Apichatpong Weerasethakul

animal a écrit:

C'est un chouette film, assez incisif et qu'on soupçonne de l'être plus encore si l'on connaissait mieux la Thaïlande. C'est assez loin d'une guimauve "contemplative".

Tout sauf guimauve c'est certain!

Apichatpong Weerasethakul est reparti dans un nouveau projet exposé actuellement en Irlande (SVP envoyez cette exposition en France!!). Probablement un travail qui aboutira à un long métrage... En tout cas je l'espère!

Quelques images et un commentaire d'Apichatpong:



I remember the travelling fun park I photographed, the animal-shaped trees, the abandoned cinema with stray dogs, and a house by the Mekong River. Along the river there are the dams that generate electricity. These dams cause the water to rise and drown the plains, from China to Cambodia.

For the past months I have been in this small town to write a film script about water, city, and ghosts. One of the protagonists is Jenjira, my actress who grew up here. She is in the process of getting her legs operated on for the second time, after a motorcycle accident years ago. Jenjira has long dreamt of equipping them with expensive artificial bones. I visit her often, like now when the river has just receded after massive flooding. There are waterline traces on the walls of her house. She said that they were the water's memory.

Together we opened the windows, lots of them. As more light poured in, a vast room took shape. In one corner there were a desk, a sewing machine, and a pile of fabrics; they were part of her cloth alteration boutique. On the front door hung a handwritten sign reading "Hobby House".

For Tomorrow For Tonight is a portrait of this house and its owner. The works were made during the time I spent reflecting on the script, characters, and various kinds of light in the area. It is also an introduction to the Mud Man and the Power Boy (for which I am much obliged to Ray Bradbury's Mr. Electrico).



Il écrit donc un scénario sur le thème de l'eau, de la ville et des fantômes... Mais jusqu'où va-t-il nous embarquer une fois de plus? Apichatpong, grand poète rêveur et visionnaire du XXIe siècle.

Je vais vite me commander le catalogue de l'expo et lire la nouvelle de Bradbury.

Ce catalogue est superbe. Un grand format avec beaucoup de photographies en couleur (souvent pleine page) sur papier glacé . On a l'impression de découvrir un nouveau film du réalisateur à travers différentes thématiques liées par un journal intime poétique écrit dans les années 2550. Le point de départ est la grotte matricielle d'Oncle Boonmee puis on retrouve son actrice habituelle avec cet appareillage orthopédique impressionnant, un homme dans la boue, des espaces plus ou moins délabrés en pleine nature, le fameux homme électrique qui brille dans la nuit, un bonze, un chien rouge phosphorescent, une rivière... Je vais prendre le temps de lire tout ça tranquillement. C'est une oeuvre d'art en soi, cet ouvrage, qui comprend en son centre des analyses critiques sur le travail d'Apichatpong Weerasethakul. Mon seul regret est que certaines très belles photos soient coupées en 2 car réparties sur 2 pages.

Je ne savais pas que Thierry Frémaux avait sélectionné le moyen métrage d'Apichatpong Weerasethakul Mekong Hotel à Cannes cette année en section parallèle. Le réalisateur pensait que c'était une petite parenthèse à diffuser à la télé avant son prochain long métrage (Cannes 2014?). Mais il semble avoir bien plu.

Citation :

Parmi les —nombreux— films découverts vendredi, aucun des plus marquants n’est en compétition officielle. Retrouvaille deux ans après avec le récipiendaire de la Palme d’or pour Oncle Boonmee, Mekong Hotel est un film d’une heure d’une extrême modestie, et d’une immense puissance suggestive.

Apichatpong Weerasethakul retrouve un ami musicien dans un hôtel en bordure du Mékong, alors que menace la crue catastrophique qui va ravager la Thaïlande, et notamment Bangkok. Il y a deux femmes aussi, la mère et la fille, également belles, également mystérieuses, également inquiétantes. L’une est un fantôme, dit-elle, l’autre aussi peut-être. Il y sera question de dévorer humains et animaux, il y sera question de tendresse et de guerre, de ce que les jeans moulants font à l’entrejambe des hommes, et d’autres graves sujets.

Tout est là, visible, et tout est là, simultanément, d’autant plus présent de n’être pas exhibé. La surface du fleuve que parcourent comme des signes cabalistiques quelques jet-skis est telle la page infiniment recommencée, étale et mouvante, dangereuse et souveraine, où tous les poèmes du monde s’écrivent, s’écrivirent, s’écriront.

Quelques notes de guitare, quelques rires amicaux, un cadeau d’affection amoureuse peuvent accompagner cela. Cinéma du presque rien, où passe l’immensité et le mystère du monde tout entier. Monts et merveilles. (Jean-Michel Frodon)

Apichatpong Weerasethakul va prendre cette année la présidence du jury du 65e festival du filme de Locarno (1er au 11 août).
A ne pas confondre avec une Parfumée le léopard est au festival de Locarno ce que la palme d'or est au festival de Cannes.

