalement, quand on regarde bien, le film est fait de segments très différents les uns des autres. Des scènes naturalistes du quotidien à la rencontre sur la terrasse, de la fantasmagorie de la confrontation entre le poisson chat et la princesse à l'immersion dans la grotte/utérus, des souvenirs photographiques aux séquences finales dans l'appartement... on passe par des expériences visuelles très variées. Mais l'ensemble converge vers ce sentiment de dévidement de la pensée, de contraction temporo-spatiale et d'élévation vers une forme de béatitude spirituelle qui est une sacrée proposition de cinéma.

Tu ne pourras pas être "convaincue" comme je ne parviendrai jamais à faire ressentir ce que j'ai éprouvé en voyant ces images mais c'est un film qui mérite qu'on se questionne à son sujet.




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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptyDim 12 Sep 2010 - 21:08

Citation :
Il n'y est pas question de peur ou de conflit psychique à résoudre, consciemment ou inconsciemment, pour le personnage principal. Il n'a pas peur d'ailleurs.
je ne l'ai pas vu comme ça. de même que je trouve étrange ou difficile de rester trop sur le personnage de Boonmee. dans une sorte de variation, c'est le bon point de la séquence princesse et poisson-chat, si on l'envisage comme une possibilité de vie antérieure il est impossible d'associer l'oncle à un personnage en particulier (vision perso, ptet raté un élément ou plusieurs... ).

et l'ambiance fait de l'effet c'est certain mais je refuse de lui laisser masquer le reste du film, tout ce qui peut poser problème derrière, la foultitude d'irrésolu qui peuple le film.
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptyDim 12 Sep 2010 - 21:14

animal a écrit:
Citation :
Il n'y est pas question de peur ou de conflit psychique à résoudre, consciemment ou inconsciemment, pour le personnage principal. Il n'a pas peur d'ailleurs.
je ne l'ai pas vu comme ça. de même que je trouve étrange ou difficile de rester trop sur le personnage de Boonmee. dans une sorte de variation, c'est le bon point de la séquence princesse et poisson-chat, si on l'envisage comme une possibilité de vie antérieure il est impossible d'associer l'oncle à un personnage en particulier (vision perso, ptet raté un élément ou plusieurs... ).

Tu as raison Boonmee n'est que l'enveloppe charnelle ici et maintenant et il ne fait qu'un avec toutes les autres entités passées ou à venir. Ce qui est intéressant c'est qu'il y a aussi des connexions et des échos avec d'autres films. Dans Tropical Malady par exemple on évoque déjà un oncle qui se souvient de ses vies antérieures. J'essaierai de mettre quelques échanges avec Apichatpong que je suis en train de lire dans la presse. Il est tellement agréable à lire/écouter d'ailleurs. Aussi paisible et doux que son univers. Il dit qu'il se destinait intialement à un cinéma "hardcore" très expérimental mais qu'il est content d'avoir exploré plein d'autres voies avec le cinéma, les installations vidéos, la photographie... Il faudrait prendre le temps de regarder son travail de plasticien. Peut-être aurons-nous droit à une expo un de ces jours.
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptyLun 13 Sep 2010 - 0:07

Une interview d'Apichatpong parmi d'autres. Ce que j'apprécie chez Apichatpong c'est qu'il n'est pas avares de commentaires. Il ne joue pas la carte de l'opacité et de la même façon dans son film il nous prend par la main pour nous aider à comprendre ce qui se passe au fur et à mesure (par une voix off, un insert comme dans les films muets...).

Mes films ont la simplicité des longs-métrages d’autrefois et sont conçus pour susciter plusieurs interprétations. Je considère avoir réussi lorsque les spectateurs s’interrogent sur ce qu’ils ont vu et ne sont sûrs de rien. J’aimerais que mes images les habitent longtemps, car un film se ressent avec le corps, mais aussi avec le cœur et l’âme.

