Roman Polanski

traversay a écrit:

La remarque vaut pour le Scorsese de mercredi prochain.

Oui! La bande annonce est d'ailleurs effrayante. On se croirait entre Jeunet et Spielberg. J'attends vos avis!
J'ai beaucoup aimé The Ghost Writer qui est millimétré mais reste un exercice de style hitchcockien assez classique finalement. Non ça n'est pas une insulte comme le mot divertissement. J'aime bien les divertissements.

J'avais beaucoup apprécié l'ambiance de The Ghost Writer, et l'élégance de sa mise en scène. Par contre, j'ai toujours une réserve pour le matériau de départ et les lacunes (parfois incompréhensibles) du scénario ont considérablement freiné mon enthousiasme.
Tu as raison d'insister sur l'héritage hitchcockien, auquel je suis trop rarement sensible.

Avadoro a écrit:

J'avais beaucoup apprécié l'ambiance de The Ghost Writer, et l'élégance de sa mise en scène. Par contre, j'ai toujours une réserve pour le matériau de départ et les lacunes (parfois incompréhensibles) du scénario ont considérablement freiné mon enthousiasme.
Tu as raison d'insister sur l'héritage hitchcockien, auquel je suis trop rarement sensible.

Je suis totalement d'accord pour The Ghost Writer.
C'est fascinant, finalement il y a un certain nombre de films réalisés avec grand talent à partir d'un scénario aux trous d'air tellement béant qu'on a l'impression qu'on pourrait l'arranger nous-même en peu de temps. Or, il existe des professionnel de ce genre de travail. On se demande toujours pourquoi ils n'ont pas été appelés à la rescousse... Le réalisateur sauve le film ; un tâcheron en aurait fait une sous-daube. Et on se prend à rêver : et si, en plus, le scénario avait été bon !
J'irai voir Carnage, je n'ai pas pu ce week-end, alors que j'aurais voulu. Partie remise.

-Carnage-


Eh bien, je me suis bien amusée aussi! Et même plus que ce que j'aurais cru. J'avais lu Le Dieu du carnage qui ne m'avait pas particulièrement emballée, mais je crois que comme toutes ces comédies en huis clos basées sur les réparties et la montée en puissance, l'interprétation sous forme de pièce filmée change tout.

Je me suis quand même demandée si les dialogues étaient aussi fidèles, il faudra que je vérifie mais je les ai trouvés particulièrement cinglants, et caustiques à souhait. Bien sûr l'intrigue est basée sur des stéréotypes mais c'est le principe de toute comédie, cibler les différences d'emblée, pour en tirer le maximum d'humour et jouer sur les oppositions. Ici c'est plutôt fait finement, je n'y ai pas vu de gros traits (du moins ils sont dans la limite) et l'enchaînement de catastrophes de même que l'hystérie qui en découle sont vraiment jouissifs. Le couple formé par Christopher Waltz et Kate Winslet est excellent (Winslet peut tout se permettre!) Jodie Foster en psycho rigide déjà plus convenue surprend moins (si si Darkanny il en existe encore des comme ça à notre époque. Je te les présente la prochaine fois que tu viens) et son mari en beauf-pas-si-con-que-ça est au poil.

Donc un très bon moment de divertissement qui ne se mesure pas aux autres réalisations de Polanski mais qui mérite bien qu'on s'y attarde, et je dirais même qu'il serait presque salutaire au milieu de la morosité ambiante. Alors non ce n'est pas un gros mot traversay, et Polanski n'a pas à en rougir. Du cinéma de qualité si vous avez envie de vous détendre, et surtout si vous aimez voir le vernis de bienséance se craqueler pour laisser poindre le barbare qui peut sommeiller en nous.

Avant...

Et après le massacre...