Maline a écrit:

Apichatpong Weerasethakul va prendre cette année la présidence du jury du 65e festival du filme de Locarno (1er au 11 août).
A ne pas confondre avec une Parfumée le léopard est au festival de Locarno ce que la palme d'or est au festival de Cannes.

À suivre... Merci pour l'info!

Un lien merveilleux pour suivre les travaux d'Apichatpong Weerasethakul et visionner des vidéos: Mubi: A. W.

Marko a écrit:

Un lien merveilleux pour suivre les travaux d'Apichatpong Weerasethakul et visionner des vidéos: Mubi: A. W.

Pour la dOCUMENTA(13) à Kassel, Apichatpong Weerasethakul a déposé une statue dans la Karlsaue. C’est féerique, il paraît que cette statue représente un esprit appelé par des cloches pour déambuler dans ce joli parc près de la Fulda.

Apichatpong est un chaman qui est venu réenchanter le monde

il ne lui manque que des yeux rouges

Kif du jour...

Jean-Marc Lalanne dans les inrocks de la semaine dernière se félicite du choix d'Apichatpong qui a remis le Léopard d'or à Jean-Claude Brisseau au dernier festival de Locarno. Il termine son article par l'annonce d'un prochain long métrage du réalisateur thaïlandais qui est en gestation...

Le film traiterait de la maladie du sommeil, de la façon "dont l'esprit marche, comment la lumière peut influencer les rêves et la mémoire". On a hâte de rêver avec lui.

Et moi donc!!

Marko a écrit:

Kif du jour...

Jean-Marc Lalanne dans les inrocks de la semaine dernière se félicite du choix d'Apichatpong qui a remis le Léopard d'or à Jean-Claude Brisseau au dernier festival de Locarno. Il termine son article par l'annonce d'un prochain long métrage du réalisateur thaïlandais qui est en gestation...

Le film traiterait de la maladie du sommeil, de la façon "dont l'esprit marche, comment la lumière peut influencer les rêves et la mémoire". On a hâte de rêver avec lui.

Et moi donc!!

Idem...

Apichatpong Weerasethakul sera sur France Culture le mercredi 19/09 à 22h15 dans l'émission de Laure Adler. Peut-être fera-t-il des révélations sur son prochain film. Je croise les doigts pour Cannes 2013.

Cactus River (Août 2012)

Citation :

Que fait Apichatpong Weerasethakul (le cinéaste thaïlandais, qui a reçu la Palme d'Or, souvenez-vous, pour son film magique Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies passées)) quand il ne fait pas de films? Il fait des films. En voici un récent, Cactus River, petit poème visuel dont la belle simplicité formelle n'interdit pas de charmants petits effets spéciaux. Comme dans tous ses films plus ou moins. Ici les délicats petits effets viennent alternativement accélérer, ou suspendre le temps.

Comme les vidéos qu'il avait exposées dans l'exposition Primitive, au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 2009, celle-ci ne peut véritablement s'apprécier sans le texte qui l'accompagne.

"Depuis qu'elle est apparue dans mes films en 2009, Jenjira Pongpas a changé son nom. Comme de nombreux Thaïs, elle est convaincue que son nouveau nom lui apportera la chance. Aussi Jenjira est-elle devenue Nach, ce qui signifie "eau". Peu après, au fil d'une dérive en ligne elle a rencontré un soldat à la retraite, Frank, de Cuba, Nouveau Mexique, USA. Quelques mois plus tard, ils se sont mariés et elle est officiellement devenue Mrs. Nach Widner.

Les jeunes mariés ont trouvé une maison aux abords du Mekong, dans la région où Nach avait grandi. Elle passait le plus clair de son temps à tricoter des chaussettes pour bébés destinées à la vente, elle prenait aussi plaisir à jardiner et regarder la télévision (parfois sans le son parce que la plupart des programmes sont en Thaï).

Cactus River est le journal d'un séjour que j'ai passé chez ce couple --des différentes humeurs de l'eau et du vent. Le flux des deux rivières --Nach et le Mekong, ravive en moi le souvenir de lieux où j'ai tourné certains de mes films. Pendant plusieurs années, cette femme dont le nom fut un jour Jenjira m'avait introduit à cette rivière, à sa vie, à son histoire, et à ses croyances pour le futur immédiat. Elle est convaincue qu'il n'y aura bientôt plus d'eau dans cette rivière, en raison barrages qui se construisent en amont, en Chine et au Laos. J'ai remarqué, aussi, que Jenjira n'existait plus".

Une master class qui permet à Apichatpong Weerasethakul de décrire son parcours artistique et son approche du cinema. Le tout dure 2h30 mais c'est un document incroyable pour ceux qui s'intéressent à son univers.