Citation :

ÉLOGE DES FANTÔMES


Palme d’or 2010, Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) est une oeuvre inouïe, qui rappelle que les plus beaux films sont toujours affaire de fantômes. Tout juste rentré de Cannes, Apichatpong Weerasethakul nous a reçus à Paris, dans les locaux de ses coproducteurs français d’Anna Sanders films.
_Propos recueillis par Jérôme Momcilovic

Oncle Boonmee est d’abord la conclusion d’un projet au long cours, l’exposition Primitive, que vous présentiez l’an dernier à paris. Quelle est l’origine de ce projet ?

C’est une accumulation d’expériences. J’ai d’abord été marqué par la lecture de Waiting for the Macaws de Terry Glavin, qui parle de différents types d’extinction : des espèces, du langage, de la culture et des dieux. J’ai réalisé que c’était la situation du nord-est de la thaïlande, où j’ai grandi. Par exemple, dans la province de Chiang Mai où je vis aujourd’hui, les très nombreux immigrés birmans ne sont plus autorisés à célébrer leurs rites – principalement parce que le gouvernement thaïlandais interdit les rassemblements de plus de vingt personnes. La disparition de cultures, de voix uniques, m’a touché, et j’ai voulu travailler autour de cette région dont la mémoire s’éteint petit à petit. Mon équipe et moi avons entrepris un long voyage dans l’optique d’un projet artistique qui allait devenir Primitive. Longeant le Mékong, nous sommes passés notamment par un village qui s’appelle Nabua et qui m’a fasciné. Politiquement, son histoire est très importante: dans les années 1960 et 1970, il fut un symbole de la résistance du mouvement communiste et de sa répression par l’armée. De nombreux souvenirs, douloureux, y sont enfouis. Cette histoire est devenue un background à partir duquel nous avons expérimenté et développé une sorte de performance qui est devenue Primitive. Mais je voulais compléter ce travail en réalisant un film de fiction.

D’où vient l’histoire de l’oncle Boonmee ?

D’un autre livre, écrit par un moine à qui cet homme, Boonmee, avait raconté qu’il était capable de se rappeler ses vies antérieures grâce à la méditation, et qu’il se voyait sous la forme d’un buffle, ou parfois d’un simple esprit. Boonmee fréquentait un temple près de chez moi ; il est mort aujourd’hui, mais j’ai rencontré ses proches, ses fils. Son histoire était une autre manière d’évoquer l’idée de la mémoire de cette région. Et puis, petit à petit, j’ai inclus beaucoup de choses personnelles, ma propre mémoire est venue se fondre dans celle de la région et de Boonmee : des souvenirs de mon père, des endroits où j’ai grandi, et de films que j’avais vus, enfant…

Cette région, qui donnait déjà leur cadre à vos précédents films, semble indissociable de votre travail : une matière pour votre inspiration, plus qu’un simple décor. pourriez-vous tourner dans un endroit totalement différent ?

Oui, bien sûr. C’est l’expérience qui compte, la connexion qui se fait entre un paysage et moi. Mais c’est vrai que j’ai une attirance très forte pour la nature, parce que c’est quelque chose de très universel. Mes films sont très simples, de ce point de vue.

Quelle fut votre réaction, au moment de recevoir la palme d’or, en mai dernier ?

Ce fut un choc, et une grande joie. C’est le travail de toute une équipe qui a été récompensé, nous avons tous tellement travaillé. La décision du jury m’a surpris parce que Oncle Boonmee est un petit film, sans star ni grand sujet politique : ce prix est un véritable encouragement et une invitation pour tous les cinéastes à faire des films personnels.

D’où vient l’histoire de la princesse et du poisson-chat ?


Je l’ai écrite, mais elle m’a été inspirée par mes souvenirs de programmes en costumes typiques de la télévision thaïlandaise, des contes fantastiques peuplés d’animaux parlants, de rois et de princesses, de magie…

Ces films vous ont-ils aussi donné l’idée du fantôme de la femme de Boonmee, ou de l’étrange créature mi-homme mi-singe qu’est devenu son fils?