Un extrait des dialogues (Albin Michel réédite pour l'occasion le texte de la pièce):

ALAIN. Véronique, est-ce qu'on s'intéresse à autre chose qu'à soi-même? On voudrait bien tous croire à une correction possible. Dont on serait l'artisan et qui serait affranchie de notre propre bénéfice. Est-ce que ça existe? Certains hommes traînent, c'est leur manière, d'autres refusent de voir le temps passer, battent le fer, quelle différence? Les hommes s'agitent jusqu'à ce qu'ils soient morts. L'éducation, les malheurs du monde... Vous écrivez un livre sur le Darfour, bon, je comprends qu'on puisse se dire, tiens, je vais prendre un massacre, il n'y a que ça dans l'histoire, et je vais écrire dessus. On se sauve comme on peut.

VERONIQUE. Je n'écris pas ce livre pour me sauver moi. Vous ne l'avez pas lu, vous ne savez pas ce qu'il y a dedans.

ALAIN. Peu importe

Marko a écrit:

Un extrait des dialogues (Albin Michel réédite pour l'occasion le texte de la pièce):

ALAIN. Véronique, est-ce qu'on s'intéresse à autre chose qu'à soi-même? On voudrait bien tous croire à une correction possible. Dont on serait l'artisan et qui serait affranchie de notre propre bénéfice. Est-ce que ça existe? Certains hommes traînent, c'est leur manière, d'autres refusent de voir le temps passer, battent le fer, quelle différence? Les hommes s'agitent jusqu'à ce qu'ils soient morts. L'éducation, les malheurs du monde... Vous écrivez un livre sur le Darfour, bon, je comprends qu'on puisse se dire, tiens, je vais prendre un massacre, il n'y a que ça dans l'histoire, et je vais écrire dessus. On se sauve comme on peut.

VERONIQUE. Je n'écris pas ce livre pour me sauver moi. Vous ne l'avez pas lu, vous ne savez pas ce qu'il y a dedans.

ALAIN. Peu importe

Ca donne envie. Les dialogues sont respectés tels quels dans le film ? Où il y a quand même quelques modifications/ajouts ?

colimasson a écrit:

Ca donne envie. Les dialogues sont respectés tels quels dans le film ? Où il y a quand même quelques modifications/ajouts ?

Je n'ai pas vérifié. Les acteurs parlant en anglais il y a donc des sous-titres. Et ils ne peuvent pas correspondre exactement au texte d'origine car un dialogue prend trop de place par écrit. C'est souvent compacté (on perd de l'information dans le sous-titre même si c'est plus agréable d'avoir la véritable voix des acteurs). Donc je suppose qu'il y a des adaptations pour le rendre plus "lisible". Mais en ayant relu la pièce après on retrouve l'intégralité des dialogues en terme de contenu. Mais le dialogue que je cite fait partie des quelques rares perles de la pièce. Le reste est souvent bien plus anecdotique. L'important est l'énergie que libèrent les comédiens en oubliant les convenances sociales!

darkanny a écrit:

Forcément l'antithèse de Pénélope (Jodie Foster) stricte jusqu'au bout des ongles, jupe noir et gilet grenat que même ma grand-mère que je n'ai pas connue n'a jamais dû porter, pas une once de maquillage, cheveux tirés, mais passionnée d'art et d'Afrique, sensible aux problèmes de ce peuple, du Darfour, psychorigide, dénuée de sex appeal, tout pour plaire vraiment...

Quand elle pleure, OK, mais sinon, le m'offusque : son gilet est classe, et elle a du sex-appeal. Sisi.


Pour moi (pas encore lu tous vos posts). Après avoir passé 2 heures dans les bouchons, et pourtant j'avais tout calculé pour être en zone creuse qu'il disent, je tente le ciné pour me détendre. Aïe. Mauvais choix.
Ca n'arrête pas de parler, puis de hurler (le premier qui m'explique que c'est une pièce de théatre, je lui fous un coup de boule).
Je suis sortie ARCHI soulée. Nerveuse. Début de mal de crâne.
Je savoure le silence.

Vu Carnage.
Les acteurs sont impeccables (avec une mention spéciale pour Christoph Waltz et son téléphone ; et merci à Tarantino d'avoir pu lui permettre de se faire connaître internationalement), c'est un jeu de massacre... bien huilé. Tout est bien fait, sans trop de surprise. A chaque fois que le couple invité est sur le point de partir, on sait bien que quelque chose va les retenir. Et puis voilà, à la fin c'est fini.
Déjà ? Ben oui.
C'est rigolo, mais quasiment tout est très prévisible ; il en faut peut pour que les gens se mettent un pain dans la tronche, même ceux qui se disent civilisés, on le sait bien.