Oui. Et je me suis aussi beaucoup inspiré des comic books avec lesquels j’ai grandi et qui mettaient en scène des fantômes et des monstres.

La manière dont vous faites apparaître ces fantômes est très surprenante : ils ne suscitent aucun effroi chez les personnages, tout juste un sursaut, une légère surprise…

C’était quelque chose de très naturel pour moi. Dans la culture thaïlandaise, les fantômes sont intégrés au monde des vivants, demeurant parfois avec eux… J’adore cette idée d’intégration des fantômes aux côtés des gens…

Ce mode d’apparition rappelle aussi un cinéma ancien, comme pour la femme de Boonmee, par exemple : un effet très simple, une transparence qui renvoie à certains films muets.
Je tenais à utiliser ces vieux procédés. Dans ce cas précis, nous avons eu recours à une immense glace et à un système de reflet assez complexe à mettre en oeuvre, et qui, surtout, coûte beaucoup plus cher que les effets numériques. Nous aurions pu utiliser un fond bleu, puisque le film, même s’il a été tourné en 16 mm, a de toute façon été digitalisé. Cela aurait été plus simple et surtout, même si ça paraît paradoxal, moins cher… Mais je voulais retrouver ces vieilles techniques, qui sont celles des vieux films de fantômes hollywoodiens.

La femme de Boonmee semble réapparaître pour le soigner, pour l’accompagner vers sa mort. Par exemple dans une très belle scène où elle le prend simplement dans ses bras, sur le lit où lui sont prodigués les soins.
Oncle Boonmee parle de naissance et de mort, et quand sa femme apparaît à l’oncle, c’est pour le préparer à rejoindre une autre dimension. Elle représente l’idée de la transmigration des âmes. Dans cette scène où il la prend dans ses bras, elle est le fruit de son imagination. D’ailleurs, elle lui dit que les fantômes comme elle ne sont pas attachés aux lieux, mais aux gens, aux vivants. Elle n’existe que parce qu’il y a Boonmee, elle existe pour lui. Pour le dire simplement, elle représente sa mémoire. Elle mourra, en tant que fantôme, avec lui.

Le moine avec qui se clôt le film est interprété par un acteur qui jouait dans votre précédent film, Syndrome and a Century. peut-on considérer qu’il s’agit du même personnage ?

Oui. Réincarné !

Dans une scène très belle, celui-ci se défait de son vêtement traditionnel pour prendre une douche, très simplement. On retrouve là, sur un plan plus concret, une certaine tendance de vos films à «déshabiller » les moines : dans Syndromes and a Century, le personnage expliquait qu’il aurait rêvé d’être DJ…

La Thaïlande est fondée sur un système de classes très rigide, c’est une société très segmentée et la liberté d’expression y est une des plus contraintes au monde [Syndromes and a Century y fut censuré, ndlr]. Je pense que les films doivent représenter l’humanité comme une unité, et pas en fragments. Ces scènes sont une manière de se dévêtir des conventions, de figurer l’humain avant tout. Quand il se déshabille, le moine quitte une vie et se glisse dans une autre. L’oncle Boonmee a eu des vies multiples, mais tout le monde, y compris vous et moi, avons plusieurs vies en une.
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptyMar 14 Sep 2010 - 0:52

Tropical Malady
Apichatpong Weerasethakul - Page 2 Tropic13

Prix du Jury à Cannes 2004


La jungle enchantée d'Apichatpong

Citation :
Keng, le jeune soldat, et Tong, le garçon de la campagne mènent une vie douce et agréable. Le temps s'écoule, rythmé par les sorties en ville, les matchs de foot et les soirées chaleureuses dans la famille de Tong.Un jour, alors que les vaches de la région sont égorgées par un animal sauvage, Tong disparaît.Une légende dit qu'un homme peut être transformé en créature sauvage...Keng va se rendre seul au coeur de la jungle tropicale où le mythe rejoint souvent la réalité.
Apichatpong Weerasethakul - Page 2 Tropic12

Plus déroutant et énigmatique qu'Oncle Boonmee mais tout aussi beau et envoûtant, Tropical Malady est un film qui, à l'image de Mulholland Drive de David Lynch, entrouvre une brèche à sa moitié pour basculer dans une dimension onirique absolument fascinante. Je résume le film en dessous pour en discuter avec ceux qui l'auront vu.

L'introduction montre des soldats se faisant photographier avec le corps d'un homme retrouvé mort dans la forêt. Le plan suivant accompagne un homme nu marchant dans la nature. La première partie commence et nous fait partager le quotidien de deux garçons, Keng, un militaire, et Tong, un villageois qui travaille dans une fabrique où on découpe de la glace. Ils se découvrent, se désirent, se rapprochent, évoquent un oncle qui était capable de se souvenir de ses vies antérieures, et sont invités par une femme à se recueillir dans une grotte située sous un temple bouddhiste pour leur assurer un bon kharma. Keng raccompagne son ami chez lui dans la forêt et ce dernier disparait dans la pénombre comme Fred Madison dans le couloir sombre de sa maison dans Mulholland Drive. Au matin Tong semble s'éveiller dans sa chambre et quitte le plan. Keng arrive et le cherche, il ouvre un album photo et l'image semble se dissoudre. Fondu au noir...

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La seconde partie est une longue déambulation très mystérieuse de Keng dans la jungle. On nous annonce que ce qui suit est inspiré d'une légende qui raconte qu'un chaman khmer très puissant avait autrefois la faculté de se métamorphoser en toutes sortes d'animaux sauvages pour terroriser les voyageurs et pénétrer leurs rêves. Keng cherche son ami disparu et s'enfonce peu à peu dans la forêt qui devient de plus en plus dense et habitée par des présences. On y croise Tong qui semble retombé à un stade animal et qui s'enfuit après l'avoir agressé, le fantôme d'une vache morte éventrée, un singe qui parle et met en garde contre la menace du chaman qui n'a d'existence qu'à travers les pensées et les souvenirs de celui qui le contemple, un tigre majestueux qui semble vouloir pénétrer dans les pensées. Les arbres deviennent comme phosphorescents.

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Keng doit affronter mentalement le tigre qui lui dit qu'il perçoit sa peur, sa tristesse, et qu'il peut voir son père et sa mère... Gros plan sur le visage de Keng et... fin

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Dans Oncle Boonmee on alternait des séquences documentaires avec des plongées fantastiques. Ici toute la première partie nous plonge dans le quotidien de la vie à la campagne et à la ville en Thaïlande. ça peut sembler anecdotique et un peu long (55') mais c'est dépaysant et c'est aussi la description par petites touches de la découverte d'une attirance entre ces deux garçons qui semble aller de soi avec beaucoup de douceur, sans perturber qui que ce soit autour. On retrouve le climat paisible et bucolique de Blissfully Yours, son deuxième film. J'ai aimé aussi la façon dont les premiers gestes d'intimité entre les deux garçons sont comme des rituels animaux. Ils se prennent les mains et les reniflent ou les lêchent avec sensualité et douceur en même temps. C'est très beau et émouvant.

Puis il y a cette coupure radicale et on bascule dans une dimension onirique d'autant plus belle qu'elle ne repose pratiquement pas sur des effets spéciaux (à part le fantôme de la vache) mais sur des éclairages magiques, des situations insolites et l'utilisation de ce décor naturel si mystérieux qu'est la jungle, avec les animaux qui la peuplent, au fur et à mesure que la nuit tombe.

Les quelques rares paroles entendues émanent des animaux et semblent comme incantatoires, à la fois énigmatiques et simples, presque naïves comme dans les contes. Elles guident et éclairent pour peu qu'on les interprète avec simplicité comme un enfant.