Polanski varie bien les angles, il se débrouille pour essayer de dé-théâtraliser le plus possible, on va jusqu'à l'ascenseur, on va à la salle de bain...
A noter une apparition du fils de Roman et d'Emmanuelle Seigner : Elvis Polanski dans le rôle d'un des gosses, Zachary (mais je ne sais plus si c'est celui qui frappe, ou celui qui est frappé : je ne sais pas siça peut être super signifiant quant aux intentions du metteur en scène).

Bref, pas mauvais, mais une petite chose. On a l'impression que Polanski a voulu se changer les idées, refaire un tournage "normal", après celui "anormal" de Ghost Writer.

Carnage
Je ne peux pas ajouter grand chose à tout ce que vous avez dit, mais j'ai adoré
Tout d'abord j'aime bien les pièces de théâtre et celle-ci est particulièrement bien mise à l'écran
et bien que je me suis demandée après 10 minutes "et maintenant?" et m'étais préparée à ne pas être emportée, après je n'ai plus vu le temps passer.. très bons dialogues et le jeu d'acteurs qui est tout simplement sublime, mention spécial pour Christophe Waltz qui est vraiment époustouflant côté accent, jamais entendu un acteur geramnophone à réussir de faire aussi bien l'accent américain, chapeau bas!

colimasson a écrit:

Ca donne envie. Les dialogues sont respectés tels quels dans le film ? Où il y a quand même quelques modifications/ajouts ?

On le voit dans le générique "Scénario par Roman Polanski et Yasmina Reza" et Jodie Foster le dit dans l'interview qui est en bonus sur le DVD, Yasmina Reza a "réécrit" ensemble avec Roman Polanski la pièce pour réussir à la mettre à l'écran



go Kate go, lâche toi

Lâche-toi, Kate, mais euh... je vais prendre mes distances (et ranger mes livres) !

Depuis Carnage, Polanski a réalisé une publicité pour Prada, avec Helena Bonham Carter et Ben Kingsley :



Il prépare actuellement "D", sur un scénario de Robert Harris.
Il s'agit d'un film sur l'Affaire Dreyfus. Sortie prévue en 2014

eXPie a écrit:

Lâche-toi, Kate, mais euh... je vais prendre mes distances (et ranger mes livres) !

en effet, pas envie de traiter mes livres avec du parfum et sèche-cheveux

eXPie a écrit:

Depuis Carnage, Polanski a réalisé une publicité pour Prada, avec Helena Bonham Carter et Ben Kingsley :

excellent!

Étrange. J'ai re-regardé Ghost Writer. J'avais gardé un souvenir : "ce film est pas mal". Et bon, hier, c'était vision d'un œil, avec un vrai épatement devant quelques images. Mais à avoir du mal à suivre le scénario. Et puis je suis allée voir ce que j'en disais ici, au moment de la sortie ciné :

Queenie a écrit:

The ghost writer.

Rien compris à l'intérêt de ce film.
Je me suis un peu endormie (certes j'avais une quasi nuit blanche derrière moi...).
Les images sont chouettes, et l'ambiance bien dans les gris-humide et venteux.

Mais...
Pouah. Le reste, quel ennui.

Je relirais vos com' plus tard, pour voir à côté de quoi je suis passée.

Comment, dans mon esprit, pouvait-il être restée une sorte de bonne impression de ce film ?!

Je n'avais jamais vu "The ghost writer" et j'ai été franchement impressionné. Bien sûr, le scénario n'est pas exceptionnel. Mais l'ambiance, très proche des films noirs classiques, quasi "hitchcockien", tient réellement en haleine. En fait, c'est quasiment un huis-clos.

Oui, il sait très bien rendre les atmosphères étouffantes...
Le scénario a des lacunes bizarres, comme s'il n'avait pas été relu, ou bien corrigé trop vite...