Le sens de tout cela? Chacun est libre et il n'y a probablement pas une façon univoque de l'expliquer. Je l'ai en tout cas perçu comme une métaphore du deuil. La bête à affronter c'est comme le fantôme d'Inland Empire de Lynch (encore). C'est l'incarnation, la projection fantasmagorique de la peur et de la tristesse de celui qui n'accepte pas la perte de l'être aimé. Et si on ne sait pas ce qu'est devenu Tong lorsqu'il quitte le plan à la fin de la première partie, c'est que la mort de l'autre, de tout être qu'on a connu et aimé, sa "disparition", est toujours un mystère.

Boonmee est une vision poétique du voyage vers la mort, de la relativité et de la porosité de l'identité. Tropic Malady est une réponse magique et enchantée à ce qu'est la perte d'un être cher (les scènes d'introduction suggérant peut-être sa mort dans un conflit et sa réincarnation en homme/animal?).

Sans doute l'un des plus grands films de ces dernières années. titraient déjà "Les Cahiers du cinéma" six ans avant La Palme d'or pour Boonmee.


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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptyMer 15 Sep 2010 - 1:56

Syndromes and a century
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Encore un nouvel ovni sidérant dans un registre à la fois proche thématiquement et très différent des deux films précédemment évoqués. Cette fois, Apichatpong choisit d'explorer à nouveau un de ses thèmes habituels: le monde médical dans lequel il a baigné durant son enfance (ses parents étant médecins) mais en le développant jusqu'à en faire le décor essentiel.

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Le film est à nouveau scindé en deux parties qui se répondent pratiquement symétriquement (un peu comme dans Elephant de Gus Van Sant). La première partie se situe dans un petit hôpital de campagne entouré par la végétation alors que la seconde décrit un univers hospitalier tentaculaire ultramoderne dans un monde industriel et technologique presque futuriste. Les personnages sont les mêmes dans les 2 parties et leur histoire également. Une femme médecin et deux hommes, un pharmacien souhaitant devenir médecin et un jeune homme amoureux et timide venant déclarer sa flamme à la jeune femme. Dans la seconde partie, les actions sont au départ identiques mais vues sous un angle inversé avant de partir explorer ce qui ne nous a pas été montré dans la première. Ainsi deux histoires d'amour nous sont racontés en parallèle. Gravitent autour d'eux toutes sortes de personnages: un jeune moine qui rêve de devenir DJ, un vieux bouddhiste évoquant ses rêves, un dentiste qui s'improvise chanteur, des médecins aux pratiques plus ou moins étranges et des patients énigmatiques (une fille portant une prothèse, un homme tronc) ...

Apichatpong Weerasethakul - Page 2 18760210 Apichatpong Weerasethakul - Page 2 Syndro13 Apichatpong Weerasethakul - Page 2 23473210

Contrairement à ce que j'ai dit sur le fil des affiches de films, le fait de le revoir me permet de modifier l'impression qui m'en était restée de l'époque. Il n'oppose pas nature et technologie comme si cette dernière était déshumanisante mais à l'inverse il montre que ce que vivent ces personnages est identique alors même que l'environnement change. C'est le spectateur qui expérimente deux façons fondamentalement différentes d'appréhender une même histoire. Antonioni avait un peu la même démarche dans Le désert rouge.

Apichatpong Weerasethakul - Page 2 18880310 Apichatpong Weerasethakul - Page 2 Syndro14

Ainsi au monde naturel appartenant au passé succède le monde moderne dans une continuité qui est soulignée par des points de fusion et de correspondances. La végétation finissant par se mêler aux structures architecturales géométriques. Passé, présent ou futur entretiennent des liens et ces deux récits pourraient être deux options possibles d'une même destinée, retrouvant le thème de la réincarnation qui est évoqué plusieurs fois. Ce qui intéresse Apichatpong étant à l'évidence cette relativité du temps et de l'identité.

D'un point de vue formel, la première partie est faite de plans et d'éclairages naturels, souvent statiques et la nature est foisonnante avec des bruits du quotidien. L'hôpital futuriste est éclairé artificiellement avec des mouvements de caméra complexes, sinueux ou linéaires, le décor étant asceptisé dans une ambiance abstraite renforcée par une bande son électronique un peu oppressante. J'ai parfois pensé à certains films de Tsai Ming Liang pour ces tableaux étranges aux cadres magnifiques.

Parmi les nombeux échos entre les 2 parties figure une énigmatique figure de cercle noir, une éclipse puis un étrange trou noir sous la forme d'un tuyau évasé absorbant la fumée contaminant tout l'hôpital dans une séquence de 10 minutes absolument stupéfiante et hypnotique qui est d'ores et déjà une de mes scènes cultes.

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La fin boucle le film en un retour à la nature et l'aboutissement de l'amour et du désir. Bien des choses restent à explorer mais en l'état ce film est à nouveau la marque d'un grand cinéaste profondément original.







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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptyMer 15 Sep 2010 - 13:27

J'ai trouvé l'extrait de la fameuse séquence du "trou noir". A regarder en montant le son.

Syndromes and a Century: Steam Room
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptyMer 15 Sep 2010 - 18:01

Un beau cadeau surprise d'amis qui me connaissent bien m'arrive par amazon Very Happy

Apichatpong Weerasethakul - Page 2 Apicha10

Un livre en anglais consacré à tous ses films jusqu'à "Syndromes and a Century" ainsi qu'à l'ensemble de son travail vidéo pour les expositions d'art contemporain. Il y a beaucoup de photos et je vais pouvoir me plonger encore plus dans son travail.

Emerald
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MessageSujet: Re: Apichatpong Weerasethakul   Apichatpong Weerasethakul - Page 2 EmptySam 18 Sep 2010 - 12:41

Babelle a écrit:
Tropical malady... Je me suis endormie dessus direct hier soir Marko, au bout de 3 quart d'heure et c'est douloureux car j'attendais beaucoup de Weerasethakul depuis le festival. Je ne retenterai pas le même titre -il y a comme une tentative de ciné-documentaire (le découpage des packs de glace à l'usine, l'autobus, la mère qui parle aux garçons dans la campagne, les retours au centre ville...) mais comme morceaux de ciné-docu ça n'a pas son demi-pesant de Mendoza. Un peu comme si on était sur un cinéma qui démarre techniquement. J'ai bien capté l'image du garçon nu qui cour dans la campagne et je suppose qu'on doit pouvoir le rattraper à un moment ou à un autre pour une cohésion avec le tout, mais c'est trop long, rien ne m'accroche pour continuer ou reprendre.
Je vais attendre Oncle Bombee sur DVD.

C'est dommage que tu te sois arrêtée à 45min car le film bifurque complètement 10 min après. Et les films d'Apichatpong Weerasethakul s'appuient tous sur cette opposition entre réalité quasi documentaire (mais mise en scène et où rien n'est vraiment anodin. Il faut écouter les dialogues, se concentrer sur les situations...) et l'intrusion du merveilleux et de l'irrationnel sur un mode onirique. Les films n'ont de sens que dans ce dialogue et ces correspondances. Moi aussi je résiste un peu au départ devant ces images de rues ou de campagnes qui ont l'air banales mais elles ne le sont pas et lorsqu'on a une vision d'ensemble c'est magique. Car il dit à la fois des choses sur le plan intime, social, politique, tout en dépassant ce cadre pour atteindre une dimension plus abstraite, métaphysique. Il cherche une forme d'extase qui s'échappe de la banalité quotidienne. J'essaierai de retranscrire les commentaires du critique Philippe Azoury qui en parle merveilleusement bien dans un des bonus qui accompagne Blissfully Yours.

Je crois que ce qui déroute beaucoup de gens c'est que son cinéma est très proche de l'art contemporain et des installations vidéo. Mais j'aime cette frontière poreuse et enrichissante.
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